A la colère qui revient

mercredi 7 septembre 2022, par Jacques Cheminade

A la mi-octobre 2009, nous avions distribué dans toute la France un million de tracts « A la colère qui vient », pour une rupture avec « la règle du jeu qui règne depuis que la droite a trahi l’esprit du gaullisme et la gauche l’héritage de Jaurès ». Après cet automne-là, le tremblement de terre des Gilets jaunes a éclaté, précédé de belles mobilisations politiques. Puis le mouvement a reculé, sous la violence d’une répression physique inouïe et d’aumônes sociales de dames patronnesses. Cependant sa réalité reste l’étincelle de justice et de mieux vivre dans notre pays.

Nous répétons ici, « on ne lâche rien ». Nous sommes convaincus que la colère revient. Elle pourra, si nous la maîtrisons sans tomber dans le piège d’une violence aveugle, devenir porteuse d’espérance. Pourquoi et à quelles conditions, c’est la question qui nous interpelle tous pour agir victorieusement.

L’oligarchie financière a le dos au mur. Son système, enrichir les riches par un ruissellement vers le haut et tenir les autres par un assistanat cynique et une confusion des repères, est arrivé au bout. Son culte cupide de la fausse monnaie détruit son propre ordre social. C’est pourquoi les principaux banquiers et financiers du monde ont décidé, fin août à Jackson Hole, d’augmenter les taux d’intérêt, comme Paul Volcker entre 1979 et 1982, pour attirer les avoirs vers le dollar, au taux d’intérêt plus élevé, et pratiquer une « désintégration contrôlée » de l’économie.

Cette politique suppose une répression brutale de son propre peuple et des nations extérieures au système : guerre sociale et guerre tout court. D’où son extension vis-à-vis de la Russie et l’utilisation de l’Ukraine comme chair à canon. Moscou et Pékin doivent être humiliées jusqu’au seuil d’un affrontement généralisé. L’austérité sociale, partout imposée sous le nom hypocrite de « sobriété », est l’élément intrinsèque de cette politique.

L’autre élément déterminant est la réaction russe – prévisible – à des sanctions faisant partie de l’arsenal de l’oligarchie : la fermeture de NorthStream1 pour une durée indéterminée.

Faire sauter le verrou financier.

Et nous voilà, Européens occidentaux, réduits à un hiver de pénurie et d’autodestruction. Sortir de ce dilemme où nous nous sommes laissés enfermer est une ardente obligation pour rétablir une société vivable et juste. C’est notre proposition d’un Nouveau Bretton Woods : émettre du crédit là où il doit aller, pour l’équipement de l’homme, de la nature, la production industrielle et l’agriculture. La production de biens tangibles et utiles, elle, est par essence anti-inflationniste. C’est l’économie physique et humaine, inlassablement défendue par Lyndon LaRouche dans son combat de toute une vie contre l’oligarchie financière aux Etats-Unis et dans le monde. C’est le verrou financier à faire sauter pour créer des crèches, mieux traiter les enseignants et personnels soignants dans les hôpitaux et en augmenter le nombre, respecter les anciens et recréer un travail qui donne sens à la vie, avec des applications technologiques nouvelles, non pour enfumer mais pour rendre de plus en plus créateur.

Politiquement, l’alliance entre l’hypocrite « catholique culturelle » Giorgia Meloni en Italie et les Polonais du PiS qui surarment leur pays, est l’expression de l’évolution vers une OTAN financiarisée plus va-t-en-guerre que verte.

Reste à déterminer les conditions de notre combat pour vaincre. Trois choses. N’adopter de mesures justifiées d’aide à la consommation que dans le cadre d’une politique de crédit et d’équipement publics soutenant l’agriculture et l’industrie, prendre conscience qu’une collection d’intérêts particuliers ne peut constituer une politique pour la France, et établir un rapport constant entre politique locale, nationale et internationale, sans quoi on se condamne à l’impuissance.

Dans ce contexte, notre Nouveau Bretton Woods est la réponse, comme principe de changement de société et de manière de penser, pour parvenir à un développement mutuel entre nations et au sein de chacune d’entre elles.