Quand les rois britanniques du cyberespionnage accusent la Chine d’avoir piraté Microsoft

vendredi 23 juillet 2021

Chronique stratégique du 23 juillet 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 19 juillet, Londres a accusé le gouvernement chinois d’avoir parrainé les « cyberintrusions » survenues en mars dernier contre les réseaux informatiques de centaines d’organisations et d’entreprises du monde entier, via les serveurs de Microsoft Exchange. Une (énième) accusation contre la Chine qui a d’évidentes motivations géopolitiques, au moment où le président Biden évoque sa volonté de rencontrer Xi Jinping, de la même manière qu’il a rencontré Vladimir Poutine en juin.

Des accusations opportunes

« Le Royaume-Uni a révélé que des acteurs soutenus par l’État chinois étaient responsables de l’accès à des réseaux informatiques dans le monde entier via des serveurs Microsoft Exchange », a annoncé hier le National Cyber Security Centre (NCSC) du Royaume-Uni dans un communiqué de presse. Cette prétendue cyberintrusion serait « la plus importante et la plus étendue contre le Royaume-Uni et ses alliés découverte à ce jour », assure le NCSC, et aurait visé à « permettre un espionnage à grande échelle » par l’État chinois. Paroles d’experts !

La cyberattaque, qui s’est déroulée en mars dernier, était jusque là attribuée à un groupe de hackers chinois connu sous le nom de « Hafnium », sans toutefois que Beijing ne soit directement accusé. C’est désormais chose faite.

Le moment ne pouvait pas être plus opportun. En effet, depuis plusieurs semaines, le président Biden exprime son souhait de rencontrer le président Xi Jinping, de la même manière qu’il a rencontré le président Poutine le 19 juin à Genève ; de plus, la semaine dernière, un porte-parole du département d’État a cité l’Afghanistan comme l’un des rares domaines où les États-Unis et la Chine pourraient être amenés à coopérer. Quand on connaît la hantise des impérialistes britanniques à l’idée de voir les Etats-Unis ne serait-ce que parler avec la Russie et la Chine, on comprend mieux.

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Le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, et le secrétaire d’État, Tony Blinken, ont publié lundi des déclarations parallèles, Blinken pontifiant que la Chine « a un comportement irresponsable, perturbateur et déstabilisateur dans le cyberespace, qui constitue une menace majeure pour notre sécurité économique et nationale » ; Raab a quant à lui promis que le gouvernement chinois « peut s’attendre à devoir rendre des comptes s’il ne le fait pas ».

L’Otan et l’Union européenne se sont joints à la condamnation des Anglo-américains. Le Conseil de l’Union européenne a dénoncé « des actes de cyber-malveillance qui ont gravement affecté notre économie, notre sécurité, notre démocratie et notre société dans son ensemble », et a demandé aux autorités chinoises de « ne pas autoriser l’utilisation de leur territoire pour des actes de cyber-malveillance et de prendre toutes les mesures appropriées et raisonnablement possibles et réalisables pour détecter ces actes, enquêter à leur sujet et y remédier ».

La Chine a vigoureusement répondu aux accusations. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a dénoncé une « diffamation à motivation politique » ne s’appuyant sur aucune preuve. En outre, il a souligné l’hypocrisie des Etats-Unis et de leurs alliés, qui s’adonnent allègrement au cyberespionnage, et les a exhorté à y mettre un terme.

Le GCHQ, « chef de bande » de la surveillance de masse

L’ironie est que ces accusations ont coïncidé avec le déballage du scandale « Pegasus », où le logiciel éponyme, vendu par la société israélienne NSO, a été utilisé par plusieurs gouvernement pour pirater les téléphones portables de 50 000 personnalités, dont probablement Emmanuel Macron, Edouard Philippe et plusieurs ministres et députés français.

Il faut souligner par ailleurs que le NCSC est une agence du Government Communications Headquarters, connu sous le nom de GCHQ (les « grandes oreilles » de Sa Majesté). Le GCHQ est notoire (entre autres) pour son rôle central dans l’opération dite du « Russiagate » contre le président Donald Trump, qui a coulé les efforts de ce dernier pour rétablir des relations de dialogue avec le président russe Vladimir Poutine. Il est également notoire dans son implication aux côtés de la NSA dans les opérations de surveillance électronique, le programme de surveillance de masse le plus vaste de l’histoire humaine dénoncé par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Ajoutons que, dans « l’amicale » du renseignement qui s’est constituée entre la NSA, le GCHQ et les services d’une dizaine de pays européens, dont la DGSE (les services secrets extérieurs français), « le GCHQ agit en chef de bande », comme l’écrivait Le Monde dans un article du 27 janvier 2020.

Enfin, comme l’a dénoncé Jacques Cheminade devant le Palais du Senat le 22 juillet, puis dans la vidéo ci-dessous, Microsoft va bientôt pouvoir bénéficier, grâce à la docilité du gouvernent Macron, de l’accès à l’ensemble des données de santé publique française, via le Health Data Hub. Après l’intrusion du ministère de l’Education nationale et du ministère de la Défense par Microsoft, puis de la DGSI (notre renseignement intérieur) par Palantir, une société sous contrôle de la CIA, ce nouveau scandale, qui sera facilité par le Passe sanitaire, appelle à un sursaut citoyen. Réveillons-nous !

RDV demain entre 10h et 13h au métro Bastille pour un stand S&P contre le Passe sanitaire et la main mise de Microsoft sur nos données de santé, avant les manifestations de l’après-midi. Pour plus d’info, appelez-nous au 01 76 69 14 50.
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