Oui, il faut un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public

jeudi 3 octobre 2019

Collectif Inter-Urgences

L’hôpital public craque. Manque de moyens et de matériel, sous-effectifs, agressivité quotidienne subis par des services surchargés et par un personnel à bout qui fuit à contrecœur le public pour le privé, et parfois même la France... En face, un déni de réalité des pouvoirs publics qui sont plus occupés à garantir l’approvisionnement d’un système financier en crise qu’à offrir un service public de qualité à la population.

Dimanche 22 septembre, le Collectif inter-hôpitaux, nouvellement créé pour étendre la mobilisation inter-urgences à l’ensemble des services hospitaliers, a publié dans le Journal du Dimanche un « appel pour des états généraux de l’hôpital public ». Hier, mercredi 2 octobre, pas moins de 108 personnalités françaises et des milliers d’usagers ont réclamé un plan d’urgence pour « sauver l’hôpital » dans une lettre ouverte au Président.

Le Collectif Inter-Urgences appelle l’ensemble des personnels hospitaliers, Ehpad, Psychiatrie, Pompiers, l’ensemble de la chaîne de secours, du médico-social et des usagers à participer à la manifestation nationale le 15 octobre.
Collectif Inter-Urgences

Entamée il y a 6 mois, la grève des urgences s’inscrit donc dans la durée, tout comme le mouvement des « Gilets jaunes », et elle prend de l’ampleur !

Solidarité et Progrès apporte son soutien total à l’appel lancé par le Collectif Inter-Hôpitaux et le Collectif Inter-Urgences, et vous invite à signer, puis faire signer la lettre ouverte au Président et à engager des actions de soutien à leur bataille.

Lettre ouverte à signer sur change.org : https://www.change.org/p/il-faut-un-plan-d-urgence-pour-sauver-l-h%C3%B4pital-public

Notre projet pour la santé : https://solidariteetprogres.fr/projet-2017/la-france-de-demain/le-droit-aux-soins-pour-tous-est.html

Appel pour des états généraux de l’hôpital public du Collectif Inter-Hôpitaux

Le Collectif Inter Hôpitaux (CIH) s’est constitué en septembre 2019 pour soutenir le mouvement des personnels des urgences et l’étendre à l’ensemble des professionnels des hôpitaux publics, en association avec les représentants des usagers.

Nous demandons un PLAN d’URGENCE POUR SAUVER L’HOPITAL PUBLIC.

Nous sous-signés chefs de services et responsables d’unités de soins, médecins hospitaliers, internes, cadres de santé, infirmières, aides-soignantes, sage-femmes, kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues , agents hospitaliers, secrétaires, assistantes sociales, etc.. alertons une nouvelle fois sur l’aggravation des conditions de travail des soignants, médecins et personnels paramédicaux, entraînant une dégradation inacceptable des conditions d’accueil des patients et de la qualité des soins.

Un point de rupture est aujourd’hui franchi. La sécurité n’est plus assurée.

La situation est la même sur l’ensemble du territoire, conséquence d’une politique d’austérité appliquée de façon continue depuis 10 ans aux hôpitaux publics auxquels on demande toujours plus sans moyens supplémentaires.

Nous réclamons, en plus des plans annoncés par la ministre pour mieux organiser la médecine de proximité et améliorer la coordination entre les établissements de santé et la médecine de ville, un plan d’urgence pour l’ensemble des hôpitaux avec les mesures fortes suivantes :

  1. La réévaluation des filières de soins, nécessitant l’ouverture de lits pour l’aval des urgences et pour l’aval des soins aigus pour les patients qui ne peuvent pas poursuivre leurs soins au domicile. Il faut mettre fin au chaos actuel. L’objectif d’un taux d’occupation des lits à quasi 100% et l’assimilation d’un parcours de soins à une chaîne de production industrielle sont adaptés aux ’usines à soins’ mais sont incompatibles avec la mission d’accueil de tous par l’hôpital. Les soins urgents et non programmés supposent d’avoir en permanence des lits disponibles, si on ne veut plus que les patients continuent à passer des heures sur des brancards.
  2. L’embauche en nombre suffisant de personnels soignants, de travailleurs sociaux et de secrétaires, en fixant des quotas minimaux de sécurité pour chaque unité de soins, après une évaluation précise actualisée de la charge de travail.
  3. La revalorisation des salaires des personnels hospitaliers. Des mesures doivent être prises pour mettre fin à la distorsion non justifiée des revenus entre les rémunérations de ville et les salaires hospitaliers.
  4. L’instauration d’une enquête annuelle dans chaque établissement sur le bien-être au travail dont les résultats doivent être rendus publics et être suivis d’actions concrètes
  5. La révision du mode de financement pour que chaque service dispose d’un budget annuel cogéré avec l’administration, permettant de répondre aux besoins et de s’adapter à l’évolution de l’activité et des thérapeutiques. La règle doit être le juste soin pour le patient au moindre coût pour la collectivité et non la recherche du tarif rentable pour l’établissement.

Ce plan doit être élaboré dans chaque hôpital par l’ensemble des soignants.

Nous demandons l’organisation d’Etats généraux hospitaliers visant à rassembler les propositions concrètes en lien avec chaque territoire et à chiffrer leur financement en plus de la programmation du financement annoncée de la Sécurité sociale et pas par simple redéploiement consistant à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Des économies doivent être faites grâce à la réduction des frais de gestion du système de santé (près de 16 milliards d’euros), la limitation des prix des traitements innovants et surtout l’amélioration de la pertinence des prescriptions et des actes dont plus de 20% , d’après la ministre, seraient injustifiés.

En attendant la mise en oeuvre de ces mesures urgentes pour sauver l’hôpital public, nous déciderons de suspendre nos activités non médicales et non universitaires, y compris les activités liées à la T2A, aujourd’hui décriée par la ministre, mais toujours en place.

Nous appelons à un mouvement d’ensemble de tous les professionnels de santé, dans tous les territoires pour sauver l’hôpital public afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle de recours sur lequel peut s’appuyer la médecine de ville.

Nous appelons à des réunions des équipes de soin par service et par établissement pour décider des actions et solliciter le soutien des usagers, de la population et des élu-e-s.