Derrière les attaques contre LaRouche : le complot des anti-conspirationnistes

jeudi 6 mars 2008, par Karel Vereycken

Cet article a été initialement publié dans Nouvelle Solidarité, le 12 mai 2006.

Adolescent, j’étais l’heureux propriétaire d’une tortue. Un printemps, sortant de son terrier où elle se terrait chaque hiver pour échapper au gel, ma tortue s’était remise à parcourir mon jardin. Mais voilà qu’un beau jour, je la vis se livrer à une curieuse activité. Mon père, dans un moment d’inattention, avait abandonné dans un coin discret du jardin une de ses pantoufles. Et ma tortue, dans un superbe élan pour garantir l’immortalité biologique de son espèce, pénétrait énergiquement la pantoufle en tentant vainement de la féconder.

Voilà l’image qui nous vient à l’esprit quand on examine les différentes tentatives médiatiques et policières visant à salir la personne, les idées, le mouvement et la campagne de Jacques Cheminade.

Prenons d’abord le livre L’obsession du complot de Frédéric Charpier, publié aux Editions Bourin en septembre 2005. Ce « journaliste d’investigation », collaborateur de Karl Zéro, est devenu, après quelques polars dans la collection Fleuve Noir, le spécialiste de l’histoire de l’extrême gauche (Histoire de l’extrême gauche trotskiste), de l’extrême droite (Génération Occident) et surtout de la police (Au coeur de la PJ).

Dans sa notice de présentation, l’éditeur de ce dernier livre note que : « Guide averti, à partir d’entretiens et de documents internes étonnants, l’auteur a pris son ticket d’entrée au pays des nouveaux flics. »

En lisant son livre, il nous semble que l’auteur, loin du professionnalisme de la police scientifique française, semble se complaire dans les oeuvres de basse police, qui malheureusement, comme nous le savons, se portent à merveille dans le pays de Fouché, y compris au sommet de l’Etat.

Si L’obsession du complot se prétend une dénonciation d’un complotisme maladif, l’auteur n’hésite pas à en rajouter une louche à chaque page, rendant la mayonnaise encore plus excitante, précisément pour les fascinés de la chose. Pour vivre, il faut bien vendre…

Un syllogisme bien précis se dégage néanmoins de l’oeuvre. D’abord, l’inventeur du conspirationnisme serait l’abbé Barruel, un père jésuite qui dénonça la révolution française comme un complot judéo-maçonnique anti-chrétien inspiré par les « Illuminés de Bavière ».

Ensuite, ce complotisme, après diverses métastases, se retrouve dans l’odieux Protocole des Sages de Sion, un document forgé de toutes pièces par les services secrets du tsar, accusant les juifs de vouloir prendre le contrôle du monde. Jusque-là tout est exact. Mais la conclusion dérive sans nuances : quiconque pense qu’aujourd’hui la mondialisation permettrait à des puissances financières de contrôler la planète, serait « logiquement » antisémite et d’extrême droite !

C’est là évidemment que Charpier introduit « Lyndon LaRouche qui occupe une place à part dans le Landernau du conspirationnisme ». Sur huit pleines pages, Charpier aligne le best-off des racontars, balivernes et autres fruits de l’espionite de base sur Lyndon LaRouche, en s’inquiétant surtout que ce dernier ait pu être pris extrêmement au sérieux par William Clark, haut responsable du National Security Council américain. Charpier, par maladresse, finit quand même par dévoiler un peu ses propres options politiques quand il accuse LaRouche d’un horrible crime : « LaRouche était un ami de Yasser Arafat et un partisan de l’OLP » qui passe « aux Etats-Unis, comme un des éléments du lobby pro-Arabe ». Etre pro-Arafat ou pro-arabe équivaut donc, sans transition, à être antisémite ?

Par ailleurs, il accuse un des conseillers « juifs » de LaRouche, Jeffrey Steinberg, de suivre « tout particulièrement les activités du Mossad qui constituent la clef de voûte de la conspiration juive version larouchienne. »

C’est une contrevérité absolue car Jeffrey Steinberg, qui se trouve lui-même appartenir à une vieille famille juive, suit les activités de tous les services de renseignement, y compris français, et a de nombreux contacts en Israël. Tant de stupidités sont entonnées à l’envi pour tenter de leur donner une crédibilité de « bruit de fond ».

C’est à cet exercice que s’est livré le 15 avril Patrick Pesnot, dans « Interview avec Monsieur X », son émission conspirationniste habituelle sur France Inter, consacrée cette fois-ci au… conspirationnisme.

Pesnot utilisa le syllogisme du livre de Charpier comme charpente de son émission. Bien que dans sa forme, l’émission prétende, sans les nommer, dénoncer les héritiers de feu Henri Coston et son équipe de Lectures Françaises (Ratier et Cie), pour qui la synarchie et la Trilatérale ne seraient qu’une nouvelle version du « complot juif mondial », Pesnot semble puiser ses informations aux sources mêmes qu’il entend discréditer.

