Helga Zepp-LaRouche : cessons de jouer au poker nucléaire !

lundi 30 mai 2022, par Helga Zepp-LaRouche

Présentation d’ouverture de Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller, lors de la visio-conférence du 26 mai 2022 réunissant des experts militaires et du renseignement, intitulée La folie des politiques menace de nous entraîner dans une guerre nucléaire.

Autres intervenants :

  • Le colonel Richard Black (retraité), ancien chef de la division du droit pénal du Pentagone et ancien sénateur d’État de Virginie
  • Le général Leonardo Tricarico (cr), ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air italienne
  • Ray McGovern, ancien analyste de la CIA et membre fondateur de l’association Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
  • Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CF2R).

Source : Institut Schiller.

Mobilisons l’amour pour l’humanité pour surmonter la crise existentielle d’aujourd’hui

Intervention de Helga Zepp-LaRouche du 26 mai 2022.

Bonjour, je vous salue.

Permettez-moi de commencer par ce qui est probablement la crise la plus dangereuse de l’histoire de l’humanité. En effet, s’il arrivait une troisième guerre mondiale, qui cette fois serait nucléaire, ce serait l’extinction de l’espèce humaine : non seulement il y aurait un échange de missiles nucléaires, mais aussi un « hiver nucléaire ». Et je pense que c’est Kennedy qui disait que, dans une guerre nucléaire, ceux qui meurent les premiers sont les plus chanceux, parce que les semaines qui suivent sont si horribles, que les survivants voudraient être morts.

Si cela arrivait, et le danger en est immédiat, tout ce que l’humanité a jamais produit ne vaudrait plus rien. Toutes les belles compositions de Beethoven seraient réduites à néant. Les écrits de Shakespeare, de Platon, de Confucius, de Pouchkine, les grandes avancées politiques d’un Lincoln, Léonard de Vinci - et je pourrais continuer la liste - tout cela serait réduit à néant. Il n’y aurait même plus d’historien pour chercher à savoir pourquoi cela s’est produit. Toute considération politique qui ne prend pas en compte cette perspective est évidemment insensée, et tout doit donc être fait pour empêcher le déclenchement d’une guerre nucléaire.

Le 3 janvier de cette année, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ont réitéré une déclaration très importante : « Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. »

La déclaration est noble, mais la réalité est malheureusement tout autre. Parce que dans la période récente, l’idée d’une guerre nucléaire gagnable s’est beaucoup répandue ; cette idée est évidemment complètement folle.

Le 27 avril, le Wall Street Journal a publié un article dont le titre était « Les États-Unis devraient démontrer qu’ils peuvent gagner une guerre nucléaire ». L’article citait l’ancien sous-secrétaire adjoint à la Marine, Seth Cropsey, selon lequel les États-Unis devraient se préparer à gagner une guerre nucléaire, et les navires de guerre américains devraient être équipés d’ogives nucléaires pour détruire les sous-marins nucléaires russes et éliminer ainsi la capacité russe de deuxième frappe.

On peut cependant douter qu’il soit possible de détruire cette capacité de deuxième frappe, parce qu’en raison de la mauvaise qualité de leurs systèmes d’alertes, les Russes ont installé une capacité de deuxième frappe automatique : dans le cas où les dirigeants russes seraient éliminés par une première frappe des États-Unis ou de l’OTAN, une machine apocalyptique enverrait automatiquement des armes nucléaires pour anéantir l’attaquant.

Cette idée d’une guerre nucléaire gagnable était également à la base des manœuvres qui se sont déroulées en janvier de cette année, appelées « Global Lightning », dont le scénario commençait par une guerre hybride nucléaire/conventionnelle, puis l’une ou l’autre des parties effectuait une frappe nucléaire, l’hypothèse étant que les États-Unis et l’OTAN seraient capables de survivre à une première frappe nucléaire de la Russie et de la Chine. Puis, la guerre se poursuivait avec d’autres systèmes létaux, comme un système de défense antimissile, des armes à énergie dirigée, des armes à pulsion électromagnétique (EMP), des lasers, une cyberguerre, des attaques depuis l’espace, et ce pendant des semaines et des semaines.

