Collectif Roosevelt : Teddy ou Franklin D. ?

samedi 7 septembre 2013, par Bertrand Buisson

Le Collectif Roosevelt propose une alternative à la crise et notamment une véritable séparation bancaire. C’est bien. Mais n’y a t-il pas confusion ? Si le groupe se revendique du grand Franklin D. Roosevelt, ses propositions semblent en réalité plus en phase avec... l’autre président Roosevelt, Teddy.

Que propose le Collectif Roosevelt ?

Dans ses tracts, le Collectif revendique des solutions « sans croissance » ! Il s’agirait en effet de créer de l’emploi en passant à la semaine de 4 jours (pas pour les écoliers, hein !) et de lancer un grand plan européen d’économie d’énergie. Avec moins d’énergie et un petit partage du temps de travail restant, on entend relancer le progrès économique et social ? Mais c’est pas du Franklin Roosevelt ça !!

FDR vs. Wall Street

Une fois élue, en pleine Grande dépression, Franklin Roosevelt a déclaré la guerre à Wall Street et ce fut une guerre éclair. Il s’est livré à une véritable blitzkrieg contre l’oligarchie financière anglo-américaine, celle qui spéculait avec l’argent des citoyens, qui manipulait les marchés, corrompait les dirigeants politiques et finançait les mouvements fascistes d’Europe. Avec la Commission d’enquête Pecora contre JP Morgan, le Banking holiday – la fermeture des banques pour inspection et nettoyage de leurs bilans – et l’adoption du Glass-Steagall Act, Roosevelt a terrassé Wall Street et entravé le pillage économique de la République américaine par la City de Londres.

FDR & la croissance

Franklin Roosevelt ne s’est donc pas adapté à la dépression, il l’a contrecarrée en arrachant le pouvoir financier aux banques privées pour investir dans un plan de développement massif du pays et du peuple. Il a lancé une grande politique d’accroissement des pouvoirs productifs du travail : équipement massif du territoire, formation de la main d’œuvre par millions et renaissance industrielle en découlant. Il a redonné à son peuple les moyens de travailler pour produire plus, mieux, et rétabli l’espoir pour toute une nation.

Teddy au service de l’austérité écologique

Teddy Roosevelt est devenu président en 1901 suite à l’assassinat de William McKinley, dont il était le vice-président. Tout deux appartenaient au Parti républicain, le parti d’Abraham Lincoln. McKinley était un héritier de la doctrine Lincoln de développement continental vers l’Ouest basée sur l’exploitation agricole, les transports et l’industrie. Mais Teddy Roosevelt défendait un programme radicalement opposé : sous prétexte de conservation des espaces sauvages, il a suspendu cette politique de développement du territoire, jetant dans la misère des milliers de paysans et leurs familles ! Tout en stoppant le progrès il a dans le même temps laissé JP Morgan et d’autres cartels s’emparer des ressources et des entreprises existantes.

Mais Teddy défendait le « social »

Teddy Roosevelt est cependant connu comme étant un grand progressiste ! Car en effet, il a notamment œuvré à l’amélioration des conditions de travail. Pourtant il ne croyait pas, selon ses mots, dans « le progrès général de l’humanité ». Derrière sa conception naïve d’une nature pure et éternelle, il y avait celle d’un monde fixe et sans croissance où l’homme doit limiter son développement par « nature » nocif. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Teddy Roosevelt était un sympathisant de l’eugénisme ; dans sa conception oligarchique du monde, l’égalité et le progrès des hommes étaient tout bonnement impossibles.

Pour conclure amicalement

Bien sûr, il ne s’agit pas de décourager les sympathisants du Collectif Roosevelt ou d’insinuer que certains de ses dirigeants seraient des Teddy Roosevelt en puissance ! Mais nous les invitons amicalement ici à regarder plus loin : ce n’est pas en s’adaptant à la dépression et au dévoiement du progrès technologique par les « élites » que l’on va sortir de cette crise. Il faut, comme le vrai Roosevelt, mettre à bas le monde de la City et de Wall Street. Et cela commence avant toute chose par un Glass-Steagall global qui aboutira à la mise en faillite organisée des banques systémiques européennes et américaines avant qu’elles ne nous emportent dans leur chute. A partir de là, en reprenant le contrôle de l’émission de crédit, l’on pourra investir massivement dans la science et la technologie, seuls vecteurs capables d’engendrer une vraie révolution industrielle au service de la justice sociale et d’une population mondiale en expansion. Car c’est ça la vraie croissance, celle de l’humanité et des milliards de gens qui viendront après nous ! C’est notre combat à tous.

Soutenez notre proposition de loi pour couper les banques en deux !