Etats-Unis-Russie-Chine-Japon : vers un dégel des relations

mercredi 15 février 2017

 
Depuis quelques années, le monde assiste à un « grand réalignement stratégique ». Entre la Russie et la Chine d’abord ; entre la Russie et le Japon depuis quelques mois, et aujourd’hui, n’en déplaise aux détracteurs systématiques de Donald Trump, entre ces dernières puissances et… les Etats-Unis.
 
Pour des raisons qui sont les siennes, la diplomatie de ce président atypique ouvre la porte à une rupture totale avec l’approche géopolitique classique qui a dominé les relations internationales depuis l’assassinat du président américain John Kennedy. Bien que la dynamique globale le pousse dans cette direction, il reste à voir si Trump franchira réellement le seuil de cette porte.
 
Concernant la Chine, le nouveau président américain a d’abord adressé une lettre au président Xi Jinping, suivie d’un appel téléphonique le 9 février, appel que la Maison Blanche qualifie de « long et extrêmement cordial » et durant lequel Trump à fait volte-face sur sa position antérieure. Plus question de considérer Taiwan comme un pays à part et respect strict de la politique chinoise traditionnelle d’ « une seule Chine ».
 

Nouvelle Solidarité N° 12/2016 - s’abonner.

Nous avons bon espoir qu’il s’agit, de la part des Etats-Unis d’un premier pas en direction d’une reconnaissance du modèle chinois des relations internationales, modèle basé sur la souveraineté nationale, le respect des différents systèmes sociaux et politiques, la non ingérence dans les affaires internes des autres pays et une coopération mutuellement bénéfique. Dans tous les cas, le nouveau Président estime que les relations américano-chinoises « profiteront à tout le monde, la Chine, le Japon, les Etats-Unis et tous les autres de la région ».
 
Le lendemain, le Premier ministre japonais Shinzo Abe arrivait à Washington. Dans ses valises, des propositions d’investissements japonais dans la modernisation des infrastructures américaines. Evoquant l’expertise des Japonais dans la technologie du train à lévitation magnétique (maglev), il a proposé de construire une ligne à haute vitesse entre Washington et New York permettant d’aller de l’une à l’autre en moins d’une heure.
 
Lors de leur conférence de presse conjointe, alors qu’on demandait à Trump s’il serait prêt à défendre le Japon contre l’« agression chinoise », il refusa de tomber dans le piège géopolitique :

Comme la plupart d’entre vous le savent, j’ai eu une très, très bonne conversation hier avec le président chinois. C’était une conversation très chaleureuse. Je pense que nous sommes en train de nous entendre parfaitement, et je pense que ce sera également profitable pour le Japon.

 
Ce grand réalignement stratégique se reflète également dans le rapprochement spectaculaire opéré ces derniers mois entre le Premier ministre Abe et le président russe Poutine. Des accords économiques conclus entre les deux pays dans le domaine de la pêche et du tourisme, doivent permettre de déminer la vieille dispute territoriale autour des îles Kouriles.
 
Par ailleurs, un « haut représentant de la Maison Blanche » a tenu à souligner que les Etats-Unis ne s’opposent en rien à une coopération bilatérale entre le Japon et la Russie. Trump lui-même a souvent exprimé l’espoir de voir s’améliorer leurs relations.
 
Il est vrai que dans les premiers jours de son mandat, le nouveau locataire de la Maison Blanche a enterré le « pivot asiatique » de son prédécesseur, non seulement en annulant le Partenariat transpacifique (TPP), mais en désavouant la diplomatie de la canonnière en mer de Chine méridionale.
 
Donald Trump se vante d’être un homme d’affaires exceptionnellement astucieux qui sait reconnaître le « bon deal ». Il n’en trouvera pas de meilleur que l’adhésion à l’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la soie.