Helga Zepp-LaRouche au sommet de Beijing sur la Nouvelle Route de la soie

mardi 16 mai 2017, par Helga Zepp-LaRouche

Sommet de Beijing sur la Nouvelle Route de la soie. Réception en honneur des 29 chefs d’Etat et de gouvernement.
A gauche, Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller, lors de la session plénière du sommet de Beijing.
China TV - capture écran

Les 14 et 15 mai 2017, Helga Zepp-LaRouche, la fondatrice et présidente internationale de l’Institut Schiller, connue depuis trente ans en Asie comme « la Dame de Nouvelle Route de la soie », s’est exprimé à deux occasions à Beijing lors du grand sommet diplomatique sur le projet de « Route de la soie du XXIe siècle ».

Voici son intervention du 15 mai lors du sommet des think tanks chargé de : « Réunir les sagesses pour promouvoir la croissance mondiale ».

Thème de la table ronde : « La nouvelle situation de la mondialisation : nouveaux défis, nouvelles opportunités, nouvelle contre-mesure ». Transcription.

Beijing, le 15 mai 2017. Helga Zepp-LaRouche lors du sommet de haut niveau sur la Nouvelle Route de la soie.
Schiller Institute

La Nouvelle Route de la soie devient le « Pont terrestre mondial »

Présentation d’Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller,
15 mai 2017, Beijing.

Nouvelle Solidarité N°18/2014. Pour s’abonner.

Depuis que le Président Xi Jinping a lancé officiellement la politique de la Nouvelle Route de la soie en 2013, sa dynamique a de quoi vous couper le souffle.

L’ « Initiative une ceinture et une route (ICR) » [1] peut, de toute évidence, devenir le « Pont terrestre mondial » reliant tous les continents par des infrastructures comme des tunnels et des ponts, renforcées par les « Routes de la soie maritimes ».

Il s’agit d’une forme de mondialisation entièrement nouvelle, définie non pas par le critère de maximalisation des profits, mais au service d’un développement harmonieux de tous les pays participants sur la base d’une coopération gagnante-gagnante.

D’où l’importance de ne pas regarder l’ICR du point de vue d’un comptable qui extrapole linéairement les couts/bénéfices dans le temps, mais de la concevoir comme « une vision commune d’un avenir partagé ».

Où voulons-nous que l’humanité se trouve dans une, dix ou cent décennies ? N’est-il pas dans la nature de l’homme, la seule espèce réellement créatrice connue jusqu’ici, d’aller bâtir des villages sur la Lune, de développer une compréhension plus profonde des milliers de milliards de galaxies de notre univers, de vaincre les maladies jusqu’ici incurables ou de résoudre le problème de l’énergie et de sécuriser l’accès aux matières premières en développant l’énergie thermonucléaire contrôlée ?

Ce n’est qu’en se concentrant sur les « objectifs communs de l’humanité » qu’on surmontera la géopolitique et qu’on atteindra un niveau plus élevé de raison au bénéfice de tous.

Il est évident que le Pont terrestre mondial est la solution idéale pour ouvrir au développement les dernières régions enclavées de notre planète. La colonisation de l’espace proche représente la prochaine étape de l’élargissement infrastructurel de l’habitat naturel de l’homme.

Le "Pont terrestre mondial", le plus grand projet d’infrastructure de l’histoire humaine.
LPAC

Lorsqu’on regarde une carte du monde, l’on constate que les Etats-Unis ne sont pas seulement un continent entouré de deux océans et de deux voisins, mais qu’ils peuvent être le cœur d’un couloir infrastructurel reliant la Patagonie, via l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, au continent eurasiatique par un tunnel sous le détroit de Béring.

Depuis que le Président Xi Jinping a proposé au Président Trump que les Etats-Unis rejoignent l’ICR, des projets concrets ont été mis sur la table pour faire de ce pays une pièce centrale du Pont terrestre mondial.

Outre-Atlantique, les besoins en investissement dans l’infrastructure sont énormes, une occasion rêvée pour convertir l’ensemble ou une partie des 1400 milliards de dollars de bons de Trésor américain que détient la Chine, dans de tels investissement au moyen d’une banque infrastructurelle.

Les Etats-Unis, pour ne prendre qu’un exemple, ont besoin d’environ 40 000 miles (65 000 km) de lignes de train rapide s’ils veulent faire comme la Chine qui a décidé de relier entre elles toutes les grandes agglomérations du pays d’ici 2020 par train rapide.

Un investissement de cette ampleur provoquerait un boom de l’économie américaine qui, en contrepartie, pourrait exporter ses productions sur un marché chinois en pleine expansion. Une fois le principe de concurrence remplacé par celui de coopération, les occasions pour lancer des joint ventures par les Etats-Unis et la Chine dans des pays tiers sont énormes.

Depuis que le Président Trump a fait connaître son intention de retourner au « Système américain d’économie politique » d’Alexander Hamilton, Henry Clay et Abraham Lincoln, et, à l’instar de Franklin Roosevelt, de séparer les banques « à la Glass-Steagall », l’idée d’une vraie Banque nationale et d’un système de crédit public permettant d’investir les avoirs chinois dans les infrastructures, apparaît comme une possibilité de plus en plus évidente.

Alors que de plus en plus de pays européens, aussi bien au sein de l’UE qu’en dehors, reconnaissent le potentiel fantastique de l’ICR et expriment leur désir de devenir un hub pour la coopération eurasiatique, l’UE a, pour rester diplomatique, exprimé ses plus grandes réserves.

Reste un énorme défi à relever qui pourrait conduire les Etats membres de l’UE à rejoindre le projet chinois : la crise des migrants. Car l’unique façon réellement humaine de guérir cette plaie européenne serait la participation active des nations européennes avec l’ICR dans un « grand dessein » pour le continent africain.

La nouvelle perspective positive d’une désescalade des tensions entre les États-Unis et la Russie ainsi que leur coopération militaire en Syrie, ainsi que le processus d’Astana [2], peuvent également rendre possible la stabilisation de toute la région. Des offres chinoises pour étendre la Nouvelle Route de la soie à l’Asie du Sud-ouest existent déjà.

Pour réussir, la Nouvelle Route de la soie doit, tout comme le fit l’ancienne, conduire aux échanges des expressions les plus belles des cultures des pays qui y participent. Le sens profond d’une coopération « gagnante-gagnante » ne réside pas dans les simples profits qui résulteront des infrastructures et du développement industriel, mais dans la joyeuse découverte, dans d’autres cultures, de la beauté de leur musique, de leur poésie et de leurs arts visuels classiques. C’est en connaissant pleinement cela que nous serons capables de rendre plus fort encore notre amour pour l’humanité.

En réalisant ensemble le projet de Pont terrestre mondial, les nations étudieront ensemble les lois de la noosphère afin de faire naitre des formes durables de souveraineté. Le développement des pouvoirs créateurs de tous les peuples dans toutes les nations, donnera à toute l’humanité un sens d’unité et de but à atteindre qui rendra notre espèce réellement humaine. Si nous organisons nos sociétés autour de la découverte scientifique et artistique, nous perfectionnerons nos capacités à faire avancer en permanence le processus d’auto-développement de l’humanité, sur les plans intellectuel, moral et esthétique, et nous trouverons la liberté dans la nécessité – en accomplissant notre devoir avec passion !

(Discours en anglais)

Interview-débat avec Helga Zepp-LaRouche par CGTN


[1En anglais : Belt and Road Initiative (BRI) ou encore One Belt, One Road (OBOR).

[2Ville du Kazakhstan où se tiennent, en parallèle avec celles de Genève, des négociations sur l’avenir de la Syrie.