C’est évidemment ce qui ne se produirait pas.

Ted Postol, le spécialiste nucléaire, ancien professeur du Massachusetts Institute for Technology (MIT), a détaillé dans divers articles que je ne peux que conseiller aux gens d’étudier, pourquoi il n’y aura pas de guerre nucléaire limitée. Parce qu’il y a une différence fondamentale entre une guerre conventionnelle et une guerre nucléaire. C’est dans la logique même d’une guerre nucléaire, qu’une fois qu’une seule de ces armes est utilisée, toutes les autres le sont également.

Dans son interview du 25 mars avec Robert Scheer, Ted Postol décrit ce que seraient les effets des bombes nucléaires :

Nous parlons d’un mur de feu qui englobe tout ce qui nous entoure à la température du centre du Soleil. Nous serons littéralement réduits à l’état de cendres, si cette machine se met en marche. Je ne peux pas exagérer la puissance de ces armes. Quand elles explosent, elles sont en fait quatre ou cinq fois plus chaudes que le centre du Soleil, qui est à 20 millions de degrés Kelvin. Il y a 100 millions de degrés Kelvin au centre de ces armes… C’est impossible à imaginer pour un être humain... (…) C’est quelque chose qui dépasse tout ce que les êtres humains sont capables d’imaginer. Et je ne sais pas comment souligner à quel point c’est dangereux.

Il explique ensuite qu’une seule arme nucléaire détruirait une zone urbaine de 8 km de rayon, soit une zone d’environ 80 km², et qu’il ne faudrait que 20 % des ICBM américains disponibles pour détruire tous les ICBM terrestres de la Russie, soit peut-être 1000, et que 80 % des ogives restantes pourraient donc être utilisées à d’autres fins, par exemple contre des cibles en Russie, en Chine ou en Allemagne.

Global Britain et le RUSI

Cependant, cette réalité n’empêche pas Global Britain de jouer le « jeu de la poule mouillée » (chicken game) nucléaire. [1]

Un article a récemment été publié par Malcolm Chalmers, le directeur général adjoint du Royal United Services Institute (RUSI), qui se décrit comme le plus ancien et le plus important groupe de réflexion britannique sur la défense et la sécurité, et qui est étroitement associé à l’armée et à la maison royale britanniques.

Ils proposent une « crise des missiles de Cuba sous stéroïdes » - c’est ainsi qu’ils l’appellent - qui pourrait résulter de la tentative ukrainienne de reprendre la Crimée, ce qui faciliterait, selon eux, le règlement de la guerre Ukraine-Russie. Le titre de l’article est « Cette guerre présente encore des risques nucléaires - surtout en ce qui concerne la Crimée », et il a été publié le 20 mai.

Chalmers explique comment la Russie pourrait être contrainte à une confrontation nucléaire grâce à l’envoi [par les Occidentaux] d’armes toujours plus sophistiquées en Ukraine pour « faire bouillir la grenouille russe ». Vous connaissez tous l’histoire qui dit que si vous jetez une grenouille dans l’eau bouillante, elle en sortira. Mais si vous mettez la grenouille dans de l’eau froide, et que vous augmentez lentement la chaleur, alors la grenouille est cuite.

Alors, ils pensent que l’on peut « faire cuire la grenouille russe » en «  augmentant progressivement la taille et la sophistication des armes qui sont prévues d’être fournies à l’Ukraine ». Grâce à ces armes, l’Ukraine serait alors en mesure de « renverser la plupart des gains territoriaux récents de la Russie, y compris Kherson et même Marioupol. »

Ces armes et ces gains territoriaux pourraient également être utilisés « pour détruire des ponts, des rails, des sites de stockage et des bases aériennes » en Russie. Ensuite, ils tenteraient de reprendre la Crimée. Ils pourraient frapper par exemple une « cible tentante » comme le pont de Crimée (pont traversant le détroit de Kertch qui sépare la Crimée de la Russie), et cela conduirait à une crise des missiles en Crimée, affirme Chalmers.

