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Le POE, Jacques Cheminade et la réalité du combat politique en France

dimanche 1er juin 1997

[sommaire]

Nous publions tel quel ce dossier rédigé en juin 1997, au commencement de Solidarité et Progrès, héritier du POE et de la campagne présidentielle de Cheminade en 1995.

Créé en 1974, le Parti ouvrier européen (POE) a cessé ses activités en 1989. Il était le prédécesseur de Solidarité et Progrès. Jacques Cheminade, notre président, a été Secrétaire général du POE pendant la période 1982-1989. Le POE appartient ainsi à notre histoire. Notre conviction commune est que chaque être humain a le droit de connaître, de créer et de travailler sans qu’aucune catégorie d’hommes ne soumette son travail à une usure ou à un servage.

Ce dossier vise trois objectifs :

1°) Fournir des repères sur nos idées, l’histoire de notre mouvement et les attaques dont nous avons fait l’objet. L’écart qui existe entre ce que nous sommes et ce que l’on s’acharne à dire de nous rendent en effet indispensable cette mise au point. Le lecteur, comparant par lui-même, se trouvera amené à s’interroger sur les raisons de cet acharnement mis à déformer nos idées et, en conséquence, sur l’importance de celles-ci. L’hommage rendu par le vice à la vertu rétablit en effet mieux la vérité que bien des discours.

2°) Montrer le rôle que jouent notre parti et Jacques Cheminade, son président, pour établir un « pont » entre les forces qui, en France et aux Etats-Unis, combattent l’injustice des marchés financiers. C’est pour empêcher la construction de ce pont que Jacques Cheminade et son « ami américain » Lyndon LaRouche, ont été systématiquement attaqués et diffamés. Les informations que nous fournissons montrent bien la nature de leurs ennemis.

3°) Rétablir l’honneur et la considération du POE et de Jacques Cheminade. Nous le faisons en montrant leurs prises de position, leurs écrits et leurs actes, qui permettent de juger sur pièces et non sur la foi de rumeurs.

Notre intention est d’ailleurs de nous battre pour qu’un jury d’honneur examine l’ensemble du cas Cheminade et la portée de l’injustice qui lui a été faite. Il s’agit, au-delà du cas lui-même, d’éviter qu’un précédent puisse être ainsi créé, permettant d’autres dérapages.

A un moment de l’histoire où la plupart des dirigeants politiques se bornent à réaménager l’emplacement des sièges sur le pont du Titanic, il est bon, nous semble-t-il, que nos lecteurs voient à l’œuvre ce qu’ont été un homme et son parti dénonçant le risque couru et s’efforçant toujours de définir les moyens d’y faire face.

L’injustice faite à Jacques Cheminade

Dans un récent discours, le Premier ministre Lionel Jospin déclarait qu’il rendrait la justice indépendante du pouvoir exécutif. On pourrait croire cette déclaration écrite sur mesure pour l’affaire Cheminade. Mais, à supposer qu’il n’en soit rien – tant la collusion entre justice et exécutif constitue une pratique avérée, généralisée, connue et reconnue – nous montrerons à nos lecteurs en quoi le cas Cheminade représente, à l’instar de LaRouche aux Etats-Unis, un parfait exemple du détournement de la justice à des fins politiques.

On ne s’étonnera pas que l’affaire utilisée pour discréditer Jacques Cheminade pendant les élections présidentielles concerne une personne dont le soutien financier a permis à une organisation politique indépendante de mener une action remettant en cause l’ordre établi, ce qui ne pouvait plaire à tout le monde. On s’en étonnera d’autant moins que de petites structures telles que le Parti ouvrier européen (POE), la Coalition anti-drogue (CAD) ou la Fondation pour l’énergie de fusion (FEF) qui ne perçoivent pas un sou de subvention (contrairement à un grand nombre de ceux qui les attaquent), dépendent dans leur action comme dans leur survie quotidienne des efforts de leurs sympathisants.

Quiconque possédant l’expérience des associations sait à quel point leur survie dépend de la générosité des donateurs et du nombre d’adhérents. En ce sens, ce qui émerge clairement, tant en ce qui concerne l’affaire Pazéry que celle du rejet par le Conseil constitutionnel des comptes de campagne de Jacques Cheminade, c’est la volonté de garantir par tous les moyens l’asphyxie financière d’entités politiquement gênantes et leur mort à court terme.

Dans ce contexte, il devenait également indispensable de présenter à l’opinion publique ces entités comme bénéficiant de financements occultes divers, d’où les fables grossières répandues par les médias au sujet de fonds versés par des puissances étrangères ou encore présentant LaRouche comme un milliardaire américain.

L’affaire Pazéry

Fin 1982, lors d’une campagne contre le trafic de drogue, des militants rencontrent Mme Pazéry. Très vite, celle-ci se passionne pour les idées défendues par le POE et ce, pour une raison aussi personnelle qu’importante : son défunt mari, qui était expert dans un cabinet de conseillers financiers d’origine anglaise et américaine rattaché à Archibald et Cox, lui avait souvent décrit le rôle néfaste et destructeur d’Henry Kissinger.

Or, le POE était rigoureusement le seul parti politique en France qui, au delà du pré-carré français, s’intéressât réellement aux questions internationales. Il avait, en particulier, abondamment documenté le rôle de Kissinger dans l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro (Par la suite, Kissinger sera déclaré personae non grata en Italie), les crises artificielles du pétrole en 1973, la guerre du Liban et, d’une manière générale, le fait que Kissinger, comme il s’en était lui-même vanté, travaillait pour les intérêts de Londres. Bien entendu, le POE avait exposé, en détail et preuves en main, comment Henry Kissinger avait essayé de mettre fin à ces révélations en « lançant » le cas LaRouche.

Dans les années qui suivent, Mme Pazéry, qui était d’origine lorraine et s’intéressait aux efforts du POE pour défendre cette région, soutient son action politique, celle de la CAD et de la FEF en versant 1.197.000 F répartis-en dons et en prêts, lesquels seront remboursés à hauteur de 170.000 F par billets à ordre.

En mars 1987, après le décès de leur mère survenu en octobre 1986, les héritiers entament une procédure pénale en portant plainte pour « escroquerie ».

Un juge d’instruction est nommé et entend les plaignants et les témoins, parmi lesquels Jacques Cheminade. Deux ans après l’ouverture de la procédure, Jacques Cheminade et ses amis se voient opposer une expertise médicale qui constitue le cœur de l’accusation et dans laquelle est évoqué le diagnostic de maladie d’Alzheimer. Cette expertise a été effectuée post-mortem et pour les besoins de la cause ; elle prouverait que la « vieille dame » (elle avait 63 ans) aurait prêté et donné sans être consciente de ce qu’elle faisait. Jacques Cheminade et ses amis peuvent prendre connaissance de cette expertise, puisqu’ils sont témoins assistés, mais non la contester car ils ne sont pas inculpés.

