Helga Zepp-LaRouche : la Nouvelle route de la soie devient la Route mondiale de la soie

mardi 9 août 2016, par Helga Zepp-LaRouche

Invitée au « Forum Think-20 » (Penser 20) organisé à Beijing le 29 juillet pour préparer le prochain sommet du G20, Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller, a prononcé un discours sur le thème « La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre mondial ».

Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller.

Le sommet du G20, premier à se tenir en Chine, aura lieu à Hangzhou dans la province chinoise de Zhejiang, les 4 et 5 septembre prochains. Le Forum « Think 20 » a été organisé par trois instituts stratégiques chinois : l’Institut d’économie et de politique mondial (IWEP) de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), l’Institut d’études internationales de Shanghai (SISS) et l’Institut Chongyang d’études financières de l’Université Renmin de Chine (RDCY). Il avait pour but de préparer des propositions pour les chefs d’état qui y participeront. Près de 500 spécialistes, personnalités politiques et représentants d’organisations internationales venant de 25 pays avaient fait le déplacement.

Ci-après, son discours, présenté lors du premier panel de la conférence consacré à « l’Amélioration du système de gouvernance mondial », et ci-dessous la vidéo en anglais :

Puisque le G20 représente la plus grande accumulation de puissance industrielle et du nombre des pays émergents de la planète, il n’y a aucune autre agence qui puisse mieux s’attaquer aux problèmes existentiels de notre civilisation aujourd’hui et agir avant qu’il ne soit trop tard.

Les populations de la plupart de la planète sont plongées dans des crises terrifiantes : une menace terroriste qui échappe désormais à tout contrôle international, l’émigration des millions de gens pour échapper à la guerre, à la famine, à la mort, émigration qui ébranle les fondements même sur lesquels l’Union Européenne a été fondée ; le Brexit, premier coup de semonce de la désintégration à venir de l’UE ; le fossé croissant entre riches et pauvres, une classe moyenne déclassée et des pauvres qui s’appauvrissent encore ; l’expérience subie par le plus grand nombre de l’impact des « mesures monétaires non orthodoxes » sur l’épargne de toute une vie et sur le futur ; les limites de l’acceptation sociale des mesures telles que le « bail-out et le bail-in » (renflouement par les gouvernements des banques en faillite suivis de mesures d’austérité appliquées aux populations, et renflouement « interne » des banques en faillite, sauvées par la ponction des actionnaires, mais aussi des créanciers obligataires et des déposants) ; la crainte croissante d’une nouvelle guerre froide et d’une nouvelle spirale de réarmement nucléaire. Bref, une perte de confiance dans l’establishment partout dans les pays en tout cas du secteur avancé.

Le refus de reconnaître l’ampleur des problèmes lors du prochain G20, la tentative de cacher sous une rhétorique des relations publiques l’échec des politiques dominantes, en particulier depuis 2008, l’incapacité de saisir l’occasion du prochain sommet pour présenter de réelles solutions à ces crises, aura un impact non virtuel, mais tout à fait réel, dans l’histoire et dans la vie et le bonheur des milliards d’individus.

Des solutions immédiates existent mais elles exigent des institutions dominantes la volonté de remettre en question les axiomes sous-jacents aux politiques actuelles et le retour à des politiques qui non seulement ont déjà prouvé leur efficacité dans le passé, mais qui représentent également un nouveau paradigme pour le développement de l’humanité dans les cent prochaines années et au-delà.

Pour que l’humanité puisse retrouver l’espoir dans un futur plus brillant, un espoir qui a été perdu dans une partie du monde, le sommet du G20 doit proposer une vision, un chemin pour surmonter ces crises ; il doit proposer le retour à un niveau de raison permettant de s’attaquer aux grands problèmes de l’humanité.

