Les Nouvelles Routes de la soie s’étendent aux cinq continents, pourquoi pas à la France ?

vendredi 22 février 2019

À l’approche du second Forum international de « la Ceinture et la Route », qui aura lieu à Beijing au mois d’avril, de nombreuses discussions et initiatives se développent ces derniers jours dans tous les pays souhaitant saisir les occasions offertes en terme d’emplois et d’infrastructures par les Nouvelles Routes de la soie lancées par Xi Jinping en 2013.

Voici, pays par pays, les débats :

Myanmar (ex-Birmanie)

La Conseillère d’État Aung San Suu Kyi vient de présider la première réunion du comité gouvernemental chargé de mettre en œuvre le protocole d’accord signé en septembre avec la Chine pour la construction du « corridor économique Chine-Myanmar », reliant sur 1700 km la ville de Kunming, capitale de la province chinoise du Yunnan, au principal centre économique du Myanmar – un maillon essentiel de l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR, autrement dit les Nouvelles Routes de la soie).

Depuis septembre 2018, le deux pays examinent les priorités. L’objectif de la réunion, tel que l’a défini Aung San Suu Kyi, est de « s’assurer que les projets sélectionnés soient conformes aux plans nationaux et aux procédures politiques et domestiques ». Le pays étant situé sur un axe stratégique de l’ICR, « Myanmar doit nécessairement participer à l’initiative », a-t-elle souligné.

Les 25 membres du comité, qui comprennent des ministres, des dirigeants de région et d’autres responsables, participeront au Forum de Beijing en avril.

Malaisie

Le Premier ministre Mohammed Mahathir a récemment annoncé qu’il conduira lui-même la délégation malaisienne au Forum de Beijing. Il s’agit d’un véritable camouflet pour les géopoliticiens occidentaux, qui ne ménagent pas leurs efforts, depuis la réélection de Mahathir, pour propager l’idée que le dirigeant malaisien, qui a en effet cassé plusieurs contrats avant de les reconfigurer dans des conditions plus avantageuses, serait hostile à la Chine et à l’ICR. Lors du dîner du nouvel an chinois du Malaysia-China Business Council, le ministre des Finances malaisien Lim Guan Eng a affirmé que « les bonnes relations entre la Malaisie et la Chine vont continuer à se renforcer », et que la Malaisie soutient l’ICR.

Nouvelle-Zélande

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a annoncé que le ministre du Développement économique David Parker participera au Forum de Beijing. Parker devrait s’y rendre avec une équipe de mission commerciale. D’après Ardern, les discussions vont bon train avec la Chine pour lancer prochainement des projets conjoints d’infrastructures – faisant taire ainsi les rumeurs qui avaient couru suite à des déclarations critiques vis-à-vis de l’ICR de la part du ministre des Affaires étrangères Winston Peters.

Liban

Le 18 février, une rencontre s’est tenue entre l’ambassadeur chinois au Liban Wang Kejian et le Premier ministre libanais Saad Hariri, après que ce dernier a obtenu un solide vote de confiance du Parlement pour la formation de son nouveau gouvernement. Wang Kejian a fait part au Premier ministre de la volonté de la Chine de consolider la confiance politique mutuelle et la coopération avec le Liban. De son côté, Hariri a remercié la Chine pour le soutien qu’elle apporte à son pays dans les domaines politique, économique, militaire et humanitaire, et exprimé le souhait de « développer davantage la coopération avec la Chine à différents niveaux ».

Iran

Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif s’est entretenu le 19 février à propos de l’ICR avec son homologue chinois Wang Yi à Beijing. À cette occasion, Wang a réaffirmé le soutien de la Chine à l’Iran, dont elle considère comme primordial le rôle dans la région, souhaitant le renforcer davantage. Selon lui, dans le contexte d’une région et d’un monde connaissant des changements fondamentaux, l’Iran et la Chine doivent maintenir leur position stratégique, du point de vue que ces deux pays représentent de très anciennes civilisations. Notons au passage que le prince héritier saoudien Mohammed Bin Sultan, premier fournisseur d’hydrocarbures de la Chine, effectuera dans les prochains jours une visite d’État à Beijing.

Espagne

La télévision TV2 a diffusé le dimanche 17 février, à une heure de grande écoute, un documentaire de 52 minutes sur le « Dragon d’acier », c’est-à-dire la ligne ferroviaire reliant la ville chinoise de Yiwu avec Madrid. Le documentaire, auquel les télévisions française et suisse ont participé, raconte l’histoire du train à travers les yeux d’une soixantaine de personnes travaillant d’une manière ou d’une autre sur la construction de la voie ferrée, dans les huit différents pays qu’elle traverse – de l’ouvrier à l’homme d’affaires, en passant par des inspecteurs de cargaison ou des experts en commerce international.

Libye

Lors de la conférence internationale sur la sécurité de Munich (les 16 et 17 février), le Premier ministre libyen Mustafa al-Sarraj et le membre du Politburo chinois Yang Jiechi se sont rencontrés pour discuter des perspectives de reconstruction de la Libye, un pays en proie aux divisions internes, dans le cadre de l’ICR.

« Suite à la signature l’an dernier par les gouvernements chinois et libyens d’un protocole d’accord pour la construction conjointe de la Ceinture et la Route, de nombreuses avancées concrètes ont pu être réalisées en matière de coopération bilatérale, dit le communiqué officiel chinois. Désormais, le processus de résolution politique de la question libyenne est entré dans une nouvelle phase essentielle. La partie chinoise se félicite de la solution en trois étapes proposée par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Libye, et est disposé à collaborer avec la communauté internationale afin d’apporter des contributions positives. La partie chinoise est prête à travailler avec les pays africains, y compris la partie libyenne, pour mettre en œuvre les résultats du sommet de Beijing du Forum de la coopération Chine-Afrique » (septembre 2018).

Comme nous le disons depuis toujours, seule une vision de grands projets de développement économique mutuels permettra de poser des bases suffisamment solides pour garantir à long terme une paix et une stabilité, et de recréer le plein emploi qualifié dans nos pays. Il est grand temps que nos dirigeants jettent leurs vieilles lunettes géopolitiques à la poubelle et s’engagent activement dans les Nouvelles Routes de la soie, aux côtés de la Chine.