Septembre 2018 - Toutes les vidéos du weekend de formation de S&P

dimanche 21 octobre 2018

Pour les 130 personnes venues des quatre coins du pays, des Hauts-de-France à l’Occitanie, de Brest à Strasbourg sans oublier Bordeaux, Lyon, La Rochelle, Fontainebleau et d’autres villes où des « Sociétés d’amis de S&P » sont en train de se construire, le weekend du 28 au 30 septembre fut riche en idées et en actions.

Après le discours de rentrée de son président, Jacques Cheminade, la parole fut donnée à notre invité d’honneur, Tom Gillesberg, président de l’Institut Schiller au Danemark. Ensuite, après une présentation sur le « crédit productif public », une table ronde sur l’éducation, la culture, la santé et l’immigration permit de préciser la démarche de S&P.

Cette journée de formation se termina avec la projection du documentaire « Les travailleurs chinois de la Grande Guerre », suivie d’un débat animé avec son réalisateur Karim Houfaïd et Sacha Lin-Jung, vice-président de l’Association des Chinois résidents en France (ACRF).

Tous deux furent assaillis de questions par des spectateurs bouleversés par cette histoire hors du commun. Peu de Français savent en effet que la Chine, qui avait envoyé dans notre pays pas moins de 140 000 travailleurs pour contribuer à l’effort de guerre, fut brutalement lâchée par les Occidentaux lors du Traité de Versailles, qui donna aux Japonais (un autre allié occidental) la province chinoise du Qingdao, occupée jusque-là par les Allemands et dont étaient originaires bon nombre de ces ouvriers ! Cette « trahison occidentale », une humiliation sans précédent, contribua au sursaut du sentiment patriotique qui marque encore le pays.

Merci à S&P pour ses campagnes présidentielles

Tom Gillesberg, le président de l’Institut Schiller danois, remercia S&P pour ses campagnes présidentielles, source d’espérance pour le monde entier.

Au Danemark, expliqua-t-il, c’est par nos affiches que la population peut découvrir nos idées, car la plupart des médias font l’impasse sur notre existence. La seule façon dont les journalistes parlent de nous, c’est pour critiquer nos affiches supposément incompréhensibles.

Celle qui a vraiment marqué les esprits, est celle de 2007, donc un an avant la faillite de Lehman Brothers : « Après le krach, construisons un Maglev franchissant le Kattegat [détroit]. » Plusieurs journalistes s’en étonnent encore : « Comment saviez-vous qu’il y aurait un krach ? »

L’énorme scandale qui touche aujourd’hui Danske Bank relance bien sûr le débat sur une séparation bancaire du type Glass-Steagall (entre banques traditionnelles et banques spéculatives). Le blanchiment par des oligarques russes de 200 milliards d’euros d’argent sale à travers la filiale estonienne de Danske Bank, était connu au moins depuis 2006. Ce n’est que lorsque les Anglo-Américains et donc le FBI sont partis en guerre contre la Russie que les projecteurs furent braqués sur cette affaire.

Parmi les autres sujets de débat en France, Gillesberg réfuta catégoriquement l’idée que la « flex-sécurité à la danoise », supposée offrir une bonne couverture d’assurance chômage, puisse encore être un « modèle », comme le prétend Macron.

Si ce système était socialement en pointe dans les années 1970, le volet « sécurité » a fut totalement évacué depuis le début des années 1990, tandis que le volet « flexibilité », facilitant les licenciements, se trouvait renforcé. Gillesberg ne voit pas le Danemark, un pays où les gens ont encore une certaine prospérité, prendre le leadership de la révolte en Europe. C’est de France et d’Italie, où le gouvernement s’ouvre à la Chine, que cela viendra en premier, a-t-il conclu.

Vite, du crédit productif !

Avant d’esquisser comment S&P propose de créer 5 millions d’emplois en 5 ans, en investissant 100 milliards d’euros dans une politique de relance par l’investissement productif, Karel Vereycken rappela quelques chiffres qui fâchent : la France compte, en réalité, au moins 6,5 millions de chômeurs, plus de 20 % de la population active, soit plus du double des 3 millions et des 9,2 % annoncés par un gouvernement qui se déclare « satisfait » de son bilan. Comme aux Etats-Unis et en Allemagne, le nombre de travailleurs pauvres explose.

Le précédent du New Deal sous Franklin Roosevelt nous offre des pistes pour aujourd’hui. Sur le plan de l’emploi, entre 2012 et 2022, le Papy Boom verra 620 000 personnes partir en retraite, donc autant de postes qui se libèrent. Le grand âge et la petite enfance nécessitent la création immédiate d’au moins 100 000 postes chacun.

