Pour l’humanité, la route vers Mars passe par l’Ukraine

mercredi 30 mars 2022, par Karel Vereycken

Des fusées pour la paix.

Une fois le conflit actuel terminé, le moment viendra d’une reconstruction de l’Ukraine grâce à une intégration économique dans le « Pont terrestre eurasiatique » et « mondial », qui l’ouvrira au monde entier. Dans cette perspective, sa contribution à l’exploration spatiale sera très utile à l’humanité toute entière !

Les sanctions de Biden contre la Russie, destinées, entre autres, à nuire à son programme spatial, impacteront négativement de nombreux projets spatiaux dans plusieurs pays dont celui de l’Ukraine...

Dans cette optique, la décision de l’Agence spatiale européenne (ESA) de suspendre sa coopération avec la Russie sur la mission ExoMars, dont le lancement était initialement prévu fin septembre depuis le cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan, est une catastrophe auto-infligée.

Lancer ExoMars sans l’aide de la Russie impliquerait plus que le remplacement de la fusée Proton de fabrication russe. La Russie a également construit la plate-forme d’atterrissage « Kazachok », qu’il faudrait remplacer. Le rover lui-même comprend des instruments russes et des unités de chauffage à radio-isotopes fournies par la Russie.

La déclaration de l’ESA porte également sur la décision prise par la Russie, le 26 février, de suspendre l’emploi des fusées Soyouz depuis Kourou, en Guyane française, et d’en retirer son personnel en réponse aux sanctions. Ce qui paralyse cinq missions européennes : deux lancements de satellites de navigation Galileo, l’observatoire spatial Euclid et les satellites Sciences de la Terre EarthCARE de l’ESA, ainsi qu’un satellite de reconnaissance militaire français.

Les Etats-Unis, mais surtout l’Europe et bien sûr la Russie, depuis 1991, travaillent ensemble en Ukraine, car cette dernière est un acteur majeur de l’industrie spatiale mondiale depuis les années 1950. On ne le dit pas assez, mais l’Ukraine est un concepteur et un fabricant de premier plan de lanceurs spatiaux, de moteurs de fusées (notamment russes), d’engins spatiaux et de composants électroniques. La fusée ukrainienne Zenit est même la préférée d’Elon Musk !

Avec 16 000 employés, l’Agence spatiale ukrainienne est presque aussi vaste que la NASA. Institution héritée de l’ère soviétique, l’agence contrôle vingt sociétés d’État centrées sur le cluster spatial de l’Ukraine, une région située entre les villes de Dnipro, Kharkiv et Kiev.

Au cœur de l’industrie spatiale du pays, les entreprises Yuzhmash et Yuzhnoye. Toutes deux ont leur siège à Dnipro, dans le sud-est de l’Ukraine, surnommée « Rocket City » en raison de son industrie spatiale.

Epoque soviétique

À l’époque soviétique, Dnipro était l’un des principaux centres des industries spatiale, nucléaire et militaire et jouait un rôle crucial dans le développement et la fabrication de missiles balistiques pour l’URSS. L’un des plus puissants missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) utilisés pendant la Guerre froide était le R-36, devenu par la suite la base des familles de lanceurs Tsyklon. Le R-36 comme le Tsyklon ont été conçus par Yuzhnoye et fabriqués par Yuzhmash.

La reconversion du secteur militaire était l’industrie spatiale ! Les deux entreprises sont devenues la colonne vertébrale de l’industrie spatiale du pays, construisant plus de 100 lanceurs par an.

En Occident, elles se sont fait remarquer pour avoir conçu et fabriqué les premiers étages de la fusée Antares, qui lance le véhicule cargo Cygnus de Northrop Grumman vers la station spatiale internationale. Yuzhnoye fabrique également des moteurs pour les fusées européennes Vega.

Le programme spatial ukrainien comprend également des projets tels que des missions d’élimination des débris spatiaux et des systèmes de protection anti-astéroïdes, précisément le type de coopération que le patron de Roscosmos, Dimitry Rogozine, du côté russe, avait proposé il y a quelques années à l’Occident sans pour autant obtenir de réponse.

Les installations de recherche et de fabrication de l’Ukraine, y compris les hangars géants et les bancs d’essai sophistiqués, valent des milliards de dollars. Il n’est pas étonnant que jusqu’à présent, les troupes russes, conscientes de leur rôle potentiel pour la paix et l’avenir commun de l’humanité, aient soigneusement évité de les endommager.

Nous vous encourageons, chers lecteurs, à signer l’appel de l’Institut Schiller à convoquer une conférence internationale afin d’établir une nouvelle architecture de sécurité et de développement pour toutes les nations, et à vous inscrire à la visioconférence du 9 avril, destinée à pousser les dirigeants du monde à agir dans ce sens.