En janvier 1990, en présence du juge d’instruction et des parties civiles, Jacques Cheminade et ses amis proposent de rembourser les 650.000 F de prêts restant dus et se présentent avec un premier chèque de 100.000 F, somme alors venue à échéance. Ce versement est refusé par les parties civiles.

En octobre 1990, à la suite d’une instruction qui dura presque quatre ans, le juge rend une ordonnance de refus d’informer et clôt le dossier en estimant que l’escroquerie n’est de toute évidence pas constituée.

Vingt-quatre heures plus tard, dans une procédure rare, le ministère public interjette appel à l’encontre de l’ordonnance, avec une célérité qui montre que le dossier était suivi de près. La chambre d’accusation de Paris nomme alors « pour inculper », sans tenir compte de l’avis du premier juge, un deuxième-juge d’instruction, jeune et venant des tribunaux pour enfants alors que le précédent était âgé et expérimenté.

L’inculpation suit bientôt et les accusés sont déférés devant le Tribunal correctionnel de Paris. Au passage, le motif d’inculpation change, et l’escroquerie devient « vol » – un étrange « vol », commis non pour le compte des inculpés (cela ne leur a jamais été reproché) mais pour celui des associations dont ils étaient responsables ou militants...

L’inculpation permet à Jacques Cheminade et à ses coaccusés d’avoir pleinement accès au dossier et de connaître le motif de l’accusation. Plusieurs éléments ressortent : une note des Renseignements généraux faisant état du cas LaRouche aux Etats-Unis qui a « lancé » l’affaire, et l’expertise médicale accompagnée d’un scanner.

Le 24 juin 1992, les accusés sont condamnés à quinze mois de prison avec sursis pour Cheminade et treize mois avec sursis pour les autres prévenus. Le réquisitoire définitif fait mention des liens entre LaRouche et Cheminade. Pour caractériser Jacques Cheminade et le POE, le procureur de la République s’est fondé, presque mot pour mot, sur la note des Renseignements généraux.

Le dossier médical

L’expertise repose exclusivement sur le scanner et l’expertise post-mortem demandée par les héritiers en 1989. Toutefois, se basant sur un rapport d’une dizaine de lignes et sur quelques lettres de témoins, le très médiatique Dr Dubec jugea que non seulement Mme Pazéry souffrait de maladie d’Alzheimer – affirmation qui, en principe, ne peut être effectuée qu’après une autopsie – mais que quiconque entrait en contact avec elle devait immédiatement s’en rendre compte. Bien que l’insuffisance d’un seul scanner pour déterminer un cas d’Alzheimer soit notoirement établie, on voit ici un médecin arriver à une conclusion que les éléments en sa possession ne lui permettaient aucunement de faire. Incompétence médicale ou prévention ?

Tant et si bien que lors de l’appel, les juges circonscriront le cas à la question suivante, essentielle : Mme Pazéry était-elle atteinte de la maladie d’Alzheimer et si oui, cette maladie était-elle perceptible par un tiers ? Pour connaître la réponse, la Cour d’appel demande une contre expertise.

Celle-ci ne se fonde plus du tout sur la question du scanner – il apparaîtra d’ailleurs, au cours de la procédure, que celui-ci ne figure d’abord pas au dossier, puis est retrouvé par les parties civiles avec une fausse date – mais apporte une réponse prudente, ne voulant pas contredire de plein fouet la première expertise tout en ouvrant la voie à une présomption d’innocence.

La contre-expertise constate tout d’abord que la « raison exacte du décès n’est pas connue » – ce n’est plus la maladie d’Alzheimer ! Mais elle conclut à une probabilité de maladie tout en affirmant : « il est possible d’admettre alors que l’état de Mme Pazéry ait pu apparaître aux yeux d’un tiers non-averti, peu différent de celui d’une personne âgée normale en sachant toutefois la vulnérabilité et la suggestibilité de beaucoup de personnes de cet âge (le président Mitterrand, alors en exercice, était de quinze ans plus âgé que Mme Pazéry, et M. Chirac aujourd’hui est déjà plus « vieux » qu’elle ... ), même en dehors d’une maladie d’Alzheimer avérée ».

C’était une réponse certes contournée mais judicieuse. Car autrement, nul doute que la légèreté des enfants Pazéry à l’égard de leur mère eût éclaté. En effet, voici une dame que l’on décrit comme démente (en particulier quand elle soutient une action politique) mais que par ailleurs on laisse conduire sa voiture en plein trafic urbain, qui tient son propre ménage, qui rencontre ses amis, encaisse des traites aux dates fixées et qui n’est ni sous tutelle, ni sous curatelle !

Ajoutons que cette « vieille » dame, ayant une grande sympathie pour les militants du POE, aimait à se rendre aux manifestations culturelles qu’ils organisaient (concerts, conférences) et qu’elle ne manquait jamais, lorsqu’elle était en vacances, d’envoyer une carte postale rédigée d’une belle écriture ferme (cartes que les accusés avaient conservées et qu’ils ont versées au dossier).

Pourtant, bien que le procureur – à la surprise générale – n’ait pas requis contre les accusés et s’en soit entièrement remis au juge, le 16 janvier 1996, la 13ème Chambre de la Cour d’Appel de Paris condamnait Jacques Cheminade et ses amis à des peines inférieures à celles du Tribunal de première instance et amnistiables du fait de l’élection présidentielle, mais néanmoins infamantes.

Les « préjugés » des juges ressortent clairement dans leurs motivations. Les prévenus sont assimilés à « des professionnels en démarchage et en collecte de fonds », et il est considéré qu’« à l’instar de ceux qui poursuivent des buts similaires, « ils » sont rompus à ces exercices d’approche des personnes physiques qui aboutissent à un véritable conditionnement de leurs victimes qui perdent peu à peu leurs pouvoirs de résistance et surtout leur esprit critique ». Là, dans ces préjugés, est la véritable raison de la condamnation. Avec un double « hic ». Le premier, c’est que ces « préjugés » ne sont fondés sur aucune preuve, sinon des ragots de basse police non présentés au procès. Le second, c’est que, si ces affirmations étaient vraies, Jacques Cheminade et ses amis auraient dû sans aucun doute être condamnés à des peines bien plus lourdes. L’atténuation de la peine en appel est ainsi, de la part des juges, un demi-aveu à la Ponce-Pilate.

Enfin, la somme de 1.197.000 F paraît certes importante. Toutefois, les dons de Mme Pazéry aux associations en cause ne représentent, par rapport aux quatre dernières années de ses impôts sur le revenu, que le tiers de ce qu’elle avait versé au fisc.

