ExoMars, Arianespace, ISS, Kourou

Les sanctions contre la Russie, néfastes pour le programme spatial américain et européen

lundi 14 mars 2022, par Karel Vereycken

ExoMars, Arianespace, Kourou, ISS. Dans l’épreuve de force anglo-américaine avec la Russie concernant l’Ukraine, les vagues de sanctions et contre-sanctions qui l’accompagnent nuisent au type de coopération internationale sans doute le plus orienté vers l’avenir : l’exploration spatiale, domaine qui avait su y échapper jusqu’à présent.

Selon le compte-rendu publié le 24 février sur le site de la Maison Blanche, en annonçant de nouvelles sanctions contre la Russie (entre autres financières), le président américain Joe Biden a précisé qu’

entre nos actions et celles de nos alliés et partenaires, nous estimons que nous allons réduire de plus de la moitié les importations de haute technologie de la Russie. Cela portera un coup à leur capacité de continuer à moderniser leur armée. Cela dégradera leur industrie aérospatiale, y compris leur programme spatial.

Moscou a immédiatement riposté en annonçant qu’elle ne vendrait plus de moteurs de fusée aux entreprises américaines.

Le patron de l’agence spatiale russe Roscosmos, Dmitry Rogozine, lui-même sous le coup de sanctions depuis l’affaire de la Crimée de 2014, a déclaré :

Qu’ils volent sur autre chose, sur leurs manches à balai ! 

Pour Rogozine, la responsabilité en revient aux États-Unis et à l’Europe :

La responsabilité de l’effondrement de la coopération dans l’espace repose sur les épaules des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne. Ces pays ont détruit ce qui a été créé par l’humanité avec tant de difficultés, ce qui a été créé par le sang et la sueur de ces personnes qui maîtrisaient l’espace.

Joignant l’acte à la parole, la fusée Soyouz-2, qui devait mettre en orbite 36 des satellites OneWeb du Royaume-Uni, a été retirée de la rampe de lancement, au motif que le Royaume-Uni a refusé de s’engager à ne pas utiliser les satellites à des fins militaires et de se retirer, en tant qu’Etat, de la société. Il convient de souligner que depuis 2006, les fusées Soyouz-2 ont à leur crédit 137 lancements, dont 130 réussis, soit un taux de succès de 94,9 %.

Le directeur général « a donné l’ordre d’arrêter tous les lancements de fusées russes dans l’intérêt de OneWeb depuis tous les spatioports, en raison de l’absence de garantie de la part de la société OneWeb que les satellites du système ne seront pas utilisés à des fins militaires », a précisé Roscosmos dans un communiqué.

On considère que l’arrêt des ventes de moteurs de fusée russes aura peu d’impact sur les États-Unis, puisque des firmes privées comme SpaceX et Blue Origin construisent les leurs. Seul Northrop Grumman, qui fait appel à des moteurs RD-181 de fabrication russe dans sa fusée Antares, subira un impact clairement négatif.

L’Europe la plus touchée

En revanche, l’impact sur l’industrie et les programmes spatiaux européens sera bien plus dévastateur. « La guerre en Ukraine se déroule sur Terre, mais ricoche dans l’espace et, d’une certaine manière, jusqu’à la planète Mars. Des sanctions prises contre Moscou découle en effet une cascade de répercussions pour le monde spatial, conséquences industrielles, scientifiques et purement opérationnelles, qui touchent au premier chef l’Europe et la France en raison de l’arrêt de nombreuses collaborations avec la Russie », constate Le Monde du 4 mars.

Fusées Soyouz sur la base de Kourou en Guyane française.

Le 26 février, en signe de protestation contre les sanctions, Roscosmos a rappelé les 87 Russes travaillant au Centre spatial de Kourou, en Guyane française, et suspendu les lancements de la fusée Soyouz-ST depuis ce centre.

Conséquence immédiate : les deux satellites qui devaient compléter le programme européen Galileo (constellation d’une trentaine de satellites), ainsi que le satellite militaire français CSO-3, n’ont plus de lanceur. A cela s’ajoutent les pertes financières que subira Arianespace, qui commercialise les vols russes Soyouz-2, pouvant la mener au dépôt de bilan.

