Le Waterloo infligé à l’extrémisme écolo par le peuple suisse

jeudi 24 juin 2021, par Karel Vereycken

Panique à bord, et surtout, n’en parlons pas trop. Le dimanche 13 juin 2021, lors de cinq votations, les citoyennes et citoyens suisse ont donné une véritable claque à l’extrémisme vert et le fameux Great Reset promu par le Forum Economique Mondial de Davos.

Comme l’écrit le commentateur Hans Jorg Renk sur son blog :

Un observateur français aurait parié que les deux votations les plus contestées auraient été celles sur la loi Covid-19 et sur les mesures policières contre le terrorisme. Or tel n’a pas été le cas, car au centre du débat pendant toute la campagne de votation se trouvaient les trois objets ‘écologiques’ : les deux initiatives contre les pesticides et la loi sur le CO 2. Elles ont été refusées par le peuple qui a par contre approuvé les lois COVID-19 et celle sur les mesures policières par de confortables majorités.

La seule exception a été Bâle-Ville, à contre-courant par rapport au reste de la Suisse dans trois des cinq objets. Il était le seul canton à accepter les deux initiatives sur l’eau potable et contre les pesticides, avec plus de 70% des voix, et le seul à s’opposer à la loi sur les mesures policières, avec 55% de non. Cependant, sur les deux autres lois (Covid et CO2) Bâle a voté comme de reste du pays.

Pour commencer, voici les résultats définitifs des votations :

  1. Initiative pour une eau potable et une alimentation saine
    NON : 60,7%,
    OUI : 39,3%
  2. Initiative pour une Suisse libre de pesticides
    NON : 60,6%,
    OUI : 39,4%
  3. Loi COVID-19
    OUI : 60,2%,
    NON : 39,8%
  4. Loi sur le CO 2
    NON : 51,6%,
    OUI : 48,4%
  5. Loi sur les mesures policières contre le terrorisme
    OUI : 56,6%,
    NON : 43,4%

Analyse des résultats (d’après Hans Jorg Renk),

Première chose à souligner : une participation de 60 %.

  1. Initiative pour une eau potable propre et une alimentation saine : rejetée par 63 % de non. Cette initiative a été lancée par une femme toute seule qui a su réunir autour d’elle assez de sympathisants pour la soumettre au vote. Elle aurait voulu que les payements directs de la Confédération suisse soient versés aux agriculteurs seulement à la condition de renoncer aux pesticides et aux antibiotiques et de nourrir leurs animaux exclusivement avec le fourrage produit par les exploitations même. Elle a été fortement combattue par le monde agricole, y compris une partie des agriculteurs « bio » ainsi que par les partis UDC (conservateur), PLR (libéral), PDC (chrétien- démocrate) et soutenue par les socialistes et les Verts ;
  2. Initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse : rejetée par 62 % de non. Cette initiative provenait des mêmes milieux que la précédente dont elle était en quelque sorte la « sœur jumelle » et le prolongement car elle demandait une interdiction totale des pesticides jusque dans les jardins privés et une interdiction de l’importation des denrées alimentaires produits avec des pesticides. Elle a été par conséquent combattue et respectivement soutenue par les mêmes milieux agricoles et partis politiques que la première initiative ;
  3. Loi COVID-19 : acceptée par 60% de oui. Cette loi que le parlement avait approuvée en septembre 2020 pour rendre légitimes les mesures prises par le gouvernement pour combattre la pandémie était déjà en vigueur au moment du vote populaire du 13 juin, ce qui est exceptionnel, car le parlement avait renoncé au « délai référendaire » de trois mois pour ne pas retarder ces mesures. Le référendum a été lancé dès après la phase aiguë de la pandémie par des milieux proches du parti conservateur UDC, le plus important du pays. Il n’a été soutenu par aucun parti politique car l’UDC même n’a pas donné de consigne de vote, ce qui explique la majorité confortable en faveur de la loi. Elle donne au Conseil fédéral (gouvernement) des compétences supplémentaires pour lutter contre la pandémie et pour atténuer les conséquences sur la société et l’économie, par exemple par des allocations de chômage partiel et pour perte de gain, par exemple pour les restaurants et le monde culturel.
  4. Loi sur le CO 2 : rejetée par 51 % de non. Cette loi aurait été une version révisée de celle déjà existante dans le domaine du climat, pour être en conformité avec les objectifs de l’accord de Paris de 2015, avec le but de réduire à moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990. Les comportements respectueux du climat auraient été récompensés, tandis que les personnes qui auraient généré de grandes quantités de CO2 auraient dû débourser plus, par exemple 30 francs suisses (CHF) pour des voyages en avion en Europe et 120 CHF pour les voyages intercontinentaux. Plus de la moitié des recettes de cette « taxe CO 2 » aurait été reversée à la population par une réduction des primes pour la caisse maladie. Seule l’UDC était opposée à cette loi et a pourtant gagné cette votation, même à une faible majorité ;
  5. Loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT) : acceptée par 57% de oui. Cette loi est une nouveauté pour la Suisse, car elle introduit pour la première fois la possibilité de mesures préventives contre des personnes soupçonnées de vouloir préparer un crime à caractère terroriste. Ces mesures comprennent entre autres l’obligation pour ces personnes de participer à des entretiens avec les autorités policières, la possibilité d’éloigner une personne des cercles terroristes, une interdiction de contact, l’interdiction de se rendre dans une zone de conflit, la limitation des déplacements et, comme mesure extrême, l’assignation à résidence, même pour des jeunes à partir de de l’âge de 15 ans. Les personnes n’ayant pas la nationalité suisse peuvent être expulsées. Les partis bourgeois ont soutenu cette loi, les socialistes et les Verts étaient contre.

