Six Prix Nobel américains dénoncent la chasse aux sorcières contre la Chine

lundi 8 mars 2021, par Christine Bierre

Chen Gang, professeur d’ingénierie du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a été arrêté par le FBI.
Plusieurs éminents scientifiques américains, dont six Prix Nobel de chimie, de physique et de médecine, viennent de publier deux puissantes condamnations des poursuites pénales engagées par le FBI contre des centaines de scientifiques chinois aux États-Unis

.

Ces attaques, qui visent y compris des descendants de Chinois devenus citoyens américains, ainsi que des Américains collaborant avec des institutions chinoises pour l’avancement des connaissances humaines, ont été lancées par le directeur du FBI, Christopher Wray, parallèlement aux diatribes obsessives de Mike Pompeo, l’ex-secrétaire d’État du président Trump.

Ces atteintes avaient déjà été dénoncées à plusieurs reprises par l’hebdomadaire américain fondé par Lyndon LaRouche l’Executive Intelligence Review (EIR).

Pour défendre les victimes de cette infamie, des professeurs de grandes universités américaines (Harvard et le Massachusetts Institute for Technology - MIT) ont ainsi publié deux lettres où ils précisent clairement que les accusations sont fausses, qu’elles sont dictées par des motifs politiques et vont bien au-delà de la persécution de ces scientifiques et enseignants : elles constituent en fait des attaques directes contre la science elle-même et portent atteinte au rôle de l’Amérique dans la recherche scientifique internationale.

Les cibles du FBI sont le professeur Charles Lieber, président du département de chimie de Harvard et leader mondial de la recherche en nanotechnologies, et le professeur Gang Chen, président du département d’ingénierie mécanique du MIT, également leader en nanotechnologies.

Lieber, décrit par les 42 signataires de la lettre du 1er mars comme « l’un des grands scientifiques de sa génération », a été arrêté en janvier 2020 pour des infractions concernant sa participation au programme chinois « Mille talents », qui vise à recruter des scientifiques du monde entier pour travailler en Chine ou en coopération avec des centres chinois de recherche scientifique.

Aucun secret n’a été violé. Il ne s’agit que d’infractions techniques, d’habitude simplement corrigées, mais désormais criminalisées par le biais d’une « campagne gouvernementale tragiquement malavisée », qui « reflète une incompréhension fondamentale de la science moderne », comme l’écrivent les défenseurs de Lieber.

Cette campagne, ajoutent-ils, « menace non seulement la position des États-Unis en tant que leader mondial de la recherche universitaire, mais aussi la science elle-même ». Bien que Lieber soit le scientifique « le plus connu » visé par le FBI, « ces poursuites sont endémiques », disent-ils.

Plus de 170 membres de la faculté du MIT ont signé une lettre similaire pour défendre le professeur Gang Chen, arrêté le 14 janvier 2021.

Il fait l’objet de fausses accusations analogues qui pourraient le faire condamner à 30 ans de prison et à une très lourde amende. « Nous sommes troublés par le fait que les plaintes contre le professeur Chen portent sur ce qu’on pourrait considérer comme des activités académiques et de recherche normales, y compris la promotion de la mission mondiale du MIT », peut-on lire dans la lettre.

Du fait que la compétitivité des Etats-Unis dépend si fortement des talents scientifiques et technologiques étrangers, poursuivent ses signataires, leur sécurité nationale sera mise à mal par ce message qu’envoie le gouvernement américain, annonçant qu’il compte désormais remettre en question la loyauté des scientifiques étrangers.

Le 5 janvier 2021, plus de 100 personnes et institutions représentant les Américains d’origine asiatique ont écrit au nouveau président Joe Biden pour l’exhorter à prendre des mesures afin de combattre ce qu’ils décrivent comme « un préjugé racial omniprésent et le ciblage des scientifiques, chercheurs et étudiants américains d’origine asiatique et immigrés d’Asie », déclarant que le FBI fait activement pression sur les universités et instituts de recherche pour qu’ils participent à ce profilage racial, ethnique et de nationalité.