Dans un communiqué laconique, l’Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d’études spatiales (CNES) ont déclaré compter sur « l’arrivée imminente sur le marché des nouveaux lanceurs Vega-C et Ariane-6 » pour « élaborer une reprogrammation de [ces] lancements », sans préciser si les satellites immobilisés pourraient décoller cette année.

Le petit détail qui fâche, c’est qu’Ariane-6 n’a pas encore effectué le moindre vol et que le dernier étage des petits lanceurs européens Vega est fabriqué... en Ukraine.

Pour lancer le satellite militaire, le ministère des Armées reste droit dans ses bottes et estime que « l’option qui se dessine, c’est d’utiliser Ariane 6 dont le premier vol opérationnel est attendu dans les prochains mois », comme l’a affirmé à la presse le porte-parole du ministère, Hervé Grandjean.

Depuis la chute du mur de Berlin, la volonté politique de maintenir une industrie spatiale dans les anciennes républiques soviétiques et de mettre à profit le savoir-faire des ingénieurs russes et ukrainiens en matière de motorisation, a abouti à l’intégration de nombreux composants de l’Est dans plusieurs fusées occidentales.

Ainsi, outre Vega, le lanceur Atlas V de l’United Launch Alliance, largement utilisé aux États-Unis, est actuellement équipé de moteurs russes RD-180.

Autre exemple, la fusée Antares, de la société américaine Orbital Sciences Corporation, qui envoie le vaisseau de ravitaillement Cygnus vers la Station spatiale internationale (ISS) : son premier étage est construit en Ukraine... et elle aussi est équipée de moteurs russes.

Exit ExoMars ?

Rover ExoMars.

En clair, dans l’état actuel des choses, ExoMars, cette fabuleuse mission de 2 milliards d’euros impliquant une vaste communauté scientifique, n’a ni fusée ni atterrisseur. L’ESA reconnaît désormais qu’un lancement en 2022 est « très improbable ».

Un gâchis monstrueux lorsqu’on sait que, alignement de planètes oblige, la fenêtre de tir pour se rendre sur Mars ne se présente que tous les 26 mois, assez de temps, selon certains scientifiques, pour que les expériences qu’on prévoyait d’y effectuer soient dépassées et rendues inutiles...

C’est une bombe atomique qui nous est tombée sur la tête », confesse au Monde l’une des personnes impliquées dans le projet, sous couvert d’anonymat. « Jusqu’au vendredi 25 février, nous espérions passer entre les gouttes de toutes les mesures de restriction, mais c’est désormais terminé.

Dans la longue course d’obstacles qui prépare sa mission, ExoMars en était à quelques jours de sa « revue de qualification et d’acceptation de vol », qui aurait donné le feu vert pour expédier le rover Rosalind-Franklin, actuellement à Turin, en Italie, vers le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan.

Directrice de recherche émérite au CNRS, Frances Westall, citée dans Le Monde, faisait partie du groupe de scientifiques qui a conçu le projet à la fin des années 1990 : « J’ai terminé ma carrière au CNRS le 28 février au soir avec cette nouvelle et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je suis attristée pour mes collègues scientifiques et ingénieurs qui ont livré un énorme travail depuis toutes ces années. Ces jours derniers, des tests ont eu lieu avec des collègues russes qui étaient tout aussi anéantis. J’avais craint que d’éventuels problèmes techniques ne reportent la mission mais jamais je n’avais pensé à une guerre. »

La Station spatiale internationale (ISS)

Station spatiale internationale (ISS).

Enfin, bien sûr, l’ISS, qui est, depuis sa conception, un effort conjoint américano-russe. Née d’un plan de politique étrangère visant à améliorer les relations entre les anciens ennemis de la guerre froide, après la chute du mur de Berlin, l’ISS n’existerait pas sans l’apport de la Russie.

Les fusées Soyouz ont contribué à mettre en orbite les modules de l’ISS et, après l’abandon de la navette spatiale en 2011, elles restent le seul moyen d’envoyer des astronautes en orbite et d’en revenir, du moins jusqu’à l’arrivée de SpaceX.

