Sous BlackRock, l’anguille de la finance verte !

jeudi 2 janvier 2020, par Karel Vereycken

Après que Macron en a invité le PDG (Larry Fink) à l’Elysée et qu’Edouard Philippe en a promu le PDG France (Jean-François Cirelli) au grade d’officier de la Légion d’Honneur, la France découvre BlackRock.

Bien pire qu’un fonds de pension ou un simple hedge fund, avec 7000 milliards de dollars sous gestion, il s’agit ni plus ni moins du plus grand gestionnaire d’actifs du monde. Ses avis intéressent l’ensemble des investisseurs et notamment les grands fonds de retraites privés. Dotée d’outils numériques et analytiques hors pair, capable de traquer le moindre indice anticipant les tendances du marché, l’entreprise new-yorkaise a su s’imposer comme un interlocuteur incontournable, aussi bien pour les acteurs du privé (banques, assurances, fonds de pension, etc.) que publics (Banques centrales, fonds souverains, Etats, gouvernements, etc.)

Sans le moindre scrupule des conflits d’intérêts pouvant découler de son rôle de juge et partie, la Banque centrale européenne (BCE), à l’instar de la Fed, lui confie régulièrement des missions d’audit de grandes entreprises, y compris celles dont BlackRock détient des parts… Sans licence bancaire, ce mastodonte de la finance, de toute évidence d’une taille révélant le risque systémique, s’affranchit des règles du monde bancaire.

Mais, il y a anguille (verte) sous BlackRock. Si l’entreprise est déjà en soi une caricature d’un capitalisme hyper financiarisé et sans scrupules, elle trône également au cœur de la vaste escroquerie qu’on appelle la « finance verte ».

Un article posté fin 2018 [1] sur le site de la Hewlett Foundation, une fondation charitable américaine richissime très impliquée dans le financement de l’hystérie climatique et, via l’European Climate Foundation, des « idiots utiles » chargés de la répandre, permet de comprendre sur quoi ont pu porter les discussions.

La Fondation Hewlett, qui entend mobiliser, à l’horizon 2050, la bagatelle de 1000 milliards de dollars par an (!) pour des interventions permettant « la mise en œuvre de l’accord de Paris (COP21) », y admet ouvertement qu’elle travaille de concert avec BlackRock et les gouvernements français et allemand pour créer un « nouvel instrument » financier vert.

Dans cet article de fin novembre 2018, la Fondation se déclarait « très emballée » par sa nouvelle initiative appelée Climate Finance Partnership (partenariat financier climatique), dans laquelle elle annonçait vouloir réunir « les fondations Grantham et IKEA, mais aussi les gouvernements français et allemand, et des actifs sous gestion de BlackRock, [afin de] combiner leurs efforts pour former un nouvel instrument financier » vert.

La Fondation Hewlett précise que « BlackRock prévoit d’utiliser ce nouvel instrument pour générer des investissements dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, le stockage de l’énergie et les infrastructures pour les voitures électriques. La clé, dit la Fondation, c’est que l’argent public et celui des fondations charitables ne soient pas utilisés pour investir directement dans les projets, mais servent à abaisser le taux de risque pour les investissements privés, augmentant tout autant l’effet de levier. Si cela fonctionne, l’emploi de cet instrument financier pourrait être généralisé à une échelle beaucoup plus vaste – mobilisant des milliards plutôt que des millions d’investissements publics, catalysant ainsi des centaines de milliards de capitaux privés. »

Il faut se rappeler que dès que le président Donald Trump eut annoncé que son pays allait sortir des accords de Paris, Macron et ses mécènes se précipitèrent pour organiser le sommet « One Planet », qui réunit à Paris 60 dirigeants et quelque 4000 responsables.

L’occasion, pour Macron, de recevoir à l’Elysée une bonne douzaine de milliardaires donateurs pour les causes environnementales et climatiques. Parmi eux : Bill Gates, l’acteur Sean Penn, l’ancien maire de New York et grand copain d’Anne Hidalgo, Michael Bloomberg, le gouverneur de la Californie Jerry Brown. Arnold Schwarzenegger y affirma que, peu importait ce que pourrait décider le Président de son pays, des gens comme lui, au niveau des Etats américains, « prendraient le relais » pour sauver le climat. Larry Fink, le PDG de BlackRock, était, lui aussi, au nombre des convives.

Comme Mark Carney, ancien patron de la Banque d’Angleterre, Fink confirme donc bien son rôle en tant que l’un des architectes de cette « bulle verte » supposée sauver la planète… finance !