Une menace spécifique d’utiliser des armes nucléaires en relation avec la Crimée pourrait être envisagée par Poutine comme un moyen de restaurer une partie de son pouvoir coercitif, même s’il doutait (ainsi que les États-Unis) qu’il mettrait cette menace à exécution (…)

Si une ligne rouge n’était pas acceptée par l’Ukraine, la Russie pourrait alors estimer qu’elle doit envisager une série d’autres options d’escalade, telles que la mise en alerte de ses forces nucléaires. » (Elles sont déjà en état d’alerte.)

Face à l’alternative de la perte probable de la Crimée, Poutine pourrait croire que l’Ukraine (incitée par les États-Unis) serait susceptible de céder en premier. Ce serait un moment de péril extrême, toutes les parties cherchant à comprendre les intentions des uns et des autres, tout en cherchant à poursuivre leurs intérêts nationaux.

Précisément en raison du péril inhérent à une telle situation, une crise nucléaire de ce type pourrait permettre aux dirigeants de faire plus facilement des compromis difficiles. Pour autant que la guerre soit terminée et le blocus d’Odessa levé, les dirigeants ukrainiens pourraient être disposés à reporter le règlement de la question de la Crimée. Pour Poutine, l’échec de l’invasion et le succès ultérieur de la contre-offensive ukrainienne auraient été une énorme humiliation. Mais il pourrait au moins faire valoir que la puissance de l’arsenal stratégique russe a réussi, à un moment de grande faiblesse nationale, à dissuader les plans de l’OTAN visant à démembrer la Russie. Cela pourrait suffire aux deux parties pour éviter la pire des issues.

Ceci est de la folie furieuse. Ce qu’il appelle une « crise des missiles cubains de Crimée sous stéroïdes » signifie que les deux plus grandes puissances nucléaires se retrouveraient au bord de la guerre nucléaire !

De gauche à droite : Malcolm Chalmers, Ben Wallace, Sir John Scarlett et Wolfgang Ischinger lors de l’European Defence Roundtable de 2019.

Évidemment, ce RUSI n’est qu’un groupe de réflexion, mais c’est un groupe qui nourrit la politique britannique. Et donc, la question est de savoir s’il ne s’agit pas d’une violation de l’article 2, n°4 de la Charte des Nations unies. Car il ne s’agit pas seulement d’une forme d’incitation à la guerre, mais d’une incitation à la guerre nucléaire. Et s’il n’existe pas encore de définition juridique internationale de cette notion, il serait très urgent d’en établir une.

Si ce chicken game tourne mal, tous les dépôts d’armes nucléaires en Europe seraient d’emblée une cible et seraient atteints en quelques minutes, et il n’y aurait plus d’Allemagne.

Le missile hypersonique russe Zircon, a été testé en septembre 2017.

Depuis que Poutine a annoncé l’existence de nouveaux systèmes nucléaires russes, le 1er mars 2018, comme le planeur hypersonique Avangard, qui est un missile intercontinental avec une vitesse de Mach 20, hautement manœuvrable, le missile de croisière hypersonique Kinzhal [En français, « Dague »], des missiles de croisière à propulsion nucléaire, des drones sous-marins rapides, des armes à laser, la possibilité existe que la Russie positionne son missile de croisière hypersonique nucléaire Tsirkon basé en mer au large de Washington, D.C., dont les experts militaires russes ont dit qu’il peut atteindre Washington si vite, que le président des États-Unis n’aura jamais le temps de s’échapper avec [son avion] Air Force One.

La guerre ne serait pas régionale, elle impliquerait des cibles américaines et britanniques également. Tulsi Gabbard a réalisé une vidéo dans laquelle elle montre comment toutes les villes américaines seraient touchées par ces armes nucléaires. Il faut que cette réalité apparaisse clairement à la population. Elle chercherait alors à se débarrasser immédiatement des dirigeants politiques qui réclament « des armes lourdes pour l’Ukraine, même si cela implique le risque d’une guerre nucléaire », et je vous laisse faire la liste des politiciens ont dit cela dans la période récente.

