Conférence internationale de l’Institut Schiller : « Un nouveau paradigme pour la survie de la civilisation »

mercredi 28 novembre 2012

300 participants venus de 25 pays d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient et des Etats-Unis se sont réunis les 24 et 25 novembre près de Francfort, en Allemagne, pour la conférence internationale de l’Institut Schiller afin d’élaborer « un nouveau paradigme pour la survie de la civilisation ».

En effet, au delà du brouhaha médiatique et de la routine quotidienne, deux crises majeures menacent l’humanité et nécessitent qu’un réseau international de citoyens y apporte une alternative : 1- la guerre au Moyen-Orient menace d’une escalade vers un conflit mondial, dans un effet domino partant de Syrie, frappant l’Iran et englobant la Russie et la Chine ; 2- le système bancaire transatlantique peut céder d’un moment à l’autre et la zone euro est un mouroir pour les peuples.

Au podium, Bassam Tahhan, Ghoncheh Tazmini et Helga Zepp-LaRouche.

La présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a souligné dans son discours d’ouverture samedi matin l’importance du développement économique pour l’ensemble du Moyen-Orient, au-delà des conflits ethniques et religieux. Seule la perspective immédiate d’un « Plan Marshall » pour la région, s’étendant jusqu’à l’Asie centrale et au golfe Persique, de l’Afghanistan à la Méditerranée, permettrait d’introduire un niveau plus élevé de raison et de garantir la survie et l’avenir de tous. Ce qu’il faut est rien de moins qu’une nouvelle Paix de Westphalie.

La menace aiguë d’une guerre globale ne peut être contrée qu’en se concentrant sur les objectifs communs de l’humanité, en reprenant par exemple la proposition du Premier ministre russe adjoint Dimitri Rogozine d’un système de défense anti-missile américano-russe (Initiative de défense de la Terre, IDT), tant pour la protection contre l’attaque de missiles que contre des menaces en provenance de l’espace, comme les astéroïdes. Helga Zepp-LaRouche a également appelé au développement et à la mise en place d’un système de prévision contre les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les événements météorologiques extrêmes (tel l’ouragan Sandy qui a récemment balayé la côte est des Etats-Unis).

Dans le discours suivant, l’ambassadeur de la République islamique d’Iran en Allemagne, Ali Rheza Sheikh Attar, a présenté l’Asie du Sud-ouest comme le pont culturel et géographique entre trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. La coopération entre les peuples dans cette région clé est cruciale pour le bien être de tous les autres peuples sur ces trois continents. L’ambassadeur a ensuite présenté quelques uns des principaux projets d’infrastructure transfrontaliers en Iran, telle la voie navigable de la mer Caspienne au golfe Persique, la connexion ferroviaire du nord de l’Iran à l’Asie centrale à travers la ville de Mashhad, et un pipeline partant du Tadjikistan et traversant l’Afghanistan pour se rendre au nord de l’Iran. La République islamique, a dit Sheikh Attar, investit des sommes substantielles dans ces projets.

D’autres grands projets d’infrastructure comme porte de sortie à la crise et orientés vers l’avenir, en particulier en Asie du Sud-ouest, en Afrique du nord, en Asie centrale et autour de la Méditerranée ont été présentés par Hussein Askary, d’origine irakienne, et Président du parti EAP en Suède. Il a été suivi par Bassam Tahhan, professeur de civilisation arabe à Paris, qui a réfuté en particulier les énormes inexactitudes dans la presse occidentale concernant la crise syrienne et la nature des forces combattant le régime. Ghoncheh Tazmini, de l’Institut pour les études stratégiques et internationales de Lisbonne, a parlé ensuite sur le thème « Une relecture de l’Iran : un ami plutôt qu’un ennemi », montrant que les dirigeants iraniens sont en réalité des acteurs rationnels.

La session dédiée au futur scientifique et technologique de l’humanité, en particulier l’exploration habitée et robotique de l’espace, incluait des présentations de Didier Schmitt, un expert des questions spatiales à Paris, et du Dr Antonio Güell, spécialiste de la médecine spatiale à Toulouse. Ils ont présenté les perspectives technologiques à venir pour toute l’humanité, incluant par exemple le projet européano-russe ExoMars et l’application de technologies satellites pour améliorer la santé publique de manière significative.

