Éoliennes : la face noire de la transition écologique

mardi 26 novembre 2019, par Pierre Bonnefoy

Yann Gar

A propos du livre Éoliennes – la face noire de la transition écologique, de Fabien Bouglé.

Par Pierre Bonnefoy

Editions du Rocher

Si vous cherchez des arguments contre les éoliennes, ne vous adressez pas à l’industrie du nucléaire, mais plutôt aux écologistes eux-mêmes. C’est ce qu’a fait Fabien Bouglé dans son livre qu’il convient de lire avec celui de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares, ainsi que celui du géographe Christophe Guilluy, La France périphérique.

La promotion des aérogénérateurs (les éoliennes) est révélatrice de la fracture dans la population française analysée par Guilluy. Pour le dire de manière schématique, elle est essentiellement le fait d’une population urbaine, aisée, écolo et voulant imposer de manière fort peu démocratique un changement de société… pour les autres, car ce n’est pas dans nos métropoles qu’on pourrait installer des éoliennes.

Cependant, même si une telle politique a été acceptée au départ par certaines populations rurales volontaires pour « jouer le jeu de la transition écologique », il s’avéra rapidement que le rêve d’une « énergie propre » tourna vite au cauchemar et entraîna un rejet massif en dehors des centres urbains :

« Fin 2018, en pleine crise des Gilets jaunes, le CESE (Conseil économique social et environnemental) avait ouvert une consultation sur plusieurs thèmes dont les questions de la transition écologique. A l’issue de trois semaines de consultation par Internet, parmi les neuf mille contributions déposées par les citoyens, « la fin des subventions à l’éolien » est celle qui avait recueilli le plus de suffrages avec trois mille votes. »

De très nombreuses associations écologistes locales anti-éoliennes ayant déposé des recours ces dernières années pour s’opposer à l’implantation d’aérogénérateurs terrestres et maritimes, la réponse du gouvernement a été purement et simplement de passer en force en court-circuitant la convention d’Aarhus, pourtant signée par la France, qui organise la participation des populations locales aux décisions impactant leur environnement :

« Fin 2018, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a promulgué un décret au Journal officiel qui supprime le premier degré de juridiction pour les recours contre l’implantation des aérogénérateurs terrestres »

Pourquoi un tel rejet de la part des populations en première ligne ? Pour des raisons très simples à comprendre : les éoliennes sont nocives pour l’environnement, pour la santé des populations, et pour la biodiversité. Exactement le contraire de ce que prétendent les partis écologistes et les ONG avec lesquels Fabien Bouglé n’est pas tendre, mettant en évidence de nombreux conflits d’intérêts :

 L’activisme chevronné du parti EELV et de Greenpeace à soutenir le développement de l’éolien industriel et leurs relations avérées avec les promoteurs éoliens n’est pas sans susciter de questionnements quant à la sincérité de leur engagement pour la défense de la nature et des écosystèmes. Les liens et les partenariats financiers existant entre les industriels du vent et certaines associations ou ONG environnementales remettent largement en cause l’objectivité et la légitimité du combat de ces dernières dont les intérêts semblent être bien éloignés de la défense de la nature.

Pas écologiques les éoliennes

Il serait un peu long de présenter ici tous les problèmes environnementaux et sanitaires posés par les éoliennes et recensés dans ce livre. En ce qui concerne l’utilisation des métaux et terres rares inhérents à cette technologie – et qui nécessitent des activités minières extrêmement polluantes – Bouglé nous renvoie au livre de Guillaume Pitron très bien documenté sur le sujet. Certains pourraient objecter sur ce point qu’on sait aujourd’hui se passer des métaux rares pour les aimants utilisés dans les éoliennes, mais il ne faudrait pas oublier toute l’infrastructure informatique qui accompagne nécessairement le raccordement au réseau de sources d’électricité intermittentes...

La question du recyclage des éoliennes montre de manière ironique qu’il n’existe pas d’énergie renouvelable. La durée de vie des éoliennes n’est que de 20 ans et leur démantèlement pose des problèmes autrement plus compliqués que celui des centrales nucléaires, vue la quantité de matière infiniment plus grande qu’elles représentent. « Par ailleurs, selon des études réalisées par les experts de l’armée allemande, la Bundeswehr, les poussières provenant de l’incinération de fibres de carbone comme celles des pales d’éoliennes sont considérées comme extrêmement dangereuses pour la santé car elles provoquent un cancer comparable à l’effet de l’amiante. La seule solution aujourd’hui est donc l’enfouissement. » Les pales des éoliennes ne sont donc pas recyclables.

