Refonder Bretton Woods : pourquoi et comment ?

mardi 4 mars 2008, par Benoit Chalifoux

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Depuis plusieurs années, Solidarité et Progrès et ses alliés à travers le monde font campagne pour un renouvellement des accords de Bretton Woods. Mais qu’était ce système de Bretton Woods, et en quoi de nouveaux accords différeraient-ils des premiers ? C’est à ces questions que nous entendons répondre ici.

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Il convient tout d’abord de préciser que le système financier et monétaire international établi lors de la conférence de Bretton Woods (du 1er au 22 juillet 1944) comportait d’importantes imperfections, car il fut le résultat d’un compromis entre les Etats-Unis de Franklin Roosevelt d’une part, et les puissances coloniales européennes, en particulier le Royaume-Uni, d’autre part. La plupart des pays d’Afrique et d’Asie étaient encore des colonies et les pays non capitalistes ne participèrent pas aux accords. Une nouvelle conférence monétaire et financière internationale permettrait donc aujourd’hui d’aboutir à des accords mieux adaptés aux besoins de tous les pays, et de réparer les injustices passées.

Cette nouvelle conférence doit se dérouler dans un climat de coopération mutuelle entre les peuples, afin de répondre à des défis qui n’existaient pas au milieu du XXè siècle. Ainsi, le danger que représentent les armes de destruction de masse, le besoin d’ouvrir de nouveaux horizons dans les domaines de l’énergie, de la production alimentaire et de l’eau, la nécessité de planifier l’activité humaine à l’échelle de la biosphère, exigent aujourd’hui que les relations entre les peuples soient basées sur l’intérêt de l’ensemble de l’humanité, et non sur une concurrence « libre et non faussée » entre les peuples, comme l’exigent la Commission européenne et l’Organisation mondiale du commerce.

Depuis la conférence de Bandung en 1955 en Indonésie, plusieurs pays membres du Groupe des pays non-alignés avaient dénoncé les injustices du système Bretton Woods. Au cours des années 70, leurs dirigeants ont fait campagne pour un « nouvel ordre économique mondial » plus juste et plus harmonieux. Mais les peuples et dirigeants occidentaux ont fait la sourde oreille, préférant se focaliser sur la Guerre froide et leur obsession néo-malthusienne. Aujourd’hui, à l’heure où l’injustice sociale s’étale partout et où les frustrations sont source de conflits dangereux, l’avertissement des dirigeants de ces pays aux occidentaux prend une nouvelle dimension.

Le principal reproche fait par les « non-alignés » au système de Bretton Woods concernait le Fonds monétaire international. Comme l’a expliqué Frederic Wills [1] à cet auteur il y a plusieurs années, le Fonds monétaire international a été établi sur une fausse égalité de départ. Sous prétexte que tous les pays devaient se soumettre aux mêmes règles comptables, notamment en matière de balance des paiements extérieurs, les pays nouvellement décolonisés se voyaient privés, après avoir été pillés pendant plus d’un siècle, des capitaux nécessaires au décollage de leurs économies. Après la guerre, en Europe, le Plan Marshall avait constitué en quelque sorte une exception à ces règles. A partir des années cinquante cependant, une interprétation de plus en plus orthodoxe de ces règles devint le principal obstacle à l’investissement et au développement des pays du tiers monde.

Les choses empirèrent considérablement avec l’abandon du lien dollar-or par l’administration Nixon le 15 août 1971. Le monde devait rentrer progressivement, à partir de cette date, dans le régime des changes flottants, ce qui eut pour effet de renforcer le rôle du FMI comme gendarme de la stabilité des monnaies. Ses « conditionnalités » et « réformes structurelles » devinrent le remède de cheval standard pour tous les pays en voie de développement.

