Vers la fin des "régimes des partis" ?

vendredi 5 octobre 2018

Depuis le Brexit, l’élection de Trump, le référendum italien de décembre 2016, confirmé par les élections de mars dernier, etc, se manifeste un processus d’insurrection électorale contre une certaine classe politique au pouvoir depuis une quarantaine d’années.

Désespérément à la recherche de dirigeants les défendant, les peuples ne supportent plus d’être sous la tutelle du fameux « régime des partis » dénoncé en son temps par le général De Gaulle.

Si la France a pu sembler faire exception, le délitement pathétique du régime macronien fait apparaître la même réalité, laissant présager dans les prochains mois des bouleversements politiques autrement plus significatifs que ceux de 2017.

Face à la montée des « populismes », nos élites se montrent incapables de changer, et se bornent à déplorer « les effets dont ils chérissent les causes », comme disait Bossuet. Pire, elles tentent avec obstination de remettre le dentifrice dans le tube.

En Grande-Bretagne, où le peuple britannique a voté en juin 2016 pour s’affranchir des politiques destructrices de l’UE, l’entêtement de Theresa May, des intérêts de la City de Londres et de Bruxelles à vouloir préserver leurs privilèges conduit le Parti conservateur dans le mur. Boris Johnson, qui attend en embuscade avec son « Brexit dur » pour prendre la place du calife, est la dernière carte des élites pour éviter le séisme politique que représenterait l’élection du leader travailliste Jeremy Corbyn au poste de Premier ministre. Dans un contexte où s’exerce une grande pression populaire pour inverser le processus de libéralisation et de privatisation de l’économie britannique engagé il y a 40 ans par Margareth Thatcher, au point que même le parti conservateur au pouvoir a dû partiellement renationaliser le réseau ferroviaire.

Depuis l’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition Ligue-Mouvement 5 étoiles, on agite avec insistance le chiffon rouge du « populiste » Matteo Salvini, occultant la remise en cause du corset monétariste de l’UE, ainsi que le changement stratégique global qui s’est enclenché.

En effet, n’en déplaise à Bruxelles, Paris et Berlin, l’arrivée du nouveau gouvernement a ouvert la voie à de nouvelles relations bilatérales, en particulier avec les États-Unis, la Russie et la Chine ; lors des rencontres entre le Premier ministre Giuseppe Conte et Donald Trump d’une part, et Vladimir Poutine d’autre part, des discussions ont été engagées sur la stabilisation de la Libye. Et, comme nous l’avons montré dans une récente chronique, des accords de partenariats entre la Chine et l’Italie pour des projets de développement en Afrique sont en cours de finalisation. Tout cela n’est pas sans provoquer des rivières de sueurs froides dans le dos de nos chers géopoliticiens.

La psychose des élections de mi-mandat

Aux États-Unis, la grande foire bat son plein à l’approche des élections du 6 novembre. Le rouleau-compresseur médiatique, la machine démocrate Obama-Clinton, les éléments ultra-corrompus du FBI, du Département de la Justice et du Département d’État, ainsi que leurs acolytes britanniques, mettent le paquet pour pourrir la campagne en sortant quasiment chaque jour une nouvelle affaire ou un nouveau scandale contre Trump.

À vous en donner la nausée : accusation de l’actrice porno « Stormy Daniels » ; livre de Bob Woodward dépeignant Trump en gamin enragé ; tribune anonyme dans le New York Times (en réalité écrite par la rédaction) attribuée à un prétendu haut responsable de la Maison-Blanche en « résistance » contre le président ; accusation pour un viol commis il y a 36 ans par le juge Kavanaugh, candidat de Trump pour la Cour suprême ; nouvel article dans le New York Times accusant Trump d’évasion fiscale sur l’héritage de ses parents ; etc... Le but étant, à travers l’affaire Kavanaugh notamment, de priver Trump du vote des « femmes » qu’Hillary espère récupérer un jour.

Que se passera-t-il le 6 novembre ? Il est impossible de répondre pour l’instant, mais il se pourrait bien que cette tempête d’attaques contre le président Trump produise l’effet inverse de celui recherché, comme cela s’était passé en 2016. D’ailleurs, n’est-ce pas le propre des idiots de reproduire toujours les mêmes erreurs ? Dans l’État du Tennessee, pas moins de 90 000 personnes se sont rendues à la réunion électorale d’un candidat républicain soutenu par Trump...

Car un retournement est déjà en cours, notamment dans l’affaire Kavanaugh. En effet, le FBI vient de rendre son rapport d’enquête établissant qu’aucun élément de preuve ne confirme les accusations de la plaignante Christine Blasey Ford. Déjà auparavant, le journal The Hill rapportait que les sénateurs démocrates élus dans les « Red States » (États historiquement républicains) hésitaient à voter contre la nomination de Kavanaugh à la Cour suprême, de peur que les électeurs ne le leur fassent payer lors des élections.

Le Parti démocrate, rongé par la dérive néoconservatrice des deux mandats d’Obama et par un anti-trumpisme au raz des pâquerettes, sombre dans la décadence. Suite aux appels explicites à harceler les membres de l’administration Trump, lancés en juin par la députée Maxine Waters, un climat d’anarchie et de guerre civile se répand partout. Mardi, un groupe pro-légalisation du cannabis a tenté de pénétrer de force dans les bureaux du député républicain du Maryland Andy Harris. La veille, des manifestants ont traqué et malmené le dirigeant de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnel, à l’aéroport national Ronald-Reagan.

Le Parti républicain n’est pas en meilleure forme. D’ailleurs, certains candidats au Congrès, en dépit du fait qu’ils font campagne sous cette étiquette, n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur le système des partis. C’est le cas de John James, un vétéran de 37 ans de la guerre d’Irak, candidat pour le poste de sénateur du Michigan. En candidat outsider dans le Parti républicain, il a remporté les primaires face à un homme d’affaires partisan du néolibéralisme de Milton Friedman. Dans un spot de campagne diffusé à la télévision, sur fond d’images de logements abandonnés, d’écoles en ruine et de sans-domiciles, James déclare : « Nous devons faire mieux que cela. (…) C’est une honte, et les deux partis sont à blâmer. Ils ont monté les Américains les uns contre les autres, s’accusant mutuellement chaque fois que rien n’était fait ».

De son côté, le célèbre animateur de Fox News, Tucker Carlson, joint sa voix au ressentiment montant dans la population américaine contre « ces deux fichus partis », en publiant un livre intitulé « La nef des fous : comment une classe dirigeante égoïste conduit l’Amérique au bord de la révolution ».

Chez nous en France, les douze coups de minuit ont déjà commencé à sonner la fin de la parenthèse Macron, entré par effraction à l’Élysée avec son costume du « nouveau monde ». Les pointures politiques qui avaient permis son ascension quittent le navire pour retrouver illico leur place dans l’ancien monde, tandis que les deux partis ayant occupé la scène politique française ces dernières décennies continuent de sombrer.

Face à cela, les oppositions diverses s’avèrent incapables d’identifier les causes profondes de la crise globale qui nous frappe, et se contentent de réagir sur le terrain défini par les médias. C’est ainsi que des opportunistes à la petite semaine, surfant sur le 60e anniversaire de notre Ve Constitution et des sondages montrant la désillusion des Français envers leurs institutions, viennent prôner une VIe République, en faisant comme si on pouvait changer de chaussettes sans sortir les pieds du marécage de la finance de Wall Street et de la City de Londres.

Comme l’écrit Jacques Cheminade sur son compte twitter, « Gardons la Ve République, mais avec des hommes à la hauteur, sans césarisme mal placé ».