La grande famine du Bengale, ce génocide que les Britanniques vous cachent

lundi 18 janvier 2016

[sommaire]

Des images insupportables des victimes de la famine provoquée par Winston Churchill au Bengale en 1943.
Lyndon et Helga LaRouche étaient des amis d’Indira Gandhi. Ici, lors d’une rencontre avec le Premier ministre indien en 2001. A gauche, l’auteur, Ramtura Maîtra.
EIR

L’homme politique et économiste américain Lyndon LaRouche et ses associés dans le monde martèlent une vérité fort déplaisante mais essentielle pour comprendre ce qui arrive dans le monde : les Empires financiers implantés à Wall Street et à la City de Londres, sous couvert d’une politique « respectueuse » de l’environnement et du climat, cherchent à ramener la population mondiale à moins de 2 milliards d’individus.

Vision complotiste ? Obsession paranoïaque ? Pas si sûre, car l’histoire ne manque pas d’exemples montrant comment, en particulier l’Empire britannique, a organisé des génocides, c’est-à-dire provoqué la mort de dizaines de millions de personnes non pas pour ce qu’ils avaient fait mais pour ce qu’ils étaient. Cela n’est pas encore écrit dans les manuels scolaires mais ne tardera pas à y figurer. Plus proche de chez nous, en Europe, plus personne nie ce qu’il s’est passé en Irlande, où, entre 1845 et 1852, « la grande famine de la pomme de terre » et l’émigration qu’elle provoqua, a réduit la population d’un quart.

Bien pire, le cas documenté ici par notre ami Ramtura Maîtra du magazine américain Executive Intelligence Review (EIR) et publié le 3 juillet 2015 : la grande famine organisée au Bengale par l’Empire britannique au XVIIIe siècle.

(Traduction : Guillaume Dubost).

60 millions d’Indiens périrent de faim sous l’Empire Britannique

Le manque chronique de nourriture et d’eau, l’absence de sanitaire et d’aide médicale, le délaissement des moyens de communication, une éducation nationale pauvrette et l’esprit dominant de dépression que j’ai pu constater moi-même dans nos villages après un siècle de gouvernance britannique me font désespérer de ses avantages.

Rabindranath Tagore

.

S’il fallait résumer le résultat du colonialisme britannique en Inde, ce serait le fait qu’entre 1757 et 1947, le revenu par habitant a été bloqué. [1]

Winston Churchill en Inde en 1896
C. Robin

Churchill, eugéniste et malthusien, expliquant pourquoi il défendait le stockage de biens alimentaires en Angleterre au moment où des millions de personnes mouraient de faim au Bengale (en 1943) disait à son secrétaire privé que :

Les Hindous sont une race sotte, protégée par sa pullulation du destin qu’elle mérite.

Et des Indiens, Churchill disait :

Je déteste les Indiens, c’est un peuple bestial avec une religion bestiale. La famine c’est entièrement de leur faute car ils se reproduisaient comme des lapins. [2]

Durant les 190 ans de pillage, le sous-continent indien a dû subir deux grandes famines qui ont fait périr des millions d’Indiens dans tout le pays. Bien qu’on ne connaisse toujours pas avec exactitude le chiffre total, le décompte de l’administration coloniale indique qu’il s’agit d’au moins 60 millions de morts ! Et la réalité pourrait être nettement pire.

Les analystes britanniques évoquent bien sûr des sécheresses et la baisse de la production agricole comme les causes des famines, mais cela est un mensonge. Car à l’époque, l’Empire britannique, engagé dans des guerres en Europe et des vastes conquêtes coloniales dans toute Afrique, importait des céréales d’Inde alors que les famines y décimaient la population. Sur place, des individus réduits à des ombres squelettiques erraient dans le pays et mouraient comme des mouches. On ne saura exagérer le caractère abject et anti-humain de ces coloniaux.