En exécution du jugement, les héritiers récupérèrent l’argent donné et prêté par leur mère, les accusés remboursant de leurs propres deniers un argent qu’ils n’avaient jamais touché personnellement, puisqu’il avait été donné et prêté à des associations. Mais finalement le véritable objectif était-il ce remboursement ou, comme l’exigeait péremptoirement l’avocat de la partie adverse en utilisant copieusement l’affaire LaRouche (devant les juges d’instruction ainsi que devant le tribunal, il brandit un dossier sur le cas LaRouche), de « mettre un terme à l’activité de Jacques Cheminade » ?

Campagne présidentielle et rejet du compte de campagne

Pour certains journalistes serviles, lesquels n’avaient de toute façon pas la moindre intention de laisser la parole à Jacques Cheminade, cette affaire fut pain béni. Ainsi, dans le cadre d’une virulente campagne de diffamation, vit-on apparaître sur les écrans de télévision et dans la presse – en violation du secret de l’instruction – 1a reproduction de pièces extraites du dossier Pazéry.

Pour aussi grave et révélateur de la collusion justice/médias/politique, ceci apparaît pourtant presque anodin par rapport au scandale que constitue le rejet du compte de campagne de Jacques Cheminade par le Conseil constitutionnel.

L’ignorance du mode de fonctionnement du système électoral explique pourquoi peu de gens ont vraiment compris l’enjeu politique de ce rejet. Presque tout le monde pense en effet que le remboursement des frais de campagne dépend du pourcentage de voix obtenu lors des élections – la fameuse barre des 5% – comme dans les élections législatives. Il n’en est rien. Grâce au général de Gaulle, les élections présidentielles sont les seules élections qui, en France, pouvaient jusqu’à présent être qualifiées de réellement démocratiques. En effet, le candidat, s’il remplit les conditions fixées par la loi (notamment les 500 parrainages de maires), reçoit une avance forfaitaire d’un million de francs et obtient le remboursement de ses dépenses de campagne dans la mesure où elles sont justifiées. Dans le cas de Cheminade, aucune de ses dépenses ne lui a été contestée.

Jacques Cheminade est, de loin, le candidat ayant engagé le moins de dépenses (4,7 millions de francs) alors qu’il est de notoriété publique que d’autres - MM. Chirac et Balladur pour ne pas les nommer - ont de fait crevé les plafonds autorisés sans être le moins du monde pénalisés. Cependant, Cheminade, contrairement à d’autres candidats, a abordé des sujets tabous : le casino spéculatif, certains scandales comme celui du Crédit Lyonnais, le problème posé par l’autonomie de la Banque de France, etc. Ces critiques n’ont pu manquer de déplaire aux milieux financiers et bancaires qui ont dès lors, dans une belle et touchante unanimité, refusé d’accorder un prêt pour la campagne de Jacques Cheminade.

Ce sont donc des personnes privées qui ont financé cette campagne, des personnes n’ayant pas une grande « surface financière » et qui, pour certaines, ont accepté de faire de gros sacrifices par rapport à des possibilités tout à fait modestes.

L’argument du Conseil constitutionnel fut alors le suivant : Jacques Cheminade a reçu des prêts pour équilibrer ses comptes après la date du 7 mai 1995, ce qui est légal mais aurait dû être justifié par des « engagements antérieurs » (Ceux-ci existaient mais n’ont jamais été demandés à Jacques Cheminade). Ces prêts étaient sans intérêts comme il était normal qu’ils le soient puisqu’un particulier ne saurait chercher à faire un bénéfice sur le prêt d’argent, activité réservée aux banques. Pourtant, le Conseil constitutionnel en a jugé autrement, estimant que l’absence d’intérêt constituait un don, or les dons étaient interdits après la date du 7 mai 1995... Ainsi, pour une somme que l’on pourrait chiffrer en fait autour de 34.000 F au taux courant, le Conseil constitutionnel a rejeté, pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, le compte de campagne du candidat le plus petit.

Le scandale est d’autant plus grand que ce « don » supposé a été calculé sur un intervalle de temps ne correspondant en rien aux circonstances électorales : en l’espèce, celui qui s’est écoulé entre la date des prêts et l’examen des comptes par le Conseil constitutionnel ! Celui-ci a donc utilisé une date que lui-même, et non Jacques Cheminade, maîtrisait.

Les personnes qui ont eu la générosité et l’audace de soutenir la seule candidature qui ait eu un sens profond pendant ces élections se trouvent ainsi lésées car toutes n’ont pas pu être remboursées, ce qui, pour certaines d’entre elles, crée une situation particulièrement difficile.

Le poids du remboursement retombe en effet, une fois de plus, intégralement sur les épaules de Jacques Cheminade, bien qu’il n’ait pas reçu personnellement un franc de cet argent. Un autre poids lui retombe sur les épaules : celui du remboursement du million de francs d’avance forfaitaire de l’Etat.

Car pour ne pas être en reste, le ministère de l’Intérieur réclame le remboursement de cet argent et, pour l’obtenir, il décide de faire saisir les comptes bancaires et les biens de Jacques Cheminade. En plein mois d’août 1996, un huissier se présente donc au domicile de Jacques Cheminade et, en l’absence de celui-ci, procède à l’inventaire et à la saisie conservatoire de ses biens. Hélas, dans l’appartement d’à peine 60 m2 que possède Jacques Cheminade dans le 20ème arrondissement de Paris, il y a vraiment très peu à saisir !

La leçon est claire, on fera payer celui qui met en danger les règles établies, par tous les moyens, y compris en détournant les institutions de leur but.

Et pour finir...

A ceux qui ont encore des doutes sur les liens entre l’affaire LaRouche aux Etats-Unis et l’affaire Pazéry en France, les attaques dont Jacques Cheminade a fait l’objet pendant la campagne présidentielle et la décision du Conseil constitutionnel, nous mentionnerons deux choses sans commentaires.

Tout d’abord, les conclusions de Me Pascal Dewynter l’avocat des parties civiles dans l’affaire Pazéry :

Cheminade et consorts ont, en effet, harcelé Madame Pazéry suivant en cela la méthode de Lyndon LaRouche, sévèrement condamné aux Etats-Unis (15 ans de prison), Maître à penser de Monsieur Cheminade. Différents Maires, lors de la dernière campagne présidentielle, ont témoigné qu’ils avaient donné leur signature lors de ladite campagne de Cheminade alors qu’ils avaient subi un harcèlement constant de ses sbires. De tous les candidats à l’élection présidentielle, seuls les comptes de Cheminade n’ont pas été approuvés par le Conseil constitutionnel ; il ne sera pas remboursé des 4.718.000 Francs qu’il a dépensés pour sa campagne. Selon le journal Officiel, du 12 octobre 1995, "Monsieur Cheminade a bénéficié de la somme de 2.340.000 francs, déclarée étant des prêts consentis à titre gratuit par des personnes physiques". Cela démontre que Monsieur Cheminade reçoit encore des prêts importants et qu’il continue ses manœuvres pour spolier les gens. Il est grand temps de mettre un terme à son activité.