Les Suisses, et surtout les jeunes, ont clairement exprimé leur rejet de l’écologie punitive.

Le Réseau Carnot-Cournot, un groupe de réflexion suisse, a contribué d’une façon décisive à la défaite de l’extrémisme vert en démasquant leurs objectifs non-avoués :

Alors que le Monde est en proie à une pandémie qui, en soi, n’est pas sans précédent mais dont le déroulement et les effets sont totalement inédits, des voix s’élèvent afin que « l’après » ne soit pas comme « l’avant ».

C’est ainsi que, propagé comme Green Deal ou Great Reset par des institutions étatiques et politiques, mais aussi adapté et promu de manière peu critique par des milieux économiques et financiers influents, il faudrait que le Monde entier saisisse l’occasion de ce malheur pour redéfinir ses priorités, en particulier répondre de manière rapide et décisive à une prétendue urgence climatique. Des mesures de protection du climat devraient être renforcées quels qu’en soient les coûts additionnels pour les gens, l’occultation d’autres problèmes dans le Monde et l’énorme consommation supplémentaire de ressources naturelles pourtant limitées qu’elles impliquent, alors que leurs fondements scientifiques et l’efficacité des politiques climatiques sont encore fortement contestables.

Chez les catastrophistes verts, c’est carrément la panique. « Plusieurs années seront nécessaires pour remettre sur pied un dispositif comparable », se lamente Géraldine Pflieger, directrice de l’Institut des sciences de l’environnement de l’université de Genève, au journal Le Temps. « la Suisse s’est engagée, dans le cadre de l’accord de Paris, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2030. Les prochaines années seront décisives, on ne peut pas se permettre de perdre du temps », explique Pflieger.

Deux ans après la forte poussée des écologistes en Suisse, quand, en octobre 2019, les Verts avaient obtenu 13 % des voix (+6 points) et les Vert’libéraux 7,9 % (+3,3 points), le résultat de ce référendum crée la surprise. « Qui l’aurait imaginé il y a quelques mois ?? note la Neue Zürcher Zeitung. Au Parlement, une vaste alliance allant des Verts au parti radical-démocratique (PRD) soutenait ce projet de loi. »

Niant le rejet par le peuple de leurs propositions folles, les écolo-bobos tenteront de repasser les mêmes plats, mais de façon moins punitive. Après l’échec enregistré dimanche, « la gauche se mobilise en évoquant la piste d’une initiative populaire », rapporte Le Temps. « Celle-ci ne ferait pas passer à la caisse les personnes qui n’adopteraient pas un comportement écologique, comme l’envisageait la loi refusée, mais plutôt le secteur financier. »

Si ce cette votation se limite pour l’instant à la Confédération helvétique, son impact sera considérable en Allemagne où, suite à des scandales, les Verts subissent déjà une forte baisse dans les sondages.