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Zepp-LaRouche : il est temps de ressortir le dossier Herrhausen

mercredi 1er décembre 2004

Dans un mémorandum du 25 novembre, la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, passe en revue les révélations faites par John Perkins dans son nouveau livre Confessions of an Economic Hitman (Confessions d’un tueur à gages économique). Elle note en particulier que le modus operandi qu’il décrit « s’applique aussi à une série d’assassinats jamais élucidés en Europe, comme ceux d’Enrico Mattei, Aldo Moro, Jürgen Ponto, Alfred Herrhausen et Detlev Karsten Rohwedder. »

Perkins, rappelle-t-elle, « a décidé d’avouer son passé de "tueurs à gages économique" parce qu’il en était venu à la conclusion que c’est ce modus operandi, pratiqué sur des décennies, qui a mené, en fin de compte, aux événements du 11 septembre 2001. Apparemment, il craint que d’autres événements du même type ne soient à l’ordre du jour . »

Pour Helga Zepp-LaRouche, la parution de ce livre reflète une « révolte sans précédent au sein d’importantes sections des agences de renseignement, des forces armées, de l’administration et de la communauté diplomatique, de plus en plus convaincues que la poursuite de la politique de Bush et Cheney scellera le sort des Etats-Unis d’Amérique ». De même, il faut situer ce livre dans le contexte de l’accélération de la crise économico-financière et stratégique.

Les révélations de Perkins corroborent, quoique de manière incomplète et parfois déformée, l’expérience politique du mouvement international de Lyndon LaRouche durant ces trente dernières années, note Zepp-LaRouche, qui mentionne par ailleurs les assassinats d’Indira Gandhi et d’Ali Bhutto.

Pour ce qui est de l’Allemagne et de l’Europe, les assassinats de Herrhausen et Rohwedder, peu après l’effondrement du régime est-allemand, en novembre 1989, provoquèrent un brutal changement de politique. En 1992, le colonel Fletcher Prouty, un ancien haut responsable du renseignement américain, estima que John Kennedy, Enrico Mattei, Aldo Moro, Olof Palme et Herrhausen avaient été éliminés pour s’être opposés aux desseins d’une petite élite de pouvoir. Ce dernier fut assassiné le 30 novembre 1989, alors qu’il devait prononcer, quelques jours plus tard, un discours devant l’American Council on Germany de New York, pour présenter son approche des relations Est-Ouest en Europe et au-delà, approche non monétariste basée sur un développement économique réel. En cela, il était proche de la proposition de « triangle productif » mise en avant à l’époque par Lyndon LaRouche. Le 28 novembre 1989, le chancelier Helmut Kohl avait prononcé un discours spectaculaire ouvrant la voie à la réunification, sans l’« approbation » préalable des gouvernements britannique, français et américain. De son propre aveu, il dut connaître deux semaines plus tard « les heures les plus sombres de sa vie », lorsque, au sommet européen de Strasbourg, il fut obligé d’accepter un diktat - codifié plus tard sous forme du traité de Maastricht.

Pendant son bref mandat à la tête de la Treuhand, l’organisme chargé de la transformation économique de l’Allemagne de l’Est, Detlev Rohwedder tenta de poursuivre une politique de modernisation et de consolidation industrielles, plutôt que de privatisations. Son assassinat le 1er avril 1991, suivi par son remplacement par Brigit Breuel, ouvrit la porte à une politique de privatisation et de désindustrialisation sauvage dans la partie orientale du pays.

Herrhausen était conscient du danger qu’il courait : lorsqu’il présenta, le 28 novembre 1989, ses propositions d’effacement de la dette des pays en voie de développement devant le Conseil de la Deutsche Bank, il se heurta à une hostilité ouverte. Le matin du jour de son assassinat, il confia à sa femme : « Je ne sais pas si je survivrai à cela ».

Or, écrit Helga Zepp-LaRouche, ceux de l’oligarchie financière internationale qui ordonnèrent ces assassinats rencontreront leur némisis. En éliminant des personnalités comme Ghandi, Herrhausen ou Rohwedder, les cercles du système global actuel ont assuré leur propre chute et celle du « système monétariste anglo-hollandais dans son ensemble ».