Au nom de l’« orthodoxie » monétaire, les pays en situation de déséquilibre étaient sommés de dévaluer leur monnaie pour accroître leurs exportations et de ce fait leurs réserves en devises fortes ; d’instaurer des cures d’austérité draconienne et réduire les subsides sur l’alimentation et l’énergie afin de rétablir l’équilibre budgétaire ; d’éliminer toute forme d’activité économique non susceptible d’apporter des revenus à l’exportation ; de privatiser les entreprises stratégiques et les services publics, etc., etc. Le Kenya, la République démocratique du Congo et plusieurs autres ont dû, au cours des années 80, sacrifier la presque totalité de leurs écoles et hôpitaux publiques, privatiser leurs banques en les vendant à des intérêts étrangers, sans songer bien entendu à effectuer des investissements dans les transports, la recherche au tout autre domaine susceptible de préparer l’avenir. Plus récemment, lors de la crise « asiatique » de 1997-1998, le FMI a exigé de l’Indonésie qu’elle augmente ses taux d’intérêt jusqu’à 80 %, de manière à « enrayer » la fuite des capitaux et la chute de la roupie indonésienne. Des mesures d’austérité impitoyables avaient été exigées contre la population. Plusieurs pays se sont pliés à ces exigences mais l’un d’entre eux, la Malaisie de Mahatir, avait refusé, ce qui lui a permis de sortir indemne de la crise. La renaissance plus récente de l’Argentine, sous Nestor Kirchner, est aussi extrêmement révélatrice à cet égard.

L’autre problème fut la Banque mondiale. Elle aussi née des accords de Bretton Woods, la Banque mondiale pour la reconstruction et le développement - c’est son nom officiel - tomba en panne dès que la partie « reconstruction » des pays ravagés par la guerre fut menée à bien. Pour ce qui concerne le volet « développement » de sa mission, l’idéologie néo-malthusienne virulente des années 70 (souvenez-vous, par exemple, du rapport Halte à la croissance ! du Club de Rome de 1973) amena la Banque mondiale à cesser de financer les grands projets infrastructurels pour se concentrer sur des projets locaux, à très petite échelle. Seuls quelques projets plus importants furent construits au bénéfice des cartels internationaux de l’industrie du bâtiment comme Bechtel, sans qu’ils fussent toutefois intégrés à une logique de développement d’ensemble, au niveau national, régional, et encore moins continental.

Plus généralement, le développement des pays du Tiers-monde n’était plus considéré comme prioritaire, ni même souhaitable, car il risquait, selon les malthusiens, d’accroître fortement la population des pays du sud au détriment de ceux du nord.

La question des banques centrales

L’autre grand problème du système de Bretton Woods concerne le statut des banques centrales.

Comme le démontre bien la situation au Moyen-âge, l’existence des banques en tant qu’institutions structurées a précédé l’émergence de l’Etat-nation moderne. Des ordres de chevalerie comme celui des Templiers agissaient dès le XIIIè siècle comme banquiers auprès des seigneurs locaux et des souverains. Des familles bancaires florentines, vénitiennes et lombardes entretinrent par la suite des succursales à travers toute l’Europe, assurant les échanges entre devises différentes en négociant des lettres de change et de crédit, gérant des comptes courants et encaissant même des chèques pour le compte de clients puissants et fortunés. La multiplication des foires commerciales et des échanges a certes conduit à l’émergence de quelques villes et élites urbaines prospères, comme Florence, Bruges ou Troyes, mais l’absence de planification ne permit pas de généraliser ni de pérenniser la prospérité, et les véritables créateurs de richesse, c’est-à-dire les artisans, ne purent en bénéficier équitablement. Cette période fut avant tout l’âge d’or des marchands, comme en témoigne la puissance de villes comme Gènes ou Venise, dont les populations assujetties arrivaient à peine à survivre.

La première grande banque à vocation « nationale » fut la Banque d’Angleterre, fondée en 1694 par un groupe d’actionnaires privés, désireux de répondre à une demande d’emprunt du Roi Guillaume et de la Reine Marie. Devenue plus tard « banque des banques », la Banque d’Angleterre, modèle pour les autres banques centrales qui allaient naître ailleurs dans le monde, se trouvait au centre d’un vaste réseau de commerçants et de financiers défendant leurs intérêts privés avant celui des nations et des peuples.