Jacques Cheminade, ancien candidat à l’élection présidentielle française et fondateur de Solidarité et Progrès, a ouvert la journée de dimanche avec des avertissements similaires. Il a insisté sur la nécessité d’introduire un nouveau paradigme en politique, de manière à mettre définitivement fin à la tradition géopolitique définissant encore aujourd’hui le rôle impérial britannique de la capitale financière de Londres dans la mondialisation et dans le dessein monétariste de la politique de l’euro.

De telles méthodes ne pourront jamais sauver l’euro mais ne feront que conduire l’Europe à la destruction et à la ruine, a-t-il déclaré. Il faut au contraire ouvrir la voie à un nouvel ordre économique plus juste, un ordre qui ne sera pas au service des réclamations fictives des financiers, mais au service de l’homme et du progrès économique et social de toute l’humanité. Les éléments essentiels d’un tel ordre économique plus juste sont la séparation des banques selon les lignes définies par la Loi Glass-Steagall de 1933 aux Etats-Unis, qui a été abrogée en 1999 mais qui doit être réinstaurée aujourd’hui, ainsi que la création d’un système de crédit productif public pour l’économie réelle et l’interdiction de fait des guerres de toutes sortes.

Ceci est également le message contenu dans la présentation vidéo qu’a fait parvenir l’homme politique américain Lyndon LaRouche à la conférence. LaRouche a lancé un fort avertissement sur le danger d’une guerre thermonucléaire. La paix et le développement ne sont pas une « option », a déclaré LaRouche, mais une nécessité absolue, si l’homme doit avoir un avenir.

Les orateurs suivants ont montré au cours de la journée de dimanche comment le développement économique constitue la clé pour résoudre l’actuelle crise stratégique. Aiman Rsheed, un ingénieur du Caire, a présenté le projet novateur de Passage africain pour relier le cœur de l’Afrique, au Burundi, à la Méditerranée, à Sidi Barrani. Le Consul général d’Ethiopie à Francfort, Mulugeta Zewdie Michael, a parlé de l’importance du « grand barrage du millénaire », un projet pour l’Ethiopie et l’ensemble de la région. Il a été suivi de Michael Billington, conseiller de Lyndon LaRouche pour l’Asie, qui a lu un message aux participants de la conférence par l’ancien directeur du FMI pour le Japon, Daisuke Kotegawa, prenant parti pour un Glass-Steagall global, avant de présenter le développement historique de l’Asie du point de vue du projet de Pont terrestre eurasiatique.

Les conséquences désastreuses de la politique de l’euro ont été décrites par Theodore Katsavenas, professeur d’économie à l’Université du Pirée et auteur d’un nouveau best-seller sur la manière permettant à la Grèce de revenir à la drachme ; ainsi que par George Tsobanoglou de l’Association sociologique internationale de Grèce ; par le Professeur Wilhelm Hankel, ancien chef économiste du Kreditanstalt für Wiederaufbau et l’un des quatre professeurs à l’origine de la plainte auprès de la Cour constitutionnelle allemande contre l’euro, le FESF et le MES ; l’auteur espagnol Daniel Estulin ; et Lorella Presotto, de la Confederazione Civica Nazionale de Florence. Álfheidur Ingadóttir, présidente du groupe Vert et Gauche au Parlement islandais, a également fait parvenir un message de soutien à la conférence.

Une session consacrée à la nécessité d’une renaissance culturelle a conclu la conférence, soulignant qu’un peuple est soumis lorsqu’il est abêti, et qu’il est donc nécessaire d’encourager l’émergence d’une culture populaire savante stimulant les capacités créatives des citoyens. Un concert militant avait d’ailleurs eu lieu le samedi soir, où ont été interprétés un trio pour piano, violon et alto de Lachner, un ami de Franz Schubert, ainsi que deux œuvres d’opéra touchant à la liberté contre l’esclavage et la soumission : le Va pensiero du Nabucco de Verdi et des extraits du Fidelio de Beethoven.