Côté BTP, l’effondrement du pont de Gênes en Italie a rappelé les conséquences tragiques des coupes budgétaires. La France a 200 000 ponts. Pour les remettre en état, les experts estiment qu’il faut consacrer au moins 50 milliards d’euros. 13 000 ponts sont à réparer d’urgence. L’Etat ne gère qu’une infime partie du réseau routier, le reste ayant été abandonné à des collectivités territoriales dont on a raboté les dotations. Nos ports, canaux et chemins de fers nécessitent des investissements énormes et sont des gisements d’emplois majeurs.

La France, un pays qui sait faire de l’innovation, doit promouvoir l’excellence qui est la sienne, notamment en travaillant aux frontières du connu et des « trois infinis » : l’atome, l’espace et le vivant.

A cela s’ajoute la robotique qui va, contrairement aux craintes, créer bien plus d’emplois qu’elle n’en fera disparaitre, à condition de former les formateurs.

Tout cela, vous le trouvez en détail dans le livre-programme de Jacques Cheminade.

Qui va payer ?

Tout cela est bien joli, me direz-vous, mais qui va payer ? Lorsqu’on nous dit qu’il n’y a que deux façons de financer l’économie (l’impôt et la dette bancaire), on nous ment, car il existe une troisième méthode que nous avons baptisée « crédit productif public ». Elle permet à tout Etat de se faire crédit à lui-même en émettant du crédit ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien, en faisant tourner « la planche à billets ». Ce n’est pas un roman de science-fiction sur des faux monnayeurs qui prennent le contrôle de la planète, mais une politique réellement mise en œuvre dans l’après-guerre.

Pour Georges Boris, le conseiller de Pierre Mendès France, puis de De Gaulle :

C’est en dirigeant la monnaie et non en se laissant diriger par elle qu’un remède peut être apporté aux grands maux dont nous souffrons.

Pour ce faire, il faut un Etat souverain disposant d’une Banque nationale, d’un Trésor et d’un Commissariat au Plan. Ensuite, cet Etat doit créer d’un côté un budget de fonctionnement, qu’il financera exclusivement par l’impôt, et de l’autre un budget d’équipement, afin d’investir dans les infrastructures physiques et humaines, qu’il financera par le crédit public.

Voici, en bref, comment on procédait en 1948 :

  • Le Commissariat général au Plan (CGP), auprès du Premier ministre, enquêtait, consultait et faisait un inventaire des besoins généraux des secteurs et des territoires. Par exemple, il fallait électrifier le monde rural ou encore moderniser l’agriculture grâce à l’irrigation, etc.
  • La Commission des investissements (regroupant de hauts responsables du Plan, des ministères concernés, de la Banque de France et du Trésor) amendait et validait un Plan indicatif, ré-ajustable en fonction des réalités du terrain apparaissant lors de sa mise en application.
  • La Direction du Trésor ouvrait des « comptes spéciaux ». Chaque compte correspondait à une mission dont était chargée une équipe du Plan, capable d’intervenir de façon transversale pour lever les blocages. Le plus connu fut le Fonds national de Modernisation et d’Equipement (FME), créé en 1948 pour gérer l’aide du Plan Marshall. Le dernier fut le Fonds de développement économique et social (FDES), que Montebourg, alors ministre du Redressement productif, tenta de ressusciter.
  • La Banque de France accordait une avance au Trésor pour abonder tel ou tel compte spécial afin qu’il puisse émettre le crédit aux bénéficiaires.
  • Une fois remboursé, le Trésor remboursait à son tour la Banque de France au fur et à mesure de la réalisation du projet. Cette dernière annulait alors dans les comptes l’argent-crédit qu’elle avait avancé : l’argent ne circulait que le temps de l’avance ou de l’emprunt, donc sans créer d’inflation.

Dans l’après-guerre, on constata ce que Jean Monnet appela les « effets en chaîne » des sommes mises à disposition des entreprises nationalisées, qui ne faisaient, en fait, que transiter par elles avant d’être redistribuées entre les industries d’équipement privées, à travers les commandes d’outillage et de travaux : c’est le cas des entreprises de bâtiment et de génie civil, des constructeurs de matériel mécanique, électrique, ferroviaire, ou des constructions navales, et, au second degré, de la sidérurgie et des matériaux de construction.

Aujourd’hui, si l’on s’en donne les moyens, cela pourrait de nouveau fonctionner. Prenons un exemple :

  • Notre nouveau Commissariat général au Plan constate que pour faire entrer le transport, la santé, etc. dans l’ère du numérique, il nous faut la 5G pour tous et sur l’ensemble du territoire.
  • Notre nouvelle Direction générale du Crédit (représentant les forces vives de la nation comme le souhaitait Pierre Mendès France) donne son feu vert pour la création d’un Service public du numérique.
  • Bercy ouvre un compte spécial dédié à cette mission.
  • La BdF avance de la Trésorerie à cet effet dans les mêmes conditions qu’en 1948.