Ce système ne fut remis en question qu’à deux occasions dans l’histoire de l’Occident : lors de la fondation de la première Banque nationale des Etats-Unis (1792-1812), par le secrétaire au Trésor Alexander Hamilton, puis de la deuxième Banque nationale, établie à Philadelphie entre 1832-1852. Elles cessèrent toutes deux de fonctionner à l’expiration de leur charte de vingt ans, sans que les intérêts nationaux au Congrès n’arrivent à pérenniser leur existence, en raison de la farouche opposition des grandes familles bancaires privées. Rappelons que la Réserve fédérale des Etats-Unis ne fut fondée qu’en 1914, en tant que système de banques régionales appartenant à des actionnaires privés (qui ne bénéficient pas, il est vrai, de dividendes, mais qui exercent un contrôle sans faille sur l’ensemble du système), en grande majorité des grandes banques commerciales américaines ou autres institutions financières. C’est encore le cas aujourd’hui.

Ainsi, et quoique le système de Bretton Woods fût d’abord négocié entre Etats, son fonctionnement au quotidien fut ensuite assuré par les banques centrales privées, agissant sournoisement dans le sens contraire des intérêts nationaux. C’est ce qui est arrivé au cours de la période 1945-1971, jusqu’à ce que les accords volent en éclats. Le souhait des intérêts privés de mettre fin au régime des taux changes fixes fut réalisé grâce à la complicité des banques centrales, dont la duplicité intrinsèque (mission d’ordre national/intérêts d’ordre privé) ne peut plus être tolérée aujourd’hui.

Sortons donc du Moyen-âge et permettons à chaque nation de mettre en place sa propre Banque nationale, seule institution habilitée à mettre en circulation la monnaie, sur ordre de l’autorité législative, sous forme de crédit à long terme et à bas taux d’intérêt. Cette banque pourra également encadrer l’activité des banques privées afin qu’elles puissent jouer un rôle positif dans le développement de l’économie réelle. Lorsque la finance est laissée à elle-même, elle revient à ses vieux démons moyenâgeux et à ses réflexes féodaux, contraires au mœurs économiques d’un Etat-nation moderne et surtout, hostiles à la survie de notre espèce même.

L’état du monde aujourd’hui

Le système financier international est devenu une vaste bulle spéculative à plusieurs couches : la plus ancienne, qui remonte aux années 60 et 70, est celle des euro-dollars, qui ont servi à endetter les pays du tiers-monde dans des conditions douteuses [2] ; viennent ensuite les pétrodollars soutirés des poches des usagers du monde entier lors des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, et recyclés dans la spéculation financière et immobilière ; puis les obligations des années 80, qui permirent d’initier la vague de fusions-acquisitions ; puis les produits dérivés des années 90, utilisés dans la spéculation sur les devises (crise mexicaine de décembre 1994, crise asiatique de 1997-1998, crise des GKO russes de l’été 1998 et explosion de LTCM en octobre 1998) ; et enfin la multitude de titres adossés à des contrats hypothécaires enchaînant les plus démunis aux Etats-Unis, en Angleterre, en Espagne et de nombreux autres pays occidentaux.

Ainsi la boucle est bel et bien bouclée. Après avoir pillé les pays du Tiers-monde, ces institutions financières se retournent contre les populations occidentales, comme Saturne mangeant ses propres enfants dans la célèbre peinture de Goya.

Nous voilà aujoud’hui dans une économie entièrement cartellisée par vingt ans de fusions-acquisitions, contrôlée par un cercle restreint d’actionnaires, exigeant des taux de rendement de plus en plus élevés, et imposant des salaires de plus en plus faibles aux employés, qui produisent dans des conditions de plus en plus hasardeuses.

La concentration sans précédent de ressources financières aux mains de ces nouveaux Pirates des Caraïbes que sont les hedge funds (8000 de ces 10 000 fonds d’arbitrage sont basés dans les Iles Caïman) leur permet d’effectuer des raids sur les entreprises et d’imposer des conditions de travail victoriennes, sans que nos gouvernements n’y trouvent à redire.

