Affaire Palme : accuser LaRouche et Cheminade visait leur élimination politique

lundi 15 juin 2020

Lyndon et Helga Zepp-LaRouche, ici avec leur ami et collaborateur Hulan Jack (à gauche), le premier afro-américain élu d’un borough de New York.
EIRNS

Communiqué de presse de Solidarité & Progrès
Envoyé à toute la presse française, le 12 juin à 15h.

Affaire Palme : les accusations contre LaRouche et Cheminade visaient à les éliminer politiquement

Paris, le 12 juin 2020 – Trente-quatre ans après la mort du Premier ministre suédois Olof Palme, froidement abattu le 28 février 1986 dans le centre de Stockholm, une partie du voile se lève.

Sur la base d’informations transmises par l’Afrique du Sud, le procureur spécial suédois a enfin pu révéler le nom de l’assassin : Stieg Engström. L’homme, qui s’était rapidement présenté aux autorités comme « témoin » du crime, n’avait pas été inquiété par une police suédoise induite à se lancer plutôt sur de fausses pistes politiques.

Il aurait agi seul, selon le parquet suédois, qui par ailleurs n’exclut pas l’hypothèse d’un complot mais ferme le dossier. « Puisque la personne est décédée, je ne peux pas engager de poursuites, ni l’interroger. C’est pourquoi j’ai décidé de clore cette enquête », a déclaré le procureur Krister Petersson, chargé du dossier depuis 2017.

Or, parmi les suspects, à l’époque, hormis le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les services secrets sud-africains (Palme étant un farouche opposant de l’apartheid), figurait l’EAP (Parti ouvrier européen), branche suédoise du mouvement international de l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019). La police suédoise avait auditionné, le 8 mars, un certain Victor Gunnarsson, qui affirmait avoir signé une pétition de l’EAP, parti dont il n’était toutefois pas membre. Gunnarsson fut d’ailleurs mis hors de cause par la suite.

En France, sans la moindre enquête, la presse parisienne, nourrie par une avalanche de dépêches de l’AFP, se déchaîna contre le POE, présidé à l’époque par Jacques Cheminade, aujourd’hui président du parti Solidarité & Progrès et trois fois candidat à l’élection présidentielle française (1995, 2012 et 2017) : « L’assassinat d’Olof Palme : la piste d’extrême-droite » (Libération), « Viktor Gunnarsson, membre du POE et suspect fanatique », « Le POE, une secte, un parti, un chef », etc. ad nauseam.

Les chaînes de télévision et la radio publique française s’illustrèrent tout particulièrement par leur acharnement. Soulignons ici la disproportion entre les faibles moyens du POE pour faire face et l’acharnement mis à lui nuire, ainsi que de la gravité des faits qui lui étaient reprochés.

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose !

Un document interne du FBI, obtenu grâce à la FOIA, indique que l’agence a tenté d’établir un lien entre Lyndon LaRouche et une personne soupçonné d’avoir assassiné le Premier Ministre Olof Palme.

En France, l’affaire Palme jeta le discrédit sur le POE et « justifia » l’explosion de deux bombes incendiaires dans ses bureaux, le dimanche 7 avril 1986, qui ne firent heureusement aucune victime mais provoquèrent d’importants dégâts matériels. Encore aujourd’hui, une partie de la réputation « sulfureuse » de Cheminade est due à ce grossier montage.

A l’époque, cette campagne de calomnies s’inscrivait dans un contexte particulier. Lyndon LaRouche, concepteur d’une politique de paix par le désarmement, qu’aurait pu rendre possible l’adoption concertée entre Washington et Moscou de l’Initiative de défense stratégique (caricaturée comme « la guerre des étoiles »), était dans la ligne de mire du parti des va-t’en guerre anglo-américain et de leurs relais à l’Est. Accuser LaRouche, un interlocuteur de Moscou, d’avoir assassiné Palme, visait donc à le disqualifier en tant qu’intermédiaire crédible et à préparer sa mise à l’écart.