Mais tout cela est interdit par les traités européens ! Certes, et c’est pour cela que l’UE se fait hara-kiri. Le défi immédiat serait donc d’obliger la Commission européenne à exclure des critères de Maastricht les dépenses d’investissement de chaque Etat.

Table ronde

Après une intervention de Cheminade expliquant ce qu’est vraiment le principe gagnant-gagnant, une table ronde, abordant des sujets aussi variés que l’éducation, la culture, la santé et les migrations, montra à quel point ces questions sont au cœur des politiques que S&P souhaite promouvoir.

Education

Maëlle Mercier ouvrit le débat en constatant la chute du niveau éducatif que relèvent tous les classements internationaux. Cette calamité est la conséquence directe des théories « néo-pédagogistes », hostiles à tout système de notes, à l’apprentissage de la chronologie en histoire, de la géométrie et de la grammaire. Elle dénonça également la vision d’une certaine élite française, pour qui il faut certes former une élite mais éviter d’éduquer le peuple. Voltaire ne dit rien d’autre lorsqu’il écrit en 1776 :

Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes. Quand la populace se mêle de raisonner, croyez-moi, tout est perdu !

Jules Ferry était hélas sur la même ligne.

De ce point de vue, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer fit naître quelques espoirs en prenant plusieurs bonnes mesures : interdiction des smartphones à l’école, création de chorales, rétablissement de l’enseignement du latin, tutorat pour aider aux devoirs, etc.

Des primes ont également été accordées aux enseignants des REP (Réseaux d’éducation prioritaire), mais pour S&P, c’est tous les enseignants qui en ont besoin. La mesure la plus intéressante est un projet pilote visant à dédoubler les classes en zone de REP, afin qu’aucune ne dépasse les 12 élèves. Selon le ministre, cette mesure concerne 190 000 élèves. 1800 nouveaux professeurs seront embauchés pour cet effort en 2018, mais « en même temps », avec les politiques d’austérité d’Emmanuel Macron, 2650 postes seront supprimés dans le secondaire ! Ajoutons à cela la tendance, démarrée bien avant Blanquer, à formater une main d’œuvre essentiellement au service du monde de l’entreprise, et l’application Parcoursup, qui fait perdurer une forte sélection dans l’accès aux filières universitaires. Au bout du compte, le ministre à bien du mal à nous convaincre qu’il n’y a plus, comme il le souhaite, de système à deux vitesses.

Culture

Odile Mojon rapporta ensuite comment, Jacques Cheminade s’étant récemment indigné d’un roman mettant en scène l’assassinat du Président Macron, un utilisateur de twitter avait rebondi, revendiquant « aucune censure en République ». D’une certaine manière, cela pose la question de savoir si « l’art doit être réduit à n’être qu’une suite de caprices d’individus égotiques ». Or, ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que l’art est totalement sous l’emprise d’intérêts financiers. Hollywood, et maintenant Netflix, se taillent la part du lion. Ce sont ces cartels qui décident de faire consommer des séries du type Game of Thrones à des milliards d’individus.

Pour les élites, évidemment, il existe d’autres produits dans lesquels ils peuvent investir, comme ce tableau récemment vendu 84 millions de dollars et dont le créateur est le chouchou d’une vingtaine de galeries qui font la pluie et le beau temps dans le secteur. Cet « art » là n’est qu’un autre visage de la City de Londres et de Wall Street.

Comme contre-exemple, Odile Mojon montra la cathédrale de Chartres, édifice érigé en moins de trente ans, à la fin du XIIIe siècle, et totalement conçu pour éduquer une population n’ayant pas accès à la connaissance par l’écrit. De simples paysans pouvaient y découvrir, dans la niche d’un portail, l’effigie de Pythagore et d’autres savants grecs, ou l’harmonie des proportions dans les vitraux. C’était un projet politique visant à élever chaque individu par la beauté et la science qui l’anime. Pour les érudits chinois, le monde existe, d’une certaine manière, mais en termes d’idées, il n’est pas encore né. C’est justement à l’art, à la musique, à la peinture, etc. que revient la responsabilité de le faire naître.

