A propos de l’eurasisme impérial d’Alexandre Douguine et de sa fille Daria

mercredi 14 septembre 2022

Daria Douguine avec son père Alexandre.

Le 20 août, la jeune politologue et journaliste Daria Douguina (29 ans) a trouvé la mort après qu’une bombe a fait exploser la voiture de son père qu’elle conduisait en rentrant d’un rassemblement culturel dans la banlieue de Moscou. Ce n’est qu’à la dernière minute que son père Alexandre Douguine, l’autre cible de l’attentat, avait décidé de rentrer à Moscou avec un ami plutôt qu’avec sa fille.

Plus tôt dans la journée, Daria, critique virulente du système occidental, avait donné ce qui devait être sa dernière interview télévisée, dans laquelle elle s’était réjouie de voir « la fin du totalitarisme libéral, du fascisme libéral et du totalitarisme occidental », estimant que l’opération militaire spéciale russe en Ukraine lui apparaissait comme « le dernier clou du cercueil de son hégémonie mondiale. »

Bien qu’en désaccord avec la victime et son père, nous condamnons ici de toutes nos forces cet attentat odieux perpétré sur le territoire même de la Fédération de Russie. Les enquêtes mettront sans doute en lumière, au-delà des complicités ukrainiennes, la participation hautement probable d’agences de renseignement occidentaux dans cet attentat et sa mise en œuvre professionnelle. Ceci bien sûr, dans un contexte, où Alexandre Douguine, depuis 2014, figurait sur les « listes de sanctions » à la fois des États-Unis, du Canada et de l’UE.

« Listes noires »

Dans l’immédiat, cet attentat met en lumière le rôle criminel que jouent depuis 2014 plusieurs sites et listes noires qui, en publiant les noms et les coordonnées personnels d’individus supposés être des ennemis de la patrie ukrainienne, se retrouvent livrés à la vindicte populaire et à des agressions physiques de milices fanatisées, pouvant aller jusqu’à leur mise à mort.

Les noms et les photos d’Alexandre Douguine et sa fille Daria figuraient justement sur le site Myrotvorets, une plateforme internet parrainée par le régime ukrainien et ses bailleurs de fonds occidentaux aux États-Unis, au Royaume-Uni et à l’OTAN qui contient les données personnelles d’au moins 20000 personnes, dont 327 enfants et mineurs (sic), tous qualifiés de « traîtres », de « terroristes de l’information » dont la disparition précoce est devenue souhaitable.

Parmi les noms sur la liste de Myrotvorets : l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger, le co-fondateur du groupe rock Pink Floyd Roger Waters, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, Jean-Luc Mélenchon, l’inspecteur en armements de l’ONU Scott Ritter, Marine Le Pen, le député allemand Andrej Hunko (Die Linke), Eric Zemmour, Ségolène Royal, mais également la présidente de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche ainsi que son porte-parole Harley Schlanger.

Or, depuis sa mort, la photo de Daria Douguina, comme d’autres, a été estampillée par la mention « liquidée » !

Dans un rapport publié en septembre 2018, la plateforme pan-ukrainienne des droits de l’Homme Uspishna Varta précise que Myrotvorets a été créé en 2014 par Anton Guerashenko, un conseiller du ministre de l’Intérieur de l’époque, Arsen Avakan, figure bien en vue à Washington. A ce jour, celui qui gère le site serait un certain George Tuka, d’après Wikipédia un fanatique de l’euromaïdan affirmant avoir participé aux manifestations du Printemps arabe en Égypte, où il aurait vécu pendant deux ans et demi.

Selon le média ukrainien Vesti, interrogé après les assassinats de l’ancien député Oleg Kalashnikov et du journaliste d’opposition Oles Buzina, deux personnalités qui figuraient sur le site Myrotvorets, Tuka a froidement déclaré que le site « contient des données sur plus de 25 000 personnes. Plus de 300 d’entre elles ont été soit arrêtées, soit tuées. Alors pourquoi devrais-je me préoccuper de deux voyous coupables d’actes de guerre ? ».

