Integrity Initiative : une propagande anti-russe made in London

lundi 3 décembre 2018

Quelques jours avant la provocation ukrainienne en mer d’Azov, le site Anonymous révélait l’existence d’une organisation du nom de « Integrity Initiative », soutenue par le gouvernement britannique, et engagée dans une vaste opération de « guerre psychologique » contre la Russie. Le 26 novembre à Paris, en marge de sa conférence de presse commune avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré : « Si les documents rendus publics s’avéraient vrais, (…) alors il s’agirait de désinformation propagée dans des États souverains, financée par le gouvernement britannique, (…) avec pour objectif de dégrader l’image publique de la Russie ».

Integrity Initiative a été créée en 2015 par l’Institute for Statecraft, un organisme affilié à la Division Diplomatie publique de l’OTAN, et qui reçoit ses financements en partie du ministère de l’Intérieur britannique. Son objectif est d’ « apporter une réponse occidentale coordonnée à la désinformation russe et à d’autres éléments de la guerre hybride », comme le précise son site internet. Elle dispose pour cela d’un budget de 2,4 millions de dollars, et opère dans le plus grand secret, via des agents d’influence en contact avec les ambassades britanniques, dans un grand nombre de pays, dont l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, les Pays-Bas, la Lituanie, la Norvège, la Servie et le Monténégro. Il y aurait même des projets d’extension de l’opération aux États-Unis, au Canada et dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Les agents d’influence sont composés de politiciens locaux, journalistes, personnels militaire, scientifiques et universitaires, tous ayant invariablement des profils russophobes. On trouve parmi eux l’Américain Ian Brezinski (le fils de Zbigniew), un membre de l’Atlantic Council, l’un des think tank américains les plus virulemment anti-russe – il prône notamment l’exclusion complète de la Russie du système financier et monétaire occidental, ainsi que l’armement de l’Ukraine et son entrée dans l’OTAN. On trouve également l’Allemand Klaus Naumann, un ancien haut responsable de l’OTAN qui avait ouvertement appelé un jour à une attaque contre la Russie dans l’Arctique ainsi que la soviétologue française Françoise Thom.

L’Empire britannique sort du bois

Le 26 novembre, au moment-même où Integrity Initiative reconnaissait que les fuites relayées par Anonymous sont véridiques et que l’organisation a bien reçu des financements du Foreign office britannique, son site internet a publié un appel à la guerre contre la Russie, utilisant le prétexte des tensions entre l’Ukraine et la Russie. L’auteur Edward Lucas suggère qu’un parallèle soit fait entre l’incident en mer d’Azov et la façon dont Hitler organisa l’invasion de la Pologne en 1939, et appelle à répondre « par des mesures symboliques et financières appropriées ».

Lucas propose également d’envoyer une flotte navale de l’OTAN dans le port de Marioupol, d’accroître le soutien militaire occidental à l’Ukraine, d’imposer une interdiction temporaire de visas pour les responsables politiques et économiques russes, et enfin des mesures visant à couper la Russie de son accès au système financier occidental. Regrettant le fait que les nations occidentales et même le secrétaire général de l’OTAN se soient contentés d’appeler les deux parties à la désescalade, il écrit : « Le plus inquiétant pour tous (pour nous, et pour le plus grand plaisir de la Russie), est qu’il n’y ait pas eu de réponse rapide des États-Unis ».

Deux semaines plus tôt, Lucas écrivait sur le même site : « il est temps d’en finir avec l’illusion que la Russie et la Chine seraient des pays normaux avec lesquels l’on pourrait avoir des relations diplomatiques normales. Il faudrait les considérer comme des États voyous, au même titre que la Corée du Nord ou l’Iran ».

Dans une interview à Sputnik News, reprise par l’agence de presse United News of India et par le site pakistanais UrduPoint, la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche explique que cette organisation a pour objectif « de préserver l’ancien paradigme de contrôle britannique sur l’ordre mondial, en empêchant la réinsertion de la Russie en tant qu’acteur global, ainsi que l’émergence de la Chine. Pour cela, ils s’immiscent autant qu’ils le peuvent dans tous les pays de la planète. L’idée que l’Empire britannique n’existe plus est un mythe ; ils ont juste changé d’apparence ».

Bien que certains des éléments ayant été fuités peuvent ne pas être authentiques, « l’ensemble de cette histoire est entièrement cohérente avec le modus operandi des services secrets britanniques, et il pourrait parfaitement s’avérer qu’il s’agit du même réseau impliqué dans le ’Russiagate’ et l’ensemble du putsch contre le président Trump », a déclaré Mme Zepp-LaRouche. [1]

L’Empire britannique – muté en un système financier offshore centré sur Wall Street et la City de Londres – se trouve aujourd’hui dans une terrible situation de faiblesse, en raison de l’imminence de l’explosion des bulles spéculatives, dans un contexte où les populations des pays occidentaux se retournent de plus en plus contre ce système de pillage et de dictature financière, et où l’administration Trump résiste tant bien que mal aux sirènes de la guerre. Habitué à jouer sa partition depuis les coulisses, l’Empire est forcé de prendre les devants et de s’exposer à la lumière, comme les dirigeants russes l’ont constaté eux-mêmes depuis quelques mois.

Face à la situation périlleuse actuelle avec les tensions entre l’Ukraine et la Russie, notre amie Helga Zepp-LaRouche appelle chaque parlement des pays occidentaux à ouvrir une enquête sur cette opération, qui constitue un cas typique d’interférence politique dans les affaires d’autres pays.


[1En effet, nous connaissions déjà les liens entre le Russiagate et l’ « affaire Skripal », lancée en mars 2018 contre la Russie, Sergeï Skripal ayant été recruté comme agent double par l’agent du MI6 Pablo Miller au début des années 1990, à l’époque où Steele travaillait pour le MI6 à l’Ambassade britannique à Moscou, sous couverture diplomatique. Skripal a été arrêté en 2004 et jugé en 2006 par la justice russe ; à ce moment-là, Steele dirigeait les opérations du MI6 contre la Russie. On sait par ailleurs que Pablo Miller, désormais « retraité », vit à Salisbury, où il est resté en contact avec Skripal. De plus, Miller a travaillé pour la société Orbis… la société de Christopher Steele en charge de produire le dossier contre Trump.