Chronique stratégique du 21 février 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)
Munich : Éteindre les feux de la troisième guerre mondiale
Samedi, quelques 10 000 personnes ont participé à une marche et un rassemblement sur la Königsplatz de Munich. Le moment de cette manifestation avait été fixé au deuxième jour de la Conférence sur la sécurité de Munich, qui s’est tenue du 17 au 19 février et qui a été utilisée par les dirigeants occidentaux de l’OTAN mondiale comme plateforme pour faire avancer l’envoi d’armement supplémentaire pour l’Ukraine et pour demander que la Russie soit jugée pour crimes contre l’humanité.
Le thème du rassemblement était « Le mouvement pour la paix est de retour ! », en référence au mouvement qui avait mobilisé des millions de personnes en Allemagne de l’Ouest dans les années 1980 contre la Guerre froide et les déploiements de missiles nucléaires en Europe. Le rassemblement a été organisé par Munich Stand Up. De nombreux groupes ont collaboré à l’événement, politiques, associatifs, etc.
De leur coté, des membres de l’Institut Schiller ont diffusé l’invitation à la conférence internationale en ligne qui aura lieu ce vendredi 23 février de l’Institut Schiller, intitulée, en référence aux révélations explosives du journaliste d’enquête américain Seymour Hersch, « Enquêtons sur les révélations de Nord Stream, arrêtons la troisième guerre mondiale ! »
Après la marche dans la ville, plusieurs discours forts ont été prononcés lors du rassemblement. Deux anciens membres du Bundestag ont pris la parole, ainsi que Karl Krökel, un couvreur à la tête du mouvement des « Artisans de la paix ».
Krökel a fait une présentation émouvante, notant que personne en 1989 ne pensait, lors de la réunification allemande, que l’Allemagne et l’Europe, qui aspiraient alors à la paix, seraient aujourd’hui confrontées à une situation dans laquelle les feux sont allumés pour la troisième guerre mondiale. A l’époque, au moment de l’éclatement de l’Union soviétique, Krökel avait participé à une des tables rondes économiques, dans la région de Dessau, pour collaborer à l’élaboration de plans de développement économiques. Il a décrit comment les habitants de Dessau avaient rassemblé des munitions et des armes, du métal et de la ferraille, les avaient fait fondre afin de couler la cloche de la paix de Dessau, pour rappeler à tous combien la guerre est terrible.
Malheureusement, comme l’a affirmé Krökel, l’OTAN s’est développée et a mis en péril la sécurité de l’Europe. La société, les communautés et l’ensemble de l’économie sont au comble du désespoir. Neuf entreprises sur dix à forte consommation d’énergie sont en difficulté. À Schwedt, où se trouve une grande raffinerie, qui s’approvisionnait en pétrole auprès du pipeline Druzhba (pipeline de l’amitié, en provenance de Russie), la crise a éclaté. « L’Allemagne est ruinée et l’humanité entière est confrontée à la menace d’une troisième guerre mondiale », a déclaré Krökel.
Il est temps de mettre fin aux sanctions, a-t-il conclu, ajoutant que c’est pour mettre fin à tout cela qu’il a été l’un des premiers à signer la lettre de soutien à l’initiative du pape de proposer le Vatican comme lieu de négociations de paix sur l’Ukraine.
Washington : Rage Against The War Machine
La manifestation de dimanche à Washington D.C., bien qu’elle ait rassemblé relativement peu de personnes (entre 1000 et 2000), s’est caractérisé par ce qu’Helga Zepp-LaRouche, la présidente-fondatrice de l’Institut Schiller, appelle la coincidentia oppositorum — la « coïncidence des opposés », c’est-à-dire quand les apparentes différences se résolvent sur un plan supérieur : son caractère national, transgénérationnel et politiquement diversifié était unique. Personne n’avait participé à un tel événement auparavant.
Ceux qui y ont participé, dont nos amis du mouvement de LaRouche, ont rapporté qu’il y avait dans l’air une excitation particulière, un « quelque chose de meilleur » que le rassemblement laissait présager.
Un grand rassemblement baptisé ’Rage Against The War Machine’ a été annoncé pour Washington, D.C. dimanche, avec des milliers de personnes qui marcheront vers la Maison Blanche pour demander la paix en Ukraine et la fin du financement militaire américain pour Kiev, annonçait RT dans un article publié le jour-même. La marche, organisée par le Parti libertarien et le Parti du peuple (People’s Party, promet d’être le plus grand rassemblement anti-guerre des États-Unis depuis les manifestations contre la guerre en Irak en 2003. Des orateurs de tous les horizons politiques seront présents, notamment l’ancien sénateur américain Ron Paul, l’ancienne candidate à la présidence Tulsi Gabbard et l’humoriste et commentateur politique Jimmy Dore.
Sur leur site web, les organisateurs ont exposé les exigences qu’ils ont l’intention de présenter au « belliciste en chef Joe Biden ». Ces points comprennent « plus un seul centime pour la guerre en Ukraine », la dissolution de l’OTAN, la réduction du budget du Pentagone, la suppression de la CIA et la libération de Julian Assange.
L’écrivaine Tara Reade, qui est apparue dans l’émission de Tucker Carlson sur Fox News, a insisté sur le fait que les États-Unis et l’Otan étaient responsables du conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui, selon elle, a commencé en 2014 lors du coup d’État de Maïdan parrainé par l’Occident. « Les intervenants se réunissent tous pour demander la dissolution de l’Otan, parce que ce n’est pas une force de maintien de la paix, c’est une force agressive qui a poussé contre les frontières de la Russie, et maintenant nous nous rapprochons du bord de la troisième guerre mondiale », a-t-elle déclaré.
Diane Sare, ancienne candidate indépendante au Sénat et militante de longue date de l’Organisation de LaRouche, a également pu faire un discours (voir la vidéo ci-dessous).
Fonds vautour et faucon
Preuve que cette manifestation irrite profondément le pouvoir en place, le Centre de lutte contre la désinformation (CCD) du gouvernement ukrainien a publié le 16 février sur sa chaîne Telegram une attaque contre le rassemblement « Rage Against the War Machine » sous le titre « Réunion anti-guerre organisée aux États-Unis avec un appel à cesser de soutenir l’Ukraine ».
Parmi les médias déchaîné contre cette grande manifestation, l’on retrouve également le Washington Free Beacon, un journal en ligne financé par le fameux milliardaire Paul Singer, PDG du fonds d’investissement NML Capital, le plus important « fonds vautour »qui a frayé la chronique pour avoir mené des attaques spéculatives virulentes contre l’Argentine, le Congo et bien d’autres pays victime du « piège de la dette ». Singer est un des mécènes de l’aile va-t-en-guerre du Parti Républicain américain. [1]
Le rédacteur-en-chef du Washington Free Beacon n’est autre que Michael Goldfarb, un scribouilleur ayant travaillé pour le fameux Project for a New American Century, la pépinière où l’on trouvait les fameux « faucons » américains tels que Robert Kagan, le mari de Victoria Nuland.
Ces événements pour la paix, limités pour l’instant, ne sont qu’un premier tour de chauffe ; ils doivent se répéter et s’amplifier dans les prochaines semaines. Les 24 et 25 prochains, une nouvelle mobilisation mondiale pour la paix aura lieu.
En France, le Mouvement de la paix tiendra des rassemblements dans plusieurs dizaines de villes. Faisons tout pour que cette mobilisation puisse faire la jonction entre le combat pour la justice sociale (et donc contre la réforme des retraites) et celui pour la paix et donc contre « l’économie de guerre » que nous annonce Macron.