Alexandre Douguine

Le père de Daria, Alexandre Douguine, a été dépeint à tort par les médias occidentaux comme le « philosophe de cour », voire le « Raspoutine » de Vladimir Poutine, lui-même faussement dépeint comme obsédé par l’ambition d’un empire russe qu’il souhaiterait reconstruire sur les ruines de l’URSS, dont on prétend qu’il regrette la disparition.

Douguine (60 ans) est un intellectuel autodidacte qui a évolué dans sa jeunesse dans des cercles ésotériques et appris dix langues pour pouvoir lire dans le texte des auteurs tels que le français René Guénon, les idéologues préfascistes allemands Martin Heidegger et Ernst Jünger et surtout le proto-fasciste Julius Evola, dont il a traduit et diffusé clandestinement le livre Impérialisme païen (1928). Evola a eu une grande influence sur Douguine, lui transmettant une vision du monde centrée sur la « tradition » et sur les « racines hyperboréennes » de l’Eurasie, en référence au mythe d’une hypothétique civilisation ancienne (à peau blanche) évoquée ici ou là dans la littérature classique grecque et qui vivait à l’extrême nord du monde.

S’appuyant sur ses lectures de Guénon et d’Evola, forte tête, Douguine rejette « la prétention à l’universalité du modèle occidental » et la « modernisation exogène » comme « des prétextes à la traite des esclaves, au colonialisme et au racisme » et les oppose à la sacro-sainte tradition.

Dans le même temps, influencé par les idées slavophiles des vieux croyants de l’Église orthodoxe russe, Douguine finit par embrasser Moscou comme la « troisième Rome », devenant, après Rome et Byzance, le centre spirituel du monde.

Contestant, parfois même avec des arguments convaincants, le système soviétique et le néolibéralisme, Douguine devient actif en politique dans les années 1980. Il fonde, avec le poète cynique Edouard Limonov, le Parti national-bolchévique, dont le but est de promouvoir une alliance « rouge-brune » unissant les communistes aux nationalistes contre le système capitaliste. Après avoir obtenu à peine 0,85 % des suffrages exprimés à Saint-Pétersbourg, Douguine rompt avec le parti et lance le parti et mouvement international « Eurasie », dont il prend la direction.

Manifestation du parti Eurasie.

Empire eurasien contre Eurasie des Etats de De Gaulle

Bien qu’on confonde souvent les deux, cela n’a rien à voir avec la fameuse Europe des États-nations de l’Atlantique à l’Oural, défendue par le président français Charles De Gaulle, mais tout avec les rêves géopolitiques d’Empire. Pour De Gaulle, rappelons-le, un patriote est « celui qui aime son pays », un nationaliste, « celui qui déteste celui des autres ».

De 2008 à 2014, Douguine est professeur à l’Université d’État Lomonossov de Moscou en tant que directeur du Centre d’études conservatrices de la Faculté de sociologie, poste qu’il perdra en 2014 suite à ses déclarations incendiaires sur le conflit en Ukraine. Dans l’une de ses publications, commentant les actions de la Russie dans le Donbass, qui n’allaient pas assez loin à son goût, il aurait déclaré : « Notre comportement est dégoûtant. Si vous avez commencé à tuer, alors tuez ; si vous ne voulez pas tuer, alors partez. Pourquoi faut-il que l’on gâche tout ? »

Pris dans ses visions intellectuelles, Douguine déclare de sang-froid : « Les Ukrainiens doivent être tués, tués et tués, comme je vous le dis en tant que professeur. »

Après son exclusion de l’Université, il devient rédacteur en chef de la chaîne de télévision Tsargrad de 2016 à 2017 et membre du club chauvin Izborsk.