Une politique de dépopulation systématique

Bien qu’on ne dispose pas d’un recensement exact, on estime généralement qu’en 1750 la population indienne comptait 155 millions d’individus. Deux siècles après, en 1947, elle approchait à peine les 390 millions. En d’autres termes, en dépit du pillage colonial et des famines organisées, la population avait pu augmenter de 240 millions en 190 ans. Or, depuis 1947, l’Inde (incluant le territoire du Pakistan et du Bangladesh) et en dépit d’une misère persistante, est passée, en seulement 68 ans, à 1,6 milliards d’individus, c’est-à-dire une hausse de presque 1,2 milliards !

Or, bien que les registres indiquent que depuis l’indépendance le sous-continent indien a connu sporadiquement des sécheresses dans certaines régions, il n’y a pas eu de famine généralisée. Certes, en Inde, des milliers de gens ne mangent pas à leur faim et souffrent de malnutrition. A cela s’ajoute le fait historique qu’avant l’arrivée des Britanniques en Inde, les famines furent moins nombreuses, c’est-à-dire à peu près une fois par siècle.

Ainsi, on peut affirmer qu’il n’y avait pas de réelles raisons pour ces famines d’éclater si ce n’est parce que l’Empire britannique souhaitait qu’elles fassent des ravages. Un pillage sans merci et une politique secrète de dépopulation de l’Inde devait réduire toute opposition à l’Empire et en réduire les coûts d’exploitation.

Le « Boucher de Bombay », le baron Robert Clive, de la Compagnies des Indes orientales, un opiomane dégénéré.

Prenons le cas du Bengale, c’est-à-dire la partie orientale du sous-continent indien ou la Compagnie des Indes orientales (Honorable East India Company - HEIC) débarqua en 1757. En 1765, les pillards, sous la direction de Robert Clive, un opiomane dégénéré, s’emparent du Bengale occidental, le Bangladesh, Bihar et Odisha. Le Bengale était la province la plus riche de l’Inde. Soulignons qu’à l’époque, a en croire les données historiques, l’Inde, avec 25 % du PIB mondial, arrivait juste après la Chine, alors que le Royaume-Uni n’en représentait que 2 %.

Après s’être assuré le contrôle du Bengale en évinçant le Nawab (titre donné à un souverain indien de religion musulmane) dans une bataille sournoise à Plassey (Palasî), Clive mit un pantin sur le trône, le payant, et négocia un accord avec lui pour que la HEIC devienne l’unique collecteur des impôts, tout en laissant la responsabilité nominale du gouvernement à son pantin. Cet arrangement dura pendant un siècle, alors que de plus en plus d’Etats indiens étaient conduits à la faillite pour augmenter l’incidence des famines. L’argent des impôts allaient directement dans les coffres britanniques, tandis que des millions de personnes sont mortes de faim dans le Bengale et le Bihar.

Clive, qui a été fait membre de la Royal Society en 1768 et dont la statue se dresse près du Palais de Whitehall, c’est-à-dire le cabinet de la guerre de l’Empire britannique, eu cela à dire pour sa défense quand le parlement britannique, la jouant à la « loyale », l’accusa de pillage et d’autres abus en Inde :

Considérez la situation Messieurs dans laquelle la victoire de Plassey me mettait. Un grand prince était dépendant de mon bon plaisir ; une cité opulente se tenait à ma merci ; ses riches banquiers pariaient les uns contres les autres pour mon seul sourire ; je marchais de coffre en coffre dont les portes s’ouvraient devant moi seul, amassant dans chaque main or et bijoux ! Mon dieu, monsieur le président, en ce moment je reste étonné par ma propre modération.

Toutefois, Clive ne fut pas le seul dirigeant colonial britannique meurtrier. L’Empire britannique a envoyé un boucher l’un après l’autre en Inde, tous mettant en œuvre le pillage et sa conséquente dépopulation.

