Electricité, Alstom, Ascoval : chassons les marchands du temple !

samedi 1er juin 2019, par Christine Bierre

Alstom, Ascoval, EDF : dénonçons ces jeunes financiers à la tête de notre Etat qui sont prêts à brader à n’importe quel prix nos emplois qualifiés et nos outils industriels les plus précieux ! C’est cela aussi, cette « occupation financière » que nous combattons !

Par Christine Bierre

A la fin du mois d’avril, à l’issue du Grand Débat, Emmanuel Macron annonçait des mesurettes qui devaient permettre une minuscule hausse du pouvoir d’achat, résultat de 8 mois de lutte intense des Gilets Jaunes, ensanglantée par beaucoup de blessés et des morts. Moins d’un mois plus tard, déjà deux nouvelles sont venues effacer d’un trait ces miettes qui avaient été si difficilement obtenues.

Ce sont les annonces par General Electric de 1044 licenciements sur le site de Belfort, consacré aux turbines à gaz d’un côté, et la hausse de 5,9% des tarifs réglementés de l’électricité au 1er juin. Cette dernière, à elle-seule, effacera l’annulation de la hausse de la CSG accordée par Emmanuel Macron à quelques retraités.

Industrie française : trente ans d’abandon

Paniqués par la révolte la plus importante depuis mai 1968 et la menace de dislocation du peuple français, Emmanuel Macron et son gouvernement avaient décidé de lâcher un peu de lest, croyant pouvoir s’en tirer à bon compte à coup de matraques et en misant sur l’usure du mouvement. C’était sans compter avec la réalité que lui et ses prédécesseurs ont créée et façonnée depuis des années, qui est venue frapper violemment à leurs portes.

La réalité est celle d’une élite française qui, depuis plus de trente ans, a cru pouvoir maintenir sa domination en abandonnant l’industrie et la production qui seules, avec la recherche scientifique et la hausse du niveau culturel, peuvent garantir la hausse du niveau de vie d’un pays, pour s’orienter vers les profits rapides de l’ère de la mondialisation : finance, grande distribution, industrie du luxe et quelques start-up ! Conséquence de ces choix, et du style de vie ainsi créé : un déficit commercial abyssal, une croissance collée à 1% par an, des emplois non qualifiés à profusion et une baisse de pouvoir d’achat du plus grand nombre. Au point où une partie non-négligeable de notre peuple n’arrive plus à assurer ses fins de mois.

Trahison

Qui a bradé la branche énergie d’Alstom, joyau de notre savoir faire industriel à GE, portant atteinte même à notre défense nationale ? C’est Emmanuel Macron en 2015 alors qu’il était Ministre de l’Économie de François Hollande. Avant lui, en 2014 cependant, Clara Gaymard, une ancienne « haute fonctionnaire » française, qui a quitté le service de son pays pour l’emploi plus lucratif de présidente de GE France, avait usé de toute son influence pour sceller cette vente, assurant déjà que GE allait créer 1000 emplois nets en France. Dès 2016 elle a dû quitter la présidence de GE lorsque l’entreprise annonça 6 500 suppressions d’emplois dans la branche énergie précisément, dont 765 en France.

Ce n’était pas, pour autant, la fin des connivences, car en novembre 2017, Hugh Bailey a pris la tête de la branche française de la firme américaine. Or, Bailey est le conseiller d’Emmanuel Macron qui a négocié la vente de la branche énergie d’Alstom à GE en 2015 !

Le choix par Bruno Le Maire de British Steel pour la reprise d’Ascoval, confirme et aggrave ce que nous disons plus haut, car, selon L’Express (du 20 mai), le bilan de sa maison mère, Greybull Capital, un fonds spécialisé dans les reprises d’entreprises en difficulté créé en 2008 est proprement effrayant. Parmi les entreprises qu’elle a acheté, il y a Comet, électroménager, mise en faillite plus tard en laissant 7000 employés sur le carreau, et Monarch, une compagnie aérienne rachetée en 2014 et mise en faillite trois ans plus tard. Mais c’est la structure même d’Ascoval qui interpelle, car sa maison mère, Olympus Steel 2 est sise à Jersey, paradis fiscal et celui de son « administrateur » officiel, Praxis IFM, se trouve à Guernesey !