Douguine a écrit plusieurs livres sur l’eurasisme :

  • En 1988, Les mystères de l’Eurasie publié par Eon, sa propre maison d’édition qu’il crée à cette occasion ;
  • En 1990, après avoir rencontré le principal intellectuel de la « Nouvelle Droite » en France, Alain de Benoist, il fonde sa propre revue Elementy, calquée sur celle d’Alain de Benoist, Eléments. Il rencontre également l’italien Claudio Mutti et le « national-bolchevik » belge Jean Thiriart. L’idée d’une alliance rouge-brune, « fédérant identitaires, tiers-mondistes et ex-soviétiques », devient alors leur perspective commune en Europe ;
  • En 1992, Douguine invite plusieurs de ses admirateurs européens à un séminaire en Russie, dont des membres du parti extrémiste hongrois Jobbik et du mouvement néo-nazi grec Aube dorée. En France, l’éditeur et militant nationaliste-révolutionnaire Christian Bouchet, qui est l’un de ses amis personnels, fait traduire et éditer plusieurs de ses textes. Pour étendre son influence en Europe, Douguine développe ses liens avec des partis politiques aussi bien d’extrême gauche que d’extrême droite, notamment Syriza en Grèce, Ataka en Bulgarie, le Parti de la liberté en Autriche et le Front national en France. Il travaille également avec le journaliste israélien Avigdor Eskin, ancien membre du bureau de son parti Eurasia et fondateur de la Nouvelle Droite israélienne ;
  • En 1997, dans son livre Les bases de la géopolitique, Douguine exprime sa haine des États-Unis, considérés comme la source de tout mal et de toute décadence : « En principe, l’Eurasie et notre espace, le cœur de la Russie, restent la zone d’étape d’une nouvelle révolution anti-bourgeoise et anti-américaine ». Afin d’affaiblir les États-Unis, il recommande « d’introduire le désordre géopolitique dans les activités intérieures des États-Unis, en encourageant toute forme de conflit ethnique et racial, en soutenant les mouvements dissidents, extrémistes, racistes et sectaires afin de déstabiliser le pays. » ;
  • En 2014, Douguine publie La mission eurasienne, une introduction au néo-eurasianisme, où il identifie deux grandes tendances en Russie : l’atlantisme, pro-américain et pro-européen occidental, et l’eurasianisme, courant que la Russie devrait choisir car, selon lui, elle n’est pas vraiment un pays européen mais plutôt un pays eurasien, et sa mission historique dans cette île-monde est de « tracer une nouvelle voie » ;
  • En 2015, dans La dernière guerre de l’île-monde : La géopolitique de la Russie contemporaine, il s’inspire clairement de l’idéologue géopolitique britannique Halford McKinder et de son école. Cet ouvrage est promu avec la légende suivante : « Alexandre Douguine retrace le développement géopolitique de la Russie depuis ses origines dans la Rus de Kiev et l’Empire russe, en passant par le sommet de son influence mondiale pendant l’ère soviétique, et enfin jusqu’à la présidence actuelle de Vladimir Poutine. Douguine considère la Russie comme le premier pôle géopolitique des civilisations terrestres du monde, destiné à être toujours en conflit avec les civilisations maritimes. À une époque, le pôle des civilisations maritimes était l’Empire britannique ; aujourd’hui, il est représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN. La Russie ne peut remplir sa mission géopolitique qu’en restant en opposition avec les puissances maritimes. Aujourd’hui, selon Douguine, ce conflit n’a pas seulement une portée géopolitique, mais aussi idéologique : la Russie est le principal représentant et défenseur des valeurs traditionnelles et de l’idéalisme, tandis que l’Occident défend les valeurs du libéralisme et de la société de marché. Alors que la Russie a commencé à perdre de vue sa mission au cours des années 1990 et menaçait de succomber à la domination des puissances occidentales, Douguine estime que Poutine a commencé à corriger le tir et à remettre la Russie à sa juste place. »
Entre géopoliticiens impérialistes on se comprend et on se respecte : Zbigniew Bzrezinski et Alexandre Douguine.