En 1770, quand la première grande famine éclata au Bengale, la province avait été pillée jusqu’au dernier grain. Ce qui suivi fut une horreur absolue. Voici ce que raconte John Fiske dans son American Philosopher of the Unseen World à propos de la famine au Bengale :

Tout le long de l’été étouffant de 1770 la population continua à mourir. Les éleveurs vendaient leur bétail, ils vendaient leurs équipements agricoles ; ils dévoraient leurs grains de semailles ; ils vendaient leurs fils et leurs filles, alors même qu’aucun acheteur d’enfants ne pouvait être trouvé ; ils mangeaient les feuilles des arbres et l’herbe des champs … Les rues étaient bloquées par des empilements de mourants et de morts. Les pompes funèbres ne pouvaient pas faire leur travail assez rapidement ; même les chiens et les chacals, les charognards de l’orient, devenaient incapables d’accomplir leur travail odieux, et la multitude des corps mutilés et suppurant menaçait l’existence même des citoyens … [3]

Représentation de la grande famine, dans les Nouvelles illustrées de Londres (1877).

Y-avait-il la moindre raison pour que cette famine ait lieu ? Aucune, si les Britanniques ne l’avaient pas voulu. Le Bengale, à l’époque, comme aujourd’hui, permettait trois récoltes par an. Il s’agit du delta de la plaine du Gange où l’eau est plus qu’en abondance. Même s’il y a des sécheresses, elles ne ravagent pas l’ensemble des trois récoltes. De plus, comme cela prévalait à l’époque moghole, et aux époques précédentes, les surplus de céréales étaient stockés pour secourir les populations s’il devait y avoir une ou deux mauvaises récoltes.

Mais le pillage des denrées alimentaires réalisé par Clive et son gang de bandits et d’assassins, vida le Bengale de ses céréales et causa 10 millions de morts lors de la grande famine, éliminant un tiers de la population du Bengale.

Notons que la révolution industrielle britannique tant vantée commença en 1770, la même année où des personnes mourraient dans tout le Bengale. La Boston Tea Party qui déclencha la révolution américaine eu lieu en 1773. La Boston Tea Party fit prendre conscience à l’Empire que ses jours en Amérique étaient comptés, et mena la Grande-Bretagne à intensifier encore plus son pillage de l’Inde.

L’étendue des famines

La principale raison pour que ces famines dévastatrices eurent lieu à des intervalles réguliers lors du Raj (régime colonial) britannique, et furent permises de durer pendant des longues années, était l’objectif constant de dépeupler les colonies. Si ces famines ne s’étaient pas produites, la population de l’Inde aurait atteint un milliard de personnes bien avant le début du XXe siècle. Cela, l’Empire britannique le voyait comme un désastre et donc à éviter à tout prix.

Pour commencer, une population indienne plus importante signifiait une plus grande consommation locale, et privait le Raj britannique d’une quantité importante de son butin. La réponse logique devant les famines aurait été d’investir dans les infrastructures agricoles indiennes. Mais cela aurait non seulement obligé la Grande-Bretagne à dépenser de l’argent pour gérer son Empire ; cela aurait aussi développé une population en bonne santé qui aurait pu alors se soulever pour se débarrasser de l’abomination appelée le Raj britannique ! Afin de rendre les famines acceptables, les impérialistes britanniques lancèrent une vaste campagne de propagande dont l’« Essai sur la population » de Parson Thomas Malthus, était la pièce maitresse. Malthus, d’un ton savant, y déclare :

L’inégalité naturelle des deux forces que sont d’un coté la population et de l’autre la production de la terre, et cette grande loi naturelle qui doit constamment maintenir leurs effets égaux, constitue la grande difficulté qui pour moi apparaît insurmontable sur le chemin de la perfectibilité de la société. Tous les autres arguments sont de moindre importance et subordonnée en comparaison à cela. Je ne vois pas de moyen par lequel l’homme peut échapper au poids de cette loi qui imprègne toute la nature vivante.

Bien qu’un simple pasteur anglican, l’Honorable Compagnie des Indes orientales embaucha Malthus comme économiste. La HEIC, avec le privilège de sa Majesté Elisabeth I, monopolisait le commerce en Asie et s’était engagée à coloniser de vastes étendues du continent en utilisant ses milices bien armées sous le drapeau anglais de St-George.

