L’indispensable coopération Chine-Etats-Unis

lundi 12 avril 2021, par Tribune Libre

Intervention de S.E. Huang Ping, Consul général de la République populaire de Chine à New York, lors de la visioconférence de l’Institut Schiller des 20 et 21 mars 2020 sur le thème : « Deux mois après l’investiture de Biden, le monde à la croisée du chemin. »

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L’indispensable coopération Chine-Etats-Unis

Par S.E. Mr l’Ambassadeur Huang Ping,
Consul général de la République populaire de Chine à New York.

S.E. Huang Ping.

C’est un plaisir de me joindre à cette vidéo-conférence organisée par l’Institut Schiller.

L’année dernière a été marquée par l’explosion de la pandémie de COVID-19. Près de 120 millions de personnes ont été infectées et plus de 2,6 millions ont perdu la vie, tandis que l’économie mondiale s’est retrouvée dans une profonde récession. À l’heure actuelle, le monde a accompli les premiers progrès dans la lutte contre la COVID-19, mais la pandémie est loin d’être terminée et la reprise économique est loin d’être atteinte.

Comme l’indique le thème de cette conférence, le monde est à la croisée des chemins. C’est un moment critique où tous les pays doivent s’unir et coopérer pour faire face ensemble aux défis.

Représentant 20 % de la population mondiale, jouant un rôle clé dans la recherche, le développement et la production de vaccins contre la COVID et appuyant depuis longtemps la coopération internationale, la Chine est un membre essentiel de la communauté mondiale dans la tâche la plus pressante qui consiste à endiguer la pandémie. En même temps, contribuant à plus de 30 % dans la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, la Chine est la seule économie mixte à avoir enregistré une croissance positive au cours de l’année écoulée. La stabilisation et la relance de l’économie mondiale ne peuvent pas non plus se faire sans la Chine.

Malheureusement, dans les années récentes, la Chine et le Parti communiste chinois (PCC), ont été tour à tour diabolisés, étiquetés ou stéréotypés par certains politiciens et médias occidentaux. C’est pourquoi il est essentiel que le monde comprenne et perçoive la Chine d’une manière véridique et objective. Je souhaite partager ici avec vous quelques réflexions sur la Chine, le gouvernement chinois et son parti au pouvoir.

L’histoire assagit les peuples. Si l’on remonte à l’histoire de la Chine, en particulier au début du XXe siècle, c’était l’un des pays les plus pauvres et son peuple vivait dans la misère en raison de l’oppression et des agressions étrangères.

C’est à cette époque que le PCC est né, en 1921, sous l’impulsion d’un mouvement national et international. Au cours de ces cent ans d’histoire, le PCC a permis au peuple chinois d’accomplir des réalisations réputées mondialement en établissant et en construisant une nouvelle Chine, et de contribuer fortement à la paix et à la prospérité dans le monde.

Tout d’abord, nous ne gouvernons pas de manière autoritaire, mais soutenons toujours la démocratie populaire. Le type de système choisi par un pays est déterminé par sa nature et sa réalité. Les États-Unis ont une démocratie de type américain et la Chine une démocratie de type chinois.

Copier simplement les autres pays ne peut pas fonctionner. Le système politique démocratique de la Chine n’a vu le jour qu’après l’échec du modèle démocratique occidental pour la sauver. Il est le résultat d’un développement et d’une évolution à long terme sur la base du patrimoine historique, des traditions culturelles et des pratiques économiques et sociales de la Chine.

La démocratie socialiste chinoise repose sur un système de congrès populaires, de coopération et de consultation multipartites et de gouvernance fondée sur la loi. Le parti est issu du peuple, le gouvernement est au service du peuple et le pays est dirigé par le peuple. C’est notre philosophie. Selon une enquête de l’université de Harvard, le taux de satisfaction du peuple chinois à l’égard du gouvernement central est de 93,1 %, ce qui prouve qu’il bénéficie d’un large soutien de la population.

Deuxièmement, nous ne négligeons jamais les droits de l’homme, mais donnons toujours la priorité au peuple. Dans la réalité chinoise, le droit à la subsistance et au développement est le droit fondamental de l’homme.

