Attentat contre Cristina Kirchner : cachez-moi ces néonazis que nous finançons en Ukraine !

mardi 6 septembre 2022

Chronique stratégique du 6 septembre 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 1er septembre devant son domicile à Buenos Aires, la vice-présidente argentine Cristina Kirchner a subi une tentative d’assassinat. Des deux côtés de l’Atlantique, les médias qui ont rapporté l’événement ont passé à la trappe un petit détail : le tueur, un homme de 35 ans, arbore plusieurs tatouages, dont le fameux « Soleil Noir » cher au bataillon néo-nazi ukrainien Azov.

Stratégie de la tension

Cette tentative d’assassinat s’inscrit bien sûr dans le contexte d’une nouvelle « stratégie de la tension » de l’Otan (renvoyant aux pires années de la Guerre froide), où s’installe de jour en jour un véritable climat de chasse aux sorcières contre tous les « méchants » — c’est-à-dire tous ceux osant contredire la vérité atlantiste.

Il faut rappeler que Cristina Fernandez de Kirchner, qui a dirigé l’Argentine de 2007 à 2015, est depuis plusieurs années la cible d’une cabale judiciaire – l’opération « Lava Jato » (lavage express) menée avec la bénédiction du Département de la Justice américain, et qui a également visé l’ancien président brésilien Lula da Silva.

Le 22 août, un procureur fédéral argentin a requis douze ans de prison contre Kirchner, l’accusant de fraude et de conduite d’une « association illicite ». Trois jours plus tard, le sénateur du Texas Ted Cruz, un Républicain ultra-droitier, a appelé le département d’État américain à imposer des sanctions contre la vice-présidente argentine.

Difficile donc de ne pas penser qu’un lien existe entre ces multiples appels publics et la tentative d’assassinat manquée du 1er septembre à Buenos Aires…

Néo-nazi ? Nous, on a rien vu !

Certes, le Département d’État américain s’est empressé de dénoncer l’attentat contre la vice-présidente argentine, condamnant la violence et la haine « partout ». Mais, comme l’a souligné l’ambassade de Russie à Washington, n’est-ce pas là le comble de l’hypocrisie quand on sait que le gouvernement américain encourage les néo-nazis en Ukraine ?

Cette hypocrisie est renforcée par le silence du Département d’État sur le fait que les bras de l’auteur de l’attentat, un certain Fernando Sabag Montiel, sont décorés de tatouages nazis, notamment la « Croix de Fer » et surtout le fameux « Swarze Sonne (=SS) », ou « Soleil noir », formé de trois croix gammés. Le symbole remonte à la mosaïque de la salle des généraux SS (Obergruppenführersaal) au château de Wewelsburg, sur commande de Himmler.

A noter, le fait qu’une variante du Soleil noir, de couleur blanche mais au graphisme identique, a figuré sur l’insigne du régiment de l’armée ukrainienne Azov (de 2014 à 2015) qui en a fait un signe identitaire.

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« Il est évident que les diplomates américains ferment intentionnellement les yeux sur les croyances extrêmes du criminel présumé », note l’ambassade russe sur sa page Telegram, ajoutant que les responsables américains avaient également « oublié » que l’auteur de la tuerie du 14 mai 2022, qui a fait 10 victimes afro-américaines dans un supermarché de Buffalo, arborait les mêmes tatouages.

Les déclarations très concises concernant la manifestation flagrante du radicalisme à Buenos Aires montrent que Washington n’est pas disposé à tirer des conclusions gênantes, accuse l’ambassade russe.

Les médias argentins ont révélé qu’en plus de ses tatouages, le téléphone portable de Fernando Sabag était rempli de photos de groupes néo-nazis et pro-Hitler, et que sa page Facebook comprenait également de nombreux « j’aime » pour des organisations néo-nazies connues. Et l’on doute que le département d’État américain ne surveille pas de près la presse argentine…

Une question se pose, conclue l’ambassade russe  : combien de personnes supplémentaires dans le monde doivent être affectées par les actions des partisans de l’idéologie nazie avant que les États-Unis ne réalisent leurs dangers et cessent de tolérer les crimes des nationalistes ? C’est exactement ce que font les États-Unis en Ukraine où les combattants du régime de Kiev continuent d’exterminer intentionnellement la population civile.

Azov, nouveau Daesch ?

Aujourd’hui, de la même façon que la nébuleuse Daesch s’était construite à partir d’anciens combattants mujahedeen (les « Afgantsi » que l’Occident finança pour aller combattre les Soviets en Afghanistan), une nouvelle internationale noire apparaît.

Manifestation de suprémacistes blancs à Charlottesville

En effet, on retrouve le Soleil Noir sur des t-shirts vendus par des marques de mode d’extrême droite en France. On a pu le voir sur les boucliers tenus par des suprémacistes blancs lors de la manifestation violente de Charlottesville en 2017 (voir ci-contre). On l’a découvert également en 2019 sur le sac-à-dos du tueur écolo-malthusien de Christchurch en Nouvelle Zélande. Et depuis 2014, c’est devenu le code identitaire des néonazis du bataillon d’Azov en Ukraine.

Sac à dos du tueur de Christchurch

En France, la presse, trop occupée sans doute à clouer au piloris Ségolène Royal – accusée de poutinophilie aggravée pour avoir osé sous-entendre que les gentils Ukrainiens ne seraient pas aussi gentils que ça —, a également passé sous silence les sympathies néo-nazies de l’auteur de l’attentat contre Cristina Kirchner.

Après tout, ces chantres de la démocratie et de la liberté d’expression ont observé un strict silence à l’égard des scandaleuses « listes noires » du gouvernement ukrainien (érigées avec le soutien actif du Département d’État américain) – listes qui ont ciblé, entre autres, l’ancien président brésilien Lula da Silva. Ceci explique cela.

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