Selon plusieurs sources, Douguine a rencontré Steve Bannon à Rome en 2018 pour discuter des relations géopolitiques de la Russie avec les États-Unis et la Chine, ainsi que de la philosophie traditionaliste. Dans ses propres écrits, ce faux patriote américain exprime son respect pour Douguine, un penseur qui s’appuie sur la théorie de « l’île-monde » de MacKinder pour expliquer la stratégie chinoise des Nouvelles Routes de la soie (Une Ceinture, Une Route).

La plupart des œuvres de Douguine ont été publiées en anglais par Arktos Media, une société dirigée par l’homme d’affaires suédois Daniel Friberg basé en Hongrie. En 2017, cet adepte de la Nouvelle Droite française fonde la société AltRight avec le suprémaciste blanc américain Richard Spencer. Sans surprise, en 2016, Douguine salue l’élection de Donald Trump, estimant que sa victoire représente une première fissure dans le programme néolibéral.

Au centre de ces tractations se trouve l’oligarque russe ultra-conservateur et orthodoxe Konstantin Malofeïev, qui officie dans diverses banques et groupes d’investissement russes. Malofeev est le président du conseil d’administration de Tsargrad (en français Cité impériale), une plateforme médiatique utilisée à la fois par Alex Jones et Alexandre Douguine.

Malofeev a engagé un ancien employé de Fox News pour lancer Tsargrad-TV (qui invite régulièrement Alexandre Douguine) et envisage de construire, avec l’aide de « l’eurosceptique » français Philippe de Villiers, des parcs à thème liés à l’histoire russe, l’un à Moscou et l’autre à Yalta.

Le rôle de Daria Douguina

La volumineuse production politique, philosophique et journalistique de Douguina, de loin plus télégénique que son père, a beaucoup en commun avec les idées de son père. Comme elle l’a dit un jour :

Je porte avec fierté cette bannière : être la fille et la continuation de l’existence de mon père. Je ferai tout pour donner un exemple digne de la gloire du nom de mon père.

Daria avait séjourné un an en France où elle étudia la philosophie grecque classique à l’université. Après avoir passé sa maîtrise, dédiée à Platon, elle signait ses articles « Daria Platonova ».

Rappelons que plusieurs intellectuels malfaisants, tels que Carl Schmitt ou Alexander Kojève, qui abordaient Platon avec un esprit aristotélicien, se revendiquaient, sans vraiment savoir de quoi ils parlaient, comme « platoniciens » ou « néo-platoniciens » (une espèce virulemment dénoncée par tous les vrais humanistes, à commencer par Erasme et Leibniz).

Marion Maréchal avec Daria Douguine à Paris en 2013.

En France, Daria s’était liée d’amitié avec la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, la favorite de Bannon, et devint une admiratrice de Marine Le Pen elle-même. En 2017 et 2022, Douguina prédit avec enthousiasme la victoire de Le Pen aux élections présidentielles.

En revanche, Macron était son ennemi juré :

Macron soutient le régime nazi criminel [de Kiev]. Aller à Kiev, c’est soutenir ce régime. (…) Les collaborateurs du président français ont déjà rencontré les clans néo-nazis en Ukraine. La situation paradoxale est maintenant apparue que Macron et Zelensky représentent le régime libéral-nazi.

Daria a également joué dans un groupe de musique, se produisant dans les clubs hipster de Moscou. Le nom de ce groupe était Dasein May Refuse (Dasein étant un terme heideggérien signifiant un être déterminé). A vingt ans, Daria commence à travailler plus étroitement avec son père et quitte la scène musicale pour se consacrer pleinement à la propagande politique.