Face à l’effondrement bancaire mondial en cours, les spéculateurs avisés se retirent en douce, conscient que le banquet tire à sa fin, pour se rabattre sur les marchés des matières premières, notamment les produits agricoles, les métaux et l’énergie.

« C’est la faute aux Chinois ! », crie la presse occidentale. Faux. Le peuple chinois se trouve dans une situation de plus en plus précaire, comme l’ont reconnu récemment les autorités chinoises lors du dernier Congrès du Parti communiste. La mondialisation a été subie et non voulue par la Chine. Seul élément positif, c’est que les autorités chinoises ont su tirer leur épingle du jeu, en jetant les bases infrastructurelles et scientifiques d’un développement à venir, à condition toutefois que la population ne sombre pas entre-temps dans le désespoir.

La Chine est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle se trouve condamnée à produire pour un consommateur américain désargenté, afin d’obtenir des dollars dont la valeur s’effondre à toute vitesse et financer l’acquisition de technologies nouvelles, jusqu’à ce que le pays puisse voler de ses propres ailes. Pendant ce temps, une partie importante de la population est livrée au pillage de grands groupes supranationaux, et ne dispose pas d’un pouvoir d’achat suffisant pour initier une véritable dynamique de consommation intérieure.

La Chine possède plus de 1500 milliards de dollars de bons du trésor américains. En raison de l’effondrement du dollar, cette « épargne » de la nation chinoise, durement gagnée au cours des deux dernières décennies, fond comme neige au soleil. D’autres nations asiatiques se trouvent dans une situation similaire.

On comprend mieux pourquoi la presse officielle chinoise a repris, le 25 novembre 2007, l’appel de l’économiste américain Lydnon LaRouche pour mettre en place un groupe de travail composé de la Chine, de l’Inde, de la Russie et des Etats-Unis pour initier les négociations en vue d’instituer un « nouveau système financier mondial ».

Les contours du Nouveau Bretton Woods

Pour mettre en place un nouveau système financier mondial, les nations devront conclure des accords sur la parité et le contrôle des changes, la régulation des flux de capitaux, la réorganisation des dettes, la mise en valeur, l’exploitation et la commercialisation des matières premières, les grands projets d’infrastructure et le financement de la recherche scientifique.

Lyndon LaRouche a proposé de développer ces accords autour d’une vision s’étendant sur cinquante ans. Le défi est extrêmement complexe, et suppose la résolution simultanée de plusieurs problèmes urgents : la faillite des banques, l’effondrement du dollar, la réorganisation des dettes nationales (américaine et autres), la stabilisation des cours des matières premières, la crise de l’immobilier, la relance de l’industrie, la prévention et le traitement de catastrophes naturelles comme celle ayant récement frappé le Bangladesh, etc.

Ce système devra également permettre de résoudre des problèmes ignorés jusqu’à maintenant, tels l’effondrement de l’Afrique, le traitement des pandémies, la pénurie d’eau en Asie du Sud-Ouest et au Sahel, et faire face aux défis de demain, comme le dessalement de l’eau à grande échelle et le remplacement des hydrocarbures dans les transports.

Une solution pourrait consister en la mise en place d’un fonds mondial (ou une série de traités concomitants) pour le développement des matières premières, dont les actionnaires seraient les Etats eux-mêmes, dans un esprit de coopération entre pays producteurs et pays consommateurs. Cette idée a été proposée par Lyndon LaRouche, quoique de manière implicite, dans un document intitulé L’option globale en cette période d’urgence : au-delà des traités de Westphalie, et disponible sur internet. [3]

Le premier objectif de tels traités serait d’éliminer l’action néfaste des intermédiaires, afin que les pays producteurs de matières premières soient justement rétribués pour l’exploitation de leurs ressources naturelles, et que les pays consommateurs ne soient plus pris comme otage par des spéculateurs sans scrupules.