Heureusement que les juges français ne sont pas influençables...

Enfin, un simple fait, qui ne met pas en cause les personnes, mais simplement la désinvolture avec laquelle la « justice » a été rendue par les institutions françaises.

M. Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel, est un ennemi politique de longue date de Jacques Cheminade et a même été avocat dans une affaire contre lui. M. Olivier Schrameck, alors secrétaire général du Conseil constitutionnel et qui, à ce titre, avait signé sa décision, est aujourd’hui le directeur de cabinet du Premier ministre. Et M. Louis Gautier, alors à la Cour des Comptes et qui a examiné le compte de campagne de Jacques Cheminade, est aujourd’hui conseiller pour les questions de Défense auprès du Premier ministre.

Affaire Palme : une opération majeure de désinformation conte le POE

« L’assassinat d’Olof Palme : la piste d’extrême-droite », « Viktor Gunnarsson, membre du POE et suspect fanatique », « Le POE, une secte, un parti, un chef », etc. jusqu’à la nausée. C’est ainsi que toute la presse française, nourrie par une succession de dépêches de l’AFP, a (comme une partie de la presse internationale) accusé le « POE » d’avoir, à la mi-mars 1986, assassiné Olof Palme, le Premier ministre suédois. Les chaînes de télévision et France Info se sont, à l’époque, tout particulièrement illustrées par leur acharnement.

Il s’est agi là d’une des plus importantes opérations de désinformation du XXème siècle, si l’on tient compte de la disproportion entre les moyens du POE pour « faire face » et l’acharnement mis à lui nuire, ainsi que de la gravité des actes qui lui ont été reprochés. « Calomniez, calomniez encore, il en restera toujours quelque chose. »

Une partie de la réputation « sulfureuse » du POE est due à ce montage grossier des services de la Stasi, l’agence de l’ex-RDA, avec la collaboration de certains milieux du renseignement américains et soviétiques.

Il s’agit d’une histoire « extraordinaire », à peine croyable pour.qui ne l’a pas vécue, mais néanmoins vraie. Un ancien officier de la Stasi, Herbert Brehmer, a confirmé à plusieurs médias, audiovisuels et écrits, que son agence avait bien lancé, en 1986, cette gigantesque opération de désinformation contre Lyndon LaRouche et les Partis ouvriers européens. Les confessions détaillées de Brehmer ont été publiées par l’hebdomadaire de l’Association des journalistes suédois Journalisten du 26 août 1992, dans un article intitulé « Il lança de fausses pistes après le meurtre de Palme », et reprises au cours de deux émissions d’une demi-heure à la radio nationale suédoise, les 29 août et ler septembre. Néanmoins, la presse internationale n’en fit rien.

Les révélations de Brehmer confirment point par point ce que LaRouche et le POE disaient à l’époque : le meurtre de Palme a été utilisé pour lancer contre eux une opération pour masquer les vrais coupables. La calomnie fut répandue à travers le monde par l’intermédiaire de l’ADL (l’Anti-Defamation League), une organisation américaine prétendument antiraciste, mais en fait au service de l’oligarchie financière anglo-américaine. Au printemps 1986, la chaîne de télévision américaine NBC réalisa une émission avec l’ADL pour accuser LaRouche du meurtre de Palme. Pendant l’été 1986, Irwin Suall, directeur des enquêtes de l’ADL, se rendit en Suède pour exploiter le scandale et écrivit ensuite des rapports pour le gouvernement américain, mettant en cause LaRouche.

Aux Etats-Unis, ces accusations montées de toutes pièces jetèrent le discrédit sur les partisans de LaRouche, qui venaient de gagner une importante élection primaire au sein du Parti démocrate, dans l’Illinois. Même après que le gouvernement suédois ait publiquement et complètement renoncé à la thèse impliquant LaRouche ou le POE, NBC et l’ADL refirent une émission calomnieuse, en décembre 1986. Le « raid » du FBI du 6 octobre 1986 contre l’organisation de Lyndon LaRouche aux Etats-Unis fut en partie « justifié » par ces accusations répétées. Il s’agissait, pour des intérêts américains et soviétiques, de mettre LaRouche et ses amis hors d’état de nuire, ce qu’ils parvinrent finalement à faire, avec l’aide des réseaux de George Bush, en faisant emprisonner Lyndon LaRouche le 27 janvier 1989. Rappelons que Ramsey Clark, l’ancien ministre de la justice de Lyndon Johnson et l’un des plus grands défenseurs du Mouvement des droits civiques américain, décrivit le procès, l’arrestation et la condamnation de LaRouche comme l’affaire dans laquelle, à sa connaissance, avait été mobilisés, en toute mauvaise foi et aux fins d’éliminer un ennemi politique, les plus grands moyens de police et de justice américains.

En France même, « l’affaire Palme » jeta le discrédit sur le POE et « justifia » l’explosion de deux bombes dans ses bureaux, le dimanche 7 avril 1986, qui ne blessèrent heureusement personne mais provoquèrent un incendie et d’importants dégâts matériels.

Le lecteur doit imaginer les militants d’un parti, en France, sur lesquels « le monde tombe sur la tête ». Leur expérience la plus amère fut que très peu de journaux acceptèrent de publier un démenti lorsque le « suspect » Viktor Gunnarson, d’ailleurs même pas membre du POE suédois, fut mis hors de cause en avril 1986, après quelques jours d’enquête. Retenons Ouest-France, Le Matin de Paris , Les Dernières nouvelles d’Alsace , Le Quotidien de Paris et un article honorable de Bernard Brigouleix dans Le Monde . Pour le reste, rien. A la télévision, rien. Pire encore, en septembre 1992, lorsque la Stasi reconnut ses responsabilités, le POE organisa une conférence de presse à laquelle aucun journaliste ne se rendit. Toutes les lettres adressées à la presse ou aux chaînes de télévision restèrent sans réponse.

Il s’agit pourtant d’une affaire « extraordinaire ». Elle prouve que les journalistes d’aujourd’hui, dans leur majorité, ne retiennent « l’extraordinaire » que lorsque cela correspond à leurs intérêts ou à ceux de leurs « sponsors », sans tenir compte de l’injustice ni des souffrances subies par les victimes des calomnies de leurs propres organes.

Enfin, l’on peut y voir la preuve, par l’hommage que le crime y a rendu à la vertu, de l’importance des idées défendues par Lyndon LaRouche, des Partis ouvriers européens d’alors et de leurs amis.

Nous tenons bien entendu un dossier sur ce cas (un peu en désordre), avec une copie en suédois de Journalisten , à la disposition de ceux qui s’y intéressent.

