USA : pourquoi Mike Pompeo n’a pas sa place dans l’administration Trump

lundi 24 février 2020

Alors que le Président Trump fait régulièrement savoir qu’il entend revenir à des relations normales avec les gouvernements russe et chinois, plusieurs représentants de son administration persistent à affirmer le contraire, jour après jour, au point où le monde entier se demande qui dirige réellement outre-Atlantique.

Trump lui-même a ironisé récemment que s’il avait écouté son Conseiller national à la Sécurité John Bolton, remercié depuis, les Etats-Unis seraient déjà engagés dans la « sixième guerre mondiale »...

Or, parmi les plus puissants va-t-en guerre qui restent aux commandes se trouve le Secrétaire d’État Mike Pompeo, une figure clé de la faction des « chrétiens évangélistes » pour qui la Chine et la Russie incarnent le diable en personne.

Pour clarifier la situation, et encourager Trump à tenir la promesse qu’il avait faite aux électeurs américains d’engager le retrait des forces américaines des « guerres sans fin », le Comité d’action politique de l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019) (LPAC) fait circuler, au niveau américain et international, un tract dont voici notre traduction :

Mike Pompeo est-il moralement apte à servir comme Secrétaire d’État ?

Le 5 février, après un long bras de fer de trois ans avec les services de renseignement américains et leur parrains britanniques, l’acquittement du Président Donald Trump crée une situation entièrement nouvelle.

Cependant, pour l’heure, ses ennemis ne comptent pas le laisser chasser du pouvoir le « parti de la guerre » (War Party) – cette bureaucratie permanente qui dirige de fait le pays. Il est à craindre que tout sera mis en œuvre par les agents d’influence de Londres et de Wall Street pour empêcher Trump de rencontrer les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping lors d’une potentielle rencontre au sommet à trois pour mettre fin au risque de guerre mondiale et écarter l’utilisation du prétexte d’un « changement climatique » pour réintroduire le colonialisme en Afrique, en Asie et dans le monde en général [1]

La Chine, en particulier, peut être un partenaire naturel des États-Unis. Le président Trump ne vient-il pas de déclarer qu’ « en ce moment, la relation des États-Unis avec ce pays n’a probablement jamais été aussi bonne. Nous avons traversé une période très difficile, mais ça n’a jamais été aussi bien. Ma relation avec le président Xi est exceptionnelle. Lui est pour la Chine ; moi je suis pour les États-Unis, mais à part ça, nous nous aimons beaucoup. »

Alors pourquoi, une semaine seulement après l’acquittement de Trump, le secrétaire d’État Mike Pompeo, en apparence un de ses alliés, et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, une de ses ennemis jurés, se sont tous deux retrouvés à « lire une page du même livre », lançant des attaques violentes contre la Chine lors de leurs interventions respectives à la Conférence de Munich sur la sécurité des 13 et 15 février en Allemagne.

Pelosi a accusé le président Xi Jinping de saper les « valeurs démocratiques américaines, les droits de l’Homme, l’indépendance économique et la sécurité nationale » des États-Unis.

Pour Pompeo, « la Chine essaie de plus en plus de coopter nos fonctionnaires aux niveaux national et local…. Ils essaient d’avoir un impact non seulement au niveau fédéral, mais aussi sur nos fonctionnaires nationaux et locaux. » L’idée selon laquelle la Chine serait « la plus grande menace pour les États-Unis » correspond aux discours va-t-en guerre de la période « avant Nixon 1972 », et ne correspond pas à la politique déclarée par le président Trump, qui cherche certes à établir un équilibre commercial plus favorable aux Etats-Unis, y compris en engageant un bras de fer avec elle, mais pas la guerre.

Elle est aussi contraire à la politique américaine traditionnelle telle qu’elle fut exprimée par la présidence de Franklin Roosevelt vis-à-vis de la Chine et de l’Asie il y a 75 ans, partant du point de vue qu’il n’y a pas de problème sur cette planète qui ne puisse pas être résolu si les pays les plus importants du monde coopèrent.

Tel est le message de paix et d’espoir que pourrait envoyer au monde une réunion au sommet, qui pourrait être convoquée dès avril ou mai à l’occasion des célébrations du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Au lieu d’agir au nom de cette approche, Mike Pompeo ne se livrerait-il pas au « grand jeu » du diviser pour mieux régner, inspiré par Londres, allant ainsi à l’encontre des intérêts nationaux des États-Unis ?

