Idlib : offensive d’info toxique

lundi 10 septembre 2018

Alors que les frappes de l’aviation russe préparent le terrain pour la bataille d’Idlib – le dernier bastion de Daech en Syrie –, la propagande occidentale marche à plein régime.

La semaine dernière, au Conseil de sécurité de l’ONU, les Occidentaux (Britanniques en première ligne, Français et Américains reprenant en chœur), dans ce qu’il faut qualifier de « procès en sorcellerie », ont de nouveau accusé le régime syrien de préparer une attaque chimique contre son propre peuple. Les Russes ont retourné cette accusation en démontrant que les Occidentaux (et avant tout les Britanniques) préparent une attaque chimique « sous fausse bannière ». Les Occidentaux ont ensuite répliqué en disant que, vu les précisions fournies, cela prouvait que le régime d’Assad préparait bien une attaque chimique. Etc.

De quoi en perdre son latin pour toute personne ayant oublié que la guerre en Syrie s’inscrit dans la stratégie des néo-conservateurs et de l’OTAN visant à faire rouler les mécaniques face à la Chine et la Russie en remodelant complètement la carte du Moyen-Orient, au travers de changements de régime dans les pays jugés trop indépendants, quitte à créer le chaos. Stratégie qui a amené l’administration Obama, avec l’aide entre autres de la France de Hollande et Fabius, à instrumentaliser les terroristes djihadistes en Syrie, en leur accordant le statut de « rebelles ».

Les tensions au Conseil de sécurité de l’ONU se sont également cristallisées autour de l’ « affaire Skripal », en référence à l’ancien agent russe empoisonné en mars dernier à Salisbury. Karen Pierce, l’ambassadrice britannique à l’ONU, a fait valoir « l’enquête minutieuse et rigoureuse » menée par la police britannique, qui a étudié 11 000 heures d’images issues des caméras de vidéosurveillance et interrogé 14 000 personnes pour en arriver à la conclusion des deux suspects russes. Ces deux personnes, dont on n’aurait même pas les noms, sont présentées comme des agents du GRU, le service de renseignement militaire russe, qui n’existe d’ailleurs plus sous ce nom, comme l’a fait remarquer l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia.

Karen Pierce en a profité pour crier au loup sur le fait que, « à maintes reprises, le GRU a interféré dans les affaires des autres pays », citant pour exemple le soi-disant piratage des ordinateurs du Comité national démocrate lors des élections présidentielles américaines de 2016 – sans doute a-t-elle confondu avec le MI6 !

L’ambassadeur Nebenzia a souligné que cette accusation, lancée par Theresa May le 5 septembre devant le Parlement britannique, n’est qu’un prélude à une « nouvelle phase politique autour de la situation à Idlib (…) et à l’attaque chimique qui est en préparation là-bas, comme nous en avons alerté plusieurs fois ». Les incohérences dans les « révélations » sur l’affaire Skripal sont si grandes qu’ « elles dépassent l’entendement », a déclaré Nebenzia. Le Royaume-Uni a présenté « un cocktail de mensonges infondés et mensongers », tout en refusant de remettre à la Russie toute information pouvant réellement aider à identifier les deux suspects présumés, tel que leurs empreintes digitales.

« Downing Street n’est pas gouverné par des intérêts de justice, mais par d’autres moyens et motivations », a ajouté Nebenzia. « Mais plus rien n’est surprenant dans le monde post-vérité créé par nos collègues occidentaux ».

Bien que la ficelle soit énorme et manifeste, la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont publié le 6 septembre une déclaration commune condamnant l’attaque de Salisbury et soutenant la thèse des deux suspects russes, ce à quoi le ministère russe des Affaires étrangères a immédiatement répliqué : « Nous regrettons que certains politiciens occidentaux, otages de leurs propres ambitions géopolitiques, continuent à créer une image d’ennemi de la Russie, alimentant les sentiments russophobes dans leurs pays. La réalité exige cependant quelque chose de tout à fait différent, à savoir la consolidation des efforts de lutte contre les menaces réelles et communes, en premier lieu le terrorisme international ».

Samedi, la Russie a de nouveau mis en garde sur le fait que les djihadistes de la province d’Idlib préparent une provocation aux armes chimiques. Depuis Téhéran, où il rencontrait Rohani et Erdogan, Poutine a déclaré qu’ils détenaient des renseignements très précis. Le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konashenkov, a expliqué aux journalistes qu’une rencontre avait eu lieu la veille à Idlib entre des dirigeants du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Sham (anciennement Jabhat al-Nosra, c’est-à-dire Al-Qaïda), du Mouvement islamique du Turkestan et des Casques blancs, afin de coordonner leur participation à l’opération sous fausse bannière.

En même temps, l’agence de presse officielle syrienne SANA a apporté de nouveaux éléments sur ce scénario, disant que les djihadistes utiliseront du gaz sarin, en plus du chlore. Les sources de SANA affirment que la provocation sera fomentée dans trois villes à l’ouest d’Idlib, où auraient été transportées des réservoirs de chlore et de sarin. Elles rapportent également que des douzaines d’enfants de huit à dix ans ont récemment été kidnappés dans un camp près de Salqin, et sont actuellement emmenés dans un lieu inconnu.

Une délégation de l’Institut Schiller international vient d’arriver à Damas, afin de protester contre les menaces d’une nouvelle agression occidentale contre le gouvernement syrien. La délégation insiste sur la nécessité absolue pour le monde de lever l’ensemble des sanctions imposées à la Syrie et de soutenir sa reconstruction. Elle va participer à la 60e Foire internationale du commerce de Damas, qui met en honneur la participation syrienne à l’Initiative une Ceinture, une Route (ICR) des « Nouvelles Routes de la soie ». A ce jour, la Chine est le seul pays qui a aussi bien le crédit politique que les moyens pour être le partenaire privilégié de Damas pour la reconstruction du pays.

L’agence SANA rapporte que la Foire de Damas connaît un afflux sans précédent, depuis les toutes premières heures de son ouverture le 7 septembre. L’événement durera jusqu’au 15 septembre, et il inclura des spectacles musicaux par des artistes syriens et arabes, de la danse folklorique, des séminaires, des expositions, etc.