Sur les 16 modules habitables de la station, six ont été fournis par la Russie et huit par les États-Unis (les autres ont été envoyés par le Japon et l’ESA). L’été dernier, la Russie a lancé avec succès son plus grand composant de l’ISS à ce jour, le module scientifique Nauka, d’une capacité de 80,9 m3.

Construite et gérée par les États-Unis, la Russie, l’Europe, le Japon et le Canada, l’ISS est un symbole et un point culminant de la coopération internationale. La station est occupée sans interruption depuis plus de 20 ans et a accueilli plus de 250 personnes de 19 pays, donnant ainsi un bel exemple de coopération internationale.

Si l’ISS est souvent restée à l’écart de la géopolitique, cette position est désormais menacée. Pour l’équipage actuel, composé de deux Russes, quatre Américains et un Allemand, la situation peut dégénérer à mesure que les tensions augmentent entre les États-Unis et la Russie.

Dmitry Rogozine, l’actuel patron de Roscosmos, n’est pas un anti-occidental acharné, c’est même plutôt le contraire. Successivement ambassadeur de Russie à l’OTAN et vice-Premier ministre russe en charge de la défense et de l’industrie, il avait proposé, dès octobre 2011 qu’Occidentaux et Russes mettent en œuvre une initiative commune en vue de créer un système d’alerte et de prévention contre les objets spatiaux approchant dangereusement la Terre. En 2013, Rogozine avait renouvelé aux Occidentaux son offre pour une coopération internationale suite à l’impact spectaculaire d’une météorite à Chelyabinsk, en Russie.

On peut donc comprendre sa colère, à l’annonce des sanctions adoptées par Biden. « Voulez-vous gérer l’ISS vous-même ? », lance-t-il dans une série de tweets le 26 février.

Peut-être que le président Biden connaît mal le dossier, alors expliquez-lui que la correction de l’orbite de la station, son évitement des rendez-vous dangereux avec les déchets spatiaux avec lesquels vos talentueux hommes d’affaires ont pollué l’orbite terrestre proche, est produite exclusivement par les moteurs des vaisseaux cargo russes Progress MS. ... Si vous bloquez la coopération avec nous, qui sauvera l’ISS d’une désorbitation incontrôlée et d’une chute sur les États-Unis ou l’Europe ? » « Il existe également la possibilité de voir une structure de 500 tonnes larguée sur l’Inde et la Chine. Voulez-vous les menacer avec une telle perspective ? L’ISS ne survole pas la Russie, donc tous les risques vous incombent. Êtes-vous prêts à les assumer ? »

Cette référence à une « désorbitation incontrôlée » rappelle cruellement que la Russie pourrait très bien cesser de fournir ses vaisseaux cargo Progress MS pour aider au retrait de la station spatiale à la fin de la décennie.

Déjà en 2014, après l’affaire de la Crimée, en réponse aux sanctions américaines contre la Russie, les responsables russes avaient annoncé qu’ils ne convoieraient plus d’astronautes américains vers et depuis la station spatiale à partir de 2020.

Avec l’abandon de la navette spatiale de la NASA en 2011, les États-Unis sont devenus entièrement dépendants des fusées russes pour le transport des astronautes vers et depuis l’ISS, et une telle décision signifierait la fin de toute présence américaine à bord de la station spatiale. Bien que la Russie n’ait pas mis sa menace à exécution et ait continué à transporter des astronautes américains, il est clair que cette menace aurait dû être prise au sérieux.

Le 25 février, se présentant en sauveur, Elon Musk a proposé l’intervention de SpaceX pour maintenir l’ISS en orbite en cas de refus de la Russie. La station spatiale garde sa position grâce aux livraisons régulières de réactif propulsif par l’agence spatiale russe, mais si les livraisons s’arrêtent, l’ISS sera incapable de contrer la traînée atmosphérique de la planète et finira par ralentir jusqu’à une orbite de capture où elle tombera sur Terre. En prenant en charge ces vols de livraison, SpaceX pourrait la maintenir en altitude.

