La Maison-Blanche ouvre le débat sur les jeux vidéo ultra-violents

mercredi 14 mars 2018

Le 8 mars dernier, le président Trump a réuni à la Maison-Blanche, sous sa présidence, un groupe d’élus, d’experts et de représentants de l’industrie des jeux vidéo, pour étudier « l’exposition aux jeux vidéo violents et leur corrélation avec l’agressivité et la désensibilisation des enfants », comme le précise le communiqué officiel. Il s’agirait là de la « première d’une série de rencontres » sur ce sujet.

Suite à la tuerie de Parkland en Floride, Trump avait déclaré avoir été sensibilisé au danger des jeux vidéos en examinant le genre de chose que son propre fils, Barron, regarde. « Je me dis, comment est-ce possible ? (...) Les jeux vidéo, les films et Internet sont si violents ! »

La réunion incluait l’expert Dave Grossman, lieutenant-colonel américain à la retraite, auteur de l’essai Assassination Generation : Video Games, Agression, and the psychology of killing, qui pointe du doigt l’impact des jeux vidéo de tir (FPS, ou « First Person Shooter ») sur les enfants. Il y avait également des représentants de l’industrie, dont les principaux éditeurs mondiaux de jeux violents, comme Rockstar Games (GTA) ou Bethesta Softworks (Wolfenstein, Doom), ainsi que le responsable de l’Entertainment System Rating Board (ESRB), organisme chargé de la classification par âge des jeux. « C’est violent, n’est-ce pas ? », a lancé Donald Trump a la suite d’une introduction où il avait projeté une vidéo compilant des scènes ultra-violentes extraites de Call of Duty, Fallout 4 ou encore Wolfenstein.

« Le président a relevé que certaines études indiquent qu’il existe une corrélation entre violence des jeux vidéo et violence réelle », relate le communiqué de la Maison-Blanche publié à la suite de la réunion. « La conversation s’est centrée sur la question de savoir si les jeux vidéo violents, dont ceux qui simulent graphiquement l’acte de tuer, désensibilisent notre communauté à la violence ».

Les FPS sont issus de programmes de l’armée US

Les médias systématiquement anti-Trump n’y ont rien vu cependant ; ils ont immédiatement présenté la chose comme une lutte entre le lobby des armes (représenté aux États-Unis par la National Rifle Association, ou NRA) et le lobby des jeux vidéo, où Donald Trump jouerait bien entendu le rôle d’agent de la NRA cherchant à faire de la brave industrie « vidéoludique » un « bouc émissaire », comme l’écrit Le Figaro.

Pour Dave Grossman, que notre amie Helga Zepp-LaRouche, la présidente du Mouvement des droits civiques - Solidarité en Allemagne, avait interviewé en mai 2002 [1], la question devrait plutôt être abordé par cet angle : « On a besoin de trois facteurs pour tuer : l’arme, la compétence technique et la volonté. Sur les trois, les jeux vidéo en fournissent deux, les deux derniers ». Grossman avait alors montré que l’auteur de la tuerie d’Erfurt en avril 2002, un jeune de 19 ans qui jouait à Counterstrike, avait fait mieux, en terme de ratio tués/blessés, qu’un tireur d’élite ayant perpétré un massacre en Australie en 1996 !

Comme l’expliquait Dave Grossman, le système des FPS a été développé par l’armée américaine dans le but explicite de désensibiliser les jeunes soldats ou les jeunes policiers à l’acte de tuer, en utilisant un mécanisme de « stimulus-réponse » transformant cet acte en un réflexe conditionné. « Or, ce système utilisé par l’armée et par la police, avec de stricts garde-fous et de manière disciplinée, est maintenant à la disposition de nos enfants, sans le moindre contrôle, sous forme de jeux vidéo violents », avait-il déploré.

Jacques Cheminade, pendant la campagne présidentielle de 2017, avait engagé un dialogue avec les jeunes à propos de ces jeux vidéos, par vidéos interposées sur Internet . Voici ce qu’il avait dit dans l’une d’entre elles : « Il y a des jeux vidéo ultra-violents où on torture les gens, on leur arrache les membres, on les poursuit, on écrase les gens avec un camion… Ça, je pense que ça ne devrait pas être vu. Alors, il y a des serveurs dans le monde entier, c’est difficile de les interdire, mais ce qu’il faut c’est créer un climat social meilleur, où les gens s’intéressent moins à cette violence, et où, en plus, on donne des choses intéressantes aux jeunes, plus intéressantes que l’ultra-violence de ces jeux vidéo, y compris dans les autres jeux qui ne seront pas ultra-violents. Des jeux de terra-formation d’une planète, par exemple, des jeux d’aventure, ou même Heroic fantasy, ou encore Super Mario Odyssey, etc. Donc, j’ai voulu répondre pour que les choses soient claires : je suis contre l’ultra-violence, y compris dans les jeux vidéo, mais aussi partout. Parce que cette ultra-violence qui gagne notre société crée, en réalité, sans que souvent ils s’en aperçoivent, des complices de l’exploitation des milieux qui financent ce type de jeux vidéo. (…) Évidemment, tous les gens qui jouent aux jeux vidéo violents ne vont tuer personne, mais ça crée une addiction, une espèce de fixation qui empêche la concentration de l’esprit sur des choses plus intéressantes ».