Trump et Macron veulent faire la paix avec la Russie et la Chine, oseront-ils déclarer la guerre à Wall-Street ?

jeudi 20 juillet 2017

Dans la semaine suivant le sommet du G20 des 7 et 8 juillet à Hambourg, on a pu constater les retombées positives de plusieurs rencontres bilatérales tenues en marge de l’événement principal.

La plus importante d’entre elles, comme nous l’avions signalé, était incontestablement le tête à tête entre les présidents Poutine et Trump, que tous deux ont jugé constructif et qui fait encore fulminer le « parti de la guerre ». Le résultat le plus immédiat de cette réunion est le cessez-le-feu qu’ils entendent faire respecter dans les zones de déconfliction en Syrie. Comme le notait Donald Trump lors de sa conférence de presse conjointe le 13 juillet avec le président français Macron, le cessez-le-feu avait déjà tenu cinq jours jusque là, ce qui signifie que « beaucoup de vies ont été sauvées, beaucoup de gens n’ont pas été tués ».

En effet, on devrait se demander combien de vies auraient pu être épargnées si Trump avait pu tenir une telle réunion avec Poutine peu après son entrée en fonctions fin janvier, comme il le prévoyait, mais n’a pas pu le faire en raison de la grotesque diabolisation de la Russie et du président russe.

Pour ce qui est de l’Ukraine, à la demande de Vladimir Poutine, Trump a nommé un envoyé spécial chargé de ce pays, qui devrait rétablir un dialogue avec la Russie en vue de résoudre la crise.

A propos de leur réunion bilatérale, Poutine a précisé que le Président américain est très différent du portrait présenté par les médias, et prêt à discuter de tout en dépit de désaccords.

Nouvelle Solidarité N°2/2017 - s’abonner.

Les relations entre les Présidents chinois et américain avancent sur une voie positive, Trump ayant qualifié Xi Jinping d’ « d’homme de qualité » qu’il connaît bien, lors de la conférence de presse à Paris, et avec qui il collabore dans le dossier nord-coréen. Concernant les échanges, la Chine a repris ses importations de boeuf américain et s’est engagée le 13 juillet à acheter la quasi totalité de la production de soja d’Iowa, une véritable aubaine pour cet Etat agricole.

Pendant la visite de Donald Trump en France pour assister aux célébrations du 14 juillet et à d’autres événements, il a été reçu « très chaleureusement » par le président Macron, indiquant que ce dernier pourrait être prêt à se joindre à la nouvelle dynamique, ce qui pourrait convaincre d’autres pays européens de faire de même.

Mais l’éléphant dans la salle dont personne ne veut parler est le système financier transatlantique pourri, qui pourrait mener à tout moment à un krach bien pire que celui de 2008, dont les conséquences pour les populations et les économies réelles seraient désastreuses.

Si Donald Trump a eu le courage d’affronter le deep state (gouvernement parallèle des Etats-Unis) sur le plan diplomatique, il ne s’est pas opposé à Wall Street et à la City. Or, sans l’adoption d’une véritable séparation des banques de type Glass-Steagall et sans la création d’une politique de crédit public, il ne pourra pas réaliser les plans d’ infrastructure et de reprise économique qu’il a promis. Ainsi, le soutien populaire sur lequel il comptait lui fera défaut.

La France

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En décidant de recevoir Vladimir Poutine comme premier chef d’Etat en France, puis en invitant Donald Trump à assister aux commémorations du 14 juillet en tant qu’invité d’honneur, deux décisions hautement controversées, Emmanuel Macron voulait signaler son intention de faire de la France un acteur principal sur la scène internationale. Cela reflète aussi son intention déclarée de conduire une présidence « jupitérienne ».

Il semblerait que les Britanniques, en particulier, étaient contrariés du fait que Trump s’est rendu en France avant de se rendre en Grande-Bretagne, comme le veut la tradition. Le rédacteur diplomatique du Guardian Patrick Wintour estimait que la Premier ministre Theresa May, en raison de son revers politique et de sa préoccupation avec le Brexit, était considérée comme une perdante, et que les « relations glaciales d’Angela Merkel » avec Trump ont offert à Macron l’occasion d’intervenir pour forger une alliance avec la Maison Blanche.

Toutefois, sur le plan national, Emmanuel Macron a promis une politique qui privilégiera les intérêts financiers internationaux, tout en sabrant le budget et démantelant nombre des protections sociales actuellement en place, ce qui risque de mener à des protestations de masse. Puis, sur le plan européen, sa promotion d’un gouvernement financier pour l’UE laisse prévoir un désastre.