« Le segment russe ne peut pas fonctionner sans l’électricité du côté américain, et le côté américain ne peut pas fonctionner sans les systèmes de propulsion qui sont du côté russe », a rappelé l’ancien astronaute de la NASA Garrett Reisman à CNN.

Donc on ne peut pas faire un divorce à l’amiable. On ne peut pas faire un désaccouplement conscient.

« En décembre 2021, les États-Unis ont annoncé leur intention de prolonger à 2030 la date de fin des opérations de l’ISS, prévue en 2024. La plupart des partenaires de l’ISS ont soutenu ce plan, mais la Russie devra également accepter de maintenir l’exploitation de l’ISS au-delà de 2024. Sans le soutien de la Russie, la station - et toutes ses réalisations scientifiques et coopératives - pourraient connaître une fin prématurée », s’inquiète le professeur Wendy Whitman Cobb, de l’US Air Force School of Advanced Air and Space Studies.

Ce n’était que pour rire

Pour susciter un sursaut en Occident, RIA Novosti, une des agences de presse de l’État russe, a posté le 5 mars sur son compte Telegram (sous forme de boutade) une vidéo de 47 secondes.

Rapidement devenue virale, on y voit des cosmonautes russes détachant le segment des modules russes de la Station spatiale internationale, y compris des modules comme Zvezda qui fournissent la plupart des systèmes de survie de la station orbitale ! « Cette nouvelle vidéo de propagande intervient quelques jours après que les États-Unis ont imposé des sanctions à Moscou, suite à son invasion de l’Ukraine », fulmine la presse occidentale.

« Alors que les bombes pleuvent sur l’Ukraine, Dmitry Rogozine, le chef de l’agence spatiale russe Roscosmos, bouleverse actuellement, par ses paroles et ses décisions, un partenariat singulier de plusieurs décennies dans l’espace entre son pays et les Occidentaux », s’exclame Le Parisien, qui s’offusque des « délires » du patron de Roscosmos.

Cap sur l’Est

Pour limiter l’impact sur son industrie spatiale, l’agence spatiale russe promet « un soutien sans précédent aux entreprises spatiales russes privées. Elles auront accès aux nouveaux développements nationaux dans le domaine de l’instrumentation spatiale, ainsi qu’à la possibilité de livrer pratiquement gratuitement en orbite des vaisseaux spatiaux créés par des bureaux d’études privés ».

La Russie va également lancer des dizaines d’engins spatiaux privés pour la communication, l’observation météorologique et la télédétection de la Terre, un tournant pour la Russie où le spatial restait une affaire d’État reposant sur la coopération mondiale, notamment avec les États-Unis et l’Europe.

Le week-end dernier, la Russie a évincé les États-Unis de Venera-D, un projet visant à explorer Vénus. Soit la Russie le réalisera seule, soit elle fera appel à la Chine, qui pourra également l’aider à se procurer la microélectronique dont elle a besoin pour son programme spatial et qu’elle ne peut plus se procurer ailleurs à cause des sanctions. Beijing s’est jusqu’à présent montrée peu enthousiaste à rallier les sanctions internationales contre la Russie. En 2019, la Chine et la Russie avaient déjà convenu de codévelopper une station scientifique internationale lunaire pour rivaliser avec la station lunaire Gateway prévue par la NASA, à laquelle la Russie comptait pourtant s’associer.

Ces nouvelles sanctions vont renforcer la coopération spatiale entre la Russie et la Chine. Elles interviennent après la rencontre entre Vladimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping, le 4 février, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver dans la capitale chinoise, où le président russe avait évoqué un rapprochement « sans précédent » avec la Chine.

Satellite du système russe GLONASS.

Parmi les 16 accords confirmés lors de cette rencontre, l’un des plus notables concerne la fourniture à la Chine de 10 milliards de mètres cubes de gaz russe par an via un nouveau gazoduc, et un autre, signé entre les opérateurs du système russe de satellites à haute altitude GLONASS et du système chinois BeiDou, porte « sur la coopération dans le domaine d’une complémentarité certifiée des systèmes mondiaux de navigation par satellite en termes d’échelles de temps ». Cette complémentarité représenterait une nette amélioration en termes de performances. Par exemple, alors qu’un satellite BeiDou couvrirait la région de Moscou entre 7 et 9 heures, un satellite GLONASS pourrait dans le même temps en couvrir une autre, par exemple celle de Saint-Pétersbourg.