Sous Pompeo, le Département d’État a confié des responsabilités de haut niveau à des personnes telles que Mme Kiron Skinner, ancienne directrice de la planification des politiques du Département d’État, qui a déclaré à propos de la Chine le 29 avril dernier : « Je ne veux pas sous-estimer ce qu’il s’est passé lors de la guerre froide, la réalité de la guerre nucléaire qui aurait pu se produire ou le fait que nous nous en sommes rapprochés dans certains cas – mais quand nous pensons à l’Union soviétique et à cette compétition, c’était en quelque sorte un combat au sein de la famille occidentale. Karl Marx était un Juif allemand qui a développé une philosophie qui faisait vraiment partie de la pensée politique générale… dont quelques principes relevaient même du libéralisme classique…. Ce n’est pas vraiment possible avec la Chine. C’est un combat avec une civilisation vraiment différente, et une idéologie différente, et les États-Unis n’ont pas eu affaire à ce type de phénomène auparavant. »

En réponse à une question qui lui a été posée ultérieurement, Skinner a même déclaré : « c’est la première fois que nous avons affaire à une grande puissance concurrente qui n’est pas Caucasienne » – une déclaration qui est non seulement raciste, mais aussi factuellement fausse, comme quiconque peut le constater en localisant Pearl Harbor [cible d’une attaque militaire japonaise, ndt.] sur une carte ou en se penchant sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Une question pour Mike Pompeo

Début 2017, le président Trump a demandé à Pompeo, alors qu’il était encore directeur de la CIA, à rencontrer l’ancien directeur technique de la NSA, Bill Binney, un spécialiste des systèmes de surveillance électronique. Binney a alors informé Pompeo qu’il n’existait absolument aucune preuve d’un piratage russe [du serveur du Parti démocrate, soupçon à l’origine de l’accusation de connivence avec la Russie portée contre Trump, ndt]. Au contraire, les analyses techniques de Binney démontrent sans conteste qu’il s’agit d’une fuite intentionnelle venant de l’intérieur du système.

Binney a averti Pompeo que toute l’affaire du Russiagate était une imposture, mais celui-ci est resté jusqu’à ce jour silencieux sur tout cela. Pourquoi ? Bill Binney maintient pleinement son évaluation de 2017 selon laquelle l’accusation de 2016 contre la Russie est une infox, parce que ce « piratage », tel qu’il est décrit, n’est physiquement pas possible. Cependant, bien que Binney, en tant qu’ancien haut responsable de la NSA, ait été chargé par le Président Trump de fournir à Pompeo toute son expertise, Binney n’a pas reçu jusqu’ici la moindre réponse de Pompeo, positive ou négative.

Pourquoi Pompeo n’a-t-il pas agi à cette époque ? Quel a été le coût pour la nation de son incapacité à agir ? Quels ont été les dommages collatéraux de ce mythe du « piratage par la Russie » qui a sapé les relations essentielles que les États-Unis doivent entretenir avec la Russie dans diverses régions du monde, comme la Syrie ?

À l’heure actuelle, il est urgent que le président des États-Unis organise, le plus tôt possible, une réunion au sommet avec les présidents de la Chine et de la Russie, et peut-être aussi de l’Inde, où le Donald Trump se rendra bientôt. Une nouvelle architecture financière équitable ; un nouvel ensemble d’accords de défense conçus autour des intérêts mutuels des quatre nations ; une éventuelle mission conjointe de ces « quatre puissances » pour l’exploration pacifique de la Lune et de Mars ; le développement de technologies énergétiques plus performantes grâce à leur haute densité, mettant l’accent sur la recherche sur la fission nucléaire de quatrième génération et la fusion thermonucléaire, rejetant les prémisses malthusiennes du « New Deal Vert » – un tel dialogue nécessite une nouvelle façon de penser, différente de celle du « choc des civilisations » dont Mike Pompeo s’est fait le chantre à Munich.

Bien que le « Choc des civilisations » soit souvent attribué, à tort, à l’auteur Samuel P. Huntington, l’idée vient en fait de feu l’agent britannique, le géopoliticien Bernard Lewis, dont Mike Pompeo a déclaré le 20 mai 2018 : « Je dois beaucoup de ma compréhension du Moyen-Orient à son travail. »

Lewis a joué un rôle central dans la décision, sur la base d’informations erronées, d’envahir l’Irak en 2003, une initiative que le président Trump a qualifiée de « pire décision jamais prise ».

Trump a déclaré [ironiquement, ndt] en mars 2018 : « C’était Bush. Un autre vrai génie... sur la base de renseignements imparables d’un service de renseignements redoutable… »

Pour savoir exactement qui le secrétaire Pompeo sert vraiment, on peut le soumettre à un test clinique. Va-t-il enfin donner au Président la réponse demandée ?

Permettra-t-il au patriote William Binney de dire à ce pays la vérité sur le canular mettant en cause les Russes ? Ou continuera-t-il à servir les intérêts de ceux qui veulent lâcher les chiens de guerre ? Si c’est vraiment le cas, il ne mérite aucune place dans l’administration Trump, ni dans aucune autre.


[1Un arrêt immédiat et sans transition, affirme le LPAC, de la consommation de ressources fossiles y provoquerait un vaste bond en arrière.