Bien que LaRouche y soit présenté comme un dangereux illuminé, escroc et gourou, Pesnot est forcé de reconnaître qu’il est très bien renseigné et a une formidable audience dans le monde.

De même, Monsieur X accuse Jacques Cheminade en France, un homme « incontestablement intelligent », d’avoir forcément agi comme LaRouche aux Etats-Unis et même d’avoir réussi à se présenter aux présidentielles de 1995, ce qu’il tente de refaire aujourd’hui…

Après la lecture d’un long extrait des textes de l’ADFI « prouvant » que le parti de Cheminade est plus proche de la secte que d’un vrai parti politique, Monsieur X conclut :

Mais je voudrais revenir sur un point qui a attiré votre attention : l’argent. D’où venait l’argent de LaRouche. Eh bien, parfois, les conspirationnistes peuvent être victime de leur propre méthode. Parce qu’on a dit et écrit que l’anti-communiste LaRouche était en réalité un agent soviétique. (...) ce qui expliquerait qu’il ait connu, après l’effondrement de l’Union soviétique, quelques difficultés. Amusant non ?

C’est là où l’on doit s’interroger sur la véritable « identité » de Monsieur X, agissant visiblement au grand jour pour un « cabinet noir » en charge de salir ceux qui dérangent.

Selon l’encyclopédie on-line Wikipedia,

l’identité de X reste mystérieuse, Patrick Pesnot affirme l’ignorer mais a tout de même donné avec parcimonie quelques détails. X serait un homme d’environ 80 ans, peut-être d’origine russe. Engagé très jeune dans la Résistance, il aurait fait partie du SDECE et aurait même brièvement séjourné en prison à la fin des années 1940. Il serait en quelque sorte le porte-parole d’un « club » d’anciens des services désireux de raconter leur histoire.

On serait évidemment tenté de penser à une figure comme l’antimarxiste virulent Pierre Faillant de Villemarest, qui aurait le profil adéquat pour Monsieur X et dont les livres sont d’ailleurs référencés par Patrick Pesnot dans d’autres émissions sur France-Inter. De Villemarest, que même Radio Courtoisie évite à l’antenne car il se montre incapable de réprimer ses tirades contre un prétendu « complot mondial juif », serait une des sources probables de cette ligne contre LaRouche et Cheminade.

M. de Villemarest voit partout des agents du KGB avides de corrompre l’Occident, mais sa voix ne correspondrait apparemment pas à celle de Monsieur X. L’autre personnage, également proche de cette mouvance « ultracatholique » ayant véhiculé ce genre d’absurdités, est Clara Gaymard-Lejeune, fille de feu le professeur Jérôme Lejeune. Elle écrivit (p.73) dans son livre La vie est un bonheur- Jérôme Lejeune, mon père (Editions Criterion, 1997) que : « C’est peut-être s’aventurer trop loin que de constater que Nouvelle Solidarité a arrêté ses publications au moment de la chute du mur de Berlin, faute désormais de moyens venant de l’Est communiste. »

Avant Clara, Droit de Vivre, le journal de « Laissez-les-Vivre » écrivait déjà en 1986 : « Qui est en réalité cet inquiétant personnage qu’est LaRouche ? Un gauchiste reconverti à l’extrême droite ? Un agitateur professionnel ? Un provocateur à la solde du KGB ou de la CIA ? Un sous-marin de Khadafi ? »

Notons aussi que Clara Gaymard-Lejeune s’est engagée depuis peu avec le banquier américain Félix Rohatyn dans l’Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII), afin de promouvoir la place financière de Paris auprès des spéculateurs anglo-américains (voir Nouvelle Solidarité du 7 avril 2006), tandis que notre mouvement a dévoilé l’opposition farouche du pseudo-démocrate Rohatyn au retour à une politique du type « New Deal » de Frankin Roosevelt, tel que le préconise Lyndon LaRouche.

Charpier et Pesnot ne sont évidemment que des exécutants subalternes dans cette affaire, chargés de déballer en vrac tout ce qui pourrait nuire à la réputation et à l’honneur d’un LaRouche de plus en plus écouté par des membres du Sénat américain, et d’un Cheminade en mesure d’obtenir le parrainage de cinq cents maires pour l’élection présidentielle de 2007.

En 2002, la campagne diffamatoire de Nicolas Miguet avait empêché Cheminade d’être candidat. Ces émules semblent déjà sur les rangs pour 2007, mais cette fois, les circonstances historiques ne leur sont plus favorables et le combat aura lieu, sans autre forme de conspiration, cartes sur table et, grâce à Internet, avec une opinion publique prise à témoin.