Démantèlement d’un cartel de la cocaïne : l’UE se réveille-t-elle ?

mercredi 30 novembre 2022

L’agence européenne de coopération policière (Europol), couronnant une enquête de deux ans baptisée « Desert Light (Lumière du désert) », a démantelé (au moins partiellement) l’un des « super cartels » qui inondent l’Europe de cocaïne.

Du 8 au 19 novembre, des raids coordonnés ont été menés par la Guardia Civil espagnole, l’Office anti-stupéfiants (OFAST) français, la police judiciaire fédérale belge d’Anvers et de Bruxelles, la Recherche néerlandaise de Rotterdam, le ministère de l’Intérieur des Émirats (Dubaï) et la DEA américaine.

En 2021, les forces de l’ordre belges et françaises, en réussissant à déchiffrer les codes des systèmes de communication cryptée Sky-ECC utilisés par les mafieux pour organiser leurs expéditions, ont eu accès à des renseignements hautement fiables permettant le succès d’aujourd’hui.

Quarante-neuf suspects, dont plusieurs cibles de « grande valeur » (parrains de la drogue), ont été arrêtés en Espagne, à Dubaï, en France, aux Pays-Bas et en Belgique. L’un d’entre eux, âgé de 40 ans et possédant la double nationalité néerlandaise et bosniaque, est soupçonné d’avoir fait passer 1,8 tonne de cocaïne via le port allemand de Hambourg en 2020, et de se préparer à importer 8 tonnes de matières premières pour la production d’amphétamines à Anvers en Belgique. Plus de 30 tonnes de cocaïne ont été saisies lors des arrestations.

Desert Light semble la première réponse sérieuse au fait que deux États membres fondateurs de l’UE, les Pays-Bas et la Belgique (qui abrite à la fois le siège de l’UE et celui de l’OTAN), soient devenus des « Narco États » ces deux dernières années : assassinats de témoins, de journalistes et de magistrats, intimidations à la grenade en plein jour, découverte d’un conteneur équipé d’une chambre de torture, etc.

Ces derniers mois, les autorités néerlandaises et belges ont du intervenir en catastrophe pour mettre à l’abri des personnalités publiques de haut niveau. Leur enlèvement était programmé afin de servir de monnaie d’échange dans la libération éventuelle de Ridouan Taghi, une des figures emblématiques de la « Mocro Maffia » actuellement jugé à Amsterdam. Parmi les cibles figuraient un membre de la famille royale néerlandaise, le Premier ministre des Pays-Bas, en septembre dernier, le ministre belge de la Justice, fortement impliqué dans la guerre contre les cartels.