En bref, au sujet de l’inflation

dimanche 30 septembre 2012

Au premier abord, il existe deux types d’inflation : l’inflation par les coûts et l’inflation monétaire. La première est l’inflation considérée comme une augmentation des coûts au sein du processus de production des biens physiques ; la seconde comme une hausse des prix sans rapport avec les changements des coûts de production de ces biens.

Dans l’hypothèse de notre entreprise agro-industrielle consolidée, l’inflation monétaire se produirait lorsque les prix des biens physiques augmentent sans que change la répartition entre les différentes activités professionnelles des membres de la population active. Si la hausse des prix n’excède pas l’augmentation des coûts unitaires déterminée par un changement de la composition de la force de travail, cette hausse des prix est censée être causée par celle des coûts et l’on se trouverait alors face à une inflation par les coûts.

En fait, de tels « cas d’école », survenant indépendamment l’un de l’autre, n’existent pas dans le monde réel. Dans le monde réel, ce qui tend par nature vers l’inflation monétaire cause une inflation par les coûts, et ce qui tend naturellement vers l’inflation par les coûts cause l’inflation monétaire, ou un choc déflationniste. [C’est précisément le cas de la situation actuelle en Europe, où il se produit une déflation depuis le début des années 80, bien que le prix des valeurs mobilières et des titres financiers s’accroisse, faute d’investissement et de consommation de biens physiques, NdT]

Ce point crucial constitue une question que nous avons déjà abordée. Nous l’examinons ici sous un nouvel éclairage.

L’argent mis en circulation ou ses substituts (tels que les effets négociables ou le crédit mobilisable sous forme de titres de paiement ou de créances convertibles), va bien quelque part, et apparaît au bout du compte comme une créance sur une richesse tangible ou du travail. Par exemple, le paiement en monnaie de gains obtenus par l’usure financière ou provenant de la rente foncière, rentre dans la catégorie des Gaspillages au sein des Frais Généraux. Il va dans les mains du bénéficiaire, en échange de rien. Il n’y a pas d’« échange » ; il y a simplement une prise. L’obligation de payer de telles créances, par la production et la distribution de biens physiques, par du travail payé ou par d’autres moyens, constitue une taxe implicitement ajoutée au prix de tous les biens. Les coûts augmentent en conséquence ; cette pression mise sur les coûts pousse les prix à la hausse. L’économie paye plus pour sa production totale, et ne reçoit rien en échange. C’est l’inflation. Cependant, quelqu’un reçoit cet argent et le présente, quelque part, sous forme de créance sur une richesse tangible ou un travail.

Pire encore, il est probable que cet argent sera remis en circulation et servira de base à de nouvelles opérations usurières, à de nouveaux paiements de rentes foncières, et ainsi de suite. Comme un cancer, l’usure occupe une place de plus en plus grande au sein de l’économie et pompe des parts croissantes du revenu monétaire que l’économie engendre. Ceci fait chuter les achats de biens physiques et de services : ce type de cancer, si on le laisse se développer, tend à mener vers une stagnation combinée avec de l’inflation. Il y a quelques années, quelques petits malins ont forgé le mot « stagflation » pour désigner ce processus. Aujourd’hui, les sommes d’argent détenues par les usuriers s’accroissent toujours davantage, et la croissance de la part qu’ils extorquent augmente de plus en plus rapidement par rapport au flux monétaire total de l’économie. L’inflation s’accroît.

Une bulle est alimentée par les usuriers spéculant sur la rente foncière. Les loyers augmentent, reflétant l’accroissement de la part de la rente foncière. Le marché immobilier, gouverné par les rendements, fait grimper le prix des terrains à bâtir. L’industrie, incapable de supporter ces augmentations du coût de la rente foncière, déménage. Les ménages à revenus moyens déménagent également, laissant la place aux très pauvres et aux très riches. Le coût des salaires explose dans la région touchée, le coût de la rente foncière à couvrir devenant de plus en plus lourd par rapport au loyer d’origine. Les industries et leurs employés partent alors encore plus rapidement. Les seules qui restent sont celles qui font des profits élevées en sous-payant les pauvres.

L’argent de l’usure rachète des pans toujours plus grands de l’économie, pendant que les ménages employés dans l’usure et les entreprises de l’usure, consomment de plus grandes quantités de biens physiques et des portions Economiques des Frais Généraux. Ainsi, la structure des processus sociaux et productifs de l’économie se trouvent bouleversées. Les parts relatives des diverses composantes du Revenu National changent du tout au tout. L’inflation prend la forme d’une inflation par les coûts.

Quelqu’un répand alors la rumeur selon laquelle « un taux de croissance trop rapide provoque l’inflation ». Il pourra même produire des tableaux et des graphiques pour étayer son argumentation. C’est une totale ineptie. Naturellement, si le cancer de l’usure (et tout ce qui constitue du Gaspillage dans les Frais Généraux) a atteint le niveau à partir duquel sa part dans la croissance de la masse monétaire augmente par rapport à celle du reste de l’économie, l’expansion monétaire alimentera les Gaspillages plus rapidement que les autres aspects de l’économie. Dans ces conditions, les efforts mis à stimuler la croissance réelle correspondront fatalement à une augmentation du taux d’inflation.

Imaginez maintenant qu’une bande d’assassins se cache le long d’une route entre deux villes, attaquant et tuant nombre de voyageurs sur cette route. Dans de telles conditions, que dirait-on de l’expert qui se vanterait d’avoir la preuve statistique que l’accroissement du taux de mortalité dans les deux villes est dû aux déplacements entre l’une et l’autre ?

Les méthodes pour traiter l’inflation sont :

1. promouvoir un taux élevé de progrès technologique dans une production de biens physiques en accroissement ;

2. n’autoriser l’accroissement d’émission monétaire que pour des prêts aux catégories d’investissements appropriées, telles que nous l’avons indiqué plus haut ;

3. taxer les revenus de l’usure et les postes de Gaspillage dans les Frais Généraux, jusqu’à provoquer leur disparition.