États-Unis : Les mensonges du « Russiagate » battus en brèche

samedi 16 mai 2020

Chronique stratégique du 16 mai 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le « Russiagate » – le montage politico-médiatique accusant la Russie d’avoir manipulé les élections de 2016 pour favoriser l’élection de Trump – vient de recevoir un coup mortel, avec les récentes déclassifications de plusieurs documents aux États-Unis. Des développements très importants dans le contexte actuel, car les mêmes réseaux des services anglo-américains ayant fabriqué ce mensonge, dans le but de saper l’entente entre les États-Unis et la Russie, sont à l’œuvre aujourd’hui pour pousser le gouvernement américain dans une guerre contre la Chine.

Au milieu des dizaines de mensonges fabriqués contre la Chine sur les origines de l’épidémie de Covid-19, le soi-disant « deep state » vient de subir un coup dévastateur sur un flanc auquel il ne s’attendait sans doute pas. A partir du 29 avril, la Maison-Blanche a ordonné la déclassification de plusieurs enquêtes portant sur le Russiagate, dont les révélations viennent de provoquer l’effondrement des deux principaux piliers de cette vaste escroquerie : d’un côté l’accusation de « collusion » entre l’équipe de campagne de Trump en 2016 et la Russie, et de l’autre, l’accusation du hacking par les russes des serveurs informatiques du Comité national démocrate (DNC).

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Le piège du FBI contre Michael Flynn

Les accusations de connivence entre l’équipe Trump et la Russie avaient été bâties entre autre sur des échanges téléphoniques entre le général Michael Flynn, nommé Conseiller à la Sécurité nationale par Trump, et l’Ambassadeur russe aux États-Unis, Sergey Ivanovich Kislyak. Flynn était accusé d’avoir dissimulé ces entretiens à la police fédérale ainsi qu’au vice-président Mike Pence. Il avait du démissionner de ses fonctions. Pourtant, il a toujours assuré depuis que ces entretiens avaient uniquement pour but de préparer une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Or, coup de tonnerre, le 7 mai, le procureur Brandon van Grack s’est brusquement retiré du traitement de l’affaire pénale concernant le général Flynn. Immédiatement après, le Département de la Justice annonçait l’abandon des poursuites en cours contre Flynn. Ce dernier avait plaidé coupable d’avoir menti au FBI lors d’un entretien à la Maison Blanche le 24 janvier 2017, avant de se rétracter.

De nouveaux documents rendus publics le 29 avril, ont révélé que le FBI avait en réalité manipulé Michael Flynn lors de cet entretien, le poussant à mentir à propos de ses conversations avec l’ambassadeur russe à Washington. Il s’agit des notes manuscrites de préparation à l’interrogatoire avec Flynn, rédigées par l’ancien chef du contre-renseignement américain Bill Priestap, après une rencontre avec le directeur du FBI de l’époque et son adjoint, James Comey et Andrew McCabe. Dans ces notes, ils discutent crûment de leurs motivations dans cet interrogatoire de janvier 2017, se demandant ouvertement si leur « objectif » est de « l’amener à mentir, pour pouvoir le poursuivre ou obtenir qu’il soit viré » de ses fonctions.

Barack Obama lui-même se trouve mis en cause dans cette affaire, ayant participé à la réunion à la Maison-Blanche, en janvier 2017, avec les grands pontes du renseignement, dont le directeur du FBI James Comey, le directeur du renseignement James Clapper, où le piège fut dressé contre le général Flynn. Rappelons d’ailleurs qu’Obama, en août 2014, avait viré Flynn de son poste de Directeur du renseignement militaire, pour avoir exposé le fait que l’administration faisait armer les djihadistes déployés par les Occidentaux pour obtenir un changement de régime en Syrie.

Il n’y a jamais eu aucune preuve du « hacking russe »

L’autre pilier du Russiagate à s’effondrer est l’accusation d « hacking russe » des serveurs du Comité national démocrate (DNC) qui aurait permis à WikiLeaks de faire des révélations sur les pratiques peu recommandables des amis de Hillary Clinton à l’égard de leurs opposants au sein du parti, Bernie Sanders notamment. Et donc, de favoriser l’élection de Trump.

