Seymour Hersh : en dynamitant Nord Stream, Biden signe l’arrêt de mort de l’OTAN

mardi 28 février 2023

Un militant de S&P à la manifestation pour la paix, le 26 février à Paris, déguisé en Biden/Folamour défendant la "démocratie" et les "valeurs occidentales".

Chronique stratégique du 28 février 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Dans une enquête retentissante publiée le 8 février, le célèbre journaliste d’enquête américain Seymour Hersch a lancé une bombe politique majeure. Sur la base d’informations obtenues directement de la part de personnes ayant participé à l’opération, Hersch y décrit comment Joe Biden a donné l’ordre de dynamiter les gazoducs Nord Stream 1 et 2, le 26 septembre dernier.

Dans un entretien accordé le 24 février 2023 à Western Standard News, une agence de presse indépendante de l’Ouest canadien, le journaliste continue d’enfoncer le clou, affirmant qu’en agissant ainsi, le président Joe Biden a commis une « grave erreur » qui risque de coûter cher à l’OTAN.

 [Biden] a commis une grave erreur. Il s’est planté, a déclaré Hersh à l’intervieweur David Krayden. Car cela revenait à dire à l’Allemagne et à l’OTAN : ’Quand il faudra passer à l’action, je vous jetterai par la fenêtre. Vous pouvez avoir froid [cet hiver], je m’en fiche. Si vous ne donnez pas assez d’argent à l’Ukraine, allez vous faire voir’.

« Désormais le président américain utilise le mensonge pour nous pousser à la guerre, comme [le président Lyndon] Johnson avait menti », a ajouté Hersh en référence à Johnson qui avait utilisé « l’incident du golfe du Tonkin » (un échange de tirs entre des torpilleurs nord-vietnamiens et deux destroyers américains présenté faussement comme une attaque nord-vietnamienne) pour obtenir de la part du Congrès les pleins pouvoirs militaires pour déclarer la guerre à la République démocratique du Viêt Nam et engager résolument les Etats-Unis dans la guerre du Vietnam.

Lorsque Krayden a suggéré à Hersh que la destruction des gazoducs avait un parallèle historique avec l’assassinat de l’archiduc austro-hongrois Franz Ferdinand à Sarajevo, en juin 1914, qui a précipité la Première Guerre mondiale, celui-ci a répondu : « Devinez quoi, je pense que vous avez absolument raison ».

Tout en estimant qu’il n’y a « rien de vertueux » dans l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, Hersh a affirmé que le président russe « ne l’a pas fait sans y être poussé », face à la trahison de la promesse des Américains de ne pas étendre l’OTAN après l’effondrement de l’Union soviétique. Et non seulement l’Alliance atlantique a intégré de nouveaux membres, elle a même déployé des missiles anti-missiles en Pologne « qui peuvent facilement être transformés en missiles nucléaires ».

Imaginez ce qui se passerait si la Russie plaçait des missiles au Mexique... ou au Canada, a suggéré Seymour Hersh.

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Effet inverse

Selon le journaliste, le sabotage de Nord Stream par les États-Unis pourrait bien avoir l’effet inverse de l’effet désiré par Biden, qui était de préserver la cohésion de l’OTAN. « La question est maintenant de savoir qui sera le premier pays à quitter l’OTAN », demande Hersh, en suggérant qu’il pourrait s’agir de l’Allemagne.

Car l’Allemagne a été particulièrement touchée par l’inflation, en particulier en conséquence de l’explosion des gazoducs Nord Stream le 26 septembre 2022.

En effet, selon le rapport de janvier du site Trading Economics, le coût de l’énergie a augmenté de 23,1 % en général, et de 36,5 % pour les ménages, à savoir le gaz naturel (51,7 %) et le chauffage urbain (26 %). Les prix du bois de chauffage, des granulés de bois et des autres combustibles solides ont augmenté de 49,6 %, et ceux du fioul domestique de 30,6 %. Le coût de l’électricité a augmenté de 25,7 % malgré le gel des prix de l’électricité et la suppression de la surtaxe EEG. Le coût des carburants a augmenté de 7 %. Dans le même temps, le coût des produits alimentaires a bondi de 20,2%, tiré par les produits laitiers et les œufs (35,8%), les graisses et huiles comestibles (33,8%) et le pain et les céréales (22,7%).

Cela n’est sans doute pas sans lien avec le fait que les Allemands sont ceux qui se sont le plus déplacés ce week-end pour la mobilisation mondiale pour la paix et contre les guerres de l’OTAN. 50 000 manifestants étaient présents à Berlin, dans un esprit que certains ont qualifié de « semblable à celui de 1989 ».

En France, S&P a participé aux rassemblements organisés par le Mouvement de la paix dans des dizaines de villes, notamment à Paris, où nous avons pu faire apparaître Joe Biden en Docteur Folamour sur sa bombe nucléaire (voir la photo ci-dessus).

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