Très rapidement, au printemps 1986, la chaîne de télévision américaine NBC réalisa une émission présentant LaRouche comme l’assassin de Palme. Aux Etats-Unis, ces accusations jetèrent le discrédit sur les partisans de LaRouche, qui venaient de remporter une importante élection primaire au sein du Parti démocrate, dans l’Etat de l’Illinois.

Même après que le gouvernement suédois eut publiquement et complètement renoncé à la thèse impliquant l’EAP, la chaîne NBC diffusa une nouvelle émission calomnieuse, en décembre 1986.

Enfin, le « raid » effectué par 400 agents du FBI le 6 octobre 1986 contre le siège de l’organisation de Lyndon LaRouche aux Etats-Unis, fut en partie justifié par ces accusations répétées, servant de prétexte aux réseaux de George Bush pour organiser le procès politique le plus scandaleux de l’histoire américaine, qui aboutit à la condamnation et à l’emprisonnement de LaRouche le 27 janvier 1989, mettant ainsi hors-jeu pour cinq ans le principal opposant américain à la politique de mondialisation financière et de pillage économique de la Russie.

Rappelons que Ramsey Clark, l’ancien ministre de la Justice de Lyndon Johnson et l’un des défenseurs du Mouvement des droits civiques américain, décrivit le procès, l’arrestation et la condamnation de LaRouche comme le pire abus politique de la justice américaine qu’il ait eu à connaître.

Montage grossier

Gunnarsson fut mis hors de cause dès avril 1986, après quelques jours d’enquête. A part Ouest-France, Le Matin de Paris, Les Dernières nouvelles d’Alsace, Le Quotidien de Paris et un article honorable de Bernard Brigouleix dans Le Monde, aucun correctif ne fut apporté dans le reste de la grande presse.

Qu’il se fût agi d’un montage fut confirmé en 1992 par un ancien officier de renseignement de la désinformation (Département X, désinformation) de la Stasi, Herbert Brehmer. Ce dernier déclara à plusieurs médias, audiovisuels et écrits, que son agence avait effectivement lancé, en 1986, cette gigantesque opération de désinformation contre Lyndon LaRouche et les Partis ouvriers européens.

Les confessions détaillées de Brehmer ont été publiées par l’hebdomadaire de l’Association des journalistes suédois Journalisten du 26 août 1992, dans un article intitulé : « Il lança de fausses pistes après le meurtre de Palme », et reprises au cours de deux émissions d’une demi-heure à la radio nationale suédoise, les 29 août et 1er septembre.

La presse internationale, quant à elle, n’en fit rien. En France, le POE organisa une conférence de presse à laquelle aucun journaliste n’assista et toutes les lettres adressées à la presse ou aux chaînes de télévision restèrent sans réponse.

Lever le doute

Interrogé ce mercredi 10 juin sur la radio publique Program 1, Studio 1, sur l’implication éventuelle d’autres forces, le procureur Petersson, sans détailler, affirma qu’à part Engström, il existait des groupes « tels que les Stay Behind [de l’OTAN] et l’EAP, mais nous n’avons pu établir aucun lien avec eux ».

Sachant qu’une simple ligne dans un journal suffit pour démolir la réputation et l’honneur d’un homme, Solidarité & Progrès estime donc que la grande presse française devrait trouver le courage de rétablir la vérité.

Ce communiqué n’est pas un droit de réponse mais un appel aux journalistes pour qu’ils s’intéressent à cette scandaleuse affaire. Non seulement pour effacer un mensonge qui a très gravement porté atteinte à l’honneur et à l’intégrité de deux hommes et de leurs idées, mais aussi par une légitime curiosité professionnelle, compte-tenu de la disproportion entre le bruit fait alors contre eux par les médias et l’absence de couverture accordée à leurs idées et à leurs écrits. Alors qu’une nouvelle Guerre froide émerge aujourd’hui, explorer un élément révélateur de la précédente serait de nature à empêcher que l’histoire se répète, ou du moins y contribuerait.