Des documents déclassifiés le 7 mai ont révélé également que l’entreprise Crowdstrike, qui avait été engagée par le Parti démocrate pour mener l’enquête sur le piratage des courriels du DNC, n’avait trouvé aucune preuve de l’implication de la Russie.

Le plus grave est que la Commission du renseignement de la Chambre, et donc le procureur spécial Robert Mueller, étaient parfaitement au courant et qu’ils ont menti pendant trois ans. En effet, les documents déclassifiés montrent qu’en décembre 2017, lors d’une audition devant la Commission, le président de Crowstrike Shawn Henry avait admis auprès des élus qu’aucune preuve n’existait, contrairement à ce qui avait été affirmé.

Julian Assange – qui croupit toujours dans une prison britannique, dans des conditions barbares – a déclaré à plusieurs reprises que les documents publiés par Wikileaks ne lui avaient pas été fournis par la Russie, ni par aucun acteur étatique.

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Qu’à dit Shawn Henry en réalité ?

Voici les réponses de Henry aux questions d’Adam Schiff, représentant le Parti démocrate à la Commission et à Chris Stewart, élu républicain de l’Utah.

Adam Schiff : Connaissez-vous la date à laquelle les Russes ont exfiltré les données du DNC ? … Quand cela aurait-il été fait ?

Henry : L’avocat m’a simplement rappelé que nous avons des indicateurs que des données ont été exfiltrées du DNC, mais nous n’avons aucune preuve qu’elles ont été exfiltrées (sic). … Il y a des moments où nous pouvons voir des données exfiltrées, et nous pouvons le dire de manière concluante. Mais dans ce cas, il semble que les données ont été préparées pour être exfiltrées, mais nous n’avons tout simplement pas la preuve que ces données sont effectivement parties.

Chris Stewart : D’accord. Qu’en est-il des célèbres courriels ? Existe-t-il également des indices permettant de dire qu’ils ont été préparés, mais aucune preuve qu’ils aient effectivement été exfiltrés ?

Henry : Rien ne prouve qu’ils aient été effectivement exfiltrés. Il y a des preuves indirectes… mais aucune preuve qu’ils ont été effectivement exfiltrés.

Stewart : Mais vous doutez moins que ces données soient parties plutôt que, par exemple, les Russes soient ceux qui ont violé la sécurité ?

Henry : Il existe des preuves circonstancielles que ces données ont été exfiltrées du réseau.

Stewart : Et la circonstance est moins fiable que les autres preuves que vous avez indiquées.

Henry : Nous n’avions pas de détecteur en place qui a vu les données partir. Nous avons dit que les données sont parties sur la base de preuves circonstancielles. C’est la conclusion que nous avons tirée.

En juillet 2017, le Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS), un collectif d’anciens professionnels du renseignement américain, soutenu par le Comité d’action politique de Lyndon LaRouche, a prouvé qu’il était techniquement impossible qu’il y ait eu un « hacking », en raison de la trop grande vitesse de téléchargement, et qu’il ne pouvait s’agir que d’une fuite de l’intérieur du DNC. William Binney, ancien directeur technique de la NSA et membre des VIPS, avait été entendu à ce sujet, en octobre 2017, par le directeur de la CIA de l’époque Mike Pompeo, qui n’en fit rien. Devenu par la suite secrétaire d’État, Pompeo est aujourd’hui l’un des plus va-t-en-guerre contre la Chine au sein de l’administration américaine.

Le mensonge sur la Russie a rendu très difficiles les relations entre la Russie et les États-Unis. C’est un pays très important. C’était autrefois l’une des plus grandes puissances du monde. C’est toujours aujourd’hui une grande nation. Pourquoi ne devrions-nous pas avoir de relations ?, a tweeté le 7 mai Donald Trump, suite aux nouvelles révélations.

L’affaire du Russiagate est vaste et complexe  ; mais si le fil de la pelote est tiré jusqu’au bout, une lumière crue sera jetée sur l’ensemble des réseaux, au sein des services de renseignement britanniques et américains, qui opèrent comme une véritable mafia au sein de l’État, en particulier depuis l’assassinat de John F. Kennedy, précisément pour maintenir les États-Unis dans une politique de guerre.

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