Dieter Ameling : l’acier dans la perspective de la nouvelle route de la soie

mardi 18 novembre 2014

Le professeur D.E.Sc. Dieter Ameling, fut jusqu’en 2008 président de la fédération allemande de l’acier.

Voici un résumé de son intervention lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller des 18 et 19 octobre 2014 en Allemagne.

Après avoir insisté sur la prépondérance de l’acier dans les matériaux utilisés tant pour la construction que la production industrielle (figure 1), le professeur Ameling a montré que l’explosion de la production mondiale d’acier à partir de l’an 2000 s’est trouvée, après avoir stagné au cours des années 80 et 90, presque exclusivement liée à la dynamique de développement de l’économie réelle lancée par la Chine (figure 2). En effet, en 2013, sur les 1600 millions de tonnes produites dans le monde, la Chine s’est octroyée presque 50 % de la production brute, en seulement dix ans ! En 2013, la Chine produisait en 15 jours ce que l’Allemagne, le plus grand producteur d’acier en Europe, a produit dans toute l’année.

Figure 1
Production comparée, en 1970 et 2013, de divers matériaux comme l’acier, l’aluminium, le magnésium, le plastique, ainsi que les plastiques renforcés aux fibres de carbone (CFRP), un produit relativement nouveau.
Institut Schiller

Ainsi, nous pouvons affirmer avec certitude que le centre de production de l’acier est aujourd’hui en Asie. Il fut un temps, dans les années 50, où il se situait aux Etats-Unis, avant de se déplacer vers l’Europe, au cours des années 70 et 80 pour finalement, depuis l’an 2000, prendre pied en Chine et en Asie.

Figure 2
Production mondiale d’acier brut entre 1900 et 2013, montrant l’accélération d’après-guerre, la stagnation des années 80 et 90,-et la reprise spectaculaire grâce à l’ambitieuse politique de développement chinoise.
Institut Schiller

La production mondiale devrait continuer à progresser, d’après des chiffres de l’OCDE, jusqu’à 2500 millions de tonnes en 2025, mais le professeur Ameling a exprimé ses doutes sur ce chiffre, qui lui semble trop élevé. Néanmoins, la grande politique de coopération et de développement lancée par les BRICS permettra sans doute à des pays comme l’Inde, la Russie et le Brésil de s’associer à la Chine pour soutenir l’expansion de la production au-delà de ce que tout européen peut imaginer.

Le professeur a ensuite insisté sur l’importance de l’innovation dans le secteur, qui doit amener amener à une plus grande efficacité dans l’usage de la ressource, un objectif commun à toute l’humanité, afin d’utiliser le minerai de fer, l’énergie, ainsi que les ressources en capital et les ressources humaines de la manière la plus judicieuse possible. Pour l’acier, cela se traduit par des innovation dans le matériau, les alliages, les applications et l’organisation des innovations.

Il a conclu sa présentation en soulignant l’importante de l’activité industrielle pour tout pays, indiquant que le poids relatif que conserve cette activité en Allemagne est le gage de son modèle social. 25 % du PNB allemand provient de son industrie, un chiffre qu’il est intéressant de comparer avec la Corée, qui est au-dessus des 30 %, et avec l’Angleterre, où la part de l’industrie a été réduite à 15 %.

En France, ce chiffre a chuté encore plus sévèrement, à 12,5 - 13 %. Il a cité une étude publié en juin 2014 dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, montrant qu’au Royaume Uni les biens matériels de base viennent à manquer, malgré une croissance [apparente] de sa puissance économique. Des parents se privent de nourriture pour entretenir leurs enfants ; des citoyens manquent de vêtements et ont froid à la maison, car ils économisent sur le chauffage. Il y a ainsi, selon le professeur Ameling, un lien entre la production d’acier, l’activité industrielle et le bien-être général de la population d’un pays.