La hausse de 5.9% de trop de l’électricité

Dans l’augmentation de 5,9% du tarif réglementé de l’électricité en juin, on retrouve aussi la même logique libérale et financière adoptée par les présidences successives depuis le départ de Charles De Gaulle. Cette hausse brutale est la conséquence de la privatisation en cours de notre géant de l’électricité, EDF, exigée par l’UE, pourtant le modèle même d’une entreprise publique très solide et rentable. La hausse est le fait d’un mécanisme imposé à la France en 2010 par Bruxelles, l’ARENH (accès régulé au nucléaire historique), l’obligeant, au nom de la concurrence libre et non faussée, à céder 1/4 de sa production d’électricité nucléaire (100 TWh) aux concurrents privés d’EDF, à un tarif réglementé fixé, bas – le même qui est proposé à des consommateurs – en échange des investissements par ceux-ci dans la transition énergétique. Ce prix était jusqu’à aujourd’hui de 42€/MWh, et il n’avait jamais bougé.

Qu’arrive-t-il cependant lorsque les 100 TWh ne suffisent plus à satisfaire les demandes de tous les « concurrents », et que les entreprises du secteur privé sont obligées de se fournir sur les marchés de gros de l’énergie, en particulier lorsqu’ils sont, comme ces derniers temps, en forte hausse de prix ? Bruxelles impose alors à EDF de « compenser » les prix plus élevés payés par ses concurrents privés. Et c’est pour compenser ces factures plus élevées que sur proposition de la CRE (Commission de régulation de l’énergie), le gouvernement a accepté d’augmenter de 40% les prix du marché réglementé en cette journée fatidique du 1er juin !

Ne lâchons rien. Mettons fin à l’occupation financière.

C’est pour stopper net ce pillage systématique de notre force de travail et de nos équipements industriels par un groupe de pouvoir, que Jacques Cheminade a mis la lutte contre l’occupation financière de notre pays au cœur de ses campagnes présidentielles. Car cette trahison de notre système politique républicain, soucieux des droits fondamentaux des peuples, a été fomentée par l’oligarchie financière internationale, en alimentant depuis des années des campagnes de propagande contre la France, « pas assez favorable à la finance spéculative », et par la formation et la promotion d’élites compatibles avec les valeurs de Wall Street et de la City de Londres.

C’est la raison pour laquelle on retrouve aujourd’hui à la tête de notre Etat de jeunes financiers prêts à brader à n’importe quel prix nos outils industriels les plus précieux, construits de longue date avec un véritable savoir-faire, ainsi que notre force de travail qualifiée. Ce n’est pas par hasard qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, après avoir cédé la branche énergie d’Alstom à GE, ont cédé aussi sa branche ferroviaire à Siemens, puis STX à Fincantieri, sans parler de notre savoir-faire militaire que nous allons partager avec une Allemagne désireuse de tout apprendre sur ce sujet maintenant qu’elle a décidé de développer une force militaire. C’était autant de « cadeaux » qu’Emmanuel Macron a offert à ces pays européens qu’il pensait pouvoir attirer à sa vision d’une Europe « empire » comme celle que défend M. Le Maire.

La coupe est pleine ! Rejoignez-nous. Des solutions existent pour sauver Alstom et pour recréer des emplois pour les 1044 salariés licenciés, en transformant les turbines à gaz de Belfort en turbines nucléaires, dans le contexte du grand carénage qu’il faudra faire dans nos centrales nucléaires. Des solutions existent, à condition de reprendre notre souveraineté financière à l’UE et d’engager, grâce au crédit public, une nouvelle phase de notre industrialisation et du plein emploi qualifié.