Un général US : "Après la Russie, nous préparons le terrain contre la Chine"

lundi 23 janvier 2023

Chronique stratégique du 23 janvier 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Jour après jour, la vérité sur la nature du conflit en Ukraine transperce l’épaisse couche de propagande otanesque. Dans une interview au Financial Times, le général Marines américain James Bierman a admis non seulement que cette guerre a été préparée en amont par les États-Unis et l’Otan, bien avant le lancement de l’opération militaire russe en février 2022, mais surtout qu’elle est en train d’être préparée de la même façon contre la Chine.

Les récentes déclarations au Financial Times du général James Bierman, commandeur de la IIIe Marine Expeditionary Force ainsi que des Marines américains au Japon, ont le mérite d’être claires :

Pourquoi avons-nous atteint le niveau de succès que nous avons obtenu en Ukraine ? Cela s’explique en grande partie par le fait qu’après l’agression russe en 2014 et 2015 [annexion de la Crimée], nous nous sommes sérieusement préparés à un futur conflit : formation pour les Ukrainiens, prépositionnement d’équipement, identification des sites à partir desquels nous pourrions opérer, opérations de soutien. Nous appelons cela préparer le terrain. Et nous préparons le terrain au Japon, aux Philippines, dans d’autres endroits.

Ces aveux viennent donc s’ajouter à ceux de Merkel et Hollande sur leur trahison des accords de Minsk ; désormais, plus personne ne peut défendre le mensonge selon lequel le méchant Poutine aurait décidé d’envahir ce pays du jour au lendemain.

Le Financial Times lui-même souligne une « comparaison inhabituellement franche entre la guerre en Ukraine et un possible conflit avec la Chine », tout en reconnaissant que, par rapport au possible « terrain Taïwan », le stockage d’armes et d’autres sortes d’approvisionnement se développe en cinq lieux nouveaux en plus des cinq autres dont les USA disposaient déjà, et que des mesures semblables sont entreprises tout autour de la Chine.

Les déclarations du général Bierman surviennent quelques jours après la visite à Washington, le 13 janvier dernier, du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, à un moment où son pays opère, comme l’Allemagne, un virage à 180 degrés par rapport à sa posture pacifiste héritée de la fin de la Deuxième Guerre mondiale (lire notre chronique du 16 janvier : Joe Biden : réarmer le Japon pour une guerre contre la Chine).

On gagne un point de levier, une base d’opérations apportant un énorme avantage pour les scénarios les plus divers, a affirmé le général. Alors que nous occupons les positions d’attaques contre l’adversaire chinois, à qui appartient le pistolet du départ et qui a la capacité de lancer les hostilités, (…) nous pouvons identifier un terrain clé décisif qui doit être tenu, sécurisé, défendu, exploité.

Il s’agit donc de créer une situation dans laquelle il sera facile d’attirer la Chine dans un piège, à travers un encerclement progressif et inéluctable, de la même manière que les États-Unis ont procédé afin d’entraîner la Russie dans un conflit contre ouvert contre l’Ukraine, comme l’a admis James Bierman. Le comble de l’hypocrisie étant que l’on s’arrange pour pousser la Russie et la Chine à se servir du « pistolet de départ », pour reprendre l’expression du général, de façon à de les faire passer pour l’agresseur, tout en utilisant sans aucun scrupule les populations sur place – ukrainiennes ou taïwanaises – comme de la chair à canon.

Et le scénario déployé à Taïwan ressemble effectivement à la répétition de celui de l’Ukraine, si l’on se place dans la perspective des évènements depuis le coup d’État de Maïdan en 2014. A la différence près des proportions matérielles entre la République Populaire de Chine et Taïwan : 1,4 milliard de personnes vivent sur le continent tandis que 2 millions vivent sur l’île – autrement dit, l’armée chinoise compte autant de soldats que Taïwan a d’habitants.

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