Santé

Agnès Farkas, responsable Santé pour S&P, retraça pourquoi notre système de santé, jadis l’un des meilleurs du monde, se dégrade. Aujourd’hui, avec l’apparition de déserts médicaux à la périphérie des grandes métropoles et à la campagne, on paye très cher les conséquences de décisions prises il y a longtemps. Privés de services de proximité, les gens se précipitent aux urgences. Le moment est venu d’explorer les pratiques médicales du futur, notamment la télémédecine, domaine où la France fut pionnière. En 1989, l’anesthésiste toulousain Louis Lareng, fondateur du SAMU, créa la Société européenne pour la télémédecine et la santé. Depuis, des téléconsultations se pratiquent entre hôpitaux dans certaines régions, ce qui évite le déplacement inutile des malades.

Lareng fut le premier en France à utiliser la téléconsultation spécialisée dans un établissement pénitentiaire, ce qui a grandement amélioré l’offre de soins pour les détenus. Cette expérience fut ensuite étendue aux DOM-TOM, notamment la Guyane française, où se pratique depuis le début des années 2000 des téléconsultations grâce à une collaboration entre le Centre hospitalier de Cayenne, le CNES (Centre national des études spatiales) de Kourou et l’Institut de médecine et de physiologie spatiales du CHU de Toulouse. L’envoi d’images et d’examens numérisés sur trois spécialités médicales (parasitologie, dermatologie et cardiologie) se fait à partir de stations portables de télémédecine, via un téléphone satellite. Ainsi, en se libérant de l’emprise de la finance et en s’appropriant les nouvelles technologies, notre système de santé rendra d’immenses services.

Immigration

Abordant le délicat problème de l’immigration, Rémi Lebrun affirma d’emblée que s’il n’existe pas de solution simple, pour la France, l’hospitalité, le développement pour tous et le respect de la loi ne sont pas négociables. Résumer le problème à l’ouverture ou la fermeture des frontières est un leurre. Certes, dans le système actuel, l’apport migratoire a des conséquences perverses. Cependant, fermer les frontières rendra l’immigration encore plus clandestine. « Vu les réactions à notre émission sur notre rencontre avec l’Auberge des migrants de Calais, force est de constater que les gens se lâchent. C’est un fait, on a de plus en plus ces résurgences fascistes et l’on nous propose assez généralement un affrontement entre les progressistes face aux nationalistes, les globalistes face aux patriotes. Pourtant, ce débat n’a pas grand-chose à voir avec la réalité. » D’ailleurs, « le premier pays à avoir rétabli les frontières, ce n’est pas la Hongrie, mais l’Allemagne de Mme Merkel, en septembre 2015. Et derrière les discours d’humanisme, on retrouve chez Merkel et Macron le même mépris envers les migrants qu’envers leur propre population. C’est comme avec les votes aux référendums, c’est quand ça les arrange. Un peu de main-d’œuvre pas cher, un peu de jeunesse en Allemagne, mais pas trop non plus. »

Les politiques de l’UE cherchent à évacuer le phénomène en le criminalisant. Ainsi, à Calais, notre ministre de l’Intérieur a délibérément laissé jouer le pourrissement, en privant les migrants du minimum vital et en laissant le vandalisme y prospérer. A la frontière franco-italienne, les migrants sont refoulés sans avoir eu le temps de demander asile, en violation totale de leurs droits. Quelque 80 000 personnes ont ainsi été refoulées, alors qu’on doit leur offrir notre hospitalité et l’accès au droit. Expulser les gens avant qu’ils aient obtenu une réponse à leur demande d’asile, c’est totalement contraire à la Convention de Genève.

Enfin, la politique d’intégration des migrants est déplorable. Ils ne peuvent pas travailler pendant les six premiers mois, période où l’Etat leur accorde 230 euros mensuels, une situation qui les pousse à créer des ghettos et à se lancer dans les trafics. Ils doivent, bien entendu, avoir un permis de travail, mais cela n’est possible que dans le contexte d’une autre politique économique.

L’expatriation est un phénomène planétaire. Le nombre de Français qui partent chaque année est passé de 140 000 à 210 000, dont 80 % ont moins de 30 ans. Les problèmes pour intégrer les migrants sont aussi importants que les problèmes pour intégrer les nouveau-nés.

Et si la culture française connaît un péril, c’est celui de sa pâleur, celui de l’absence de prise de risque. L’urgence, c’est de créer un ministère du Co-développement et de l’Intégration et d’en finir avec le franc CFA, l’OTAN et la vente d’armes à ceux qui commettent des crimes de guerre au Yémen.

Chauffés à bloc après cette intense journée de discussions, une bonne trentaine de militants, nouveaux et anciens, armés de tracts mettant en garde « contre le krach financier qui vient » et appelant à créer « 5 millions d’emplois grâce au crédit productif », se déployèrent dès le dimanche matin, sur les marchés de la région parisienne, pour faire connaître l’alternative unique incarnée par S&P.