La Chine a lancé son programme BeiDou (Ourse du Nord, ancien nom chinois de la « Grande Ourse ») dans les années 1990. Elle craignait alors que son Armée populaire de libération (APL) ne soit vulnérable sans un système de navigation par satellite alternatif au GPS (Global Positioning System), propriété du gouvernement américain et exploité par l’US Air Force. Le troisième et actuel réseau de 30 satellites de BeiDou a été achevé et a commencé à offrir des services mondiaux en juillet 2020, alors que Beijing et Washington vivaient un « découplage » amer et des tensions militaires croissantes.

En dehors de ses applications militaires, le système BeiDou, avec une précision de positionnement de 1,2 m surpassant la portée de 5 à 10 m du GPS, et des services ajoutés tels que la messagerie texte, vise également à attirer le marché civil mondial de la navigation par satellite, qui vaut des milliards de dollars américains.

Programme soviétique qui a vu le jour pendant la guerre froide, le GLONASS russe, ou système mondial de navigation par satellite, a été rétabli en 2011. Aujourd’hui, avec une constellation de 24 satellites en orbite, il présente de grands avantages pour les utilisations militaires, grâce à sa forte capacité anti-brouillage. L’Inde est associée, dans le cadre d’un accord intergouvernemental signé en 2004, à la réalisation de GLONASS. C’est le seul pays à avoir accès au volet militaire de ce système.

« BeiDou et GLONASS ont chacun leurs propres avantages. S’ils pouvaient être profondément liés, voire interopérables, ils pourraient former un système de navigation idéal, qui non seulement faciliterait le transport transfrontalier entre les deux parties en temps de paix, mais améliorerait également la stabilité et la capacité de survie de l’ensemble du système de navigation en s’appuyant l’un sur l’autre en temps de guerre », a déclaré l’expert militaire chinois Qian Liyan à l’agence de presse russe Sputnik.

Les opérateurs des deux nations, le Comité chinois du système de navigation par satellite et la société russe Roscosmos, ont établi au cours des dernières années une plateforme de services de surveillance et d’évaluation pour les deux systèmes, fournissant des services conjoints à l’initiative multinationale « Ceinture et Route » de Beijing, et ont développé ensemble des applications de navigation par satellite dans le transport transfrontalier.

En ce qui concerne la coopération spatiale, en juin 2021 déjà, lors d’une conférence de presse à la Conférence mondiale sur l’exploration spatiale (GLEX) à Saint-Pétersbourg, Rogozine avait révélé que la Russie était en discussion avec la Chine au sujet de vols habités vers la station spatiale chinoise (CSS). Techniquement parlant, le meilleur site de lancement pour l’atteindre reste la Guyane française, mais on peut également utiliser le cosmodrome russe de Vostochny. Les remarques de M. Rogozine intervenaient quelques jours seulement après le lancement par la Chine de son premier équipage vers le module central de la station spatiale Tianhe, à l’aide d’une fusée Longue Marche 2F, depuis Jiuquan, dans le désert de Gobi. La CSS devrait être achevée en 2022 et accueillir un équipage permanent pendant au moins dix ans. Elle pourrait même devenir la seule destination en orbite terrestre basse pour les astronautes internationaux, l’avenir de la station spatiale internationale (ISS) s’annonçant incertain.

Toujours lors du GLEX de Saint-Pétersbourg, la Chine et la Russie ont présenté leur première version d’une feuille de route pour une base internationale de recherche lunaire commune, qui, selon les deux pays, restera ouverte à toutes les parties intéressées.

Allô Houston ?

Nous vous encourageons donc, chers lecteurs, à signer et à faire circuler l’appel de l’Institut Schiller à convoquer une conférence internationale afin d’établir une nouvelle architecture de sécurité et de développement pour toutes les nations.