Malthus avait été repéré au Haileybury et l’Imperial Service College, où l’Empire britannique formait ses administrateurs coloniaux en charge de mettre en œuvre les politiques meurtrières de sa Majesté en Inde. Parmi les alumni d’Haileybury on compte Sir John Lawrence (vice-roi d’Inde de 1864-68) et Richard Temple (lieutenant-gouverneur du Bengale et plus tard, gouverneur de l’entité administrative Présidence de Bombay).

Tandis que Parson Malthus mettait en avant sa sinistre équation pour justifier la dépopulation comme un processus naturel et nécessaire, l’Empire britannique rassembla une myriade d’« économistes » pour promouvoir la doctrine du libre-échange, autre argument majeur pour imposer la dépopulation.

Car, en 1876, lorsque frappe la grande famine, quelques lignes de chemin de fer existaient en Inde. Ces infrastructures ferroviaires, au lieu d’amener des denrées alimentaires des régions en surabondance vers des régions en situation de pénurie, étaient utilisées pour l’inverse, c’est-à-dire pour retirer l’alimentation des stocks des districts isolés et frappés par la famine pour les acheminer vers des dépôts centraux sous le contrôle impérial.

De plus, les tenants du libre échange s’opposaient au contrôle des prix ce qui inaugura une frénésie de spéculation sur la nourriture. Les spéculateurs achetaient les céréales à bas prix dans les régions frappées de famine pour les vendre plus chers ailleurs. La hausse du prix des céréales était particulièrement rapide, et les céréales étaient prises là où elles étaient le plus nécessaires, pour être stockées dans des entrepôts jusqu’à ce que les prix augmentent encore plus.

Le Raj britannique savait ou aurait dû savoir. Même si les dirigeants britanniques n’encourageaient pas ouvertement ce processus, ils en étaient pleinement conscients, et la promotion du libre échange au dépend de millions de vies, leur convenait parfaitement.

Un auteur de l’époque, Mike Davis, a décrit ce phénomène :

La hausse [des prix] était tellement extraordinaire, et l’alimentation disponible, comparée avec les besoins bien connus, tellement maigre que les marchands et les négociants, pleins d’espoir d’énormes gains futurs, apparaissaient déterminés à conserver leurs stocks pour un temps indéfini et à ne pas se séparer de marchandises qui prenaient une valeur tellement peu commune. Il était clair pour le gouvernement que le transport des denrées par le rail augmentait rapidement les prix partout, et que l’importation des céréales par rail ne venait pas augmenter les réserves du gouvernement. (…) Entretemps, dans les régions [frappées de famine], le commerce de détail était pratiquement à l’arrêt. Soit les prix qui étaient demandés étaient au-delà des moyens de la population, soit les magasins restaient totalement fermés.

À l’époque, Lord Lytton, le poète favori de la reine Victoria, connu comme un « boucher » par de nombreux indiens, était le vice-roi des Indes. Il s’opposa jusqu’au bout à toute tentative de stocker des céréales pour nourrir la population frappée de famine parce que cela interférait avec les lois du marché. Durant l’automne de 1876, tandis que la récolte de la mousson flétrissait dans les champs du sud de l’Inde, Lytton était absorbé à organiser l’immense Union de l’Empire à Delhi pour proclamer Victoria impératrice d’Inde.

Comment Lytton justifia cela ? Il était un admirateur déclaré et un partisan d’Adam Smith.