1. La seule vision « pragmatique » à ce stade – et il n’y a aucune contradiction dans ces termes – est la perspective ouverte par le projet de Nouvelle Route de la Soie proposé et mis en application par la Chine. Déjà, plus de 70 pays participent à différents aspects de cette politique, notamment à des projets de développement et de construction des infrastructures. La coopération que la Chine qualifie de « gagnant/gagnant » est la seule façon de surmonter les confrontations géopolitiques qui ont déjà conduit le monde à deux guerres mondiales au cours du XXe siècle et qui alimentent la menace d’une troisième guerre mondiale qui, étant donné l’existence des armes nucléaires, serait une guerre d’extermination. La perspective « gagnant/gagnant » est aussi cohérente avec les principes de la paix de Westphalie, selon lesquels, pour réussir, un ordre de paix doit être fondé sur « l’intérêt d’autrui ».

Le concept de « Nouvelle route de la soie » doit donc être étendu et devenir une proposition concrète pour construire une « Route mondiale de la soie » ayant pour but de résoudre le sous-développement à l’échelle mondiale. Si le sommet du G20 annonçait sa volonté de s’orienter dans cette direction, s’engageant de façon solennelle à mettre fin à la famine et à la misère dans le monde, et à fournir de l’eau propre à tout un chacun, ce qui du point de vue technologique est tout à fait faisable – ceci provoquerait une révolution d’espoir et d’optimisme dans le monde.

2. Afin de mettre fin aux flux massifs de migrants venant d’Asie du Sud-ouest et d’Afrique, et d’assécher le marais qui crée les terroristes, il faut proposer à ces deux régions du monde une perspective de développement industriel qui leur permettra non seulement de reconstruire les zones dévastées par les guerres, mais aussi de développer les infrastructures, les industries, l’agriculture et les systèmes d’éducation qui feront de ces parties du monde, des zones de haute productivité et grandes capacités de la force de travail.

De façon générale, les projets de la Route mondiale de la soie doivent être choisis en fonction de leur impact maximal sur les pouvoirs cognitifs des populations, afin d’accroître les pouvoirs productifs de la force du travail de l’économie mondiale. L’accent doit être mis non seulement sur l’innovation mais sur la capacité d’effectuer des percées dans la compréhension de nouveaux principes physiques de notre univers.

Des exemples de ce dont nous parlons sont le développement à marche forcée de la fusion thermonucléaire pour assurer à l’ensemble de l’humanité la sécurité énergétique et sur les matières premières dont chacun à besoin, ainsi que le développement de nouvelles ressources d’eau grâce à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et du dessalement de grandes quantités d’eau de mer, l’ionisation de l’humidité de l’atmosphère et d’autres formes innovantes des technologies.

La coopération internationale dans la recherche, les voyages et l’exploration spatiale, définit la voie vers les prochaines et nécessaires percées dans la science et la technologie. Elle représente la plateforme orientée vers le futur d’un ordre de paix pour le XXIe siècle. Encore plus important, elle permettra à l’humanité d’aller vers une conscience plus grande de sa propre identité en tant que seule espèce créatrice connue de l’univers jusqu’à présent.

3. L’effondrement du système financier de la zone transatlantique pourrait jeter de nombreuses parties du monde dans le chaos, avec des conséquences incalculables. La boîte à outils d’instruments financiers utilisée lors de la crise de 2008 pour tenter de colmater les brèches du système, à la place d’une véritable réforme financière, est aujourd’hui épuisée. Les « instruments monétaires non orthodoxes » utilisés par la suite pour faire de l’assouplissement quantitatif, des taux d’intérêts négatifs et pour fournir au système de l’argent « d’hélicoptère », ont pour une grande partie, produit un effet contraire à celui escompté.

Le fait que le retour à la loi de séparation bancaire de Franklin Roosevelt, le Glass Steagall act, ait été introduit dans les plateformes présidentielles du Parti démocrate et du Parti Républicain aux États-Unis, ainsi que le fait qu’il y a une discussion de plus en plus active dans plusieurs pays européens pour réduire les risques d’un krach futur du système financier par l’introduction des critères de la Loi Glass Steagall, créent un environnement favorable pour que le prochain sommet du G20 se mette d’accord sur la nécessité d’adopter un Glass Steagall act mondial.

Si le Sommet du G20 devait mettre la « Route mondiale de la soie » à son agenda, le rêve chinois deviendrait alors un rêve mondial.

Le rapport La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre eurasiatique est disponible en chinois, anglais et arabe, ici.