REVUE DE LIVRE
Le Big Bang des Nouvelles Routes de la Soie
par Pierre Dhomps et Henri Tsiang
Editions L’Harmattan 2017
191 p., 21,50 €
Excellent ouvrage publié chez l’Harmattan rédigé par Pierre Dhomps et Henri Tsiang, tous deux particulièrement qualifiés pour le faire, le premier ayant travaillé pendant 34 ans avec la Chine pour y implanter des entreprises françaises et le second, chercheur scientifique à l’Institut Pasteur, ayant participé à l’organisation de relations franco-chinoises de très haut niveau dès les années 1990.
Pour les deux auteurs, le constat est clair : c’est aujourd’hui « le seul projet concret porteur de coopération et d’échange entre les principales civilisations, qui se projette sur le très long terme. »
Son objectif est non seulement de « s’inspirer de l’exemple symbolique des anciennes Routes de la soie ayant permis de propager une richesse économique tout au long de ses axes, et de les utiliser comme un vecteur d’échanges culturels, politiques et diplomatiques » mais également d’« englober la totalité des problèmes en laissant au temps et à l’histoire le soin de faire le tri de ce qu’il est possible de réaliser. »
Alors que le monde est aux prises avec de multiples crises et que les autres puissances mondiales montrent leur incapacité à sortir de leur marasme, la Chine a « le mérite principal d’éviter la confrontation et de prôner la coopération et le co-développement économique, politique et culturel. »
Une logique à l’opposé de la guerre froide et des puissances hégémoniques. Elle s’inscrit dans une perspective historique après deux siècles dévastateurs pour tous :
En cas de réussite, la Chine retrouvera la position de leader économique mondial qu’elle occupait depuis deux millénaires.
En plus de détailler les mécanismes à l’œuvre et de faire le tour du monde des différents corridors, les auteurs reviennent sur les étapes marquantes de 2017 (Davos, le Sommet NRS de Beijing en 2017, le XIXe Congrès du PCC) venant parachever la reconnaissance par une majorité de pays du rôle de ce projet chinois qui compte investir pas moins de 1000 milliards dans le développement du monde.
Enfin, cet ouvrage se démarque par sa lucidité au regard de la Chine et de la nécessité pour elle de faire face à la fois à ses propres défis intérieurs (fracture sociale, corruption, questions sanitaires, etc.) et aux difficultés extérieures (opposition aux projets, diversité culturelle, etc.).
Il n’omet cependant aucunement la volonté et les atouts chinois pour y parvenir grâce à ses capacités de transformation de sa propre économie (projet Made in China 2025, pour la montée en gamme et la modernisation de sa production), de négociation avec les interlocuteurs internationaux, de prise en compte des particularités locales, et surtout son adaptabilité au projet BRI lui-même au fur et à mesure de sa réalisation : « S’adapter en marchant. »
Quel contraste avec le ton au mieux sceptique habituellement rencontré dans certaine presse et littérature spécialisée françaises.
Le défi chez nous est la responsabilité de continuer à éclaircir la nature de cette dynamique dont les auteurs peuvent déjà se féliciter car
progressivement, le scepticisme a été remplacé par l’appréhension de passer à côté d’une véritable opportunité de participer à une dynamique de développement.