Epilogue

Lorsque Jacques Cheminade se rendit auprès du juge d’instruction en charge du dossier des bombes placées au siège du POE, il s’entendit répondre que le dossier allait être clos car il s’agissait sans doute de « terroristes à temps partiel » particulièrement difficiles à identifier...

Le FBI contre Jacques Cheminade

Pour, ceux qui, comme Saint-Thomas, ne font confiance ni aux idées, ni à leur intelligence, mais aux faits et aux renseignements obtenus « de bonne source », la double enquête menée par le FBI américain contre Jacques Cheminade constitue une preuve de qui sont ses ennemis et pourquoi ils le sont.

En effet, une procédure relevant du Freedom of Information Act (FOIA, loi américaine sur la liberté de l’information) a amené le FBI à reconnaître, après de longues procédures et un acharnement constant de notre part, qu’il détient un important dossier sur M. Jacques Cheminade (plus de 150 documents reconnus) et l’a contraint à en communiquer quelques éléments.

Bien que ceux-ci soient incomplets et sous une forme très fragmentaire, ils n’en sont pas moins tout à fait significatifs.

Il y apparaît que Jacques Cheminade a fait l’objet de deux enquêtes.

Tout d’abord, le gouvernement américain et le FBI ont procédé à un examen du cas de Jacques Cheminade pour soupçon d’action en faveur d’une puissance étrangère. Cette enquête s’est déroulée en 1972-1973. Nous disposons de documents qui l’attestent. Sans doute les activités politiques passées de Jacques Cheminade, proche de la gauche socialiste et fort peu sympathisant de l’oligarchie anglo-américaine, avaient-elles déclenché la paranoïa de l’organisation de M. Hoover lorsqu’il arriva à New York en juillet 1972 pour exercer les fonctions d’attaché commercial auprès de l’ambassade de France. Le 14 septembre 1976, le bureau du FBI à New York finit par considérer que cette affaire – l’accusation d’« espionnage » – devait être « close » faute d’éléments concrets... Il ajoute qu’il recommande de ne pas organiser d’entretien avec Jacques Cheminade, puisqu’il « n’offre pas de potentiel en tant qu’informateur » (sic) et « qu’il n’y a aucune information montrant qu’il soit prêt à coopérer » (resic).

Cependant, à la suite de cette affaire, Jacques Cheminade fit l’objet d’une seconde enquête à la demande du FBI en raison de son association aux activités du National Caucus of Labour Committees (NCLC), l’organisation de Lyndon LaRouche. Là, les choses sont encore plus claires. Le 14 septembre 1976, le jour même où la première enquête est considérée comme « close », le directeur du FBI à Washington, Clarence M. Kelley (excusez-nous du peu) annonce qu’il classe Jacques Cheminade comme « un individu potentiellement dangereux, en raison ou bien de renseignements sur son instabilité émotionnelle ou bien sur son activité dans des groupes engagés dans des activités inamicales vis-à-vis des Etats-Unis » (voir fac-similé ci-dessus).

C’est bien entendu la seconde « catégorisation » qui est alors retenue par le FBI. En effet, divers documents ultérieurs (notamment du Département américain de la justice, FBI, Washington, le 14 septembre 1976 et du FBI, New York, le 12 janvier 1984) soulignent que Jacques Cheminade se trouve sous enquête pour avoir « été observé au Manhattan Center, à New York, le 28 décembre 1974, lors d’une Convention nationale du National Caucus of Labor Committees » (NCLC, l’organisation des amis de Lyndon LaRouche, rappelons-le), ayant eu lieu a cet endroit et à cette date. Jacques Cheminade est désigné comme « un membre de base » des NCLC.

Le FBI ne se prive pas alors de disséminer, selon ses bonnes vieilles méthodes, des documents calomnieux sur Jacques Cheminade.

Cette seconde enquête sera finalement considérée comme « close » en 1985, après que de nombreux documents aient été échangés entre le FBI-Washington et son bureau à Paris, et que des investigations de l’agence américaine aient été poursuivies – en toute illégalité – sur le territoire français.

Pour les Saint-Thomas, ces éléments devraient suffire à prouver que toute la « rumeur d’Orléans » lancée contre Jacques Cheminade ne démontre que la crédulité ou la malhonnêteté de ceux qui s’y prêtent.

En particulier, les organisations françaises de gauche ou d’extrême-gauche et les journalistes qui ont tour à tour qualifié Jacques Cheminade de « représentant d’extrême-droite », d’« agent de la CIA », du « gouvernement américain » ou du « Ku Klux Klan » – comme par exemple dans un article publié dans Ras l’front (n° 29, juin 1995) – n’ont fait, consciemment ou pas, que disséminer des rumeurs en provenance de milieux anglo-américains ou de leurs relais. En effet, pour isoler un homme se battant contre l’oligarchie anglo-américaine et susceptible de représenter un lien transatlantique contre elle, la tactique la plus « tordue » du FBI (expert dans le travestissement de la réalité... ) a consisté à lui coller une étiquette d’extrême-droite infamante et à faire circuler des « bruits de fond » constants pour troubler son message, alors qu’en même temps, dans ses rapports à usage interne, le même FBI qualifiait le NCLC « d’organisation révolutionnaire marxiste »..., c’est-à-dire d’ennemi de l’oligarchie anglo-américaine !

Il est malheureux que des Français qui se croient si fins dans leur analyse politique se soient ici montrés si crédules, absorbant 1a nourriture intellectuelle vendue par les supermarchés de Washington, de New York et de Londres.

Interrogé sur ce qu’il en pense, Jacques Cheminade a haussé les épaules et, une fois de plus indiqué à tous ceux qui savent lire, écrire et réfléchir de lire ce qu’il écrit, d’écouter ce qu’il dit, de comparer avec ce qui se passe dans le monde et de juger par eux-mêmes. « Cela exige un effort, a-t-il conclu, mais il en vaut la peine si l’on veut aujourd’hui redonner un vrai sens aux mots résistance et engagement ».

Pour une renaissance africaine

Dans le cadre de sa stratégie vers un nouvel ordre économique mondial, le Parti ouvrier européen n’a eu de cesse, depuis la fin des années 70, de militer pour un développement économique réel du continent africain.

Bien avant Solidarité & Progrès, le Parti Ouvrier Européen a toujours défendu le droit au développement des peuples comme principe moteur des relations internationales. Ici une affiche électorale de 1985.

Du 27 au 29 juin 1979, Jacques Cheminade et des représentants de la Fondation pour l’énergie de fusion tinrent une grande conférence sur « l’industrialisation de l’Afrique ». On y présenta notamment la perspective hardie d’y bâtir des nuplexes, complexes agro-industriels créés autour de centrales nucléaires. Il y fut aussi question de développer un système de grands bassins régionaux, d’où partiraient des canaux pour irriguer les pays du Sahel et faire reculer la sécheresse.