C’est terrible que nous ayons une guerre au milieu de l’Europe ! C’est Poutine qui l’a déclenchée, mais Nikolay Patrushev, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, a déclaré que cela s’est produit à un moment où le statut d’État de la Russie était en danger, et qu’il s’agissait d’une « opération technique et militaire » préventive. Ils avaient la preuve d’une attaque ukrainienne majeure et imminente contre le Donbass, et ce après huit ans de ce que Poutine a appelé un « génocide », au cours duquel 14 000 personnes ont été tués. Il est clair que l’Occident n’a jamais répondu aux plaintes russes à ce sujet, et nombre de ces accusations ont, en effet, été confirmées par l’OSCE.

Ce qui est joué ici, c’est l’hypothèse de base selon laquelle les États-Unis, l’UE, la Grande-Bretagne, l’OTAN, sont les « bons » et la Russie et la Chine sont les « méchants ». Par conséquent, seul « l’ordre fondé sur des règles » est bon, avec les valeurs occidentales, et ceux qui n’ont pas « nos valeurs » sont mauvais, et donc l’élargissement de l’OTAN vers l’Est n’est une menace pour personne, car l’OTAN est bon, et « l’OTAN mondial » n’est pas une menace pour la Chine.

Tel est le discours, mais ce n’est pas la vérité.

La politique de ce que les Britanniques appellent « faire bouillir la grenouille russe » existe depuis la fin de l’Union soviétique. Pas à pas, on va vers l’encerclement. Le 9 février 1990, James Baker III [alors secrétaire d’Etat américain] a répété à plusieurs reprises à Gorbatchev que l’OTAN n’avancerait pas « d’un pouce vers l’Est ». De nombreux témoins oculaires l’ont confirmé : Hans-Dietrich Genscher [alors ministre allemand des Affaires étrangères] apparaît sur une vidéo en train de dire cela.

En réalité, lorsque le Pacte de Varsovie s’est dissous, l’OTAN a perdu sa « raison d’être », et il aurait été absolument possible d’établir un ordre de paix. Il y a eu une chance historique, du genre de celles qui n’arrivent qu’une fois par siècle. Nous l’avons appelée à l’époque la « Sternstunde der Menschheit » (alignement optimal des planètes pour l’humanité).

Nous avons d’abord proposé comme fondement à cet ordre de paix, le projet de « Triangle productif Paris-Berlin-Vienne », qui était censé [par une mobilisation des forces productives de la vieille Europe] renforcer les économies du Comecon. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1991, nous l’avons étendu pour en faire le « Pont terrestre eurasiatique », que nous appelions déjà à l’époque la « Nouvelle route de la soie ». Mais presque au même moment, il y a eu une étude de la CIA en 1991, disant que la Russie disposait de plus de matières premières et d’une main-d’œuvre plus qualifiée que les États-Unis, et que par conséquent, le développement économique de la Russie n’était pas souhaitable, parce que sinon, il y aurait un compétiteur sur le marché mondial.

En cohérence avec ce type de raisonnement, le professeur Jeffrey Sachs a mis en œuvre, non seulement en Russie mais aussi dans toute l’Europe de l’Est, la « Thérapie de choc », qui, dans le cas de la Russie, a conduit à un effondrement démographique, qui s’est traduit par un million de Russes en moins chaque année, car le taux de mortalité y était beaucoup plus élevé que le taux de natalité.

Boris Eltsine était le chouchou de l’Occident, et ce n’est que lorsque Poutine est arrivé et a inversé le déclin de la Russie que la diabolisation de la Russie a commencé. Ceci n’a rien à voir avec ce que Poutine a fait, parce que Poutine était très ouvert à la coopération, avec l’OTAN, avec l’Occident, pour travailler à bâtir la « Maison européenne commune », comme l’avait dit Gorbatchev. Mais il n’était pas d’accord pour faire de la Russie un pays du tiers monde qui n’exporte que ses matières premières, et il a commencé à réindustrialiser – ou du moins, il a essayé de réindustrialiser la Russie et de lui donner un certain statut d’acteur mondial.