Mike Davis écrit :

Un siècle plus tôt, dans La richesse des nations, Adam Smith avait affirmé (vis-à-vis de la terrible famine du Bengale de 1770) que la famine n’avait jamais surgi d’aucune autre cause que la violence employée par le gouvernement visant, par des moyens impropres, à tenter de remédier au désagrément de la disette. Lytton ne faisait que mettre en pratique ce que Smith avait enseigné aux disciples du libre échange. Et l’injonction de Smith contre les tentatives de l’Etat de réguler le prix des céréales durant la famine de 1770, avait été enseignée pendant des années comme exemple dans le fameux collège à Haileybury de la Compagnie des Indes orientales. [4]

Les décrets de Lytton visaient à faire en sorte « qu’il n’y ait aucune interférence de quelque façon que ce soit de la part du gouvernement avec l’objectif de réduire le prix de l’alimentation » et « dans sa lettre au pays adressée au Bureau de l’Inde et au politiciens des deux partis, il dénonça les ‘hystériques humanitaires’ ». Par un diktat officiel, l’Inde, comme l’Irlande avant elle, était devenue un laboratoire utilitaire où l’on pariait sur des millions de vies, conformément à la foi dogmatique dans les marchés omnipotents à surmonter « le désagrément de la disette ». [5]

Les grandes famines

Dépeindre les deux douzaines de famines qui ont tué plus de 60 millions d’indiens nécessiterait beaucoup d’espace, donc je me limite ici à celles qui ont tué plus d’un million :

  • La famine du Bengale de 1770. Cette famine catastrophique se produisit entre 1769 et 1773, et affecta la basse plaine du Gange en Inde. Le territoire, alors dirigé par la Compagnie des Indes orientales, incluait l’ouest du Bengale moderne, le Bangladesh, et des parties d’Assam, d’Odisha, du Bihar et du Jharkhand. La famine est supposée avoir causé la mort d’un nombre estimé à 10 millions de personnes, approximativement un tiers de la population de l’époque.
  • La famine Chalisa de 1783-84. La famine Chalisa a affecté de nombreuses parties du nord de l’Inde, spécialement les territoires de Delhi, l’Uttar Pradesh actuel, l’est du Pendjab, Rajputana (maintenant appelé Rajastan), et le Cachemire, alors tous dirigés par différents indiens. La Chalisa fut précédée par une famine l’année d’avant, 1782-83, dans le sud de l’Inde, incluant la ville de Madras (maintenant appelée Chennai) et les régions environnantes (dirigées par la Compagnie des Indes orientales), et dans le royaume étendu de Mysore. Ensemble, ces deux famines ont emporté au moins 11 millions de vies, selon des rapports.
  • La famine Doji Bara (ou la famine des crânes) de 1791-92. Cette famine a causé une mortalité très répandue à Hyderabad, le sud du royaume marathe, le Deccan, le Gujarat et le Mârvar (aussi appelé la région Jodhpur au Rajasthan). La politique britannique de détourner les récoltes vers l’Europe, de prix des céréales restant hors de portée des Indiens, et d’adoption de politiques agricoles détruisant la production alimentaire, était responsable de cette famine. Les britanniques avaient des réserves de surplus de céréales, qui n’étaient pas distribuées à ceux là même qui les avaient cultivées. Il en résulte qu’entre 1789 et 1792, environ 11 millions moururent de faim et des épidémies qui suivirent.
  • La famine du Doab supérieur de 1860-61. La famine de 1860-61 eu lieu dans la région contrôlée par les britanniques du Doab du Gange et de la Yamuna (Doab signifie entre deux eaux ou deux rivières), comprenant de larges parties du Rohilkhand et de Ayodhya, et les districts de Delhi et de Hisar du Pendjab d’alors. La partie est de l’état princier de Rajputana. Selon les rapports « officiels » britanniques, environ deux millions de personnes furent tuées par cette famine.
  • La famine d’Odisha de 1866. Bien qu’elle affecta, le plus, Odisha, cette famine affecta la côte est de l’Inde le long de la baie du Bengale s’étendant vers le sud jusqu’à Madras, couvrant une zone vaste. Un million sont morts, selon la version « officielle » britannique.
  • La famine du Rajasthan de 1869. La famine du Rajasthan de 1869 affecta une zone proche de 800 000 km² qui appartenait principalement aux états princiers et le territoire britannique d’Ajmer. Cette famine, selon les déclarations « officielles » britanniques, tua 1,5 millions de personnes.
  • La grande famine de 1876-78. Cette famine tua un nombre indescriptible d’indiens dans le sud et fit rage pendant environ quatre ans. Elle affecta Madras, Hyderabad et Bombay (maintenant appelé Mumbai). La famine arriva par la suite dans la Province centrale (maintenant appelée Madhya Pradesh) et des parties du Pendjab non-divisé. Le nombre de morts de cette famine était de l’ordre de 5,5 millions. D’autres chiffres indiquent que le nombre de morts pourrait être aussi élevé que 11 millions.
  • La famine indienne de 1896-97 et 1899-1900. Celle-ci affecta Madras, Bombay, le Deccan, le Bengale, les Province unies (maintenant appelées Uttar Pradesh), les Provinces centrales, le nord et l’est du Rajasthan, des parties de l’Inde centrale et Hyderabad : on rapporte que 6 millions moururent dans les territoires britanniques durant ces deux famines. Le nombre de morts dans les états princiers n’est pas connu.
  • La famine du Bengale de 1943-44. Cette famine orchestrée par Churchill dans le Bengale en 1943-44 tua de 3,5 à 5 millions de personnes.
Représentation d’« Une distribution d’aide alimentaire dans la région de Madras », parue dans les Nouvelles Illustrées de Londres, en mai 1877.