Aux élections cantonales de 1985, le POE avait une belle affiche représentant, sur fond de carte d’Afrique, un chemin de fer placé de telle sorte qu’il donnait l’impression de traverser ,le continent d’ouest en est, avec pour slogan : « Non au racisme du FMI - Industrialisons l’Afrique ». Un mois plus tard, le 13 avril, le POE et l’Institut Schiller organisèrent une grande manifestation à Strasbourg. Une résolution y fut adoptée, dénonçant notamment le FMI comme étant responsable de la réapparition en Afrique d’épidémies autrefois éradiquées, et appelant à créer un nouveau système financier promouvant la production et les échanges mondiaux.

Outre la résurgence d’anciennes maladies, le POE montra à partir de 1985 comment la destruction économique des pays d’Afrique centrale était à l’origine de l’explosion de la pandémie de sida, surtout au Zaïre. Pour contrer ce fléau, le POE rédigea en 1986 une proposition de loi destinée à mettre urgemment en œuvre une politique de santé publique à grande échelle, comprenant un programme « à marche forcée » en matière de recherche. Le POE proposa aussi de revenir à la grande tradition pastorienne basée sur l’envoi d’équipes de chercheurs sur le terrain, chargés non seulement de faire du travail de dépistage et de soins, mais aussi d’entreprendre des travaux de développement infrastructurel destinés à prévenir tout retour des épidémies.

En 1988, Le POE présenta un projet de reconstitution du lac Tchad, menacé d’assèchement. Ce projet prévoyait de bâtir un canal de dérivation des eaux de l’Oubangui (frontière zaïro-centrafricaine) et du Bénoué (nord du Cameroun), et de les amener respectivement vers le Chari (Tchad) et le Logone (frontière tchado-camerounaise) qui se jettent tous deux dans le lac Tchad. De là, il devenait possible d’irriguer les régions environnantes et de créer un pôle de développement comprenant le nord du Cameroun et du Nigéria, l’est du Niger et l’ouest du Tchad. Ce thème fut repris par Jacques Cheminade lors des élections législatives de 1988.

Au début des années 90, le POE cessa d’exister officiellement, mais le mouvement de Cheminade continua de militer en faveur d’une renaissance africaine, notamment pour bâtir des voies ferrées rapides transcontinentales et transversales afin de désenclaver le continent, contrairement à la pratique coloniale qui avait consisté à ne construire de chemins de fer que dans un but d’exploitation minière. En même temps, une campagne était lancée pour que les Africains redécouvrent leur tradition de bâtisseurs de cité en vigueur durant l’époque précoloniale et recouvrent leur « mémoire » qui leur avait été confisquée depuis l’époque esclavagiste.

La lutte contre la drogue

Proches de la « vieille » gauche – une gauche au sein de laquelle l’attachement au progrès scientifique et technique, ainsi qu’à un niveau élevé d’éducation pour tous, étaient des valeurs sûres – les fondateurs du Parti ouvrier européen se sont dès le départ fortement opposés à toute forme de légalisation de drogues. De même, ils déclarèrent la guerre à la contre-culture qui promouvait les valeurs du monde de la drogue.

Ce fut, dès cette époque, l’affrontement avec les tenants d’une « nouvelle gauche » qui émergeait aux Etats-Unis, fortement soutenue, d’ailleurs, par les pouvoirs en place. Cette « nouvelle gauche » avait basculé dans une forme de bucolisme moderne faisant passer la défense de la nature avant le progrès des hommes et accordant, au niveau du mental, la part belle aux « sensibilités » plutôt qu’à la « rationalité ». C’était la « gauche » baba-cool – touche pas à mon plaisir, à ma drogue, à ma liberté sexuelle – qui confondait l’idée de construire un monde meilleur avec celle d’un monde dans lequel elle pouvait prendre son pied ! Pour le plus grand plaisir, surtout, des oligarchies qui ont tout à gagner d’un abêtissement général des populations.

Pour défendre deux qualités essentielles sans lesquelles l’existence de l’homme est réduite à l’esclavage et à la bestialité – sa créativité et sa liberté – les fondateurs du POE publièrent dès 1978 un ouvrage intitulé Came, S.A., La plus grosse affaire du monde . Ayant remporté un vif succès, cet ouvrage démonte la thèse voulant que la propagation de la consommation de drogues soit due à un phénomène « sociologique ». Preuves à l’appui il montre, déjà à cette époque, que la réapparition à une échelle de masse de la consommation de drogues correspond à un retour sur la scène politique des mêmes intérêts financiers anglais qui furent à l’origine des guerres de l’opium contre la Chine, parmi lesquels figurent la Hong Kong et Shanghai Banking Corporation (HSBC) et la Jardine Matheson, pour ne nommer que les plus connus.

En 1980, le POE lançait un appel à tous les partis politiques, exception faite des extrémistes, pour fonder des coalitions anti-drogue afin de faire barrage à la vague montante de consommation de drogues et à l’extension de ce bucolisme moderne désormais disséminé partout par les différentes composantes du New Age religieux, par une écologie radicale et nihiliste proche du terrorisme et par la déferlante des Woodstocks à l’échelle planétaire. Des Coalitions anti-drogue, dont le message transcendait les clivages politiques traditionnels, se sont ainsi constituées en Amérique du Nord et du Sud, ainsi que dans les principaux pays européens. Munies d’une revue mensuelle, Guerre à la Drogue , dont le premier numéro parut fin 1980, ces coalitions ont fait barrage à toute tentative de légalisation des drogues. Elles ont aussi dénoncé, bien avant tout le monde, le blanchiment de l’argent sale ainsi que les liens existant entre milieux bancaires, politiques et mafieux et l’alliance étroite unissant le trafic de drogue et le financement des groupes terroristes. Bien avant les grands reportages sur la drogue publiés par les revues ayant pignon sur rue, bien avant l’apparition d’un « Observatoire géopolitique des drogues », la revue Guerre à la drogue dénonçait déjà les seigneurs de la drogue aux quatre coins du monde – Syrie, Liban, Triangle d’Or, Croissant d’Or, Amérique latine, Russie, etc. Elle ciblait surtout leurs contrôleurs dans le milieu bancaire et les institutions financières internationales.

Diffusée en France à plusieurs milliers d’exemplaires juste au moment où les lobbies de la drogue faisaient beaucoup de pressions pour légaliser (1981 à 1993), la revue Guerre à la Drogue ainsi que son successeur, Alerte Drogue , a sans aucun doute joué un rôle clé pour empêcher la dépénalisation des drogues. Les coalitions anti-drogue, ainsi que les dizaines de milliers de personnes qui les ont aidées au cours de ces années, ont ainsi contribué à empêcher que la drogue ne devienne la Soma, le nouvel « opium » des peuples rêvé par une oligarchie financière anglo-saxonne en mal d’utopies.