La diabolisation de la Chine s’est produite lorsque la Chine, qui était d’abord considérée comme un pays pouvant être intégré dans l’ordre libéral en le laissant rejoindre l’OMC, a réussi son miracle économique, ne s’est pas soumise au « Consensus de Washington » et n’a pas accepté la démocratie libérale. La Chine a pu sortir 850 millions de personnes de la pauvreté. Mais c’est surtout lorsque l’initiative « Belt and Road » a été lancée, donnant pour la première fois aux pays en développement l’occasion de surmonter la pauvreté et le sous-développement, que la diabolisation systématique de la Chine a eu lieu.

Et maintenant, l’ironie veut que les campagnes combinées de l’Occident contre la Russie et la Chine les incitent à opter pour un système alternatif. En particulier, la « militarisation » du dollar et de l’euro ne leur ont pas laissé d’autre choix que de créer un nouveau système financier.

L’Allemagne

Considérons maintenant la situation en Allemagne, car c’est un facteur clé que l’Allemagne n’est pas un pays souverain, et cela doit changer rapidement si les Allemands veulent survivre.

Le 22 avril, le chancelier Scholz a déclaré « pas d’armes lourdes en Ukraine », et qu’il ferait tout pour empêcher une escalade qui pourrait conduire à la Troisième Guerre mondiale.

Il lui a fallu exactement trois jours pour annoncer que l’Allemagne allait envoyer des chars Gepard, lorsque le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a organisé une grande réunion sur la base aérienne de Ramstein.

Scholz a également lancé un programme d’armement de 100 milliards d’euros pour la Bundeswehr et fait maintenant pression pour qu’une augmentation de 2 % du budget militaire soit inscrite dans la Grundgesetz [la loi fondamentale] en Allemagne. Cela signifie que l’Allemagne fait actuellement exactement ce que les États-Unis et les Britanniques veulent qu’elle fasse - en bon vassal.

Ce que la social-démocratie fait actuellement à l’ancien chancelier Gerhard Schröder est une honte ! Schröder a fait une chose majeure et très bonne, à savoir qu’il n’a pas permis à l’Allemagne de participer à la guerre contre l’Irak en 2003. Mais le SPD est en train de faire de lui un paria ! Le SPD entreprend maintenant une révision complète de la politique de détente de Willy Brandt et d’Egon Bahr, à savoir la politique de changement d’approche, qui était la raison pour laquelle il a été possible d’avoir une réunification pacifique de l’Allemagne, ce qui n’allait pas de soi étant donné le rôle des Allemands, avec la guerre des nazis contre l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le nouveau chef du SPD, Lars Klingbeil, annonce maintenant qu’il fera une révision complète de la relation avec la Russie – entre parenthèses, un pays que la ministre des Affaires étrangères Baerbock veut « ruiner ». De même, d’autres personnes aux États-Unis ainsi que le ministre français des Finances Bruno Le Maire, veulent absolument, « écraser », « ruiner », « frapper » la Russie (selon les mots qui ont été utilisés) et Klingbeil a dit également qu’il veut commencer une relation avec les pays d’Europe de l’Est.

Maintenant, cette façon de penser, de dénoncer la tradition de la détente de Willy Brandt, de la politique orientale du SPD, fait complètement table rase de l’histoire : comme je l’ai dit, la réunification allemande n’aurait pas été possible, sans ces étapes. Ils se comportent donc comme de bons vassaux.

C’est pourquoi nous avons besoin, de toute urgence, d’une nouvelle architecture de sécurité et de développement dans la tradition de la « paix de Westphalie », et cela ne peut se produire que si elle provient d’une combinaison internationale de pays reversant les politiques aussi stupides que celle du gouvernement allemand actuellement. Cette conférence sur la paix de Westphalie, dont nous demandons la convocation, doit commencer par ce qui suit.

Elle doit établir les cinq principes de la coexistence pacifique, sur le modèle du fameux accord de Panchsheel de 1954 entre l’Inde et la Chine, et qui reste, à ce jour la seule formule qui puisse être la base de la paix.

1. Respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’autre ;
2. Non-agression mutuelle ;
3. Non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures de l’autre ;
4. Relations basées sur l’égalité et le bénéfice mutuel ;
5. Coexistence pacifique.