En même temps, nous nous efforçons d’assurer un développement global et coordonné des droits économiques et sociaux, ainsi que des droits civils et politiques. Au cours des 70 dernières années au moins, depuis la fondation de la République populaire, le PIB par habitant de la Chine est passé d’à peine 30 dollars américains à plus de 10 000.

Plus de 800 millions de personnes sont sorties de la pauvreté extrême – je pense que c’est la plus grande réussite en matière de protection des droits de l’homme. Le nombre d’individus couverts par l’assurance médicale de base a atteint 1,3 milliard. Les régions habitées par des minorités ethniques ont également connu un développement à long terme. Au cours des 60 dernières années et plus, le PIB par habitant du Xinjiang a été multiplié par près de 40, et l’espérance de vie moyenne y est passée de 30 à 72 ans.

Les droits de tous les groupes minoritaires ethniques, y compris le droit à la vie et à la liberté de religion, sont pleinement garantis et respectés. Les réalisations de la Chine en matière de développement des droits de l’homme peuvent être considérées comme un témoignage de l’histoire et du temps.

Troisièmement, nous ne restons pas figés mais cherchons constamment à nous améliorer. Au cours des dernières décennies, nous avons toujours avancé et ajusté les stratégies de développement en temps opportun, en fonction de l’évolution de la situation.

Depuis l’exigence de « se concentrer sur la tâche centrale de la construction économique » à celle de « faire du développement la priorité absolue », en passant par « la vision scientifique du développement » et « le plan global de promotion du progrès économique, politique, culturel, social et écologique dans son ensemble », l’amélioration et l’innovation de notre philosophie du développement ont à chaque fois conduit les Chinois à de nouveaux niveaux de développement.

Face aux changements de situation, nous avons mis en avant un nouveau concept de développement – innovation, coordination, écologie, ouverture et partage – qui permettra au pays d’atteindre un développement de meilleure qualité et plus durable à l’avenir. Par exemple, dans le domaine du développement vert, l’intensité carbone de la Chine a été réduite de 48,1 % par rapport à 2005, l’emploi des combustibles non-fossiles a augmenté à 15,3 % de notre consommation d’énergie et la qualité de l’air et de l’eau de presque toutes les grandes villes s’est améliorée de manière significative grâce à des actions concertées.

Quatrièmement, nous ne plaidons pas pour « la Chine d’abord », mais adoptons toujours une coopération gagnant-gagnant. Résultat naturel de la réforme et de l’ouverture de la Chine, la coopération gagnant-gagnant constitue le principe de base de la diplomatie chinoise. Le développement de la Chine consiste non seulement à apporter des avantages à son propre peuple, mais aussi à contribuer au développement du monde.

La Chine est devenue le plus grand partenaire commercial de près de 130 pays et régions, avec des importations représentant 11 % du total mondial. Elle est également l’une des économies présentant le plus haut degré d’ouverture et la plus forte amélioration de l’environnement commercial dans le monde.

Nous avons signé avec 171 pays et organisations internationales, 205 documents de coopération pour la construction conjointe de l’Initiative une ceinture, une route. Le volume total des échanges commerciaux avec ces pays a dépassé 7,8 milliards de dollars américains, et les investissements directs ont dépassé 110 milliards de dollars américains.

Enfin, nous ne sommes pas des nationalistes bornés, mais nous nous préoccupons toujours du sort commun de l’humanité. Nous aidons les pays en développement avec sincérité et bonne foi et menons activement une coopération mutuellement bénéfique avec l’étranger.

Nous défendons le multilatéralisme, soutenons l’ONU et travaillons avec la Russie, les États-Unis et d’autres acteurs concernés pour résoudre divers problèmes régionaux critiques.

Face à la pandémie, nous avons fourni une assistance à plus de 150 pays et 13 organisations internationales, fait don de vaccins anti-COVID à 69 pays en développement qui en avaient urgemment besoin et exporté des vaccins dans 43 pays. À l’ère de la mondialisation, tracer des lignes de démarcation avec l’idéologie et former des coalitions exclusives ciblant des pays spécifiques n’est pas populaire et n’a plus cours. Si la Chine a réalisé de grands progrès en matière de développement, elle reste néanmoins un pays en développement. Certains problèmes persistants de développement déséquilibré et inadéquat n’ont pas été résolus.