Camps humanitaires ou camps de concentration

Il y avait de nombreuses flèches politiques qu’Adolph Hitler a pu avoir emprunté du carquois britannique pour tuer des millions de personnes, mais une qu’il a certainement emprunté en établissant ses camps de la mort, fut la manière dont les britanniques géraient les camps pour fournir des « secours » aux millions d’affamés. Quiconque entrait dans ces camps humanitaires, n’en sortait pas vivant.

Prenez les actions de l’adjoint du vice-roi Lytton, Richard Temple, un autre produit d’Haileybury imprégné de la doctrine de dépopulation comme moyen nécessaire pour maintenir l’Empire fort et vigoureux. Temple, sous les ordres de Lytton, s’assura qu’il n’y avait aucune dépense « superflue » dans les efforts de secours.

Selon quelques analystes, les camps de Temple n’étaient pas très différents des camps de concentration nazi. Des personnes déjà à moitié mortes de faim devaient marcher des centaines de kilomètre pour atteindre ces camps humanitaires. De plus, il institua une ration alimentaire pour les personnes affamées travaillant dans les camps, qui était inférieure à ce qui était donné aux prisonniers des camps de concentration nazis.

Les Britanniques refusaient de fournir des secours adéquats aux victimes de la famine sur la base que cela encouragerait l’indolence. Sir Richard Temple, qui avait été sélectionné pour organiser les efforts de secours durant la famine en 1877, fixa la ration alimentaire pour les indiens affamés à 453 grammes de riz par jour – moins que le régime des prisonniers au camp de concentration de Buchenwald pour les juifs dans l’Allemagne d’Hitler. Le manque d’enthousiasme des britanniques à répondre avec urgence et vigueur au déficit alimentaire, conduisit à une succession d’environ deux douzaines de famines épouvantables pendant l’occupation britannique de l’Inde. Cela emporta vers la mort des dizaines de millions de personnes. La fréquence des famines montra une déconcertante augmentation dans le XIXe siècle. [6]

A l’époque, c’était délibéré, et aujourd’hui ça l’est aussi.


[1Extrait du livre de Mike Davis Late Victorian Holocausts : El Nino Famines and the Making of the Third World - 2001 (Verso Books, Londres).

[2Extrait du livre de Mukerjee Madhusree Churchill’s Secret War : The British Empire and the Ravaging of India during World War II – chez Basic Books (New York).

[3Davis, op. cit.

[4Ibid.

[5Ibid.

[6Extrait du livre de B.M. Bhatia Famines in India, A Study in Some Aspects of the Economic History of India, 1860-1945 - 1963 (Asia Publishing House, Bombay).