La lutte contre la drogue est restée, depuis le début, l’une des principales préoccupations du POE qui l’évoqua dans toutes ses campagnes électorales. En 1995, lors de la campagne présidentielle, Jacques Cheminade proposa d’attaquer le mal à sa véritable source – les financiers en costume trois pièces qui contrôlent et bénéficient de ce trafic – plutôt que de remplir les prisons avec des milliers de revendeurs et de toxicomanes.

Réponses aux écologistes extrémistes

Le Parti ouvrier européen s’est toujours référé au programme économique du Conseil national de la Résistance, à cette alliance entre milieux : gaullistes, socialistes et communistes pour le progrès. Dans ce contexte, il a dénoncé très tôt la montée en puissance d’un mouvement écologiste irrationnel, allant directement à l’encontre de ces valeurs. Qu’ils se trouvent dans les partis de la nouvelle gauche ou parmi les milieux ultraconservateurs (MM. Cousteau, Goldsmith), le POE les a vivement combattus, défendant une écologie humaniste, inspirée notamment du grand scientifique russe Vernadski.

Dans cette écologie, l’homme est doté d’une transcendance que n’ont pas reçue les animaux : il se trouve dans la nature, mais en est en même temps irrémédiablement séparé par sa capacité à changer les lois de l’Univers. Cette capacité entraîne des responsabilités : l’humanité ne peut se comporter comme un cow-boy, seul dans le désert, jetant de façon insouciante sa boite de conserve vide. Elle doit plutôt réfléchir à son espace environnant comme le fait un cosmonaute : les flux de matière et d’énergie ne sont pas laissés au hasard mais sont soigneusement gérés.

Alors que les écologistes malthusiens, pour qui « le monde est fini », voyaient dans le nucléaire un danger mortel, le POE identifia cette forme d’énergie comme absolument nécessaire à la croissance, en France comme partout dans le monde. Jacques Cheminade s’est personnellement impliqué dans la bataille pour défendre l’énergie nucléaire en France, comme à Cattenom, en Lorraine. Il y fonda le Comité français pour l’énergie nucléaire et participa au lancement du Comité européen.

Au-delà du programme électronucléaire existant, composé de centrales à fission, le POE plaida pour le développement rapide de l’énergie de fusion. M. Cheminade collabora à cet effet à la revue Fusion , magazine de vulgarisation scientifique qui défendait une vision optimiste, rigoureuse et passionnée de la science. Contrairement aux écologistes malthusiens, le POE défendait l’idée que l’on résoudrait les problèmes engendrés par le développement industriel en augmentant le taux de progrès scientifique, non en le diminuant. Ainsi, la fusion thermonucléaire, en donnant accès à une source d’énergie quasi illimitée (le combustible en est l’eau de mer), permettrait de résoudre de nombreux problèmes écologiques. Le principal souci au niveau mondial est en effet la diminution des ressources en eau potable disponibles par habitant, au point que cette ressource devient l’objet de guerres pour son appropriation (comme par exemple au Moyen-Orient ou en Turquie). En permettant le dessalement de l’eau de mer, la fission, puis l’énergie de fusion à bon marché feraient sauter cette limite.

Enfin, le POE n’a jamais hésité à dénoncer les « vaches sacrées » que sont les grandes organisations écologistes comme Greenpeace, la Fondation Bardot ou le WWF. Propageant une vision animaliste, celles-ci sont en effet les instruments de la réaction. Le POE a également rappelé très tôt les antécédents écologistes des nazis (wandervogel). En 1983, Jacques Cheminade fit paraitre une annonce polémique dans Le Monde , intitulée « Non à un 1983 rouge-vert en Allemagne », destinée à alerter sur les dangers mortels que représentaient pour l’Allemagne et pour l’Europe les Grünen, leur violence et leur irrationalité.

POE, ennemi n°1 de l’oligarchie financière

Au coeur de l’action du POE, tout au long de ses quinze années d’existence, se trouve le combat contre la politique criminelle du FMI et pour la réorientation de 1’économie mondiale vers l’emploi et l’investissement productif.

En 1975, lors d’une conférence de presse tenue à Bonn, Lyndon LaRouche proposa la création d’une Banque internationale pour le développement (BID). Des années avant les autres, il proposa de geler et réorganiser les dettes des pays du Sud, de leur accorder des crédits à bas taux d’intérêt destinés à lancer de grands projets et de créer les conditions d’un transfert de technologies avancées en leur faveur. Dès 1976, plusieurs dirigeants des pays du Sud reprenaient cette idée à leur compte. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, Frederick Wills, alors ministre des Affaires étrangères de Guyana et ami personnel de Lyndon LaRouche, proposa des moratoires en faveur des pays du sud et la création de structures monétaires « similaires à des banques internationales de développement ». En 1982, après une rencontre avec le président mexicain Lopez-Portillo, Lyndon LaRouche élabora un programme d’intégration économique pour l’Amérique latine intitulé « Opération Juarez », d’après le nom du grand Président mexicain. Dans le même esprit, Lyndon LaRouche rencontra à deux reprises Mme Indira Gandhi et proposa un plan de développement pour le bassin du Pacifique.

En 1978, Lyndon LaRouche eut en France des échanges fructueux avec Jacques Rueff, conseiller économique de Charles de Gaulle, et, à la fin de cette même année, il apportait son soutien au Système monétaire européen créé par le président Giscard d’Estaing et le chancelier Helmut Schmidt, montrant comment celui-ci aurait pu être à l’origine d’un nouveau système monétaire international ayant des taux de change fixes et réorientant l’argent vers la production. En 1989, à la veille de la chute du mur de Berlin, et à nouveau en 1990, LaRouche proposa à l’Europe et aux Etats-Unis de saisir cette occasion pour sortir de la crise, en lançant un vaste plan Marshall pour la reconstruction des anciens pays communistes et un grand projet de développement eurasiatique.

En France, sous la direction de Jacques Cheminade, ancien haut fonctionnaire à la Direction des relations économiques à l’étranger, le POE s’est battu pour une politique économique nationale cohérente avec les besoins d’un nouvel ordre économique international. Outre la défense du nucléaire et des technologies de pointe dans tous les domaines, il fut particulièrement actif dans le domaine agricole et dans la défense de l’outil industriel. Ainsi, le POE n’hésita pas à dénoncer, à l’occasion de conférences et de campagnes électorales, les cartels de l’agroalimentaire et la conséquence de leur toute puissance : la politique aberrante des quotas et les mises en jachères imposées par Bruxelles. Actif en Lorraine, le POE y a soutenu la centrale de Cattenom, s’y est battu contre la désindustrialisation et les parcs à Schtroumpfs. Il n’y eut pas, avec le POE, beaucoup d’autres forces pour défendre l’idée que, dans le cadre d’un programme d’industrialisation des pays du Sud, l’on pouvait fortement augmenter la production d’acier lorrain, notamment les aciers spéciaux. Dans ce contexte, le POE n’épargnait à cette époque ni le vicomte Davignon ni Jacques Delors, fossoyeurs de l’industrie sidérurgique. Des autocollants du POE circulaient alors massivement avec le slogan : « Coulons Delors, pas l’acier ! »

Au cours de l’interminable présidence de M. Mitterrand, le POE dénonça inlassablement la dérive financière du régime.