Donnant dans le complotisme de bas étage, pour elle l’agenda écologiste, la bataille pour les droits des transgenres, la « conversion de l’individu à l’homosexualité », le véganisme et le freeganisme (Wikipédia : « Idéologie de participation limitée à l’économie conventionnelle et de consommation minimale des ressources ») ne sont que des instruments par lesquels l’Occident cherche à « écraser la société et à réduire sa population. »

Alors que l’oligarchie mondiale cherche effectivement à réduire la population mondiale et à imposer une culture dégradante, Daria, amplifiant la peur des anti-VAX (comme toute une frange du monde ultra-conservateur européen et américain), se focalise à outrance sur des icônes comme Bill Gates, accusé de vouloir dépeupler l’Afrique à travers ses campagnes de vaccination.

En Russie, dit-elle, on assiste à « la tentative de réaliser une nouvelle théorie politique : l’unification des meilleurs éléments de l’économie de gauche avec des éléments politiques de droite, tels que le conservatisme et la tradition. » Selon elle, la Russie représente l’avant-garde pour « s’élever contre le libéralisme totalitaire qui a pris racine partout dans le monde. »

Conclusion

Avec la guerre en Ukraine, contaminés par la peste géopolitique britannique, les Douguine père et fille plaident ouvertement pour l’établissement d’un Empire russe mondial, rassemblant tous les peuples russophones sous la domination d’un seul pays, en espérant que Poutine ferait de leurs rêves une réalité – ce que le Président russe a toujours écarté.

Pour Daria, le Donbass, rebaptisé « Novorossiya », est une source d’inspiration spirituelle : « C’est un espace de signification philosophique. C’est maintenant un espace de formation d’empire pour la Russie, et grâce à cet horizon frontalier, nous existons en tant que Russie, en tant que Russie non conquise. »

Le 24 février, lorsque la Russie lance son opération militaire en Ukraine, Daria est ravie. Elle écrit sur son compte Telegram  :

La nuit dernière, je rêvais que je marchais dans une rue déserte de Moscou et je voyais un drapeau russe flotter au loin. Quelque chose m’a murmuré : ’Les Russes arrivent’. L’intuition d’une femme est puissante. Il y a une raison pour laquelle j’ai remarqué ce silence et ce drapeau. Dans mon esprit, j’ai entendu le slogan : ‘Empire, sois !’. Quand je me suis réveillée, l’Empire était né.

En 2014, pensant que le moment était venu, Alexandre Douguine appelle à l’annexion de toute l’Ukraine par la Russie, ce qui allait bien au-delà de ce que Poutine envisageait.

Au fil du temps, Douguine devient de plus en plus impatient. Pour lui, Poutine a rempli son rôle historique et se trouve désormais incapable d’accomplir les tâches qui lui incombent.

Ainsi, le 23 août, quelques heures avant l’assassinat de sa fille, de plus en plus frustré par les « hésitations » du Kremlin, il appelle à une transformation « substantielle » de la Russie. Le pays tout entier doit être mobilisé pour se battre « jusqu’au bout » en Ukraine, insiste-t-il, dans une guerre qu’il considère comme une lutte civilisationnelle contre l’Occident. Selon lui, le Kremlin doit se réveiller face à l’ampleur des défis auxquels il est confronté. « Laissez l’ancien régime enterrer ses morts », écrit Douguine sur les médias sociaux. Et de prophétiser :

Un nouveau temps russe arrive !

En octobre 2021, il rédige une analyse courte mais très révélatrice sur la paix de Westphalie, conclue en 1648, et la création de l’État-nation souverain. Soulignant sa préférence quasi mystique pour l’impérialisme sur le nationalisme et le patriotisme, il conclut :

« Comparé au mondialisme contemporain, l’État-nation est encore loin, mais déjà à ses origines, il est quelque chose de douteux et d’anti-traditionnel, comme quelque chose de bourgeois. Tout aussi douteux et contenant des contradictions insolubles est le nationalisme, qui doit être dépassé ».

De son point de vue, l’avenir ne sera

pas une nation, mais un Empire. Pas le monde bourgeois westphalien, mais l’ordre sacré de la grande étendue.