Il existe encore de grandes disparités de développement entre zones rurales et urbaines, entre régions et dans la répartition des revenus, tandis que la population rencontre toujours des difficultés en matière d’emploi, d’éducation, de soins médicaux, de logement et de retraites. À l’avenir, la Chine compte respecter son XIVe plan quinquennal de développement économique et social national et ses objectifs à long terme d’ici à 2035, et améliorer la qualité et l’efficacité du développement économique pour mieux répondre aux besoins de la population.

En même temps, elle met en place un nouveau paradigme de développement fondé sur la « double circulation », la circulation intérieure étant la principale, circulation intérieure et circulation internationale se renforçant l’une et l’autre, tout en favorisant l’ouverture à un niveau plus élevé, ce qui créera davantage de possibilités de coopération entre la Chine et les autres pays.

Mesdames et Messieurs, la Chine et les États-Unis sont tous deux des pays importants dans le monde. Nous gagnons à coopérer et perdons à l’affrontement. Les relations actuelles entre la Chine et les États-Unis sont à un stade déterminant. La veille du Nouvel An lunaire, le président Xi et le président Biden ont eu leur premier échange téléphonique, ce qui a montré au monde entier que les deux grands pays se sont engagés à maintenir la communication, à améliorer la compréhension et à se concentrer sur la coopération. Dans l’esprit de cette conversation téléphonique, la Chine a tenu un dialogue stratégique de haut niveau avec les États-Unis en Alaska.

Perspectives d’avenir

Je voudrais ici vous donner mon point de vue sur la prochaine étape dans les relations sino-américaines.

Premièrement, renforcer la compréhension mutuelle. L’objectif fondamental du développement de la Chine est de permettre au peuple chinois de vivre mieux. Personne n’est en mesure de refuser au peuple chinois le droit de réaliser ses rêves.

La Chine a adopté la voie du développement pacifique et n’a aucunement l’intention de défier ou de remplacer les États-Unis. Nous espérons que les États-Unis pourront considérer la Chine et ses intentions de manière objective et maintenir la bonne orientation de notre relation bilatérale.

Deuxièmement, gérer les différences. C’est tout naturel que les deux pays aient des différences. Ce qui est important est que les deux parties les gèrent correctement et ne permettent pas que leurs relations soient définies par ces désaccords. Chaque partie doit accorder une attention particulière au respect des intérêts et des principales préoccupations de l’autre partie. Les États-Unis doivent cesser d’intervenir dans les questions qui touchent à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine, comme Taïwan, Hong Kong, le Xinjiang et le Tibet.

Troisièmement, renouer la coopération. Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, de la non-prolifération, de la réponse à la crise financière ou de la lutte contre la criminalité transnationale, les domaines dans lesquels la Chine et les États-Unis ont besoin de coopérer et pourraient le faire ne cessent de s’étendre. A l’heure actuelle, nous disposons d’une grande marge de manœuvre pour coopérer dans des domaines tels que le contrôle des pandémies, la relance économique et le changement climatique. En fait, la très grande majorité des entreprises américaines présentes en Chine ont affirmé leur intention d’y rester car elles y réalisent de grands profits et y trouvent de nombreuses opportunités. Cela illustre parfaitement la volonté des deux peuples de renforcer la coopération.

Quatrièmement, rétablir les échanges courants. Les échanges de peuple à peuple constituent la base même des relations bilatérales. Ils renforcent la compréhension mutuelle et la confiance. Les deux parties devraient chacune encourager leur peuple à poursuivre les échanges et la coopération dans divers domaines tels que l’éducation, la science et la technologie, la culture, le sport et la jeunesse.

Nous espérons que l’Institut Schiller et d’autres Instituts stratégiques et organisations indépendantes pourront contribuer davantage à la consolidation des relations globales.

Mesdames et Messieurs, à la croisée des chemins de l’histoire, l’avenir de la société humaine dépend en fin de compte de nos choix. Les conflits et les affrontements ne peuvent conduire l’humanité vers un avenir radieux.

La paix et le développement restent la quête de la plupart des peuples du monde. Face à l’épineux chemin qui s’ouvre devant nous, nous assumons tous de lourdes responsabilités. Nous devons nous engager dans la bonne direction, suivre les attentes des gens et nous joindre à eux pour conduire la société humaine face aux vents contraires et la mener vers un monde plus heureux.