Combat pour la Paix au Proche-Orient

Parmi les combats les plus longs et les plus difficiles menés par LaRouche et le POE au fil des ans, figure celui visant à établir la paix au Proche-Orient. En 1975, Lyndon LaRouche proposait pour la première fois un plan de paix pour la région, dont l’esprit était très proche de celui qui fut adopté par Shimon Peres, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, à Oslo en 1994. Seuls des projets de coopération économique d’intérêt mutuel peuvent cimenter un accord politique de paix engageant les Israéliens à accepter la création d’un Etat palestinien et les Palestiniens à accepter l’existence d’Israël, affirmait LaRouche dans ce texte. Ce programme fut d’ailleurs l’un des principaux thèmes de sa campagne présidentielle menée l’année suivante sous l’étiquette de l’US Labor Party. A l’époque, les partisans de la paix n’abondant ni dans un camp ni dans l’autre, les propositions de LaRouche furent très mal accueillies et lui valurent à la fois des attaques de l’ultra-droite israélienne comme des extrémistes palestiniens. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, Lyndon LaRouche était là encore en avance sur son temps.

Depuis 1975, chaque fois que la paix se trouve en péril ou que les canons parlent à nouveau, Lyndon LaRouche aux Etats-Unis et Jacques Cheminade en France reformulent cette proposition originale et se battent pour le rétablissement de la paix dans l’intérêt de toutes les composantes de la région.

Jacques Cheminade soutint à plusieurs reprises les efforts du Dr Nahum Goldmann. Il prit parti, dès sa parution, pour la déclaration Mendès-Goldmann-Klutznick du 2 juillet 1982, y voyant « une référence exemplaire ».

En avril 1986, dans un éditorial de Nouvelle Solidarité , le journal du POE, Jacques Cheminade se faisait l’écho d’une proposition de Shimon Peres appelant les pays occidentaux à mettre en place un « plan Marshall » au Proche-Orient. Dans cette déclaration, l’auteur de l’article saluait « ce retour à la tradition volontariste de M. Ben Gourion, diamétralement opposée au néolibéralisme ». Il appelait le nouveau gouvernement français à « soutenir pleinement » ce plan de M. Peres devant mobiliser 25 à 30 milliards de dollars sur environ dix ans, et à « proposer tout de suite des contributions françaises dans les domaines économiques où nous sommes les mieux placés ». Jacques Cheminade soulignait combien les projets visés’ par M. Pérès – « irrigation dans le Sinaï et en Jordanie, création de centrales nucléaires dans le cadre d’une coopération égypto-israélienne, chemin de fer Turquie-Liban-Egypte » - étaient importants pour qu’« Israël brise son isolement en se concevant comme la pièce motrice d’un ensemble plus grand que lui-même ». « Mon rêve, concluait-il, est qu’un jour, Israéliens, Irakiens, Palestiniens et Egyptiens bâtissent des centrales nucléaires pour faire reverdir le désert ».

Jacques Cheminade a de nouveau porté son regard vers le Proche-Orient au cours de sa campagne présidentielle de 1995, consacrant au plan de paix de Peres et d’Arafat une bonne partie de l’un de ses programmes télévisés de la campagne officielle. En décembre 1995, à l’annonce du lâche assassinat de Yitzhak Rabin, il écrivait « Ils ont tué Rabin », évoquant Jaurès : « Tout homme de cœur et de raison en porte le deuil et lui doit de se battre pour la cause de sa vie ».

L’Initiative de défense stratégique [*]

En 1982, alors que l’Union soviétique avait établi un plan d’attaque contre l’Europe, LaRouche lançait une campane destinée à contrecarrer la menace. Il s’agissait pour les Etats-Unis et l’Alliance occidentale de se doter d’un système d’armes basé sur de nouveaux principes physiques (lasers, faisceaux de particules, etc.), capables de neutraliser les missiles et ogives nucléaires avant qu’ils n’atteignent leur cible.

Etant donné qu’il ne s’agissait pas d’armes offensives, mais des éléments d’un bouclier défensif, LaRouche avait mené auparavant des négociations exploratoires avec des diplomates soviétiques pour qu’ils soient développés en commun ou de manière parallèle à l’Est et à l’Ouest. L’idée fondamentale du projet était d’engendrer la paix par le développement mutuel de ces technologies anti-armes et de les utiliser, dans le civil, comme levier d’une reprise économique en profondeur.

Le 23 mars 1983, Ronald Reagan adopta le principe de cette politique. En France, le Parti ouvrier européen fit campagne pour que notre pays, de concert avec l’Allemagne de l’Ouest, entreprenne une initiative de défense stratégique et tactique sur le théâtre européen. En juin 1983, Jacques Cheminade, alors secrétaire général du POE, participa, en compagnie de divers spécialistes des questions stratégiques et de Marie-Madeleine Fourcade, ancienne dirigeante de la Résistance, à une conférence destinée à « agir de façon à mettre fin à l’ère de la terreur thermonucléaire et, dans le même temps, relancer nos économies, grâce à la mise en œuvre d’un programme de mise au point d’armes à rayons ».

L’Union soviétique refusa ensuite d’adopter là démarche de Lyndon LaRouche et voulut relever le défi toute seule. Elle dut pour cela cannibaliser son économie civile et, conséquence de ce nouveau tour de vis économique, le mur de Berlin tomba en novembre 1989. Quant aux Etats-Unis, ils ne mirent jamais en application ce que laissait espérer le discours du président Reagan. Les milieux financiers américains, réalisant qu’un grand dessein technologique de cette ampleur allait leur ôter l’initiative et le pouvoir, firent tout pour le saboter et y parvinrent. La France, pour sa part, accrochée à sa force de frappe, ne comprit pas que de Gaulle l’avait engagée dans la voie « des armements les plus modernes de l’époque » et non dans le cul-de-sac du nucléaire militaire.

La conséquence désastreuse de l’abandon des conceptions promues par Lyndon LaRouche et le POE est la situation que l’on connaît aujourd’hui : crise économique, ultralibéralisme financier, domination des mafias à l’Est et à l’Ouest. Le défi est maintenant, à la fin du XXème siècle, de réaliser pour la paix ce que l’IDS, dans l’esprit de LaRouche, entendait faire à partir du militaire : organiser une reprise de l’économie mondiale. C’est pourquoi, Nouvelle Solidarité , contre les marchés financiers, défend un projet de Pont terrestre eurasiatique et de co-développement Nord-Sud et Est-Ouest.