Puis, j’ajouterai, à la lumière de ce que j’ai dit sur le pouvoir destructeur et le danger pour l’humanité des armes nucléaires, qu’il doit y avoir une élimination mutuelle de toutes les armes nucléaires sur la base des principes définis par Lyndon LaRouche dans son célèbre programme, connu en 1983 sous le nom de l’Initiative de Défense Stratégique. C’est l’idée que toutes les puissances nucléaires devraient travailler ensemble pour rendre les armes nucléaires technologiquement obsolètes grâce au développement d’armes basées sur de nouveaux principes physiques.

Il doit y avoir une réorganisation du système financier néolibéral désespérément en faillite, car c’est le moteur de la guerre. La raison de l’immédiateté du danger de guerre provient du fait que le système financier transatlantique est sur le point d’exploser et de sombrer dans un effondrement hyperinflationniste, et c’est pourquoi ils sont tellement anxieux d’empêcher tout système différent d’émerger.

La première étape de toute alternative doit être la mise en place d’une séparation bancaire stricte de type Glass-Steagall, afin de mettre un terme définitif à « l’économie de casino ».

Ensuite, il doit y avoir dans chaque pays une banque nationale, dans la tradition d’Alexander Hamilton et de la première Banque nationale des États-Unis.

Troisièmement, il doit y avoir un nouveau système de crédit, fournissant des crédits à faible taux d’intérêt et à long terme pour surmonter le sous-développement du secteur en développement.

Le fait qu’actuellement 1,7 milliard de personnes sont confrontées à la famine, 2 milliards de personnes sont sans accès à l’eau potable, reflète le fait que les capacités de production actuelles ne sont pas suffisantes pour maintenir la population actuelle de 8 milliards de personnes.

Par conséquent, nous devons augmenter la productivité de l’économie d’un ordre de grandeur, ce qui signifie que nous devons avoir un programme accéléré de développement de la fusion thermonucléaire contrôlée. Nous sommes très proches de percées majeures, et la fusion commerciale est absolument à portée de main si nous nous lançons maintenant dans un programme accéléré.

Et nous avons besoin d’une coopération internationale dans le domaine aérospatial. Nous devons construire ensemble un village sur la Lune, une ville sur Mars, et éventuellement des voyages dans l’espace interstellaire - montrez l’image s’il vous plaît - parce qu’il y a, selon le télescope Hubble, (et nous allons en savoir plus grâce au télescope spatial James Webb), au moins deux mille milliards de galaxies. Et une seule espèce humaine suffit à peine pour étudier les lois de notre gigantesque univers commun.

Ensuite, avec la réorganisation du système financier, nous devons absolument réaliser ce que nous avons déjà élaboré en 2014 : un plan de développement mondial intitulé « La Nouvelle Route de la soie devient le Pont terrestre mondial ».

Enfin, tirons les leçons de la période actuelle marquée par la russophobie, la sinophobie et une haine contre d’autres peuples. Il est temps d’avoir un dialogue sur les meilleures traditions de toutes les cultures. Parce que si tout le monde connaissait la beauté des cultures chinoise, russe, indienne, africaine, perse et bien d’autres encore, cela signifierait que l’on commencerait à les aimer ! Parce que la connaissance de ces autres cultures signifie que vous vous rendez tout d’un coup compte que vous devenez tellement plus riche en les connaissant.

Ainsi, l’élément le plus important permettant de surmonter la crise existentielle actuelle est quelque chose qui est actuellement absent de la politique mais qui est dans la nature des êtres humains et que nous pouvons donc mobiliser : c’est l’amour de l’humanité.

Je vous remercie.

Son intervention en anglais :


[1NOTE : Le jeu du poulet (de l’anglais chicken game) ou le bras de fer (selon la terminologie officielle en France), est un modèle de conflit entre deux acteurs, en théorie des jeux. Le nom de « poulet » trouve son origine dans un jeu dans lequel deux pilotes se rapprochent l’un de l’autre sur une trajectoire de collision : l’un au moins doit s’écarter, sinon les deux peuvent mourir dans l’accident, mais si l’un des pilotes fait un écart et l’autre pas, celui qui s’est écarté est alors appelé « poulet » (en anglais : chicken), mot d’argot signifiant « lâche » ou « froussard » (à l’image du terme français « poule mouillée »)