Coopération sino-française renforcée pour la fusion nucléaire

samedi 30 décembre 2017, par Karel Vereycken

Promu au plus haut niveau politique dans chacun des deux pays, l’accord donne de la force supplémentaire à la coopération déjà engagée par le CEA et les instituts chinois de recherche travaillant sur la fusion nucléaire. De gauche à droite, assis, M. Yuntai Song de l’Institut ASIPP (Académie chinoise des sciences), M. Gabriele Fioni, directeur de la coopération internationale du CEA, M. Luo Delong, directeur général du département de la coopération internationale du Most et Xuru Duan, directeur de la China National Nuclear Corporation.

L’information n’a pas fait pas la une de la grande presse française. Pourtant, elle est peut-être d’une importance fondamentale, aussi bien pour l’avenir des Français que pour celui du reste de l’humanité.

Car si l’homme, par sa capacité de découverte de principes physiques nouveaux et de leurs applications au service du plus grand nombre, renonce à repousser les limites des « ressources » dont son existence dépend, il se condamne à disparaître. Car en effet, sans même parler de croissance, rien que le maintien de la population mondiale existante et son niveau de vie exigera, sur terre et au-delà, des ressources de mieux en mieux utilisées mais inévitablement plus vastes.

C’est de ce point de vue que Jacques Cheminade et Solidarité & Progrès défendent depuis toujours le développement du « nucléaire du futur » et en particulier de la fusion nucléaire contrôlée.

Rappelons qu’à masse égale, la fusion d’atomes légers comme l’hydrogène libère une énergie près de quatre millions de fois supérieure à celle d’une réaction chimique telle que la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz, et quatre fois supérieure à celle des réactions de fission nucléaire.

Si la France travaille depuis vingt ans avec la Chine sur la fusion nucléaire, une coopération sino-française renforcée dans ce domaine est pour nous l’expression même de l’approche gagnant-gagnant qui est au cœur de l’Initiative Une Ceinture, une route, politique adoptée et promue par le Président chinois Xi Jinping depuis 2013.

Fin novembre 2017, trois accords ont été signé :

M. Gabriele Fioni,directeur de la coopération international du CEA et M. Dongbai Ye, directeur général du département de la coopération international du MOST.
  • D’abord, le Commissariat français à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le Ministère de la science et de la technologie de la République populaire de Chine (MOST) ont signé les 23 et 24 novembre 2017 à Pékin l’acte de naissance du Centre franco-chinois sur l’énergie de fusion SIFFER (Sino-French Fusion Energy Center).
    Les quatre membres du consortium SIFFER sont l’Institut français de recherche sur la fusion magnétique (CEA-IRFM), l’agence domestique Iter-China, porteuse du programme fusion chinois, et les deux plus importants Instituts de fusion chinois (ASIPP de l’académie des sciences et SWIP du China National Nuclear Corporation - CNNC).
Signature d’une déclaration intergouvernementale : debout, à gauche, le ministre français des Affaires étrangères M. Jean-Yves Le Drian et, debout, à droite, Mme Yandong Liu, vice-présidente de la République populaire de Chine. Assis, à gauche, l’Ambassadeur de France, M. Jean-Maurice Rippert et, à droite, M. Zhigang Wang, Vice-Ministre du Most.
  • Cette signature est accompagnée d’une Déclaration politique intergouvernementale signée le 24 novembre par M. Jean-Maurice Rippert, Ambassadeur de France en Chine, et M. Zhigang Wang, Vice-Ministre du MOST, en marge de la rencontre sur le dialogue de haut niveau sur les échanges humains, et en présence de M. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de la République française et de Madame Liu, vice-présidente de la République populaire de Chine.
  • Enfin, l’accord de mise en oeuvre de SIFFER (Implementing Agreement) a été signé le 24 novembre 2017 (photo en début d’article) par M. Gabriele Fioni, directeur des coopérations internationales du CEA, M. Delong Luo, Directeur de l’Agence Iter-Chine, M. Yuntao Song, vice-Directeur de l’Institut Asipp (Académie des sciences de Chine), et M. Xuru Duan, Directeur de l’Institut SWIP (China National Nuclear Corporation), établissant ainsi la gouvernance formelle de Siffer.

Cet accord-cadre de coopération permettra aux deux pays d’intensifier leur collaboration bilatérale sur la R&D scientifique et technique pour la fusion nucléaire par confinement magnétique. Les thématiques couvertes sont le soutien à ITER Organization et ses partenaires, le développement de technologies pour la fusion, la R&D en physique et le développement de logiciels de sûreté et de normes techniques pour la fusion.

SIFFER a vocation à mutualiser et optimiser l’utilisation des moyens humains et scientifiques des différents instituts impliqués et devient ainsi un acteur de tout premier plan mondial dans le domaine de la R&D en fusion. L’accord-cadre s’appuie, en particulier, sur des activités conjointes au niveau de l’exploitation scientifique des machines de fusion française et chinoises (WEST, EAST, HL2A, HL2M), et sur les activités de R&D en accompagnement des études de conception des machines de fusion du futur.

Promu dans chacun des deux pays au plus haut niveau politique, l’accord donne de la force supplémentaire à la coopération déjà engagée par le CEA et les instituts chinois de recherche travaillant sur la fusion nucléaire.

Non seulement pour ITER et WEST mais également pour le réacteur CFETR (China Fusion Engineering Test Reactor), qui servira de pont entre ITER et son successeur, le réacteur de démonstration DEMO.