Helga Zepp-LaRouche : notre image de l’Homme, clef de voûte de l’ordre mondial post-Covid19

vendredi 4 décembre 2020, par Helga Zepp-LaRouche

Voici la traduction d’une tribune de Helga Zepp-LaRouche, parue le 28 novembre 2020 dans Neue Solidarität, l’hebdomadaire de notre parti frère en Allemagne, le Büso.

Même si les grands médias font tout ce qu’ils peuvent pour « vendre » à l’opinion publique mondiale Joe Biden et les faucons qui composeront son futur cabinet, dépeignant le président Trump comme un horrible monstre populiste qui s’accroche à la théorie conspirationniste d’une fraude électorale, ils pourraient bien avoir une désagréable surprise.

Les témoignages sous serment recueillis auprès de témoins oculaires, documentant différents aspects de fraude électorale commise dans les États « charnières », finissent par constituer un faisceau concordant de preuves. Les membres des deux chambres du parlement de Pennsylvanie viennent d’ailleurs d’annoncer leur intention d’exercer leur droit constitutionnel en désignant eux-mêmes les grands électeurs de l’Etat.

Il reste de nombreuses voies permettant d’établir, dans les délais légaux, la preuve d’une fraude électorale opérée par les machines à voter de Dominion et Smartmatic, d’une ampleur suffisante pour inverser le résultat du scrutin.

Si cela se produit, le scandale sera immense et bouleversera profondément la plupart des hypothèses sur les réalités politiques contemporaines du monde transatlantique.

Il est probable qu’au cours des deux prochaines semaines, jusqu’à ce que le Collège électoral désigne formellement (le 15 décembre) le « Président élu », de nombreux aspects de la fraude électorale éclateront au grand jour, malgré l’omerta qui règne sur la question.

Non sans lien, mais touchant aux causes profondes de cette crise qui ébranle la civilisation, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, dans son discours à la réunion annuelle du Club Valdaï, a déclaré que nous vivons une époque de chocs et de crises internationales manifestes. A l’origine de cette crise, il a évoqué le paradoxe selon lequel, d’une part, l’humanité a atteint un haut niveau de développement technologique et socio-économique, mais qu’en même temps, elle se trouve confrontée à une érosion de ses valeurs morales et de ses repères, par exemple, le sentiment que l’existence n’a plus de sens, ou que l’humanité a perdu de vue sa mission sur cette planète. Cette crise ne peut être surmontée par de simples négociations diplomatiques, ni même par une grande conférence internationale, mais elle nécessite une redéfinition complète des priorités et des objectifs. Cela doit commencer par chaque individu, chaque collectivité, chaque État, et c’est alors seulement qu’une structure globale pourra émerger. La pandémie de COVID pourrait être le point de départ d’une telle transformation.

La réponse à la pandémie touche, en effet, au cœur du problème. Le relatif succès de l’Asie et l’échec de l’Occident dans sa tentative de maîtriser la COVID-19 sont si évidents que même des journaux (allemands) à grand tirage comme le Neue Züricher Zeitung ou Die Zeit parlent de l’arrogance et de l’entêtement de l’Europe, l’empêchant de tirer les leçons de la méthode utilisée par plusieurs États asiatiques pour éradiquer la pandémie, au lieu de chercher simplement à l’endiguer grâce à des demi-mesures. Le résultat est un taux extrêmement faible de nouvelles infections et de décès en Chine, à Taïwan, au Vietnam et en Corée du Sud, tandis que la pandémie menace d’atteindre des taux de croissance exponentiels dans plusieurs États européens et aux États-Unis, provoquant un tragique débordement des capacités de soin. Quelle est la différence entre ces deux approches ?

Dès le début, le président Xi Jinping a clairement indiqué que la priorité absolue du gouvernement chinois était de sauver chaque vie et qu’il était donc particulièrement important de protéger les personnes âgées, qui sont les plus vulnérables. Après la mise en œuvre de mesures rigoureuses dès le départ – tests massifs, traçage des cas contacts, isolement strict et mise en quarantaine dans les provinces de Wuhan et Hubei – la pandémie a été maîtrisée. Dès qu’un nouveau foyer apparaissait, comme à Beijing ou Qingdao, les personnes contaminantes étaient aussitôt identifiées et isolées, grâce aux tests et au traçage, permettant ainsi de casser la chaîne de transmission du virus.

Chez les Asiatiques en général, qui ont déjà l’expérience de la lutte contre d’autres épidémies de coronavirus, notamment le SRAS et le MERS, il n’y a pas eu de rejet irrationnel, comme en Occident, envers la nécessité de porter un masque, ni de méfiance envers le traçage par téléphone mobile. Entretemps, la croissance du PIB en Chine au quatrième trimestre est remontée à 4,9 % et les gens ont retrouvé une vie sociale normale.

De la même façon, la Russie a sanctuarisé la vie humaine en tant que valeur clef de la culture et de la tradition spirituelle russes. Dans son discours de Valdaï, Poutine a souligné qu’en souvenir des dramatiques pertes humaines subies par la Russie au XXe siècle, il fallait absolument se battre pour chaque individu et pour l’avenir de chaque famille russe. Il a également souligné qu’il était dans l’essence même de la tradition russe de considérer la protection de la vie humaine comme la plus haute priorité.

