Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Au-delà du 1er décembre

mardi 23 novembre 2004

Trois événements auront lieu en France dans les prochains jours : la prise de contrôle de l’UMP par Nicolas Sarkozy, le 28 novembre, le verdict à l’encontre d’Alain Juppé, le 1er décembre, et surtout, le référendum interne du Parti socialiste sur la Constitution européenne.

Cependant, bien plus décisif encore sera ce qui se passera aux Etats-Unis. Actuellement, l’on a vu tour à tour la nomination d’Alberto Gonzales au ministère de la Justice - l’homme qui considère comme « obsolètes » les conventions de Genève sur les prisonniers de guerre et le recours à la torture, le nettoyage de la CIA par l’ami de Dick Cheney, Porter Goss, pour en faire une agence présentant des justificatifs et non des renseignements, la destruction de Falloudjah et l’intervention américano-israélienne en Côte d’Ivoire. L’on se souvient que Condoleeza Rice, la nouvelle secrétaire d’Etat qui remplace Colin Powell, avait déclaré vouloir « punir » la France en raison de son opposition à la guerre contre l’Irak.

Face à cette tournure que prennent les choses, toute tentative d’accommodement de notre part vis-à-vis de la nouvelle administration Bush ne pourrait être prise que pour un aveu de faiblesse.

Il faut donc que notre pays fasse enfin preuve d’une détermination plus grande.

Des voix doivent s’élever chez nous au plus haut niveau de responsabilité pour appeler publiquement à un nouvel ordre économique et monétaire international, promouvant l’emploi qualifié et de grands travaux, qui doit devenir la cause de l’Europe. C’est la seule manière de sortir par le haut du débat sur le traité constitutionnel.

Nous devons offrir un plan Marshall à la Côte d’Ivoire et à tout l’Ouest africain, exemplaire des nouvelles relations Nord-Sud, faute de quoi nous laisserions se créer là-bas un immense Rwanda et/ou une nouvelle colonisation américano-israélienne.

Nous devons refonder la République sur des principes politiques et moraux. Il est scandaleux que M. Sarkozy pense que « la République (...) ignore le bien et le mal et (...) défende la règle, la loi sans la rattacher à un ordre moral » et que M. Méhaignerie, responsable à ses côtés de l’UMP, puisse oser dire que « la justice ignore le bien et le mal et tranche selon le droit ». Il n’est en effet pas de République ni de justice sans référence à des valeurs transcendantes et sans application de politiques servant le bien commun. Ce que nous ne faisons pas en Europe et en Côte d’Ivoire nous condamne. Notre omission nous réduit à devenir un quarteron de réseaux sans cœur ni intelligence.

Il est également honteux que nous ayons laissé la Commission Barroso version 2 l’emporter, avec le maintien de Neelie Kroes, Peter Mandelson et Charlie McGreevy.

Quoi qu’il en soit, nous rassemblerons ici, autour de principes de référence, des candidatures aux élections législatives de 2007 face à une classe politique défaillante depuis le « tournant de la rigueur » de 1983, qui a déconsidéré l’Europe.