Le deuxième objectif serait de réorganiser les dettes nationales actuelles, en les transformant en « actions d’une activité économique future ». Ainsi, une partie des actions de ce nouveau fonds pourront être acquises par les pays intéressés en échange d’une partie de leur dette actuelle.

Le modèle est celui élaboré par Alexandre Hamilton, premier Secrétaire au Trésor, lors de la mise en place de la première Banque nationale des Etats-Unis en 1792. Hamilton souhaitait créer une Banque nationale dotée d’un capital de départ de dix millions de dollars. Mais comme le pays était lourdement endetté et ses citoyens sans argent, il divisa le capital total en 25 000 actions de 400 dollars chacune. Chaque action allait être formée d’un quart en or et en argent, et trois quarts en dette publique, en l’occurrence les bons du trésor détenus par les citoyens. Un cinquième du capital total fut acheté par l’Etat, qui allait devenir le plus grand actionnaire de la nouvelle banque, et fut payé par l’émission de deux millions de dollars de nouveaux bons. C’est ainsi qu’une partie importante de la dette nationale fut transformée en capital de la nouvelle institution, qui allait jouer un rôle fondamental dans le développement de la jeune république américaine.

Le troisième objectif est d’utiliser les profits issus de la revente des matières premières non pas seulement pour payer les anciennes dettes, mais aussi pour financer la recherche pour le développement des ressources de demain, comme la fusion nucléaire, l’hydrogène, les centrales nucléaires de quatrième génération pour le chauffage urbain et le dessalement de l’eau. Ils serviront également à financer l’équipement énergétique et l’infrastructure de traitement de l’eau dans les pays en voie de développement.

Pour que tout cela marche, il faut que les taux de change et le prix des matières premières soient relativement stables, et cela exige une politique de coopération entre les nations. D’où la nécessité d’établir des accords à long terme (de trente à cinquante ans), faisant tous partie intégrante de ce nouveau Bretton Woods.

Les objectifs sont donc multiples, mais relèvent d’une même vision : l’intérêt de l’autre en vue du progrès général de l’humanité. Comme le disait récemment l’ancien premier ministre français Michel Rocard dans un article publié le 27 novembre 2007 dans le quotidien suisse Le Temps, « A l’évidence nous allons tout droit vers des chocs très graves, et cela concerne l’ensemble du monde développé. Une conférence financière mondiale -Bretton Woods II - est urgente. » « Bien au-delà du changement climatique et du terrorisme, ce problème est aujourd’hui le plus déterminant pour l’avenir du monde dans la prochaine décennie. »


Approfondir :

Signez la pétition en ligne pour un nouveau Bretton Woods.

Deux diaporamas :

Le nouveau Brettons de Lyndon LaRouche, qu’est-ce que c’est ? et La destruction de l’économie mondiale de 1945 à aujourd’hui.

Notes

1. Frederic Wills fut ministre de la Justice puis ministre des Affaires étrangères du Guyana. Son discours du 27 septembre 1976 à l’Assemblée générale des Nations Unies, sur la nécessité d’un moratoire sur la dette des pays du Tiers monde, reste l’un des points culminants de la bataille du Mouvement des pays non-alignés.

2. Le gros des eurodollars a été prêté par des banques privées à des taux d’intérêt majorés par rapport à ceux imposés par la réglementation intérieure aux Etats-Unis et en Europe. C’est pourquoi les banques privées ont préféré prêter au Tiers-monde à des taux usuraires, plutôt que financer le renouvellement des équipements des entreprises américaines, arrivés au bout de leur cycle après vingt/trente ans. De plus, les contrats de prêts au Tiers-monde furent liés au LIBOR, le taux des prêts interbancaires au jour le jour fixé à Londres. Lors de la montée foudroyante des taux en 1979-1980, les pays du Tiers-monde furent obligés de payer une dette plus lourde que prévu et furent privés de tout nouvel investissement pendant plus de quinze ans.

3. Le document est disponible en français à l’adresse suivante : L’option globale en cette période d’urgence : au-delà des traités de Westphalie.