C’est précisément le cœur du problème chez nous : la prétendue contradiction entre sauver des vies humaines et « la vie économique » a mené depuis longtemps à une érosion de ces valeurs qui, du moins par le passé, s’affirmaient avec force, souvent issues d’un christianisme défendant le caractère sacro-saint de la vie humaine.

Bien avant la Covid-19, la valeur de la vie humaine a été attaquée de toute part pour céder le pas au profit financier immédiat, notamment à travers la privatisation croissante des services de santé. C’est sans doute la principale raison pour laquelle l’Europe et les États-Unis se sont retrouvés si désarmés devant l’arrivée de la pandémie. Le manque de masques, d’équipements de protection, de lits d’hôpitaux, l’insuffisance des capacités de soins intensifs au début de la pandémie et la pénurie dramatique de personnel infirmier qui se poursuit à ce jour, sont l’expression de cette mutation néfaste. Il devient de plus en plus évident que le fameux modèle suédois tant vanté par certains, reposant sur la notion d’« immunité collective », a coûté la vie à un grand nombre de personnes âgées dans les Ehpad et les maisons de retraites. Au lieu d’un traitement jugé onéreux, on s’est contenté de leur donner des soins palliatifs et on les a laissées mourir.

Il n’est pas moins scandaleux qu’en Suisse, l’un des pays les plus riches du monde, après les pénuries prévisibles de soins médicaux, on parle ouvertement de triage. En Italie, même les scènes d’horreur de Bergame, au printemps dernier, où l’on voyait les cercueils s’entasser dans les rues avant d’être enlevés par l’armée, n’ont manifestement pas suffi pour préparer convenablement l’arrivée d’une deuxième vague, parfaitement prévisible, si bien que les médecins de Milan se plaignent aujourd’hui de devoir prendre des décisions qu’ils jugent indéfendables, tant d’un point de vue clinique qu’éthique.

En Allemagne, le 26 février, dans un arrêt qui marquera les annales, la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe a décrété que la loi de 2015, interdisant l’exercice commercial de l’euthanasie, violait la Loi fondamentale : étant donné que la Constitution garantit le droit de choisir sa mort, chacun doit donc pouvoir faire appel à des tiers pour l’assister dans ce but.

C’est dans cet esprit que la chaîne de télévision allemande ARD a diffusé le 23 novembre le film « Gott » (Dieu), sous forme d’émission télévisée interactive. Inspirée d’une pièce de théâtre de Ferdinand von Schirach, c’est l’histoire d’un homme de 78 ans, en bonne santé, qui ne veut plus continuer à vivre après le décès de son épouse et réclame le droit à un suicide médicalement assisté. Mise en scène comme un spectacle, cette tentative de dissiper les inquiétudes historiques de voir ressurgir la politique nazie d’extermination systématique des « bouches inutiles » , relève d’un cynisme sans précédent et s’apparente à une campagne de propagande, dans le contexte de la pandémie et des graves risques encourus par les personnes âgées et les malades. Hélas, cette propagande s’est avérée efficace puisqu’à la fin de l’émission, plus de 70 % des téléspectateurs se sont prononcés en faveur du droit au suicide assisté !

Rappelons que lors du procès de Nuremberg, le Dr Leo Alexander, conseiller médical de l’accusation, avait mis en garde contre la pensée utilitariste sous-jacente à l’euthanasie, qui s’était d’abord exprimée par des changements presque imperceptibles dans l’attitude des médecins allemands face au coût de traitement de leurs patients, rapidement catégorisés ensuite comme « des vies ne méritant pas d’être vécues ». S’engager à nouveau sur cette pente glissante, dans ce contexte de crise économique et financière sans précédent, ne peut être décrit, en Allemagne, que comme une « amnésie historique ».

Nous sommes aujourd’hui confrontés à de profonds bouleversements dans la situation stratégique, à un moment où le véritable enjeu est la guerre ou la paix, et où, surtout, les développements dramatiques aux États-Unis ne peuvent être compris que si l’on y voit l’expression d’une lutte existentielle entre le vieux paradigme du monde unipolaire, en voie de disparition, et un nouveau paradigme, engagé à bâtir un ordre mondial capable d’assurer la survie à long terme de l’humanité. Redéfinir les priorités et objectifs de la société sur laquelle doit être fondé ce nouvel ordre, telle qu’évoquée par Poutine, doit commencer par le rétablissement d’une image de l’Homme sanctuarisant l’inviolabilité de la vie humaine.

Si l’on voulait y voir une « compétition systémique » entre, d’un côté, les valeurs de la Chine et de la Russie, et de l’autre, celles de l’Occident, alors nous ferions bien de nous souvenir de notre tradition chrétienne, humaniste, si nous ne voulons pas en être les malheureux perdants.

Tout ceci sera discuté lors de la grande visioconférence internationale de l’Institut Schiller du samedi 12 et du dimanche 13 décembre 2020. Par ICI pour s’inscrire !