Brève

La science au peuple : retour sur l’amarsissage de Curiosity

jeudi 23 août 2012

La Curiosity n’est pas un vilain défaut, mais le début de la découverte

par Yannick Caroff

Quoi de plus normal que de trouver des militants de Solidarité & Progrès (S&P) aux conférences et évènements inaugurant l’amarsissage du rover martien Curiosity, le lundi 6 août, puisque plonger des milliers de Français et de Françaises – ne serait-ce que pendant quelques jours – dans une pensée du long terme et du « penser loin, penser grand » est l’un des droits que nous tentons de reconquérir au travers de notre bataille politique.

Les militants S&P d’Ile-de-France, de Bretagne et de Midi-Pyrénées étaient présents tout au long de cette semaine où les imaginations étaient rivées vers une planète à plus de 560 millions de kilomètres d’ici, semaine qui, de plus, coïncidait avec le week-end de la « Nuit des étoiles ». Evènement créé en 1990 à l’initiative de passionnés d’astronomie et de journalistes de la télévision publique, la Nuit des étoiles fut cette année dans notre pays un écho formidable à cet exploit international, scientifique et humain, au travers des 400 animations organisées partout en France les 10, 11 et 12 août derniers. Record d’affluence dans les salles de conférences le jour de l’amarsissage ! A Toulouse, lundi 6 à 7 h 30, heure française, on dut ouvrir une deuxième salle à la Cité de l’Espace pour accueillir les 1000 personnes venues assister à l’évènement ! A Carrières-sous-Poissy (ouest de Paris), les scientifiques saluent les 400 personnes présentes alors qu’ils n’en attendaient que la moitié ! Record d’affluence à la Nuit des étoiles, à la Cité des Sciences de Paris et au Bourget où bon nombre d’animateurs étaient dépassés par les évènements... je veux dire, le nombre de participants. Record d’affluence sur internet aussi, où l’arrivée de la sonde fut suivie en direct dans notre pays comme ailleurs. Et partout un enthousiasme communicatif !

Nous avons distribué des tracts à la sortie des conférences, parlé avec les scientifiques, les experts et posé des questions. Toujours, nous nous sommes amusés à opposer la pensée du court terme (la spéculation et le financier) à celle qui permet le robot Curiosity , le long terme et le saut dans l’inconnu. Beaucoup nous ont reconnus du fait de la participation de Jacques Cheminade aux présidentielles et de la bêtise des dinosaures-journalistes. Globalement, ceux-là nous ont remerciés d’être là et n’avaient aucun mal à faire le lien entre la nécessité d’un nettoyage financier et la poursuite de l’aventure spatiale. Aussi nombreuses étaient les personnes qui nous découvraient, qui ne nous connaissaient pas car elles avaient éteint leur télévision et leur radio pendant les présidentielles, une fois que les débats sur le Hallal faisaient les gros titres. Là aussi beaucoup d’intérêt. A Carrières-sous-Poissy (voir vidéo ci-dessous), Benoît, militant, a pu s’entretenir avec les scientifiques et experts. « Que pensez vous des journalistes qui ont traité M. Cheminade d’hurluberlu pour avoir un programme spatial où figure l’exploration de Mars ? » et « que diriez-vous à un jeune qui se destine à une carrière de trader plutôt que de scientifique ? » furent ses questions. A cette dernière, tous pointent le manque de scientifiques, fait de plus en plus significatif en France dans des domaines où il y a pourtant du travail et des perspectives de carrière (spatial, nucléaire...) Quant à la première question, après un traditionnel « vous savez, moi je suis un scientifique, je ne fais pas de politique » , leur réponse cachait mal l’ambiguïté de nos scientifiques partagés entre leur enthousiasme et leur « raison » qui écoute trop les sirènes du M. Budget, perçu comme celui qui sifflerait la fin de la récré.

Et ce fut bien là l’utilité de nos interventions à Paris, Toulouse, Pleumeur-Bodou, au Bourget, à Carrières-sous-Poissy et Rennes : entre, d’une part, des personnes du public à la fois enthousiastes et heureuses de partager l’exploit avec autrui et dans le même temps (ou plutôt la minute d’après), se mettant à raisonner et se dire (parfois honteuses) que « peut-être il aurait fallu mettre d’abord l’argent dans les hôpitaux ou la production agricole des pays pauvres » et, d’autre part, des scientifiques qui font une synthèse du style « oui, mais bon, c’est ainsi... » , on se trouve face à une population qui pense l’économie comme un gros gâteau au nombre de parts limités. Et c’est bien cette conception du monde fini qui permet la domination d’une élite financière sur le destin des peuples. Curiosity c’est tout le contraire ! Johanna et Chérine, militantes, ont croisé, lors d’une table militante à Paris, un des responsables de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui leur a confié qu’il avait bien compris en mars (sans jeu de mot) que les médias allaient « tomber » sur M. Cheminade et son programme spatial car il ne faut pas que les gens puissent s’émerveiller sur le futur... source d’engagement !

Imaginez : un monde où les nations travaillent ensemble au progrès de chacune d’entre elles, grâce à une politique de grands travaux permettant de doubler la production agricole mondiale en dix ans, de produire de l’eau douce en abondance partout sur Terre... Utopie ?

Pourtant, aujourd’hui, sans cette coopération entre la Russie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, les Etats-Unis, le Canada, la Finlande, l’Australie, l’Angleterre, l’Afrique du Sud…, Curiosity ne serait pas au pied du mont Sharp ! Joignez-nous car il est temps de gravir la montagne !