Chronique stratégique du 9 octobre 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)
Dans certains cas, la satire ou l’ironie valent mieux que mille argumentations rationnelles. D’autant plus qu’aujourd’hui la psychose millénariste du réchauffement climatique, alimentée par les médias et par les mécènes « philanthropes » de la haute finance, atteint de telles proportions que tout débat est devenu impossible.
Le 3 septembre, Alexandria Ocasio-Cortez, nouvelle coqueluche des Démocrates et porte-voix du Green New Deal, tenait un meeting dans le Queens à New-York. Et, face à une audience attentive et une députée écoutant poliment, la militante du LPAC s’est exclamée :
Nous n’en avons plus pour longtemps, en raison de la crise climatique. Il ne nous reste que quelques mois. J’aime que vous souteniez le Green New Deal, mais cela ne va pas nous débarrasser des combustibles fossiles. Ça ne résoudra pas le problème assez vite. Un professeur suédois a dit qu’on pouvait manger des morts, mais ce n’est toujours pas assez rapide ! Donc, je pense que votre prochain slogan de campagne devrait être : ‘Mangeons les bébés’.
La jeune femme a alors retiré sa veste pour arborer un tee shirt sur lequel on pouvait lire « Sauvons la planète ! Mangeons les bébés ! », tout en disant :
Nous n’avons plus le temps. Il y a trop de CO2. [Se tournant vers l’audience] Vous tous, vous êtes polluants ! Trop de CO2. Nous devons commencer maintenant. [S’adressant de nouveau à Ocasio-Cortez] S’il vous plaît, vous êtes si géniale. Je suis si heureuse que vous souteniez le Green New Deal, mais ce n’est pas assez. Même si nous bombardions la Russie, ce ne serait pas suffisant. Il y a trop d’êtres humains, trop de pollution. Donc, nous devons nous débarrasser des bébés. C’est un problème fondamental. Arrêter d’avoir des bébés n’est pas suffisant. Nous devons manger les bébés. C’est très sérieux. S’il vous plaît, exprimez-vous à ce sujet.
Après avoir écouté la militante sans jamais tenter de l’interrompre, la députée a répondu sur un ton neutre : « L’une des choses importantes pour nous est que nous devons traiter la crise climatique avec l’urgence qu’elle présente. Heureusement, nous avons plus que quelques mois… Nous devons atteindre le zéro net [en CO2] en plusieurs années, mais je pense que nous devons tous comprendre que de nombreuses solutions s’offrent à nous, et que si nous agissons d’une manière positive, il y a lieu d’avoir de l’espoir. Nous ne sommes jamais sans espoir ».
Les différentes vidéos tournées par les télévisions présentes dans la salle du Queens ont très vite été visionnées par des centaines de milliers de personnes, celle de la chaîne politique C-Span atteignant même plus de 11 millions de vues (avant d’être supprimée) ; des milliers de commentaires ont fleuri sur les réseaux sociaux, aux États-Unis, en Italie, en Allemagne et jusqu’en Australie, dont beaucoup n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un « troll » satirique. Le président Trump lui-même, pensant qu’il s’agissait d’une véritable sympathisante de la députée, a tweeté : « AOC [Alexandria Ocasio-Cortez] est un truc de cinglé ! »
Malthus au cimetière !
Au lendemain de l’événement, le LPAC a levé le voile en publiant le communiqué suivant :
Oui, nous l’avons fait. Une bénévole du Comité d’action politique de LaRouche a fait un canular à Alexandria Ocasio-Cortez après avoir réfléchi aux conséquences concrètes du mouvement Extinction Rebellion et du Green New Deal. Contrairement à ce que pense AOC, il ne s’agissait pas d’une malade mentale, mais simplement d’une lectrice passionnée de Jonathan Swift. (…) Les cycles climatiques ne sont pas liés à l’activité humaine mais aux cycles du Soleil. Et plutôt que de blâmer le soleil ou de tuer des êtres humains en leur refusant l’accès à l’énergie et en réduisant les populations, ce que le fascisme malthusien et les impérialistes britanniques font depuis toujours, nous devrions explorer l’espace et comprendre comment cultiver l’univers. Comme la Bible elle-même l’ordonne, allez de l’avant, multipliez-vous et soumettez la terre.
En 1729, Jonathan Swift, le grand écrivain et satiriste irlandais, auteur des contes de Gulliver, avait en effet publié un pamphlet satirique parodiant à l’extrême la pensée utilitariste et malthusienne (avant l’heure) qui dominait à l’époque l’aristocratie britannique vis-à-vis des populations pauvres, notamment irlandaises. L’objectif de cette « modeste proposition » était, comme le décrit l’intitulé, d’ « éviter que les enfants pauvres ne soient un fardeau pour leurs parents ou pour le pays, et pour les rendre utiles au public » !
Un jeune américain de ma connaissance, homme très-entendu, écrivait Swift, m’a certifié à Londres qu’un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l’âge d’un an, un aliment délicieux, très-nourrissant et très-sain, bouilli, rôti, à l’étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu’il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût.
Alexandria Ocasio-Cortez, comme elle l’a récemment affirmé dans un entretien avec le quotidien britannique The Independent, estime que les gens devraient faire moins d’enfants afin de produire moins de CO2 et de sauver la planète.
Ainsi, plus que la satire en elle-même, c’est l’absence totale de réaction d’Ocasio-Cortez (et de l’audience) qui a provoqué un choc. « Si quelqu’un vous dit ‘il faut manger les bébés’, a commenté le présentateur de Fox News Tucker Carlson, est-ce que votre première réponse ne serait pas ‘Quoi ? Non ! Bien sûr que non !’ C’est ce que AOC n’a pas dit. Plutôt révélateur ». Réagissant sur son blog, l’ancien expert du renseignement militaire Pat Lang écrit : « Le mouvement de LaRouche ont mis en émoi un meeting lorsque l’une militante a plaidé avec passion en faveur du cannibalisme comme moyen de sauver la planète des effets insidieux de la population humaine sur la Terre. Est-ce que AOC a été assez intelligente pour rire de cette farce ? Apparemment non ».
L’intervention du LPAC a montré à quel point le malthusianisme a imprégné les esprits, mettant en lumière la nature idéologique et quasi intégriste de la campagne sur « l’urgence climatique » et les extrémités auxquelles cela pouvait conduire.
Le fardeau, ce ne sont pas les enfants, les pauvres, ou même la population ; c’est cette matrice de (non) pensée culpabilisatrice qui empêche de comprendre et de combattre le véritable problème, c’est-à-dire la dictature financière de Wall Street et de la City de Londres qui détruit le travail humain, la solidarité et le progrès, et qui empêche la mise en œuvre d’une politique d’équipement de l’homme et de la nature à long terme.
Il est grand temps de renvoyer définitivement Malthus au cimetière !
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