Le comble, c’est que vue l’intermittence de l’électricité produite par les éoliennes (puisque le vent ne souffle pas de manière continue), cette source d’énergie doit être couplée de toutes façons à des centrales thermiques et/ou nucléaires, pour assurer une fourniture constante. Résultat : l’Allemagne qui est le champion des éoliennes en Europe, voit ses émissions de gaz carbonique augmenter malgré ses objectifs de réduction annoncés.

Bouglé consacre également un chapitre au problème des infrasons engendrés par le mouvement des pales des éoliennes. Ce sont des sons dont la fréquence est trop basse pour que nous puissions les entendre. Cependant, ces vibrations inaudibles ont des effets physiologiques connus depuis longtemps des militaires qui ont étudié les armes à énergie dirigée. Des êtres humains soumis à certains infrasons peuvent développer différentes formes de pathologie comme des nausées ou des dépressions.

Certains médecins un peu méprisants invoquent un certain « effet nocebo » selon lequel les pathologies observées au voisinage des éoliennes résulteraient de l’hostilité des patients concernés envers l’innocente technologie des aérogénérateurs – une sorte de placebo à l’envers en quelque sorte. Cette hypothèse tient d’autant moins la route que les premières victimes étaient des agriculteurs convaincus par les arguments écologistes et volontaires pour avoir des éoliennes sur leur propriété.

Par ailleurs, il serait absurde d’invoquer un effet nocebo pour des animaux qui ont fait l’objet de nombreuses études citées dans ce livre. L’une d’entre elle mentionne par exemple une surmortalité dans des élevages bovins. A cela il faut également ajouter des atteintes à la faune sauvage terrestre, aérienne ou maritime, y compris concernant des espèces protégées. Assez curieusement, ce dernier point ne semble pas trop émouvoir les grandes associations écologistes d’habitude si promptes à réagir sur ce genre de problème.

Coûteuses les éoliennes

Les raisons pour lesquelles l’électricité est deux fois plus chère en Allemagne qu’en France sont en général bien connues : pour pouvoir lancer une filière éolienne il faut la subventionner massivement. Cependant, l’idéologie verte et l’idéologie économique de la concurrence libre et non faussée se conjuguent pour organiser un véritable pillage de la nation.

Depuis la crise de l’électricité de Californie des années 2000, où la société Enron tristement célèbre a joué un rôle d’acteur de premier plan, on sait que l’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité ne fonctionne pas. C’est pourtant ce que l’on fait en Europe et en France, en cassant le monopole d’Etat d’EDF que le monde entier nous enviait. C’est en poussant l’opérateur historique à la faillite qu’on organise la « transition énergétique] ». EDF revend à bon marché ce qu’elle achète cher !

« En général, les fournisseurs historiques d’électricité (comme EDF ou Hydro-Québec) se trouvent dans l’obligation de se porter acquéreurs d’électricité d’origine éolienne à un tarif supérieur à celui fixé par le prix SPOT. La différence entre le prix SPOT et le tarif subventionné sera alors répercutée sur la facture d’électricité des consommateurs, ou sur les impôts payés par les contribuables, et constituera pour le promoteur éolien des profits supplémentaires. »

Bien que la technologie éolienne soit désormais considérée comme « mature » économiquement, c’est-à-dire n’ayant plus besoin d’être subventionnée, l’Etat français a pris des engagements de longue durée pour la soutenir :

« (…) la somme totale des subventions de l’Etat accordée au titre des engagements passés pour les vingt prochaines années à la production d’électricité d’origine renouvelable représente cent vingt milliards d’euros (notamment pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque) soit entre cinq milliards cinq cent millions et sept milliards d’euros par an pour les prochaines années. »

Et les justifications du gouvernement mettent surtout en lumière son absence totale de vision économique :

La raison invoqué par le gouvernement et le ministère de l’Ecologie pour justifier l’attribution de ce tarif quatre à cinq fois supérieur au prix SPOT était la création d’une filière industrielle française de l’éolien en mer. Mais compte tenu de la vente des fleurons industriels comme Alstom ou Areva ER, il est établi aujourd’hui qu’aucun acteur industriel français ne participera à la construction de ces centrales éoliennes.

Pour Fabien Bouglé, les éoliennes constituent une bulle qui a déjà commencé à éclater. Les pays pionniers dans ce domaine comme l’Allemagne réduisent drastiquement leurs investissements.

« Depuis 2015, on assiste d’ailleurs à un ralentissement mondial des nouvelles installations d’éoliennes, installations qui sont passées de 63,6 gigawatts en 2015 à 51,3 gigawatts en 2018, soit une baisse de presque 20 % en trois ans. »

Cependant, pour les promoteurs d’éoliennes, il reste encore quelques pays du monde à exploiter, où l’investissement éolien a été jusqu’à présent relativement réduit. Parmi ces pays, la France est une cible privilégiée.