2018, année du nouvel ordre gagnant-gagnant

mardi 2 janvier 2018

Les meilleurs vœux que l’on puisse souhaiter pour la nouvelle année est que l’on en finisse une bonne fois pour toutes avec la géopolitique. Cette matrice, basée sur une mentalité de guerre froide et de jeu à somme nulle où l’on ne peut gagner qu’au détriment des autres, a été à l’origine de deux guerres mondiales au XXe siècle. À l’ère des armes thermonucléaires, il devrait être clair pour tout le monde que la guerre ne peut plus être un moyen de résoudre les conflits. Laissons donc au passé l’idée que la défense des intérêts d’une nation ou d’un groupe de nations doit se faire contre les intérêts des autres. L’avenir de l’humanité est un ordre d’organisation et de relations gagnant-gagnant par le développement mutuel.

Cela implique bien entendu que les grandes puissances, et avant tout les États-Unis, la Chine et la Russie, s’entendent et coopèrent. De ce point de vue, l’année 2017 a posé plusieurs germes pour que cela devienne possible.

Le nouveau président américain, Donald Trump, en dépit des limites du personnage et du fait que la quasi-totalité de l’establishment fait tout son possible (en vain pour l’instant) pour le faire tomber, a fait les premiers pas pour extirper les États-Unis hors de l’attitude de confrontation militaire des présidences Bush et Obama vis-à-vis de la Chine et de la Russie.

Trump a accueilli les 6 et 7 mai le président chinois Xi Jinping, à Mar-a-Lago en Floride. Les deux présidents ont dès cette première rencontre commencé à forger entre eux une relation positive et très personnelle. Ce changement radical par rapport au langage belliqueux d’Obama s’est confirmé début novembre lors de la visite de Trump en Chine, où des accords économiques ont été signés entre les deux pays pour 253 milliards de dollars, dont 83 milliards pour le seul État de Virginie occidentale, avec des dizaines de milliers d’emplois à la clé.

Malgré le climat délétère entretenu par le « Russiagate » et la propagande anti-Poutine aux États-Unis et en Europe, les quelques discussions directes entre les deux dirigeants – notamment en marge du G20 à Hambourg début juillet – ont permis de poser les premières bases d’une coopération, en particulier en Syrie avec la mise en place des zones de désescalade ; ce qui a sans doute accéléré la défaite complète de Daesh, et à travers cela de la stratégie de changement de régime des néocons. La voie est désormais ouverte pour le processus de paix, via les pourparlers d’Astana, et pour la reconstruction politique et économique du pays. Un processus qui est mené, n’en déplaise à Jean Yves Le Drian, et même, au président Macron, par les vainqueurs de cette guerre, la Russie en tête, avec l’armée syrienne régulière, et ses alliés sur le terrain : l’Iran et la Turquie.

L’autre développement transformateur de l’année 2017, ignoré par la grande majorité des Européens et des Américains, est la dynamique des Nouvelles Routes de la soie, qui s’est cristallisée et accélérée lors du Forum international de la ceinture et la route (BRI), les 14 et 15 mai à Beijing. 70 pays et 40 organisations et institutions internationales coopèrent aujourd’hui au projet de la BRI lancé par Xi Jinping en 2013. Cela représente en investissements plus de douze fois le plan Marshall des années 1950, avec des routes, des voies ferrées, des canaux, des centrales d’énergie, etc, qui se construisent à travers l’Eurasie et jusqu’en Afrique et en Amérique latine, apportant aux populations un sens d’optimisme (autrement appelé « esprit de la route de la soie »), un sens qu’on entre dans une nouvelle ère de l’humanité.

Pour une France catalysatrice

Bien sûr, 2017 a été l’année d’une tempête politique en France, où on peut dire que la montagne a accouché d’une souris. Les forces de l’ancien régime, sentant se rapprocher le vent du boulet, se sont mobilisées pour faire la promotion de leur nouveau jockey Emmanuel Macron, afin d’assurer la continuation de la politique désastreuse mise en œuvre sous Sarkozy et Hollande. Seule la politique étrangère de Macron comporte quelques signes de rupture par rapport à la soumission au néoconservatisme anglo-américain ayant dominé en France depuis dix ans.

Mais il faut aller plus loin. La candidature de Jacques Cheminade aux élections présidentielle a permis de tracer la voie dans laquelle la France devait s’engager ; il a en effet été le seul à mettre en garde contre l’imminence du « tsunami financier », à y apporter les solutions, et à montrer le rôle que notre pays pourrait jouer dans le monde nouveau en train de naître autour des Nouvelles Routes de la soie.

Pour l’année 2018, nous devons prendre la résolution de sortir le gouvernement actuel de la contradiction entre une politique relativement positive vis-à-vis du monde et une politique intérieure économique et sociale vouée à l’échec – Trump et Macron ayant en commun de persister dans leur ignorance des principes devant sous-tendre une économie physique de progrès, non livrée à la manne financière.

Le combat que nous menons ici pour la séparation bancaire, en tandem avec celui de nos amis d’outre-Atlantique, représente le fil de l’épée pour engager notre pays dans cette voie. Lors de ses vœux pour la nouvelle année, qu’il a tenu à présenter comme « un pacte de combat pour un monde meilleur », Jacques Cheminade a affirmé que « la France a un rôle à jouer pour changer l’orientation de ce monde. Pour être un catalyseur – nous ne pouvons pas tout faire seuls, bien sûr, mais être un catalyseur ; et faire que les États-Unis, la Chine et la Russie aillent vers un ordre des choses qui soit enfin gagnant-gagnant. Un ordre de développement mutuel ; et pas comme aujourd’hui un ordre géopolitique, qui est un ordre gagnant-perdant où ceux qui pensent gagner espèrent rafler toute la mise. Le monde est à la veille d’une crise financière et monétaire très grave. Il faut être prêt et même la devancer par une politique qui soit à la fois à l’intérieur de notre pays et dans le monde une politique différente, une politique de développement mutuel, qui ne soit pas dans les mots, qui ne soit pas dans les paroles, mais qui soit dans les actes ».